(Notes pour une performance) 

QUESTIONS : PEUT-ON DEVENIR IDIOT ET POURQUOI ? L’IDIOT EST-IL PLUS LIBRE QUE LES AUTRES HOMMES ? 
Confrontation entre extrait du film Les idiots de Lars van Trier et texte écrit par un malade mental sur la liberté. 
Le film Les idiots
1. Un groupe de jeunes adultes qui s’installent dans une grande maison vide 
en banlieue pour « débiliser » c’est-a-dire agir comme des débiles ou des idiots. 
2. Réalisateur Danois : Lars von Trier 
Film 1998. Né en 1956 Copenhague. 
1994 : premier grand succès avec The Kingdom. 
1997 : Breaking the waves -> Renommée dans le monde entier. Grand prix du Jury au festival de Cannes 1996. César du meilleur film étranger 1997. 
3. Ce film appartient au dogme 95 : collectif de cinéastes, fondés à Coppenhague au printemps 1995. Contre tendance du cinéma aujourd’hui. Cinéma bourgeois, .fondé sur des théories ayant une perception bourgeoise de l’art. Notion d’auteur notamment. Cinéma n’est pas quelque chose d’individuel. Une série de règles statutaires intitulées voeux de chasteté. 
Le texte écrit par un malade mental
1. Texte écrit par un sujet malade. Malade mental de 24 ans, plusieurs séjours en asiles psychiatriques. Neurasténie aigue. 
2. Il essaye tant bien que mal de s’en sortir par l’art. Écriture et peinture. Il rêve de devenir artiste. 
Ce texte est tiré de l’un de ses écrits. 
Thème commun avec le film : nécessité de faire l’idiot pour s’en sortir. Faire l’idiot : créer -> Pour être libre. 
Problématique : question de la liberté. Est-on plus libre lorsqu’on fait l’idiot ? L’idiot est-il plus libre que celui qui n’est pas idiot ? 
Plan :
1. Doit-on devenir idiot ? 
2. Peut-on devenir idiot ? 
3. Question : Doit-on et peut-on ne pas devenir idiot ? 

DOIT-ON DEVENIR IDIOT ? 

1. Trouver son idiot intérieur -> accès au bonheur. 
Stoffer : figure christique du film : une thèse sur l’idiotie. 
➔ Détruire des normes sociales, se laisser aller. 
Ex : se faire passer pour un idiot par dans un restaurant -> rien à payer. 
➔ Trouver son idiot intérieur -> accoucher d’un nouvel homme. Créer un nouvel homme, pas l’individu social. 
➔ Les hommes du futur. L’idiot : un être supérieur -> un messie, un christ. Les chrétiens suivent l’exemple de Jésus. 
Nouvelle religion sociale : se faire idiot. 
➔ On ne peut pas justifier le fait de faire l’idiot. On doit. Seule justification : devoir religieux. 
Or dans religion : on ne peut pas démontrer l’existence de Dieu. On croit ou on ne croit pas. Ici, on pense ou on ne pense pas devoir. 
2. Il dit : on est 2. Moi et l’idiot. Moi je suis aliéné à l’idiot et l’idiot est libre. 
➔ Il fait l’expérience de se refuser au monde parce que l’idiot lui fait dire non. 
Pour devenir libre -> seule solution : devenir idiot. 
➔ On doit faire l’idiot pour devenir idiot et ainsi devenir libre. On devient idiot pour ne plus être idiot. 
Désir de ne plus réussir : en réussissant il contrarie l’idiot. 
3. Quand on fait l’idiot. 
Son identité -> difficile. On n’aime pas être pris par les autres pour un idiot. 
Notre société -> beauté : réussite sociale. Tout le monde veut être beau. 
Devenir quelqu’un d’autre et cela en se construisant contre soi-même. 
➔ Faire l’idiot : dire non à cette instrumentalisation de soi par l’esprit de notre société. 
➔ Pour les deux : nécessité de faire l’idiot pour devenir libre. 
Quelque chose qui a trait à une expérience religieuse. 
Le malade fait aussi de l’idiot un être supérieur. 
Différent de l’idiotie sociale, de l’idiotie psychologique. 
1. Devenir un autre homme. 
2. Devenir un idiot qui puisse être un homme comme les autres c’est-à-dire là aussi un nouvel homme mais ici malgré soi. 
Dans les deux cas : échapper au devenir social/psychologique déterminé. 

