Mon Traité d’idiotphysique : la science d’un personnage. J’ai laissé mon personnage écrire sa propre science pour lui permettre ainsi de se faire auteur de lui-même. Et c’est ainsi que je suis advenu à moi-même comme auteur de moi-même. Le personnage parle les autres. L’auteur se parle les autres. C’est la parole du personnage qui permet à l’auteur d’accéder à l’existence. C’est la vie sexuelle du personnage qui permet à l’auteur de se faire amoureusement créature et ainsi d’accéder amoureusement à son existence. Je réalise ainsi poétiquement mon idiotie en réalisant amoureusement la vie animale de mon personnage. C’est à l’aide de l’idiotphysique que le personnage que je joue travaille à me permettre de me réaliser en auteur. J’accède ainsi grâce au travail de mon personnage à l’existence.

Il y a ici une dialectique du personnage et de l’auteur : le personnage comme esclave travaillant au service de l’auteur qui existe ainsi comme un maitre qui vit du travail poétique de son personnage. C’est le personnage qui travaille sexuellement à permettre à l’auteur de se réaliser amoureusement.

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L’auteur est le personnage du personnage dont il est l’auteur et le personnage est l’auteur de l’auteur dont il est le personnage. L’idiotie créative nait de cette inversion. Une inversion auteur-personnage qui rend l’artiste idiot et ainsi créatif.

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Le mot idiot est le mot qui permet au poète de se faire auteur. Il est ainsi le mot d’un passage. Le mot du trajet qui permet au personnage de retrouver l’auteur dont il est le personnage. Le mot ainsi d’une délivrance littéraire ?

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Est-ce que je ne rends pas visible avec mes journaux les dessous amoureux de l’existence animale des poètes suicidés de la société ? Pour être un poète suicidé de la société il faut consentir à taire cette existence animale. A la vivre silencieusement pour soi. A ne la partager avec personne. C’est pour cela que les poètes suicidés de la société en viennent souvent à se suicider physiquement. C’est qu’ils se sentent asphyxié par le mensonge amoureux de leur existence animale. Je veux moi dénoncer cette existence animale en me faisant poète idiot. Je veux ainsi révéler publiquement ma sexualité de poète suicidé de la société. C’est en faisant cela même que je cesse de pouvoir exister en poète suicidé de la société. C’est ainsi que j’advient à moi-même comme un poète idiot. Je cesse de pouvoir exister amoureusement comme un personnage et c’est ainsi que j’advient amoureusement à moi-même comme l’auteur de ce personnage que je ne suis plus.

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Je laisse le personnage vivre et il écrit ainsi le livre à la place de l’auteur. L’auteur n’est là que pour écrire sous la dictée de l’existence de son personnage. Les voix que j’entends : les voix de Madame de la Critique de la Raison Pure. Les voix de mon personnage. Je laisse vivre ce personnage pour ainsi laisser écrire Madame de la Critique de la Raison Pure le récit de sa vie. C’est ainsi que je parviens à dérouler poétiquement le fascisme du coeur de Madame de la Critique de la Raison Pure. Les voix sataniques de l’Autre. Le fascisme du coeur de l’Autre. C’est ainsi que je combats l’Autre. Que je combat poétiquement cette figure satanique. Je suis poétiquement sous son emprise et je travaille ainsi poétiquement à me défaire de cette emprise statique en la rendant visible.

Francis Giauque est mort de n’avoir pas pu réaliser poétiquement son délire. Il est mort asphyxié par son silence. Par le silence généré par son délire. Un silence qui l’a amené à se sentir tragiquement coupable de son délire. Il n’a pas eu les moyens matériels et humains qui lui auraient permis de réaliser poétiquement sa folie en la chevauchant librement pour la laisser écrire à travers lui le récit de son existence. J’ai réalisé moi ma folie d’idiot en liberté et c’est cela même qui m’a permis de traverser vivant ma folie.

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L’auteur écrit sous la dictée de son personnage. C’est le personnage qui est l’auteur et l’auteur est le personnage par l’écriture de son personnage.

