Version incomplète
J’ai une cave remplie de vieux papiers. J’y vais de temps en temps, à la recherche d’un de mes manuscrits. Je tombe ainsi sur des feuillets recouverts d’une écriture plus ou moins lisible, avec parfois griffonnés dessus des schémas, de petits  dessins plus ou moins avancés.
Je me suis décidé dernièrement à rassembler quelques unes de ces pages, en choisissant dans la masse de mes manuscrits des feuillets qui pour la plupart  n’ont jamais été recopiés ailleurs. Je les ai sélectionnés dans de nombreux cas aussi pour les schémas dont ils se trouvaient recouverts. On découvre ainsi à travers ces pages de nombreux projets de créations plastiques et littéraires qui  sont restés à l’état d’ébauche. J’ai choisi ces pages parce qu’il m’a semblé qu’elles étaient traversées par une énergie vitale, première, et qu’en cela elles  témoignaient magnifiquement de ce qu’avait pu être à cette époque de ma vie  mon idiotie.
J’ai séparé ensuite cette liasse de feuillets en deux parties distinctes. J’ai rassemblé dans la première partie les feuillets dépourvus de dessins et dans la seconde ceux qui s’en trouvaient pourvus. La totalité des dessins se retrouvent donc dans la seconde partie.
Ces textes témoignent de mes premiers pas poétiques, de mes balbutiements d’artiste. On me voit donc ici faire mes premiers efforts pour m’extraire de mon état maladif en tentant d’échapper à un délire qui soit exclusivement pathologique. Les phénomènes de possession déclinent parfois ainsi dans ces textes pour laisser la place à une créativité plus maîtrisée. Je commence alors à m’engager dans une écriture plus volontaire.
Je veux par ce texte témoigner de ce qu’à pu être mon implosion poétique en présentant des vestiges de mon être. Je veux donner à voir l’énergie créatrice qui m’a habité à travers ces traces, je veux rendre visible le processus de créativité brute dans lequel je me suis trouvé engagé. Ces vestiges témoignent de ce qu’à pu être à cette époque mon état d’ébullition. C’est pour cela que j’ai voulu nommer ce texte Les ruines de l’idiotie.
J’aimerais que ce texte soit une invitation à voyager à travers les ruines de mon âme poétique.
DEUXIEME PARTIE
Manuscrit (1)
La clef de la Grande Idiotie
La langue est une clef qui ouvre le corps et le corps est une clef qui ouvre la langue. D’où l’impossibilité pour le corps d’ouvrir la langue et pour la langue d’ouvrir le corps.
J’ouvre le corps et en ouvrant le corps, je ferme la langue. J’ouvre la langue et en ouvrant la langue, je ferme le corps.
L’homme-­‐miroir : notre image se reflète sur lui. Nous pensons l’autre à partir de notre image, nous projetons sur lui notre image.
La femme :
Manuscrit (2)

Le train de l’idiotie.
Le mot idiot est la locomotive de ce train : il produit l’énergie nécessaire au déplacement des mots et des idées à travers le corps de la langue.
Ce train constitue la langue du corps. 
Sculpture :
L’idée se déplace sur des mots : les mots roulent sur les rails de la langue et c’est leur mouvement qui donne un sens à l’idée, qui dégage l’énergie affective de l’idée.
Les mots constituent les racines de l’arbre qui puise son énergie dans la langue. Le tronc de l’arbre est formé par le corps. C’est le corps qui transforme les mots en idées : les idées constituent les fruits de l’arbre.
Le corps transforme l’énergie affective libérée par les mots en idées.​​​​​​​
Végétation animale :
Manuscrit (3)
Le mot est acte.
On produit pour sortir de la langue.
On ne pense jamais que pour parvenir à mieux se représenter. Le bonheur ne peut que naître de cette représentation de soi par soi.
Seule cette représentation peut nous permettre d’échapper à la monstruosité de notre animalité.
Manuscrit (4)
La distance qui sépare l’homme et la femme que nous sommes est le moteur de notre devenir social, animal et humain.