PEUT-ON DEVENIR IDIOT ? 

1. Personne d’autre ne peut le faire pour eux. 
Choix singulier, personnel. 
Liberté vraie. 
➔ À l’âge de pierre : impossible. 
Société subvient à notre besoin. Du coup luxe qu’on peut s’offrir. Du temps, de l’argent, de la volonté. 
➔ HP : les idiots. Les hommes du futur. 
S’installer dans la maladie de façon confortable. 
Ce confort social -> trouver idiot intérieur. 
➔ HP devient véritable lieu de formation, de culture. 
➔ On accuse malades mentaux d’être paresseux. 
2. L’idiot : partir à la conquête de l’idiot -> son autre. Ne plus être aliéné -> se désaliéner. 
➔ Écriture et peinture : marge pour lui de liberté. 
➔ À partir du moment où il arrive à penser son autre, à penser qu’il est idiot, qu’il peut espérer devenir idiot. 
➔ En même temps impossible. Impossible de devenir son autre. 
Échec de Artaud, de Wolson. 
➔ Celui qui arrive à devenir son autre, à basculer dans l’autre -> il meurt ; 
C’est lui-même qu’il doit tuer pour devenir libre. 
➔ En cherchant à réussir : il contrarie l’idiot et donc il échoue -> ça dit non. 
Mais en cherchant à rater, il devient idiot donc libre mais du même coup il contrarie l’idiot donc cesse de réussir. -> Immobilité du malade mental. 
3. Film dit cet échec. Impossible d’accoucher de ce nouvel homme. 
Impossible de devenir idiot : un homme ne peut cesser d’être un homme. 
Film : interdit aux moins de 16 ans. 
➔ Faire l’idiot chez eux, au travail -> impossible -> ça correspond à un meurtre : mise à mort de son propre soi -> impossible comme un suicide est impossible. 
➔ Instinct social en nous inscrit dans notre propre corps -> corps social obéit à une langue sociale 
On est programmé pour devenir individu social comme on est programmé pour faire l’amour. Impossible de dire non à ce devenir par la réussite social à moins de prendre le risque de la maladie mentale. 
Transition 
Chez les deux échec. 
Impossible de faire l’idiot. 
Et pourtant, ils le font. 
➔ Doit-on devenir idiot ? Oui. 
➔ Peut-on devenir idiot ? Non. 
-> Face à un mu. Or ce mur il faut absolument le franchir -> mur de l’idiotie : le mur qui sépare l’idiot de celui qui n’est pas idiot. 
-> Comment faire ? 
Tentative en répondant à ces deux questions. 
Peut-on ne pas devenir idiot ? 
Peut-on ne pas faire l’idiot ? 

DOIT-ON ET PEUT-ON NE PAS DEVENIR IDIOT ? 