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L’affrontement entre un personnage et son auteur. L’idiot est un personnage qui a pour auteur sa Madame de la Critique de la Raison Pure et Madame de la Critique de la Raison Pure est un personnage qui a pour auteur son idiot. La vérité de l’idiotie c’est la vérité de la relation animale qui existe entre l’idiot et Madame de la Critique de la Raison Pure. On peut lire cette relation soit dans le sens d’une Madame de la Critique de la Raison Pure auteur de son idiot soit dans le sens d’un idiot auteur de sa Madame de la Critique de la Raison Pure. Il y a ici comme une sorte de dialectique du maitre et de l’esclave : la dialectique du personnage et de l’auteur. L’auteur peut être vu comme une sorte de maitre pour le personnage et le personnage comme une sorte d’esclave pour l’auteur. C’est le personnage qui travaille et c’est l’auteur qui jouit du travail de ce personnage. C’est la relation animale entre l’auteur et le personnage qui permet l’écriture de l’idiotie créatrice. Je témoigne ainsi en personnage de l’auteur que je suis et en auteur du personnage que je suis.

On retrouve ici l’être doublement double propre à l’idiotie. L’idiot est à la fois auteur et personnage et Madame de la Critique est aussi à la fois auteur et personnage. On peut ainsi construite le carré de l’être de l’idiotie.

La parole du personnage : le « je parle les autres ». La parole de l’auteur : le « je me parle les autres ».

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Le personnage vit la vie de son auteur comme la fiction de son existence pour permettre à son auteur d’écrire sa vie d’auteur comme cette fiction à raconter. Le personnage permet ainsi à l’auteur d’écrire sa vie avec la précision du réel.

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C’est le personnage qui réalise la vie de l’auteur pour permettre à l’auteur d’écrire sa vie. Je me réalise auteur en écrivant ainsi ma vie racontée par le personnage dont je suis l’auteur.


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J’ai pensé à Rimbaud qui fouillait dans les poubelles pour subvenir à ses besoins lors de ses fugues. J’ai pensé que c’est ce Rimbaud qui est maintenant étudié en khâgne littérairement par de futurs énarques et de futurs normaliens. Un non sens absolu. Une lecture littéraire de Rimbaud qui ne peut être qu’un total contre-sens sur la vérité de son expérience poétique du réel. C’est un Rimbaud historique qui n’a plus rien à voir avec le Rimbaud poète idiot. Je veux moi avec mes textes tenter de sauver la vérité du Rimbaud poète idiot.

En dupliquant en permanence mon existence animale à l’aide de l’écriture de mes journaux je donne un sens à ce que je vis en permanence. Je donne un sens à l’expérience de l’idiotie que je fais en permanence. Je me dis qu’ainsi je n’ai pas à vivre tout cela pour rien. Je me dis qu’ainsi je sauve tout cela de l’oubli. Il y a là quelque chose de profondément religieux. Hérétique plutôt d’ailleurs. Je m’octroie en effet grâce à ce travail d’écriture en quelque sorte une vie éternelle. Lorsque je mourrai ma vie sera encore là grâce à tous ces journaux que j’ai écrit. Les gens pourront ainsi revivre ma vie après ma mort en lisant mes journaux. Je resterai ainsi vivant. Ainsi je n’aurai pas vécu tout ce que j’ai eu à vivre pour rien.

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Je résiste avec mon travail d’écriture au monde de l’art contemporain. Je parviens ainsi à faire le choix de rester artistiquement en vie tout ne parvenant à ne pas m’intégrer à lui. A ne pas sombrer humainement dans la prison dorée que le monde de l’art contemporain est pour les artistes qui cherchent à l’intégrer. Je pratique ainsi une existence-résistance. C’est ici un combat poétique que je mène contre le fascisme du coeur de notre société de la télé-réalité. Je ne veux pas ainsi céder à l’appel des sirènes du monde de l’art contemporain. Je parviens à résister ainsi grâce à mon « je me parle les autres ».

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J’ai une passion amoureuse pour moi-même et je nomme idiotie créatrice cette passion amoureuse. Je me fais mangeur de femmes pour alimenter ainsi poétiquement cette passion amoureuse.

