Extrait
L’idiotphysique cherche à se comprendre comme science.
Elle cherche à se rendre science d’elle-même, science de sa science.
C’est en ce sens qu’elle est une métascience . Métascience est ici à entendre au sens où on oppose métalangage à langage.
Car c’est bien sur l’idée dune possible existence d’un métalangage que repose la possible existence de l’idiotphysique.
Ces remarques sont éparses. Elles obéissent à une recherche intuitive d’elle-même.
Oui, c’est bien en tentant de me décaler par rapport à moi-même que j’ai été amené à écrire ces remarques. J’aimerais rendre ici grâce à la pratique du chanvre car c’est sa pratique qui m’a restitué à moi-même comme poète en tant que c’est cette poétique qui m’a rendu à la pratique de l’écriture.
J’ai écrit ce texte en quatre jours : quatre journées de grâce donc (et de nuits).
J’en suis ainsi venu à rompre un silence qui semblait s’être définitivement instauré entre moi et moi. Oui, cela faisait bien longtemps que je n’avais pas été touché par la grâce de l’écriture.
Je rends donc ici grâce à cette grâce en rendant grâce à Dieu et à Satan.
Que vive donc l’idiotie !


PREMIÈRE PARTIE

Le père est ce qui rend intellectuel.
Et je hais mon père (au sens où il est nécessaire pour un enfant de haïre son père : mais ici avec un décalage car je suis un adulte).
Du coup je ne veux plus être intellectuel.
Mais peut-on véritablement ne pas être intellectuel ?
Non ?
Oui, non.
Ce n’est donc pas là la solution.
Ce qu’il faut donc, c’est utiliser l’intellectuel contre l’intellectuel. La Langue contre la Langue. Le Père contre le Père.
Correction :
            Le Père contre le père.
            La Langue contre la langue.
Ce qu’on voit bien ici, c’est que la pensée est ce qui rend possible la langue.
On dit d’ailleurs la langue du père.
On pourrait donc dire que la Langue, c’est la langue qui parvient à n’être pas la langue du père.
Mais y a-t-il véritablement une langue qui ne soit pas la langue du père ?
Une deuxième langue donc ?
Une après-langue ? Ou avant-langue ?
La langue de l’idiot ?
La langue donc d’un être qui ne tient plus rien du père.

------------------           fait
------------------           langue

La folie, c’est :

            ---------------    fait
----------------  langue
Déplacement : tous les faits ne correspondent plus à tous les mots.
La solution, c’est donc de redéplacer la langue.
C’est de là que surgit l’idiotphysique.
L’expérience de la folie est donc bien à l’origine de l’idiotphysique.
L’idiotphysique, c’est donc la solution de la folie.
Ça consiste à sauter et du coup à créer une nouvelle ligne de mots.
Comme avant ?
Impossible.
Mais devant quand même respecter un avant.


Une nouvelle ligne de mots ?
Ou une nouvelle ligne de faits ?
En fait, faits et mots, les deux faces d’une même feuille (dans le sens où l’entend Saussure).
Le fait, c’est le signifié et le mot, le signifiant.
Non plus relier mot à chose mais mot à fait.
Héritage commun de Saussure et de Wittgenstein : un point qui a été très mal étudié.
Le monde : l’ensemble des faits selon Wittgenstein.
La langue est toujours langue de faits. Parce que langue de mots.
L’idiotphysique : la tentative de créer une langue des faits. Donc des mots.
Drôle : une langue des mots. Comme si la langue ne parvenait pas à être une langue de mots.
La tentative ?
Plutôt l’impossibilité de faire autrement.
En effet : si les faits ne sont plus les faits on ne peut pas faire autrement que de créer une science des faits.
Parce que justement les faits deviennent du même coup quelque chose d’essentiel.
Et qu’il faut donc se construire par rapport à eux. Selon eux. Selon leur logique. Parce qu’absents, ils sont donc devenus essentiels.


L’idiotphysique : une science de l’homme.
L’idiot étant la seule façon, étant homme, de ne plus l’être, l’idiotie est donc la seule façon pour un homme d’écrire la science de l’homme.
En effet, lorsqu’on disparaît, on rend la science possible (cela viendrait-il d’une mauvaise compréhension de ce que veut dire Lacan, lorsqu’il dit qu’il ne peut pas y avoir de science de l’homme ?).


L’idiotphysique : une parodie de la science ?
Une science qui se rêve science, une science qui joue à être science. Et qui du même coup devient encore plus importante.
L’idiotphysique, en tant qu’elle est l’image de la Science, est ce qui rend possible toutes les autres sciences.


