Je me veux poète idiot pour pouvoir ainsi échapper au destin tragique d’être un poète suicidé de la société. Le poète idiot « se parle les autres » là où les poètes suicidés de la société « parlent les autres ». Le « je parle les autres » : la parole des poètes suicidés de la société. Le « je me parle les autres » : la parole du poète idiot.
Je me parle les autres : cela revient à prendre en permanence la décision de ne pas parler les autres aux autres. La parole du poète idiot. Une parole qui permet au poète idiot de ne plus être un poète suicidé de la société. D’échapper ainsi au destin d’être un poète extrémiste. Le « je me parle les autres » s’est présenté à moi comme une alternative et j’ai fait le choix de cette alternative pour ne plus être un suicidé de la société.
Je me parle les autres : Je décide ainsi de ne plus parler les autres aux autres. Je décide ainsi de ne plus être une Madame de la Critique de la Raison Pure. Je décide de m’en prendre au fascisme du coeur de la Madame de la Critique de la Raison Pure que j’ai été avant de me sexualiser. Je ne veux pas mourir romantiquement. J’aime trop la vie. Je veux dévorer la vie en mangeur de femmes. Je me fais poète idiot pour cela.
Lorsqu’on fait le choix de ne plus être un suicidé de la société cesse-t-on alors forcément d’être un artiste ? Le poète qui prend la décision de ne plus parler les autres aux autres perd-il du même coup ses pouvoirs de créateur ? Je veux moi faire le récit de ma vie de poète idiot en tenant mes journaux. Je veux ainsi témoigner de l’alternative que j’ai choisi en renonçant à mon destin de poète suicidé de la société.
Cette question concerne tous les penseurs-non historiques. C’est là une formule de Nietzsche. On peut citer ici les noms de deux philosophes : Carlo Michelsteadter et Otto Weininger. Des philosophes qui ont aussi été des suicidés de la société.
Et Nietzsche a-t-il lui aussi été un tel suicidé ? La conscience qu’il avait de son destin de suicidé de la société ne lui a-t-elle pas permis d’échapper poétiquement à ce destin ? Nietzsche : un philosophe idiot ? Un philosophe animal ?
J’entretiens cette décision de me parler les autres en continuant à manger des femmes et cela pour pouvoir continuer à enregistrer mes délires de mangeur de femme dans l’écriture de mes journaux. C’est là le fil de ma décision. Le fil de ma parole. Je dois respecter la loi de l’impossible d’un corps de femme pour ne pas rompre ce fil de la parole qui me permet de tenir ma décision de rester un poète idiot.
Je me parle les autres : la décision est dans le « me ». Le moi qui surgit ainsi de la parole du poète suicidé de la société. Un « me » qui permet au poète de prendre conscience de la nature de sa parole poétique et ainsi de réaliser animalement son idiotie. Ce « me » est le moi de la langue du poète idiot. Un moi qui lui permet de se relever. Qui lui permet de survivre à sa propre mort. Un moi qui le sauve poétiquement.
La décision de me faire poète idiot en me parlant les autres au lieu de parler les autres aux autres : la décision de rester vivant. Le refus donc de me suicider. Je me suis retrouvé face à une alternative. Soit une existence à mener tragiquement jusqu’à un suicide romantique et cela au nom d’une oeuvre à réaliser poétiquement soit la reconnaissance de son idiotie devant les autres et cela pour parvenir à survivre animalement en se donnant la tâche de réaliser poétiquement cette idiotie.
C’est bien en travaillant à réaliser poétiquement le mangeur de femmes que je suis que je parviens à ne pas mourir poétiquement. Je mange ainsi des femmes pour résister poétiquement face à mon désir de mourir. Je mange des femmes pour résister à mon désir de mourir en suicidé de la société. Je mange des femmes pour rester fidèle au poète idiot que je suis. Je me parle les autres pour continuer à prendre cette décision. Je me parle les autres pour continuer à renoncer à mon destin de suicidé de la société.
Une parole qui n’est donc en aucun cas pathologique. Ce qui est pathologique c’est mon « je parle les autres ». Je veux avec mon « je me parle les autres » lutter linguistiquement contre le « je parle les autres » des êtres de séduction. Madame de la Critique de la Raison Pure est celle qui orchestre ainsi le « je parle les autres » des autres. Elle orchestre ce « je parle les autres » avec son fascisme du coeur.
Mes voix sont là pour me rappeler à mon propre fascisme du coeur et ainsi ne pas perdre le fil de la décision de me faire poétiquement idiot. Une décision qui ne tient qu’au fil de ma parole de poète idiot et qui pour cela est terriblement fragile. J’écris pour que ce fil ne se rompt pas. Je tiens mes journaux pour entretenir en moi le feu de ma révolte de poète idiot. Pour entretenir en moi le fil de mon idiotie salvatrice.
Je travaille ainsi en permanence à rechercher l’origine de ma parole dans mon idiotie. Je pars ainsi poétiquement à la recherche du mot idiot car je sais ce mot être le mot qui fait jaillir en moi le fil de ma parole. Un mot salvateur pour le poète que je suis. Je suis le poète du mot idiot. Je me laisse enfanter poétiquement par ce mot.
J’ai pris la décision d’être un poète idiot. J’ai pris la décision de renoncer à mon destin de poète suicidé de la société. J’ai pris cette décision en décidant de me parler les autres. Mes voix sont donc l’expression d’une décision que j’ai prise. Une décision ? Vraiment ? Est-ce que je n’ai pas au contraire le sentiment de subir ces voix tragiquement ? Est-ce que je ne dis pas que ça parle tout seul ? Je parle pour décider. Je parle sans arrêt pour contrôler ainsi avec ma langue ma décision de me faire poète idiot.
Je pense à Madame de la Critique de la Raison Pure. J’ai fait surgir en moi la possibilité de la conscience de Madame de la Critique de la Raison Pure en pensant la décision de me parler les autres. En prenant la décision dans ma langue de me faire ainsi poète idiot. J’ai pour décision ma parole de poète idiot. Le « je me parle les autres » est cette décision du poète idiot. Une parole que beaucoup diront pathologique mais que moi je pense poétique parce que justement c’est grâce à elle que je parviens à échapper à mon destin de poète suicidé de la société pour m’inventer à la place un destin de poète idiot.
Je veux proposer aux autres avec ce site la possibilité de visiter ma parole de poète idiot et pour défendre ainsi mon idiotie créative.
Lorsqu’on fait le choix de ne plus être un suicidé de la société cesse-t-on alors forcément d’être un artiste ? Le poète qui prend la décision de ne plus parler les autres aux autres perd-il du même coup ses pouvoirs de
créateur ?
Aux visiteurs de répondre à cette interrogation   !

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