Plus cette distance est grande, plus nous sommes aptes à nous fonctionnaliser.
On se sexualise pour passer d’une chose à une autre, d’un mot à un autre, d’un autre à un autre.
Je travaille à exorciser la femme, à extraire la femme de mon corps, à m’en libérer.
J’ai aimé Eraina et l’aimant, je me suis fait Eraina. Elle me possède et me possédant, elle fait de moi son idiot : je suis l’idiot d’Eraina.
Lolita de Kubrick.
Je rencontre Eraina. Je vais devenir fou d’elle.
Mais  il  y  a  entre  elle  et  moi,  un  troisième  personnage :  la  femme-­‐singe.  Tout comme il y a dans le film de Kubrick un troisième personnage.
La femme-­‐singe est celle qui s’oppose à mon amour pour Eraina, par jalousie car elle me désire.
Découvrant que je lui préfère Eraina, elle se venge en me persécutant. Elle travaille à me rendre hideux aux yeux d’Eraina, impossibilisant ainsi tout désir d’Eraina pour moi car elle se place en gardienne d’Eraina. C’est elle qui détient la clef, cette clef qui me permettrait d’ouvrir le corps d’Eraina. Cette clef, c’est un phallus social, un phallus fait de diplôme, d’argent, de respectabilité.
Elle va me refuser cette clef.
Dialogue  entre  Eraina  et  les  autres  –  femme-­‐singe  –  fissure  -­‐>  le  mur  va s’écrouler.
Je vis la femme-­‐singe comme celle qui me sait, comme notre mère à tous.
Je vis l’autre comme celui qui me sait. Plus la distance entre nous et la femme que nous sommes est faible, plus nous nous sentons transparent à l’autre donc aliéné à lui par nous-­‐même.
Manuscrit (5)
Je me dévore avec le regard que je joue à porter sur moi en jouant les autres. Ce regard m’immobilise comme l’araignée qui se sait guettée.
Ce sont les yeux de ma langue.
Une poupée par agglutination de mots.
Lorsque je cherche à dire quelque chose, je ne parviens qu’à la vulgarité.
C’est bien plutôt en cherchant à échapper aux mots, que les mots, me courant après, parviennent à me faire dire quelque chose. La langue fermente le corps, parvenant ainsi à faire dire quelque chose au corps. Le non-­‐vulgaire, c’est ce que le corps nous impose et non ce que nous imposons au corps
Manuscrit (6)
Je veux faire cesser l’idiotie de mon corps en m’en laissant déposséder par sa voix, une voix de femme dont la cruauté me tire de l’inexistence.
L’œuvre n’a de valeur que si elle parvient a exiger quelque chose de nous. L’œuvre doit être le moteur d’un devenir social, animal et humain.
L’idiot se pense comme le dernier des hommes, celui auquel toutes les femmes se refusent pour l’intransigeance de son idiotie. Seule le baiser de la langue peut encore le tirer de son inexistence. Il fait ainsi tourner la langue dans l’attente de ce baiser, un  baiser qui mettra fin à son idiotie.
Les hommes, liés les uns aux autres par des mots, forment le tissu de  l’inexistence.
Je n’ai plus de prise sur mon corps, il m’abandonne à tous les degrés de  l’existence alors j’écoute sa voix dans l’espoir de pouvoir un jour l’apprivoiser.
La puissance de la langue seule me paraît être capable de soulever ce corps qui se fait chaque jour plus pesant, d’une pesanteur insoutenable.
Manuscrit (7)
Je désire la femme en tant qu’il y a une part de moi-­‐même qui tient de la femme et que la femme éveille, me rendant ainsi sourd à moi-­‐même.
Il n’y a que des corps et des rêves de corps, ces rêves étant eux-­‐mêmes formés d’autres corps.
Je  ne  suis  plus  à  moi-­‐même  qu’un  objet,  un  objet  auquel  je  n’accorde  aucun intérêt, que je n’ai même pas le désir de rendre désirable.
Mais les objets savent rire avec ironie de ceux qui jettent sur eux un regard méprisant car l’objet sait qu’il n’a rien à envier à ceux qui cherchent à se rendre plus désirables qu’ils ne sont.