La science de l’homme?
Sa propre science.
La science donc dont l’homme a besoin en tant qu’il a à être homme pour lui-même et non seulement pour le groupe dont il fait parti.
C’est donc bien de l’homme en tant qu’il est unique dont il s’agit ici. En tant donc qu’il est lui-même et ce , en faisant abstraction de tous les autres.
Une science est toujours sociale.
Une langue est toujours sociale.
La seule façon de sauver sa science, sa langue, c’est donc d’utiliser le social contre le social.
Ou plutôt :
            Le Social contre le social.
            Le Père contre le père.
            La Langue contre la langue.
Car ce contre quoi je lutte, c’est bien le père, la langue et la société.
Et non : le Père, la Langue, la Société.
Oui,  je cherche bien à utiliser le Père, la Langue et le Social et ce, pour échapper au père, à la langue et au social.
C’est en ce sens que l’idiotphysique est une science sociale.
C’est en effet une science qui me permet de vivre dans le monde du Père, du Social et de la Langue.
Donc de subir moins cruellement l’étreinte du social et de la langue du père.
Donc : ce contre quoi je lutte, c’est bien plutôt ma famille que la Société.
La Société devrait être en ce sens ce qui pourrait me sauver de la famille.
On le voit : le problème n‘est pas social, il est familial.


Et je pense ici de façon narcissique. J’adore affectivement ce que j’écris et c’est pourquoi j’ai le désir  de le penser.
C’est ainsi que naît l’idiotphysique. Elle naît d’un désir narcissique. D’un désir de se faire plaisir. D’un désir de jouir. De profiter de la vie. Et ce malgré le fait d’être l’enfant de ses parents c’est-à-dire l’enfant d’une famille c’est-à-dire un homme.
On est homme et on a à souffrir d’être un homme.
L’idiotphysique : une solution pour ne plus souffrir d’être un homme.
Pour n’avoir plus à être un homme.
L’idiot : quelqu’un donc qui pourrait, tout en restant homme , n’avoir plus à être un homme.


Un fait qui soit le plus important. Le seul fait qui compte.
Comme il y aurait pour moi un seul mot. Le seul mot qui compte : le mot idiot.
Naître et mourir : les deux extrémités d’une droite.
Ou le fait qu’un cercle n’ait ni premier point, ni dernier.
Oui, l’existence est un cercle. Et c’est pour cette raison que la naissance et la mort ne font pas parties de l’existence.
Et être idiot : anéantir tout fait. Tout possible fait. Et de ce fait devenir le seul fait possible. Le seul homme possible.
L’idiot donc.
Oui, être idiot, c’est bien là la seule façon d’être à soi-même le seul homme qui compte. Parce qu’étant idiot, il n’y a plus d’homme possible. On anéantit, en se faisant homme, tous les autres hommes.
On voit là en quoi l’idiotphysique est une science profondément individuelle.
Sa propre science. Pour ne plus être au service de la Science.
Parce qu’on m’a fait croire que la Science, c’était et ce ne pouvait être que la science du Père.
On m’a fait prendre Science pour science et Père pour père.
Oui, j’ai eu pour père un Père. Un Dieu.
Du coup, je lutte maintenant contre le Père. Contre Dieu. Parce que Dieu, pour moi, c’est mon père.
L’idiotphysique ne peut que me convenir. Elle n’est science que parce qu’elle est ma science.
L’idiotphysique n’est pas la science du groupe social.
Elle est la science de l’homme, c’est-à-dire de l’être qui cherche à nier le groupe social dans lequel il vit.
Il nie la société parce que la famille l’a nié. Et la famille l’a nié, ou du moins il a vécu la famille le niant, parce qu’on lui a fait croire que la famille, c’était la société.
On voit ici : deux territoires. Le territoire de la famille et le territoire de la société.
Quand on est exclu de l’un, on est exclu de l’autre. Ou plutôt on s’exclut de l’autre. Et c’est pourquoi on est amené à écrire l’idiotphysique.
En fait, et c’est en ce sens que l’idiotphysique est une science tragique, c’est toujours malgré soi qu’on crée l’idiotphysique.
On ne peut pas faire autrement. On est projeté dans une situation dans laquelle le fait d’être, fait que la seule science qu’on peut créer, c’est l’idiotphysique.
C’est toujours tragiquement qu’on peut être amené à écrire une science qui puisse être une science de l’homme.
Mais y aura-t-il d’autres sciences de l’homme ? D’autres sortes de Traité d’idiotphysique?
Oui, l’idiotphysique est-elle vouée à n’être que la seule science de l’homme possible en tant qu’il n’y a que l’idiot qui puisse écrire une science qui soit une science de l’homme.
La science de l’individu unique. Une science stirnérienne en ce sens.
Une science de l’absolue liberté. Parce que de l’absolue aliénation.
Et qu’est-ce que l’absolue aliénation sinon l’absolue individualité.
Oui, l’idiot, l’aliéné, c’est bien toujours l’individu qui n’est plus qu’un individu au sens où il ne parvient même plus à être un individu.
Oui, l’idiotie mène bien à l’absolue individualité.
N’être plus qu’un individu parce qu’on n’est même plus un individu. Ou plutôt parce qu’on ne veut plus l’être.
On voit là la toute puissance du social.
Le social, lorsqu’on l’attaque, nous condamne à n’être plus que du social.
Il nous néantise. Il nous annule. C’est-à-dire qu’il fait que nous ne soyons plus que social.
On peut dire en ce sens que les seuls individus qui ne sont pas des individus sociaux, ce sont les individus sociaux.
Et l’idiot, n’étant, en ce sens, plus un individu social, on peut dire qu’il n’est plus que cela.
Il n’est plus que social.
Il n’est plus qu’idiot.
À moins qu’il existe des individus sociaux qui acceptent de travailler à devenir des idiots et qui du même coup deviennent des individus sociaux…
L’idiot par exemple.
(Est-ce une métaphore ?)
(Les faits sont-ils des métaphores ?)
La tragédie de l’idiot. N’être plus sur le terrain social.
N’être plus un individu social. Un point social.
Oui, c’est bien le territoire qui fait que le pion est pion, c’est-à-dire plus qu’un pion.
Sans plateau, les pions du jeu d’échec ne sont rien.
Et l’idiot, il n’a pas pour territoire le territoire social.
La seule solution pour écrire l’idiotphysique : un pion qui parvient quand même, un tant soit peu, à investir le territoire social.
À être un pion même s’il n’en est plus un.
Comme un pion en plus sur une pièce d’échec. Et c’est toute la partie qui est déréglée.
Les gens n’aiment pas ça…