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Je me suis coupé en deux entre Guillaume de Lorris et Jean de Meung. Entre Pessoa et Bukowski. Le personnage c’est le poète troubadour de Guillaume de Lorris. L’auteur c’est le poète goliard de Jean de Meung. C’est le fait d’être à la fois personnage et auteur qui fait que je suis amené à faire une expérience tragique de l’amour. Une expérience tragique de l’amour qui rend possible mon idiotie créative.

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Jean-Pierre Duprey s’est suicidé pour ne pas avoir à faire l’expérience de son idiotie pathologique. Il s’est suicidé pour ne pas rompre le contrat poétique qui le liait amoureusement à lui-même. C’est que la possibilité de son chant poétique reposée sur son orientation amoureuse de poète suicidé de la société. Cette orientation amoureuse seule lui permettait pensait-il de chanter. Une orientation amoureuse qu’il vivait donc comme un contrat poétique passait avec lui-même. Un contrat diabolique en un certain sens. Un contrat avec Méphistophélès qui pouvait seul pensait-il faire de lui un poète. Un contrat de sang passé avec le diable. Abandonner cette orientation amoureuse ça aurait été du coup pour lui pensait-il perdre le soutien de Méphistophélès et sombrer ainsi à coup sûr définitivement dans une idiotie pathologique.

Or le poète idiot fait bien au contraire l’expérience d’une possible idiotie créative. L’expérience d’un possible rachat humain par l’idiotie animale. Il est ainsi bien possible de chanter en dehors  des extrêmes poétiques de Eros et Agapé. Il est donc possible de ne pas mourir en suicidé de la société comme Roger Gilbert-Lecomte en se faisant poète idiot. Je travaille bien ainsi à me racheter amoureusement de mon ancienne alliance avec Méphistophélès en travaillant à mettre à nu continuellement mon existence animale de poète avec l’écriture de mes journaux. Je me fais ainsi poète idiot avec cette écriture de mon existence animale. Je veux témoigner avec mon écriture de la vérité de ce possible rachat humain. C’est ainsi par cette écriture que je m’invente ma liberté de poète idiot.

Le choix que je fais c’est peut-être celui de Philia : le choix de l’amitié et de la camaraderie contre les choix de Eros et d’Agapé ?

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Je pense que la catégorie de poète suicidé de la société est une catégorie littéraire qui date des années 50. Je veux moi renouveler l’analyse littéraire de la poésie avec la catégorie de poète idiot que travaille à développer actuellement.

La dichotomie personnage/auteur me permet de développer mon concept de poète idiot. J’analyse mon existence animale de poète idiot à l’aide de cette dichotomie. De même façon de développe mon concept de poète idiot à l’aide des notions de nécessité, décision, addiction, recommencement, etc. Toutes les notions-titres de mes journaux. Chaque journal est pour moi l’occasion de développer ainsi une notion-titre. D’étudier mon existence animale en lui appliquant poétiquement cette notion-titre.

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Je suis coupé en deux amoureusement. Coupé en deux entre Eros et Agapé. Une coupure amoureuse de mon être qui rend possible mon idiotie créative. C’est mon idiotie amoureuse qui fait de moi un poète.

Il y a pour moi une transcendance amoureuse. C’est la transcendance de mon idiotie créative. C’est ma capacité à créer qui me fait croire ainsi religieusement à ma possible idiotie créative. Ma foi en l’idiotie est générée par ma capacité à créer.

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Je me vis comme un Jacques Vaché qui ne se serait pas suicidé et qui aurait renoncer à son extrémisme poétique pour mener une existence tranquille et bourgeoise de poète idiot. Je rends visible avec l’écriture de mes journaux le scandale artistique de cette existence animale de poète idiot que je m’octroie ainsi le droit de vivre.