C’est en tant que j’ai perdu le contrôle de mon corps que je m’intéresse à ce qu’il dit car ce dire est pour moi la seule façon de lui résister.
Il me semble ne pouvoir éveiller que de la méfiance chez les autres tant je me méfie de moi-­‐même, tant ma suspicion à mon égard est forte.
J’ai été le siège d’un tribunal, un tribunal qui m’a condamné à l’idiotie. Je jouais et le juge et les jurés et les avocats et les témoins et le condamné.
Je me suis condamné à l’idiotie à perpétuité pour déviance sexuelle et sociale. Faire une vidéo de ce procès : on me verrait jouer tous les rôles.
J’ai été condamné à l’idiotie afin de n’être plus en mesure de commettre de nouveau ces crimes. Car l’idiot est aliéné à lui-­‐même, incapable de sortir de la prison de son idiotie.
Je crée pour justifier cette peine à l’idiotie que je me suis infligé, afin d’assumer volontairement cette charge de l’idiotie qui m’écrase et m’impuissantise.
Manuscrit (8)
Ce don me permettra-­‐t-­‐il de traverser cet océan qu’est l’existence pour rejoindre une nouvelle terre ? Celle qui s’offre à nous après la mort, la première étant celle où nous étions avant notre naissance, avant même d’exister.
Il faut que je devienne capable de m’interdire de désirer certaines choses, ces désirs étant le moteur de ma déraison.
On ne peut pas nier cette réalité, surtout lorsque cette réalité nous frappe d’impuissance et c’est le cas de beaucoup d’entre nous.
L’épreuve de la réalité : ce qui nous fait grandir.
Il y a trois sortes de jeu.
Le jeu de société – le peintre du dimanche
Le jeu en société – l’art officiel
Le jeu singularisant – l’art
La peinture peut appartenir à ces trois jeux.
Cela tendrait à dire que l’art officiel n’est pas forcément de l’art.
C’est toujours en marge de l’art officiel, même si il y a un dialogue, que se crée l'art
Chaissac. Michaux.
Il faut s’appartenir en créant.
On se laisse trop souvent posséder par un autre et c’est cet autre qui crée en nous.
Cet autre, le Père. C’est en ce sens que créer, c’est tuer le Père.
Manuscrit (9)
La langue est langue du corps parce que le corps est ce qui résiste à la langue rendant ainsi possible un sens de la langue.
Je veux vivre seul dans un face à face avec mon corps.
Je fais tourner la langue pour assécher mon corps de toutes les pensées animales qui l’accablent, pensées que je sublime par la langue du corps en des pensées humaines.
Manuscrit (10)
Les pensées animales naissent de la rencontre d’une chose de la langue (chose créée par le mot libéré par l’affectron) et d’un mot du monde (créé par une chose)
Le corps
Un mot : une ouverture
Passage d’un affectron par un trou de la langue
Création d’une charge affective : le mot se condense dans cette charge affective.
Manuscrit (11)​​​​​​​
Chaque mot m’agite en me roulant dans la langue.
Nous gravitons avec notre corps autour du mot comme des électrons autour du noyau de l’atome.
Je ne peux, pour voir l’idiotie du monde, que créer. La création est le moteur d’une vision des choses dans toute la densité de leur idiotie.
Chaque mot est une marque pour une absence, l’absence même de ce qui nous fait dire ce mot, de la poussée d’idiotie qui en nous a fait naître ce mot.
Les mots (1) et (2) étant attiré l’un vers l’autre font pression sur le corps, faisant ainsi naître le mot (3) et le mot (3) et le mot (4) de la même façon le mot (5).
On dit le mot dans l’espoir de le tuer en le détachant de nous-­‐même, en le faisant cesser d’être une part de nous-­‐même.
J’aspire à me momifier avec des mots. Je me voyage avec la langue.
La maladie n’est pas une fin en soi. Elle doit être le moteur de la création d’un autre corps et d’une autre langue.