Toute langue est sexuelle. On pense dans sa langue comme on jouit avec son corps.
Il y a donc bien un rapport entre son rapport à la langue et la sexualité.
On pense comme on jouit.
Je ne jouit pas de la même façon que les autres. C’est pourquoi je pense autrement.
On jouit de sa pensée. On en profite. Ça nous procure du plaisir. Comme une femme.
Oui, la langue est bien un corps de femme. Un corps dont on peut jouir. Et ce parce qu’on ne sait pas jouir naturellement du corps de la femme.
C’est en ce sens qu’il faut, pour se faire poète, lutter contre la femme et son corps.
Oui, c’est bien là qu’est la vraie lutte. Le vrai problème.
Dans le sexuel.
Voir en ce sens la phrase : se sexualiser donc se socialiser.


Je n’existe plus socialement donc je suis. Donc j’existe. Donc je n’existe plus.
Le je pense donc je suis : cogito social ?
Oui, le cogito cartésien est bien un cogito social.
Tandis que le cogito idiot (je n’existe plus socialement donc je suis) est un cogito en dehors du champs social.​​​​​​​

Deux territoires.
Pour penser, il faut se désocialiser.
Se suicider socialement.
Pour découvrir les vérités cachées par le territoire social. Ensevelies sous lui.
Comme s’il y avait un territoire sous le territoire.
Du social sous le social.
Du père sous le père.
De la langue sous la langue.
Le cogito idiot, c’est donc la façon d’accéder à ce second territoire. À ce second espace. À cet autre espace social.
Un espace en ce sens espace contre-social. Espace dé-social. Un espace dé-espace ? Oui, un espace qui ne peut plus être un espace et qui en ce sens en est un véritablement.
Oui, être social, c’est dormir. Il faut donc, pour se réveiller, se désocialiser.