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C’est la magie de mon « je me parle les autres » qui rend ainsi possible cette écriture. On retrouve ici la dichotomie auteur/personnage. J’écris pour contrôler le personnage que je suis et ainsi parvenir à rester l’auteur de ce personnage. Si j’arrêtais d’écrire ainsi mon journal je perdrais le contrôle de ce personnage. Il y a un beau poème d’Henri Michaux sur ce sujet. Une personne qui laisse son âme voyager mais son âme est toujours reliée à son corps par un fil et il faut veiller à ce que ce fil ne se rompe pas. Je suis ainsi en relation avec moi-même grâce au fil de mon écriture. C’est ainsi que je ne perds pas le fil du récit de mon personnage en travaillant en permanence à me remémorer par l’écriture le récit de mon existence animale. C’est une véritable écriture-mémoire que je pratique là. C’est le personnage qui veut faire ses selles et l’auteur n’a pas la possibilité lui d’obliger son personnage à faire ses selles. On parle de dépression nerveuse. J’ai perdu nerveusement le contrôle de mon corps. J’ai perdu nerveusement le contrôle du personnage dont je suis l’auteur. Je pratique ainsi une écriture nerveuse pour retrouver un possible contrôle de ce personnage. En travaillant à me remémorer ce que j’ai fait et penser je me donne la possibilité d’être présent au monde et aux êtres qui le peuplent. Si je ne faisais pas cela je glisserais lamentablement sur le monde sans parvenir à prendre prise sur lui. Je glisserais sur le monde comme on peut glisser sur une image sur un miroir. En travaillant à me remémorer mon existence animale je me rends présent au monde.

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Dans la vie réelle je suis dans mon « je parle les autres ». Je suis ainsi dans mes pensées. Je suis un Jean de la Lune incapable d’être là avec les autres. Mais en déroulant poétiquement poétiquement ce « je parle les autres » avec l’écriture de mes journaux je parviens à intégrer le réel. Je découvre alors ce réel auquel j’étais jusqu’ici absent. Je me rends ainsi présent à ce réel avec l’écriture de mes journaux. C’est l’écriture de mon « je me parle les autres » qui rend possible ce réel. Une véritable résurrection pour moi. Mort je retrouve ainsi la vie. Je pars ainsi à la rencontre de ma vie avec mon « je me parle les autres ».

Le fil du « je me parle les autres » me permet de ne pas perdre le personnage dont je suis l’auteur. J’ai la faculté de tout oublier au fur et à mesure que je travaille à mémoriser les choses. Je garde en permanence un esprit vierge. Une page blanche sur laquelle je peux retranscrire mon existence animale. Je mémorise avec mon écriture ce réel pour parvenir à l’oublier et pouvoir ainsi me présenter en permanence comme un esprit vierge. Ainsi mon « je me parle les autres » est à la fois une puissance pour oublier et une puissance pour mémoriser. J’oublie les choses en mémorisant les choses , je mémorise les choses en mes oubliant. Je développe bien ainsi avec mon « je me parle les autres » une écriture entre oubli et mémoire. Une écriture pour faire exister mon esprit comme une page blanche. Pour permettre à mon esprit de prendre poétiquement l’emprunte du monde.

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Il n’y a pas de poésie possible sans totalité. Je ne voulais pas être une moitié de poète. Je voulais pouvoir dénoncer totalement le fasciste du coeur que j’étais.

Je viens de nouveau de surfer sur les images d’Ivan Chtcheglov. Je me dis que je suis bien moi aussi une sorte d’Ivan Chtcheglov. Un Ivan Chtcheglov encore vivant artistiquement à 43 ans. C’est là le pari de mon existence d’artiste que le suis parvenu à gagner en parvenant à me faire l’auteur du personnage que j’étais. Ivan Chtcheglov n’est parvenu lui qu’à être un personnage. Il n’est pas parvenu à devenir l’auteur de ce personnage et c’est pourquoi il a été très vite neutralisé socialement par le monde dans lequel il vivait.

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Je tambourine contre le miroir de ma folie à l’aide de mes voix pour tenter ainsi de traverser ce miroir de voix qui m’enferme en moi-même. Je suis enfermé dans mon « je parle les autres » comme dans une prison de voix et c’est ainsi poétiquement que je travaille à tenter de m’extraire de cette prison. C’est linguistiquement que je m’essaye à traverser ce miroir de voix pour tenter ainsi de parler de l’autre côté de moi-même. Pour tenter ainsi de dialoguer avec mes frères humains en leur faisant entendre la voix de mon idiotie créatrice.