1. Les deux questions : un mur => le mur de l’idiotie. Comment briser ce mur ? 
Impossible ? C’est la nécessité qui pose l’impossibilité de ne pas devenir idiot ? 
➔ Dans la langue, idée qu’il est impossible de ne pas devenir idiot. Il y a donc une possible liberté idiote rendue possible par le langage. 
➔ Maladie : L’idiot, c’est la langue. Or l’idiot est libre. C’est donc bien la langue qui est libre. 
Prendre l‘habitude de la liberté. Contraindre avec sa langue son corps pour libérer son corps. 
Faire en sorte que l’idiot redevienne un homme. Liberté. Prendre le risque de la maladie mentale. Devenir réellement idiot. Idiot (HP) et non pas jouer l’idiot. Liberté par la maladie. 
➔ Par la maladie il est possible de découvrir inscrit dans sa langue l’idée suivante : impossible de ne pas devenir idiot. 
Une possible liberté idiote par un possible rapport à la langue. Or seule la maladie peut rendre possible ce rapport. 
➔ Dans la langue, il est possible de mettre en équation l’impossibilité de franchir le mur de l’idiotie. Possible de désactiver cette impossibilité. 
➔ Axiome inscrit dans la langue : il est impossible de ne pas devenir idiot. 
Penser cet axiome pour le mettre en équation et ainsi briser le mur de l’idiotie. 
Cet axiome : une question qui est inscrite en nous et qui ne cesse de produire de l’énergie. 
Cette question : le noeud qui fait de nous des artistes. 
2. Le Point de l’idiotie ou point de la Femme-singe. 
➔ Comment devient-on idiot ? -> Comment devient-on malade puisqu’il s’agit pour nous de devenir véritablement malade. 
➔ Rencontre avec la Femme-singe. 
Fonctionnement de la société qui crée malades mentaux. Tout est basé sur la réussite sociale. 
Il est interdit de devenir idiot -> interdit de s’en prendre à son identité. 
Être artiste, être commerçant, être garçon de café. 
-> Maladie sociale : gens disent non à ce devenir -> on les accuse alors de se réfugier dans la maladie. 
➔ Distinction entre ceux qui ne savent pas dire non et ceux qui peuvent penser leur non. 
Penser la Femme-singe c’est-à-dire l’autre qui les a fait basculer dans l’idiotie. 
À partir de ce point d’appuie qu’ils vont pouvoir briser le mur de l’idiotie et ce en créant des objets qui deviennent sortes de marchandises sociales. 
Un texte, un film, un tableau. 
➔ Lars van Trier : un film sur les idiots. 
Avec ce film : il révèle en nous notre idiot intérieur et ainsi nous aide à franchir mur de l’idiotie, mur qu’il a certainement déjà lui-même franchit. 
➔ Il y a un impossible mais en mettant en équation cet impossible on le rend possible c’est-à-dire qu’on désactive l’impossible. 
-> Seule façon de mettre en équation cet impossible -> faire l’expérience de la maladie mentale. 
-> L ‘oeuvre de Lars van Trier : liée par son esthétique à une nécessaire expérience de l’idiotie. 
Il voit les choses comme un homme qui serait passé de l’autre côté du mur. 
3. C’est bien en répondant à la question : Peut-on ne pas devenir idiot ? 
➔ Non, on ne peut pas ne pas devenir idiot mais encore faut-il pouvoir penser ce devenir -> or seuls ceux qui prennent le risque de la maladie mentale peuvent parvenir à le penser -> penser cette équation. 
➔ La sexualisation : comment un idiot peut-il devenir un homme ? 
➔ Société nous dit : il est interdit de faire l’idiot. Ceux qui savent se donner ce droit : les malades mentaux. 
-> On les enferme. 
-> De ce point de vue : maladie mentale -> maladie sociale. 
Ceux qui font les idiots dans le film -> ils ne parviennent pas à devenir idiot parce qu’ils ne prennent pas réellement le risque de la maladie mentale -> ils ne peuvent pas découvrir le Point de l’idiotie. 
Prendre ce risque, c’est être capable de provoquer en duel sa Femme-singe. 
-> Faire l’idiot chez soi, au travail 
-> Non, ils n’y arrivent pas. 
-> Nous apparaissent inférieur aux vrais idiots, je veux dire à ceux qui se sont réellement sexualisés. 
-> La sexualisation par la Femme-singe 
Risque que prend l’artiste -> seule façon de créer une oeuvre véritable. 
->La maladie mentale : une arme qui doit nous permettre de créer un nouvel homme. 
➔ Artaud : il fait l’idiot pour être en phase avec lui-même. 

CONCLUSION

Oui, les idiots sont bien les hommes du futur. 
Karen : mais il y a des gens qui sont réellement malades. 
Renverse les normes -> ces gens malades : ils sont supérieurs à nous -> ce sont les gens normaux qui sont malades, les autres. 
->Transforment les autres en idiot -> les non-malades deviennent des idiots -> le film se moque non pas des idiots mais de ceux qui se moquent des idiots. 
L’idiot dans notre société : le bon nègre. C’est à cette image d’Épinal qu’il faut s’en prendre. 
« Il est idiot. Il n’est pas méchant. Il faut avoir pitié de ces gens. » 
Nécessité de la maladie mentale -> elle seule peut rendre possible une vraie liberté. 
Artaud : un homme libre. Mais ça coûte un prix. 
Sexualisation pour créer. Seule la création d’un monde dans le monde peut assurer notre liberté. 
Or un artiste véritable, ça n’est jamais qu’un homme qui dit non à toute instrumentalisation de lui-même par la société. 
Être artiste pour se sauver. 