Se dédoubler. Créer ainsi un autre possible. Donc un possible dialogue.
Oui, l’idiot doit bien, pour parvenir à n’être plus idiot, parvenir à se faire idiot.
Oui, l’homme doit bien, pour parvenir à n’être plus un homme, parvenir à se faire homme.
L’homme et l’idiot, deux miroirs.
Moi et l’autre : les deux faces d’une même feuille. Moi et l’autre. Le signifiant et le signifié.
Oui, moi, en tant que je suis un être, je suis un signifiant qui se rapporte à l’autre qui est donc mon signifié.
Je suis l’autre. L’autre est ma signification. Oui, je signifie bien l’autre.
C’est pour échapper à cette tragédie _signifier l’autre_ que je cherche à me faire idiot et ce, pour n’avoir plus à signifier l’autre.
Entendre ici signifier comme signifier socialement.
Oui, c’est bien socialement que je signifie l’autre.
Socialement en tant que moi et l’autre, nous sommes deux êtres sociaux.
Peut-on signifier sexuellement?
Se socialiser donc se sexualiser. Se rendre donc possible sexuellement à l’autre.
L’idiot, lui va dans un sens contraire. Il inverse l’axiome.
Se sexualiser donc se socialiser.
Et ce pour se rendre possible à son autre socialement et non plus seulement sexuellement.
Car c’est bien là une autre tragédie. Ces autres, les non-idiots, ils n’arrivent plus à vivre que sexuellement leur autre parce qu’ils vivent socialement l’autre.
L’idiot, lui, rend possible l’idiot et ce, en se rendant impossible à l’autre.
Il socialise l’idiot et ce, parce qu’il ne parvient plus à socialiser les autres.
Les autres, au contraire, parce qu’ils parviennent à se socialiser mutuellement, sont dans l’incapacité de socialiser leur autre.
Ils ne peuvent donc qu’avoir un rapport sexuel à leur autre. Donc l’ignorer.
Oui, l’idiot est bien le seul homme qui peut rendre possible l’idiot.
Oui, l’idiotphysique est bien la seule science de l’homme possible.


L’être est un.
L’être est aussi deux. Les deux faces d’une feuille de papier.
Pour penser l’être, il faut penser l’être deux et ce, parce que l’être est un.
C’est peut-être là la preuve que l’être est un.
Oui, c’est bien parce qu’on est dans l’obligation de le penser deux qu’il ne peut être qu’un.
Le territoire social est un territoire sexuel.
Le territoire sexuel est un territoire social.
C’est pourquoi on a pas le choix : soit se socialiser pour se sexualiser. Soit se sexualiser pour se socialiser.
Oui, il faut bien choisir son camp. Et en même temps non. Car ce n’est jamais que malgré soit qu’on choisit le camp de l’homme. Ou de l’idiot.
On ne choisit pas d’être un homme : on est condamné à en être un.
On ne choisit pas d’être un idiot. On est condamné à en être un.
Mais les hommes croient avoir eu la chance d’être des hommes. De n’être pas des idiots.
Et les idiots croient avoir été élus. Avoir eu la chance d’être des idiots.
À moins qu’ils ne croient avoir été condamné à cela.
Et on devient idiot en ce sens parce qu’on se croit avoir été condamné à être un homme. Parce que donc on espère avoir été élu idiot.


Je ne suis pas dans la vie. C’est pour cela que je pense.
Je me parle les autres parce qu’il n’y a plus d’autres.
Je les joue parce qu’ils n’existent plus socialement pour moi. Et je les joue sexuellement. Oui, le je me parle les autres est bien une parole sexuelle. Parce que l’idiot se sexualise pour se socialiser. D’où pour lui l’importance du thème de l’impossibilité du corps d la femme.


Il faut se penser positivement Sade pour n’avoir plus à être Sade.


J’aime regarder les femmes parce que les femmes ne sont pas pour moi des femmes. Si elles étaient des femmes, je les aimeraient simplement comme les aiment simplement les autres hommes.
Il y a un problème social parce qu’il y a un problème sexuel.
Et de la même façon il y a un problème sexuel parce qu’il y a un problème social.
Il faut donc choisir.
Soit le problème est un problème social (je me sexualise pour me socialiser). Soit le problème est un problème sexuel (je me socialise pour me sexualiser).
Oui, il faut bien choisir là où on veut travailler.
Si on travaille socialement, on est sous la coupe du système social mais du coup on ne souffre pas socialement.
Tandis que si on travaille sexuellement, on est sous la coupe du système sexuel, on ne souffre pas sexuellement.
Travailler sexuellement ?
Ne plus avoir à souffrir sexuellement.
Travailler socialement ?
Ne plus avoir à souffrir socialement. Mais du même coup souffrir sexuellement.
Pour parvenir à vivre normalement socialement, il faut consentir à vivre sexuellement anormalement.
Et pour parvenir à vivre normalement sexuellement, il faut travailler à vivre socialement anormalement.
C’est bien cela même que montre le mangeur de femme.
La sexualité normale, c’est celle du mangeur de femme, celle que devrait adopter tout homme.
C’est donc bien parce qu’on se refuse le droit de vivre normalement sur le plan sexuel qu’on arrive à vivre normalement socialement.