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Ghérasim Luca donne un texte qu’il faut travailler à traduire littérairement. Un texte à interpréter littérairement. Moi je ne donne pas à lire un texte littéraire mais je donne à voir une écriture du réel. Pas de transformation littéraire du réel. Je ne fais subir aucune transformation au réel. Je me contente de l’enregistrer de façon brute dans mon écriture de la transparence. Je ne m’autorise pas ainsi à déformer littérairement le réel. Je cherche à rendre compte du réel sans lui faire subir la moindre transformation littéraire.

Je veux donner à voir cliniquement mon esprit. Je ne veux pas le donner à voir littérairement. Je préfère une écriture pathologique de mon existence animale à une écriture romantique de mon existence animale.

On doit admirer le travail littéraire accompli par Ghérasim Luca en le lisant. Moi je ne donne à voir l’accomplissement d’aucun travail littéraire hormis celui de l’enregistrement du réel brut dans mon écriture de la transparence.

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Il me semble qu’en écrivant mon existence dans ce journal je la rend réelle. Autrement tout ce que je vivrais serait irréel. Je note mes pensées pour pouvoir les réaliser. Pour pouvoir les penser réellement. Sans les noter mes pensées restent les pensées de mon autre sans se faire mes pensées à moi. Je les notes ainsi dans mon journal pour me les approprier. Je réalise mon existence de poète idiote en l’enregistrant ainsi avec mon écriture. Je veux rendre visible à moi-même mon existence de poète idiot avec mon journal et ainsi aux autres. Je veux par l’écriture me dissocier de mon autre et parvenir ainsi à me penser autre que mon autre. A me faire ainsi l’auteur du personnage que je suis. Je réalise ce personnage par l’écriture pour parvenir ainsi à me faire l’auteur de ce personnage.

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Il n’y a pas de création sans idiotie pathologique. Un monde sans maladie mentale serait ainsi un monde sans création. Un monde mécanique incapable de produire des oeuvres d’art. Un monde sans issue autre que celle d’être un individu parfaitement adapté sur la plan social. Il faut de l’idiotie pathologique car le monde a besoin d’hommes capable de de faire poétiquement des créateur. Il faut des personnages car il faut des auteurs.

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Le personnage c’est le poète suicidé de la société et l’auteur c’est le poète idiot. Je cherche ainsi en me faisant poète idiot à échapper au destin de ne pouvoir être que tragiquement un personnage. C’est que je veux me faire moi-même l’auteur de l’écriture de ma folie. C’est que je veux pas abandonner à un autre le droit d’être pour moi cet auteur de l’écriture de ma folie. Je veux ainsi travailler à me restituer poétiquement mon droit à l’écriture de ma folie. Je veux pouvoir écrire moi-même le récit de la vie du personnage que je me suis inventé poétiquement et cela pour parvenir à vivre comme un possible idiot en liberté. Je veux pouvoir vivre socialement de l’écriture poétique de mon idiotie clinique.

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Notre époque est celle du triomphe de la science. Le triomphe partout du rationalisme scientifique. Le triomphe du rationalisme propre au capitalisme. Le rationalisme technique qui permet à notre société capitaliste de poursuivre sa croissance. Tout cela mène à la croissance du fascisme du coeur. Partout les Madames de la Critique de la Raison Pure sont en train de triompher en prenant le contrôle du pouvoir.