L’œuvre doit rompre avec elle-­‐même pour dire quelque chose. C’est en jouant le rôle de quelque chose qu’elle n’est pas qu’elle parviendra à cette rupture, parvenant   ainsi à dire ce quelque chose qu’elle joue à être. Le travail de l’artiste est de favoriser ce jeu en jouant lui-­‐même ce jeu. Si l’œuvre parvient à dire l’idiotie des choses, c’est parce que l’artiste l’a créée en se prêtant lui-­‐même à ce jeu.
Manuscrit (12)
Ça dit non. Il me faut jouer avec ce non, un non d’idiot, un non qui m’ouvre les portes de l’idiotie.
C’est de l’autre côté de l’existence, là où règne l’animalité.
Une tétine : on donne à téter la langue.

Manuscrit (13)

Il faut s’impliquer le plus possible dans son travail jusqu’à basculer de la tête au pied dans sa création : ce basculement seul peut fonder la validité d’une œuvre.
L’œuvre doit aspirer, comme une éponge, nos maux, afin de nous en délivrer. L’œuvre, comme l’éponge, doit nous nettoyer de nos pensées animales.
Des balais : ils sont liés les uns aux autres à leur bout, rivés à un moteur. Ils tournent comme les aiguilles d’une montre et balaient une surface de mots.
Traduire plastiquement la fonction de nettoyage de l’œuvre.
Au centre, on lit le mot idiot, comme si la force de rotation émanait de ce mot.
C’est ce mot qui rend possible la fonction de nettoyage de la langue.
L’horloge de la langue. La langue fonctionne comme une horloge. Les balais remuent les mots de la langue.
Les mots sont la poussière du temps.
On nettoie la langue par le mot idiot. Or penser, ce n’est jamais que chercher à nettoyer la langue.
Une horloge qui dit le temps dans l’absence de temps. J’ai nommé horlangue cette horloge.
La langue des secondes fait tourner d’un cran la langue des minutes. La langue des minutes fait tourner d’un cran la langue des heures.
Chaque cellule _ la cellule des secondes, celle des minutes et celle des heures _ contient 6 mots.
La langue (1)
Toute œuvre tient de l’autoportrait.
On écrit et on se découvre dans ce qu’on a écrit. La langue joue donc bien le rôle d’un miroir mais un miroir qui nous renvoie une image cruelle de nous-­‐même, cruelle au sens où Artaud l’entend.
Lorsque je dis le mot « chat », je le dis avec mon corps. J’investis donc une part de moi-­‐même dans chaque mot que je dis, que j’écris, que je peins.
mot en soi – mot que je dis – mot que dit l’autre La langue comme moteur du corps.
Le corps comme moteur de la langue.​​​​​​​
On agit avec son corps pour échapper à sa langue. On agit avec sa langue pour échapper à son corps.
Moi face à mes mots (vidéo).
L’essentiel est invisible pour les yeux. Se regarder avec la langue.
Je vois avec les mots. J’écoute avec les mots. Je bouge avec les mots. Je touche avec les mots.
Nul ne peut échapper aux mots.
Je suis habité par un désir, le désir d’être idiot. Je crée pour résister à ce désir car le jeu de la création repossibilise les autres jeux.
Je vis la femme-­‐singe comme celle qui veut que je sois idiot. Le mot idiot me pense. Je crée pour résister à cette pensée.

La langue (2)
Je croule sous le poids de ma langue. Je suis écrasé par elle. Je la crache par tous les orifices de mon corps.
Je danse sur mes rêves pour accoucher d’une langue qui dénormalisera le monde. Je ne veux rien savoir de ces autres qui ne sont pas portés par ma foi.
Je laboure mon royaume avec des mots.
Je vis le drame de la démesure de la langue comme un poids effroyable qu’il me faut tirer de l’inexistence.
Je serai à jamais étranger à ces hommes qui ne savent rien de ma douleur, une douleur qui m’enfante car je suis le ventre de ma mère, un ventre gros de ma honte   d’être au monde.​​​​​​​
Je suis lourd de la langue.