C’est socialement que les hommes séduisent les femmes.
Alors qu’ils devraient bien plutôt les séduirent sexuellement.
Moi, je les séduis sexuellement et ce, pour n’avoir plus à les séduire socialement c’est-à-dire anormalement.


Oui, je suis bien un fou.
Mais un fou qui se pense fou. Qui donc n’en est plus un.


Les autres, ils mettent leur sexualité au service de la société.
Moi, je met la société au service de ma sexualité.
Il faut choisir : soit les autres, c’est-à-dire personne puisque tous les autres au service de tous les autres c’est personne soit soi, c’est-à-dire tout le monde.
Se sauver soi contre tous les autres c’est-à-dire l’idiot, c’est sauver tous les autres.
Oui : l’idiotie a bien une valeur généraliste. Sauver les hommes en sauvant l’homme c’est-à-dire l’idiot.


J’écris parce que je suis heureux d’écrire : les deux faces d’une même feuille. C’est en ce sens que l’écriture est un problème insoluble, je veux dire l’écriture au sens de la volonté d’écrire.
J’écris parce que j’ai envie d’écrire.
J’ai envie d’écrire parce que j’écris.
C’est en ce sens que l’écriture est une grâce. C’est une grâce parce que l’écriture se comprend à partir de la métaphore de la feuille de papier.
Toute la création doit être mise sur le plan de la métaphore de la feuille de papier.


Les autres ne me pardonneront jamais d’avoir choisit de n’être pas comme eux. D’avoir choisit de n’être pas un autre parmi les autres. Ils aboieront toujours comme des chiens sur mon passage. C’est là le prix qu’il faut payer pour penser, c’est-à-dire pour ne pas penser comme les autres. Oui, celui qui pense comme les autres, ne pense pas. Il croit penser. Ce qui est donc une autre forme de pensée. Moins originel donc mois authentique que la première.
L’écriture crée un espace qui nous protège de l’espace des autres. De l’espace social. Un contre-espace donc (l’espace de l’idiotie : un espace dans l’espace).
L’écriture au sens de penser, de créer.
Oui, c’est bien pour vivre en un autre lieu qu’on pense, qu’on crée, qu’on écrit.
Un espace qui n’est pas dans l’espace mais contre l’espace.


Se vivre comme une cible.
On se vit ainsi parce qu’on ne consent pas à être un autre parmi les autres. Parce qu’on ne consent pas à se socialiser pour se sexualiser.
Oui, choisir de se sexualiser pour se socialiser, c’est bien choisir de n’être pas un autre parmi les autres. À moins que ce ne soit là une conséquence (toujours le problème de la feuille de papier).
Il n’y a que les déplacements de fait (un fait qui se met à la place d’un autre et qui de se coup désorganise toute la structure des faits) qui puissent être à l’origine d’une pensée authentiquement pensée.
L’idiotphysique est donc une science des mots pour soigner ce désordre de faits qui est à son origine. Ce n’est en effet jamais qu’à l’aide des mots qu’on peut espérer soigner un désordre de faits.


Groupe social : groupe de mots (chaque être social est comme un mot. Mais pas un mot particulier. Au sens où il ne connaît pas son mot). Car en choisissant de connaître son mot on cesse d’être le mot d’une langue et du même coup on est éjecté de son groupe social. De sa famille de mots. La famille de la langue c’est-à-dire le groupe social, le seul groupe possible.