J’ai moi écrit l’idiotphysique pour tenter de défendre contre ce rationalisme moderne un possible rationalisme animal. Je pense ce rationalisme animal nécessaire aux hommes pour leur permettre d’entreprendre poétiquement une lutte contre le fascisme du coeur de Madame de la Critique de la Raison Pure.  L’idiotphysique est la science perdue du sens animal de l’humanité. Je veux moi travailler à retrouver poétiquement ce sens animal de l’humanité. C’est pour cela que veux défendre l’idiotie créative et donc la nécessité de l’idiotie pathologique qui la rend possible. Notre humanité a besoin de la folie animale des idiots pour ne pas sombrer dans l’obscurantisme moderne du rationalisme capitaliste. L’homme est un être qui peut parler intimement de son rapport au corps. L’homme est un être vivant qui a besoin de l’idiotie amoureuse pour survivre animalement. La rationalisme du capitalisme combat la possibilité d’une telle parole. Il travaille à faire taire la parole des poètes pour pouvoir continuer à se développer et permettre ainsi le triomphe partout du fascisme du coeur des Madames de la Critique de la Raison Pure. On a ainsi travailler à me faire taire. On a ainsi travaillé à museler ma parole de poète idiot et cela pour m’empêcher de dénoncer le fascisme du coeur de ma Madame de la Critique de la Raison Pure. Je me suis moi autoriser à réaliser le fascisme du coeur de ma Madame pour pouvoir ainsi le chevaucher animalement et cela dans le but de le dénoncer poétiquement. Mon devoir de poète idiot est de rendre visible ce fascisme du coeur et pour cela je n’ai pas d’autres choix que de le réaliser animalement. Il n’y a pas d’idiotie créative possible sans fascisme du coeur. Il faut réaliser le fascisme du coeur de sa Madame pour réaliser ainsi la possibilité en soi de l’idiotie créative qui seule peut nous permettre de nous en prendre au fascisme du coeur des Madames du rationalisme capitaliste.

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L’idiotphysique est la science magique de l’idiotie créative. La science impossible de la magie de la création artistique. Une science qui doit résister à l’aide de son rationalisme animale à l’hégémonie dans notre société actuelle des sciences modernes qui alimentent le rationalisme capitaliste et qui ainsi permettent la croissance sans fin du fascisme du coeur des Madame de la Critique de la Raison Pure. On ne peut lutter que magiquement contre ce fascisme du coeur. Que poétiquement et à l’aide de l’idiotie créative. C’est que le fascisme du coeur de Madame de la Critique de la Raison Pure se développe lui-même poétiquement. Il utilise poétiquement la force du rationalisme des sciences modernes pour faire taire la possibilité de l’idiotie créative. Il parvient à cela en travaillant à réduire poétiquement l’idiotie créative à n’être plus qu’une idiotie pathologique impuissante.

Madame de la Critique de la Raison Pure travaille ainsi à faire poétiquement que s’opère le mouvement inverse voulu par le poète idiot. Elle travaille à ce que l’idiotie créative se transforme poétiquement en idiotie pathologique là où le poète idiot travaille à ce que l’idiotie pathologique produise de l’idiotie créative. Madame de la Critique de la Raison Pure veut transformer en idiotie pathologique l’idiotie créative pour travailler ainsi à défendre poétiquement le fascisme du coeur de notre société de la télé-réalité. Le poète idiot ne peut pour résister à cette sorte de violence poétique que travailler à réaliser son idiotie pathologique et cela dans le but de parvenir à produire une idiotie créative capable de résister au fascisme du coeur de Madame de la Critique de la Raison Pure.

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Je lui ai parlé de ce que dit Antonin Artaud dans Van Gogh le suicidé de la société sur l’opposition qu’il y a entre Van Gogh et Gauguin. Van Gogh peint des souliers et tente ainsi de parti du réel pour aller jusqu’au mythe. Gauguin lui suit le mouvement exactement inverse. Il part du mythe pour tenter ainsi d’atteindre le réel. Artaud dit alors qu’il préfère la voie suivie par Van Gogh à celle que Gauguin a choisi de suivre.

Je pense bien moi que je suis ici beaucoup plus proche de Gauguin que de Van Gogh. Comme Gauguin je pars du mythe pour atteindre le réel. Mon mythe à moi je le construis avec mes équations. C’est avec mes équations que je tente de parler du réel. Avec ma pratique de l’idiotphysique je tente de rendre compte artistiquement du réel. L’idiotphysique est la science avec laquelle je travaille à faire une image scientifique du réel. Il s’agit d’une science animale. J’utilise ici un rationalisme animal. Un rationalisme affectif. Mes équations sont des équations affectives. J’utilise ainsi le mythe de la science moderne pour parvenir à faire une peinture du réel. Cette peinture du réel c’est maintenant à l’aide de écriture de mes journaux que j’y travaille. Je construis ainsi affectivement mes journaux. Je les écris affectivement et cela dans le but de rendre visible mon réel à l’aide de ma langue affective. J’utilise ma langue-volonté comme une machine optique de précision pour rendre compte visuellement du réel. Une sorte de langue-caméra à l’aide de laquelle j’enregistre le réel. Mes journaux sont ainsi des sortes de vidéos-écrites. Une écriture peinte. Une image auditive.