Je suis ailleurs, là où ces autres que je méprise pour leurs rires ne sauront jamais se rendre.​​​​​​​
Le jardin de la Grande idiotie.
Je me coiffe dans la langue afin de ne plus me masquer à moi-­‐même.
Projets d’œuvres (1)
Une paire de lunette.
On voit à travers deux organes génitaux d’homme. Artaud : les hommes pensent avec leur sexe.
Ce qui rentre dans le sexe, c’est une image.
Le monde me fixe avec son regard, un regard qui me fait basculer dans l’inexistence.
Le peintre n’a jamais cherché qu’à traduire ce regard pour le rendre moins présent, moins oppressant.
Un regard qui n’a pas de visage : un visage qui n’a pas de regard. Je me regarde par le monde : le monde se regarde par moi.​​​​​​​
C’est le rapport affectif que l’artiste entretient avec ses œuvres qui en fonde l’authenticité.
L’artiste pense affectivement le monde. Il se rend présent au monde en cultivant  le rapport affectif de son corps au monde. C’est ainsi que le monde se pense affectivement par lui.
Nu et une corde autour du cou.
Je suis tenu en laisse par le corps du tableau.
La raison d’être de l’œuvre que je crée, ce sont les exigences qu’elle fait naître en Je ne me reconnais nulle paternité exceptée celle de l’œuvre.
Je suis lourd de mes œuvres. C’est en ce sens que chaque œuvre que j’enfante me rend plus léger à moi-­‐même. Je vis chacune de mes œuvres comme une libération, la libération d’une mère qui accouche en s’enfantant.
La lumière des idées nous aide à trouver notre chemin à travers la nuit du corps.
Comprendre une œuvre, c’est se laisser déséquilibrer par elle : nous déséquilibrant, elle nous plonge dans l’inexistence, nous sauvant ainsi de la mort de ceux qui ne savent qu’exister.
Une porte invisible.
Il n’y a qu’une serrure à cette porte et qu’une clef qui permet d’ouvrir cette serrure.
C’est la porte de l’idiotie, la porte de l’inexistence. Cette porte est la métaphore de toute œuvre : rien ne nous empêche de passer et pourtant nous nous sentons obliger, pour passer de l’autre côté, d’ouvrir une porte.
L’œuvre est un mur et c’est en tant que mur, qu’elle nous permet de passer de l’autre côté.
Bouteille vide en miroir.
Le miroir reflète notre image.
Une bouteille magnum ou peut-­‐être même plus.
La bouteille est reliée par un fil à un casque qui permet d’écouter ce qui s’y passe.
Je n’entends rein et je ne vois rien. C’est parce que j’ai abusé de l’idiotie : l’idiotie m’a rendu sourd et aveugle à moi-­‐même. Ce que je vois et ce que j’entends, c’est mon inexistence. Je suis dans l’incapacité de me consommer pour avoir trop consommé.
La bouteille et les écouteurs symbolisent cette consommation aliénante. Nous consommons avec excès notre image.
Vidéo.
Faire une publicité pour vendre la publicité qui cherche à vendre une publicité pour vendre etc.
Un film qui doit nous éveiller à notre idiotie.
Projets d’œuvres (2)
Sculpture dans l’espace constituée d’une suite de mots. Impossible d’en sortir. On tourne en rond.
Reproduire sur un panneau géant le diplôme de mon bac.
Vidéo : J’essaye de passer à travers ce diplôme pour voir ce qu’il y a derrière, pour avancer. Pour cela je me fraye un passage à la hache.
Et qu’est-­‐ce que je découvre derrière ?
Le panneau est recouvert d’images pornographiques, d’images de téléphones roses.
Vidéo.
Qu’est-­‐ce qu’une femme ?
èè une femme attractive
èè une vieille femme pleine de rides : ce que la première est devenue avec le temps.
Les deux pourraient discuter ensemble.
Qu’est-­‐ce qu’une femme ?
Une femme répond par « qu’est-­‐ce qu’un homme ? » 
Qu’est-­‐ce qu’un homme ?