APPENDICE

J’ai réalisé cette expérience dans l’atelier d’Emmanuel Saulnier au cours de l’année de mon diplôme de fin d’étude. Mon professeur était présent ainsi qu’un autre professeur et quelques élèves dont N. G.. Cette performance a été filmée. Je montre d’abord l’extrait du film Les idiots de Lars van Trier que j’ai choisi puis je lis un chapitre de mon texte L’espace de l’idiotie intitulé je crois La liberté. On me voit après danser sur mes équation puis dialoguer avec le public. J’ai conservé dans mes affaires la vidéo de cette performance. Les notes qui suivent sont les notes qui m’ont aidé à réaliser oralement ma performance devant le public. 


NOTES PRATIQUES POUR LA PERFORMANCE 
Traiter question : Peut-on ne pas être idiot ? 
Cette question, y répondre à partir de la confrontation entre deux objets : extrait du film Les idiots de Lars van Trier et texte écrit par schizophrène. 
➔ Extrait : « débiliser ». Deux personnes, Stoffer et Karen. 
➔ Texte. 
Deux objets -> confrontation -> deux questions : Doit-on devenir idiot ? Oui. Peut-on devenir idiot ? Non. 
➔ Mur : le mur de l’idiotie. 
Ce que je voudrais faire avec vous : voir si il est possible de franchir ce mur. 
Ce mur, je vais essayé de la franchir à l’aide de trois équations. 
Ces équations mettent en équation le langage. 
Elles sont tirées du même texte que le texte du schizo que je vous ai lu. Ce texte s’appelle l’espace de l’idiotie. 
Mettre en équation sa maladie. 
Il définit sa maladie par le mot langue. 
J’ai tenté de faire l’expérience avec mon corps de ces trois équations. 
Conclusion -> il m’est impossible d’en faire l’expérience -> il est donc impossible de ne plus être idiot lorsqu’on définit sa maladie comme une langue. 
➔ Essayer de vivre avec mon corps la langue. 
➔ Essayer de vivre avec ma langue mon corps. 
Briser ce mur à l’aide de trois équations. 
D’abord en vivant avec ces équations mon corps avec ma langue et après ma langue avec mon corps. 
Tout simplement parce que comme nous l’avons vu : il y a maladie parce que le corps n’est pas la langue et la langue n’est pas le corps. 
Avec ces équations faire en sorte que langue = corps ; 
Si j’arrive à faire langue = corps alors je réussis à briser le mur de l’idiotie. 
Le film que nous avons vu : il est impossible n’étant pas idiot de devenir idiot. 
Avec le texte : il est impossible étant idiot de ne plus être idiot. 
Pourquoi ? 
Ils n’arrivent pas à vivre leur corps. 
Malade mental n’arrive pas à vivre son langage avec son corps. 
Les gens normaux n’arrivent pas à vivre leur corps avec leur langue. 
Dans les deux cas impossible de briser le mur de l’idiotie parce que le corps n’est pas la langue et la langue n’est pas le corps. 
L’idiot pour qu’il arrive à n’être plus idiot, il faut qu’il vive à l’aide de ces équation son corps. 
➔ Le malade mental. Malade avec sa langue. Il n’arrive pas à vivre sa langue avec son corps. 
➔ L’homme normal. Son corps est malade. Son corps ne sait que penser socialement. 
Utiliser sa langue pour vivre son corps et ainsi faire que son corps devienne une langue. 
Conclusion 
C’est une chance d’être idiot parce qu’étant idiot on peut se penser idiot et du coup on arrive à penser le mur de l’idiotie. Et ainsi à le briser ? 
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