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Avec mes journaux je fais un effort pour tenter de peindre le réel comme Van Gogh et non plus comme Gauguin. Van Gogh peint les souliers. Avec mes journaux je cherche à ne plus parler scientifiquement du réel. A ne plus en parler à l’aide de concepts. Je cherche bien au contraire à en parler animalement. A l’aide de mon existence animale. Je cherche à dire le réel pour tenter ainsi de dire le mythe du réel et non plus à chercher à dire le mythe du réel pour dire le réel. Je me retourne ainsi artistiquement contre moi-même.

Je choisis ici de suivre le chemin inverse que j’avais jusqu’ici suivi. Vraiment ? L’écriture n’est-elle pas pour un plasticien un mythe ? N’est-elle pas pour un peintre une suite de concepts à utiliser de façon mythologique ? Est-ce que je ne peins pas ici le réel à l’aide du mythe de l’écriture ? A l’aide de ma langue-volonté ?

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Le bâton planté dans le sol qu’est mon analyse pour moi n’est-il le totem de cette langue de l’idiotie que je m’invente poétiquement ?

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Il faut se donner le droit de réaliser son idiotie pathologique pour pouvoir ainsi s’en prendre au fascisme du coeur de Madame de la Critique de la Raison Pure. L’idiotie créative c’est la réalisation poétique de l’idiotie pathologique dans le but de s’en prendre au fascisme du coeur de Madame de la Critique de la Raison Pure. C’est que Madame de la Critique de la Raison Pure développe son fascisme du coeur en réalisant socialement son idiotie pathologique. Elle se nourrit ainsi socialement de son idiotie pathologique. Il faut donc travailler poétiquement à rendre visible l’idiotie pathologique pour pouvoir ainsi dénoncer la nature animale véritable de Madame de la Critique de la Raison Pure.

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Si mon Journal d’un criminel a été écrit par Madame de la Critique de la Raison Pure alors on peut dire que N. G. a joué pour moi le rôle de celle qui a ainsi écrit ce Journal d’un criminel et cela en me donnant le droit d’être son personnage. J’ai joué ainsi dans mon écriture le rôle d’être le possible personnage de ma Madame de la Critique de la Raison Pure et cela pour faire l’expérience de mon incapacité à m’en prendre à l’autorité de Madame de la Critique de la Raison Pure autrement que par l’usage de ma capacité à dérouler poétiquement la langue de cette Madame comme la langue de mon auteur.

Le personnage peut-il s’en prendre à l’autorité que son auteur à sur lui ? Le personnage peut-il remettre en question cette autorité ? L’analyse m’a permis de faire l’expérience de cette autorité et cela dans le but de pouvoir m’aider à m’en prendre poétiquement à elle.

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L’autorité de N. G. sur moi : l’autorité de l’auteur sur le personnage. L’autorité de Madame de la Critique de la Raison Pure sur le poète idiot. Je cherche à me délivrer de cette autorité par ma pratique poétique de l’écriture. Je fais écrire à Madame de la Critique de la Raison Pure le récit de mon existence animale de personnage pour parvenir ainsi à devenir l’auteur de Madame de la Critique de la Raison Pure. Je me fais ainsi personnage auteur et je transforme ainsi Madame de la Critique de la Raison Pure en auteur personnage. Je pense ici à la dialectique du maitre et de l’esclave. C’est mon travail d’écriture qui me permet en tant qu’esclave de menacer le pouvoir de mon maitre. Le poète idiot incarne pour moi la possibilité de cette révolte animale par l’écriture.

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Je pratique l’art du témoignage. Je suis poétiquement à la recherche du témoignage le plus précis et le plus authentique.

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Le bâton de Madame de la Critique de la Raison Pure : la canne de Saint Patrick avec laquelle Artaud a traversé l’Irlande.