Un homme répond par « qu’est-­‐ce qu’une femme ? »
Un homme qui hurle devant la foule sur une estrade :
« Je suis le diplôme du bac avec mention AB et un bac S ! »
La roue avec aiguille tourne et s’arrête sur une case. Un jeu de hasard.
On y gagne une situation dans la société.
Un homme joue et gagne la situation de chômeur. Il s’écrie alors : « Mais j’enseigne la physique à l’université ! » On lui répond : « Désolé mais vous avez joué et vous avez gagné !! »
La vidéo : présentation comme pour un jeu télévisé.
C’est la pression affective exercée par ma langue sur mon corps (le niveau d’affectivité entre mon corps et ma langue n’est pas le même) qui transforme mes pensées humaines en pensées animales : il s’agit d’une réaction d’affectivité.
Possédé par l’idiot, j’écoute sa voix.
Il ne faut pas être face à une œuvre en cherchant à la comprendre. Il faut se laisser comprendre par l’œuvre.​​​​​​​
L’autre me sert à devenir l’autre.
L’œuvre est un autre qui me sert à devenir l’autre de l’œuvre. Traduire plastiquement une voix.
L’homme-­‐livre.
Un épouvantail à idiot.
Faire fuir l’idiot qu’il y a en chacun de nous.
Prendre un bain dans une baignoire remplie de livres.
Quatre photos.​​​​​​​
L’homme nu disparaît progressivement sous les livres (ou feuilles de livres ?)
Dans la tête de celui qui éjacule. Une femme attractive.
Des livres de philosophie. Une balance.
Un tuyau conduisant l’énergie contenu dans les livres jusqu’au sexe de l’homme.
Un sexe qui entre en érection et arrose un champ de fleurs qui poussent sur le corps de celui dont le sexe est en érection.
Les  fleurs  constituent  la  végétation  animale :  la  végétation  de  non-­‐pensées.  Ce sont des mots qui constituent les pétales des fleurs.
Cette œuvre explique comment on éjacule et à quoi ça sert.
Projets d’œuvres (3)
Je suis animal par la voix que je parle les autres et idiot par la voix que je parle moi. Tout mon travail consiste à me sortir de l’enfer de ces voix que je parle les autres.
Je parle les autres. Je suis leur voix, une voix qui parasite ma propre voix. Je crée pour sauver cette voix, pour sortir de la voix que je parle les autres.
J’escalade avec la voix de mes créations la voix que je parle les autres pour en sortir.
La voix que je parle moi existe-­‐t-­‐elle ?
Ne suis-­‐je pas la somme des voix que je parle les autres ?
Chacune de ces voix : une touche du piano car mon corps est un piano. Je joue de ces voix et c’est par ce jeu que j’invente la voix que je parle moi.
Chacune de ces voix me déplace. Je suis l’espace qui sépare chacune de ces voix.
Cet appareil doit me permettre de peindre en parlant. Il enregistre les bruits sonores émanant de la pièce dans laquelle il est installé et il les  retranscrit  sur  un tableau à l’aide de pinceaux mécaniques.
À chaque fréquence sonore (aigüe, grave) correspond une couleur.
À chaque intensité du son (fort, léger) correspond un emplacement de la toile. Etc.

Je suis face à un tableau. Il me semble que je ne vois pas le tableau. Je vis cette cécité comme une incapacité qui me frustre. C’est par ce biais que les œuvres des autres me poussent à créer.
Les gens apprennent des discours à tenir face aux tableaux. En récitant ces discours ils ont un sentiment de puissance face au tableau qui crée chez eux l’illusion de l’amour. Mais le discours qu’ils tiennent ne peut que leur cacher ce qu’ils voient, leur faire croire qu’ils voient.​​​​​​​
Le perroquet.
Un magnétophone tente de passer le concours de l’agrégation de philosophie. Et il est reçu dans les premiers. Brillant philosophe !
Sculpter une voiture.
Piano et pianiste sont soudés l’un à l’autre.
Ce sont les mots qui m’obligent à adorer la femme.
L’organe génital de l’homme se termine par une perceuse qui perce l’œil de l’homme.