En effet, il ne peut y avoir que des groupe sociaux. L’idiot, en tant qu’il n’en fait plus parti, ne peut donc pas former un autre groupe.
Pour une grande part je joue à toutes les règles. Je veux dire que dans la réalité je respecte scrupuleusement les règles et ce, jusqu’au mangeur de femme qui est à sa façon un être profondément droit. Profondément respectueux des règles . Du moins des règles sociales.
Mais il existe des règles sexuelles aussi. Et toutes ne sont pas sociales. Il y a donc une façon de vivre socialement parlant, jusqu’à un certain point, qui peut être dite normale et ce, tout en vivant sexuellement anormalement. C’est là ce que fait le mangeur de femme (je me place ici du point de vue de la normalité du groupe). Il est immoral mais reste socialement légaliste.
On peut enfreindre les règles familiales (des règles morales) pour parvenir à enfreindre des règles sexuelles sans enfreindre les règles sociales. On voit là que le mangeur de femme met la famille à contribution et ce, pour rester légaliste au sens de la société. Légaliste ? Précisons : surnoîsement légaliste puisqu’on ne respecte pas du même coup les lois morales de la société (et non ses lois sociales).
                        Lois morales =/=  lois sociales
Les lois sexuelles sont donc de quatre sortes : elles peuvent être morales et sociales. Ou non-morales et sociales. Ou non-sociales et morales. Ou non-sociales et non-morales.
De la même façon les lois sociales sont :
            -soit sexuelles et morales
            -soit non sexuelles et non-morales
            -soit non-sexuelles et morales
            -soit sexuelles et non-morales
Et enfin les lois morales :
            -soit sexuelles et morales
            -soit non sexuelles et non-sociales
            -soit non-sexuelles et sociales
            -soit sexuelles et non-sociales​​​​​​​
On se socialise pour se sexualiser en se sexualisant pour se moraliser et ainsi en se moralisant pour se socialiser.​​​​​​​
On se sexualise pour se socialiser en se socialisant pour se moraliser et ainsi en se moralisant pour se sexualiser.


Il faut se faire feuille de papier pour écrire. Cesser d’être deux en parvenant à se penser deux et ainsi en parvenant à se faire un.
Oui, faire l’idiot, c’est bien là la façon qui nous est donné de créer, de penser puisque ce n’est qu’ainsi qu’on peut parvenir à se faire véritablement un.
Et se faire feuille de papier, cela ne consiste jamais qu’à tenter, malgré tout, d’être un autre parmi les autres. De n’être donc pas qu’un idiot condamné à n’être qu’un individu social, je veux dire uniquement cela et justement parce qu’il s’est cru pouvoir se donner le droit de ne plus en être un.


La phrase de Wittgenstein à Russell.
« Pourquoi ne veux-tu pas admettre qu’il n’y a pas de Rhinoceros dans cette pièce », dit Russel. Et Wittgenstein répond : « Parce que le monde n’est pas l’ensemble des choses mais des faits ».
Oui, je peux très bien dire qu’il y en a un et le disant, ce fait est un fait de parole : du même coup il y a bien un Rhinoceros dans la pièce.
Oui, la langue est un fait. Toute parole en ce sens est un fait.
Mais la langue, en tant que système, est un fait bien particulier comme l’a montré Saussure. Un fait unique. Un hapax. Aucun fait n’est comparable au fait de la langue. La langue est un fait unique en son genre. En ce sens elle n’est pas un fait comme les autres. Elle est un fait plus fait que les autres faits et donc en ce sens plus fait que les autres faits.


Vive Palante ! Oui, le salut est bien dans la lutte contre le groupe. Contre la non-pensée. Oui, le groupe est bien une expression de la non-pensée.
L’idiotphysique : une tentative de mettre en système une possible pensée qui ne soit pas pensée au sein du groupe. Qui ne soit donc pas pensée au service du groupe. Puisque servir le groupe, c’est se desservir. C’est accepter de se sacrifier à soi-même au nom du groupe. Du coup se condamner à ne plus savoir exister pour soi-même. Au contraire, tenter d’entrer à son propre service c’est-à-dire tenter d’exister pour soi-même, cela ne peut se faire qu’en luttant contre le groupe.
Oui, le groupe est bien ce qui nous exclu de nous-même en nous aliénant aux autres.
Mieux vaut donc être un aliéné c’est-à-dire un homme au service de lui-même.


L’idiotphysique est une science de la parole et en ce sens une science des faits pensés comme mots et non des mots pensés comme faits (ce qu’est par exemple la linguistique).
Oui, c’est bien cela qui distingue l’idiotphysique de la linguistique (cette inversion fait/mot).
On peut dire en ce sens que l’idiotphysique est une linguistique inversée (inversée comme une image s’inverse dans le miroir).
C’est pourquoi il est nécessaire que l’idiotphysique soit contraire à elle-même (soit donc en un sens illogique). Oui, ce qui rend bien possible l’idiotphysique est une logique au service de l’illogique (une logique se construisant sur le principe de la traversée d’une image).
Alors que la linguistique est illogiquement logique.
L’idiotphysique : logiquement illogique donc illogiquement logique.
La linguistique : illogiquement logique donc logiquement illogique.

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