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Je descends moi dans les cuisines de mon lyrisme amoureux. Je suis un poète lyrique mais je veux me faire dans le même temps le penseur matérialiste de ce lyrisme qui est le mien. Je veux donner à voir cliniquement les raisons d’être de mon lyrisme. C’est pour cela que je travaille poétiquement à me mettre amoureusement à nu. Je veux trouver dans mon intimité sexuelle l’origine de mon chant et cela pour chanter encore plus authentiquement. C’est que je veux à tout pris ne pas mentir. C’est que je veux à tout pris ne pas faire preuve d’hypocrisie. Je veux me montrer cliniquement telle que je suis et cela pour défendre poétiquement la raison d’être amoureuse de ma folie de mangeur de femmes. C’est que je sais mon chant avoir pour nécessaire structure poétique ma folie de mangeur de femmes. Il n’y a pas d’idiotie créatrice sans idiotie pathologique. Je veux ainsi justifier publiquement la nécessaire possibilité poétique qu’est pour moi ma folie de mangeur de femmes.

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Je suis là dans les voix de Madame de la Critique de la Raison Pure. Je me dis que je cherche à être heureux et que ce bonheur de vivre que je réalise est quelque chose qui m’aide à m’en prendre poétiquement à Madame de la Critique de la Raison Pure. Je résiste au fascisme du coeur de Madame de la Critique de la Raison Pure grâce à ce bonheur de vivre. En en rendant visible avec l’écriture de mes journaux ce bonheur de vivre que je réalise grâce au soutien de mes amis, de ma famille et de ma psychanalyste je fabrique poétiquement un objet socialement subversif. Une oeuvre posant problème au fascisme du coeur de Madame de la Critique de la Raison Pure parce que montrant l’existence animale d’un être humain parvenant à se soustraire de ses griffes et étant en mesure pour cela de dévoiler publiquement aux autres la vérité humainement scandaleuse de ce fascisme du coeur.

Je suis ainsi bien un Ulysse qui a faillé être transformé en cochon par Madame de la Critique de la Raison Pure et qui est ainsi en mesure de dire aux autres publiquement la nature véritable de cette Circé du fascisme du coeur qu’est Madame de la Critique de la Raison Pure. Je me vis bien ainsi comme une sorte de miraculé.

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L’existence animale sous l’existence sociale. La langue animale sous la langue sociale. La langue de l’idiotie c’est la tentative de traduire cette langue animale dans la langue sociale. Pour rendre ainsi visible socialement la langue animale.

Il y a la pensée sociale et la pensée animale. Il y a le rationalisme propre à la pensée social et le rationalisme propre à la pensée animale.

Les mots sous les mots de Jean Staronbinski a propos des recherches de Saussure sur les anagrammes.

La vérité de la poésie est à chercher dans l’existence animale des poètes. De la même façon que Saussure à chercher dans les anagrammes le secret de la poésie. Je vis ainsi mon existence animale de poète comme une sorte d’existence anagrammatique.

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Le mot idiot au centre de la langue du poète. Le mot idiot est au centre de l’existence animale du poète. Un mot qui permet ainsi de passer de l’existence à la langue et de la langue à l’existence. Un mot pivot. Un mot qui permet de construire un système capable de nous aider à penser les rapports affectifs qu’entretiennent entre eux l’existence et la langue du poète. J’ai nommé système de l’idiotie ce système unissant la langue et l’existence du poète.

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Le système de l’idiotie que j’ai construit avec mes oeuvres plastiques : un système que j’ai réalisé avec ma langue et mon existence. Un système qui préexistait à ma langue et à mon existence. Un système qui a déterminé ma langue et mon existence.

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N. G. m’a fait penser l’autorité de ma parole pour elle. L’autorité de ma parole tient au fait que pour N. G. c’est moi qui parle et qui énonce ce que je dis. L’autorité de ma parole est ainsi contenue dans son énonciation. En parlant je fais autorité sur elle à l’aide de ma parole. Cela n’a rien à voir avec l’autorité que je lui trouve moi. Je pense peut-être son autorité en pensant l’autorité de Madame de la Critique de la Raison Pure. En fait peut-être devrais-je plutôt parler du pouvoir de Madame de la Critique de la Raison Pure. J’ai affronté le pouvoir de madame C. avec l’autorité poétique de ma parole.

Je rends sociale avec mon écriture ma langue animale.

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