Prendre un mannequin et lui mettre un mot à la place de la tête.
Des têtes d’hommes sont reliées les unes aux autres par leurs nez.
La viande des chaises.
Une chaise à corps d’homme.
Une table à corps d’homme.
Vidéo.
À quoi sert un livre ? Un homme lit un livre.
Des femmes attractives dansent autour de lui


Projets d’œuvres (4)

La femme-­‐singe m’a foutisé, faisant ainsi de moi son esclave. Je me suis fait la femme-­‐singe, je l’ai joué et la jouant, je me suis réduit à l’esclavage.
Je  vis  la  femme-­‐singe  comme  une  voix  qui  me  rend  étranger  à  moi-­‐même.  Je travaille donc à minéraliser cette voix, à l’inscrire dans la matière, afin de m’en libérer.​​​​​​​
Je veux vouer un culte à mon corps. Je veux penser mon corps comme un dieu.
Je crée pour ne plus consommer mon corps, pour ne plus en faire un objet, pour ne plus me vivre comme un corps.
Je me vis comme un objet parce que je me vis par le regard des autres. Je crée pour sortir de ce regard.
Le diplôme comme un oreiller.
Peinture : une toile recouverte d’yeux. Une multitude d’yeux de grosseurs différentes (photocopie couleur + peinture)
Coller la photo d’une femme nue sur une toile. Travailler cette image, lutter contre elle pour l’exorciser.
Un femme-­‐nue danse dans une nuit de regards, dans un nuage d’yeux. Elle se tord sous ces regards.

Je respecte la terre car la terre est folle de tous ceux qui furent et de tous ceux qui viendront, folle au sens où elle en est pleine.

Projets d’œuvres (5)​​​​​​​
Des phrases en lame d’acier, qui vous éventrent.
Écrire avec des lames de couteau un je t’aime.
Traduire avec des images la violence possible de la langue.
Tenter de comprendre pourquoi une phrase peut avoir un tel impacte sur le corps.
Il faut se laisser dire pour tromper la vigilance de la langue et ainsi faire en sorte qu’elle cesse de nous inexister.
Comprendre un mot, c’est avoir faim de ce mot, une faim qui nous creuse la langue et qui fait le corps se penser comme le manque de ce mot.
Il me semble n’avoir compris que le mot idiot : il est en ce sens le premier mot, le mot qui me balance de l’inexistence à l’existence.​​​​​​​

Mettre à l’intérieur un mot.
Peut-­‐on quelque chose contre la langue ?
Mot contre mot : le silence signe la victoire de la langue.
Les mots se disent par notre corps.
Projets d’œuvres (6)
Exposition sonore.
On voyage à travers la pièce un casque sur la tête en suivant le commentaire d’œuvres qui ne sont pas présentes ou plutôt qui sont d’autant plus présentes qu’elles sont absentes.
« Et vous avez en face de vous une pièce : celle-­‐ci consiste en une porte tournante, de ces portes que l’on trouve à l’entrée des hôtels.
Etc ».​​​​​​​
Le discours crée l’œuvre.
La langue fait exister le monde.
La langue, c’est-­‐à-­‐dire ce qui n’est pas.
Or ici on va faire véritablement l’expérience de la langue en tant que la langue est ici tout ce qu’il y a à voir : c’est elle qui nous donne à voir.
On pourrait même imaginer un système où le spectateur aurait à faire tourner la langue pour entendre donc voir.
Ce que je vois, c’est ce que j’entends de moi-­‐même ou plutôt ce que je suis prêt à entendre de moi-­‐même.
En ce sens voir, ce n’est jamais que faire tourner la langue.
L’homme est en face d’un mur blanc.
Il fait tourner une roue et la faisant tourner, il entend sa propre voix lui décrire ce qu’il ne voir pas encore mais que sa voix, une voix qui s’impose à lui, va faire naître sous forme d’images.
On fait tourner la langue et en la faisant tourner une image se projette sur la toile. Le trou : Mon corps n’est plus qu’un trou et j’y trouve refuge.


A voir aussi

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