L'espace de l'idiotie est l'espace de l'espace. Un espace qui rend possible l'espace des choses : l'espace de l'espace des choses.
Cet espace, c'est l'espace du mot idiot : le mot idiot est un espace mais un espace impossible : un espace qui ne peut pas être un espace.
Je pense dans le mot idiot. Je pense à l'intérieur du mot idiot.
La dimension de l'idiotie, c'est la quatrième dimension.
Cet espace, c'est un mur. Le mot idiot est donc bien un mur.
Je pense les autres pensant à moi.
Cette phrase résonne. Elle résonne comme un mur infranchissable.
C'est à coups de pensées qu'il me faut investiguer cet espace. Jeter dans cet espace des pensées comme on jette des pierres dans un trou pour le combler.
Un peu comme un homme qui aurait à se déplacer dans un espace sombre et qui pour cela grillerait des allumettes. Écrire une pensée, c'est cela même : griller une allumette.
Le père, c'est ce qui structure l'espace de l'idiotie. Le père mort, l'espace de l'idiotie se déstructure donc et ainsi advient. Ce qu'il faut donc, pour parvenir à restructurer cet espace, c'est rendre possible par la pensée l'avènement d'un autre père.
Les trois temps de l'espace de l'idiotie :
_ l'espace de l'idiotie n'est pas parce que le père existe (je suis hors de cet espace);
_ l'espace de l'idiotie est parce que le père n'existe pas (je suis dans cet espace);
_ l'espace de l'idiotie existe parce que le père est et n'est pas : il existe sans exister (je suis sur cet espace : à la limite de l'espace et du non-espace autrement dit sur la surface de cet espace).
Pour parvenir à parler de l'espace de l'idiotie, il faut d'abord parvenir à en sortir.
Et le nommer, c'est déjà faire un premier pas, le premier pas qui nous permet de nous en extraire.
J'y suis. Peut-être aurait-il mieux fallu que jamais je n'y entre. Mais maintenant, c'est fait et il ne me reste donc plus qu'à m'en accommoder. 
En entrant dans cet espace impossible, je suis devenu impossible. J'ai cessé d'être et c'est ainsi et ainsi seulement que cet espace est advenu.
Pourquoi m'est-il impossible d'en sortir ? Pourquoi suis-je comme enfermé dans cet espace ?
J'ai été précipité dans cet espace comme on peut être précipité dans le vide.
Cet espace, c'est un vide-espace : un espace sans espace.
Le mot idiot est un espace et cet espace est un espace impossible : l'espace de l'idiotie. C'est un espace impossible parce que c'est un espace à quatre dimensions. La quatrième dimension, c'est la dimension de l'idiotie.

LA MÉTHODE

Pour m'extraire de cet espace, il n'y a qu'une solution : une pratique du corps sur lui-même.
La méthode, c'est donc la méthode du corps.
C'est en permettant au corps de faire effort sur lui-même qu'on peut se donner une chance de parvenir à sortir de cet état.
La langue, c'est la volonté. Faire tourner le corps avec la langue, c'est exercer sa volonté en vue de permettre au corps de faire effort sur lui-même.
Il faut distinguer quatre volontés différentes.
_ Faire tourner la langue avec la langue : la volonté langue sur langue, c'est la volonté qui permet à la langue de sortir de la langue en entrant dans la langue. La langue veut la langue en déterminant la langue. C'est la langue qui agit sur la langue par le biais de cette volonté.
_ Faire tourner le corps avec le corps : la volonté corps sur corps, c'est la volonté qui permet au corps de sortir du corps en entrant dans le corps : le corps veut le corps en déterminant le corps. C'est le corps qui agit sur le corps par le biais de cette volonté.
_ Faire tourner la langue avec le corps : la volonté langue sur corps, c'est la volonté qui permet à la langue de sortir du corps en entrant dans le corps. La langue veut le corps en déterminant le corps. C'est la langue qui agit sur le corps par le biais de cette volonté.
_ Faire tourner le corps avec la langue : la volonté corps sur langue, c'est la volonté qui permet au corps de sortir de la langue en entrant dans la langue : le corps veut la langue en déterminant la langue. C'est le corps qui agit sur la langue par le biais de cette volonté.

Il faut travailler à devenir un idiot sans pour autant en devenir un.
Car il faut tenter de rester l'autre, celui que nous étions avant d'avoir commencé à travailler à devenir un idiot . Et cet autre, en le maintenant en nous, nous devons faire qu'il nous permette d'analyser l'espace de l'idiotie.

Cet espace mange celui qui s'essaye à y pénétrer.
Rien ne peut disparaître dans l'univers. L'autre que j'étais avant de devenir ce que je suis devenu, il faut donc bien qu'il soit passé quelque part. D'où la question qui se pose à moi : où est passé cet être ?
C'est la disparition même de cet être qui a provoqué la naissance de l'espace de l'idiotie : cet être, en disparaissant, a engendré cet espace. C'est la mort de cet être qui a engendré la naissance de l'espace de l'idiotie.

LA CONVERSION

Est-il possible de se convertir ?
Est-il possible, étant femme, de devenir homme ? Étant homme de devenir femme ?
Je suis un homme-femme parce que je crois être un artiste.
Là. Simplement là. Là et maintenant. Maintenant et là. Les mots, ils ne sont jamais là que pour nous permettre de nous asseoir. Que pour nous permettre d'être là où nous sommes.
Je suis assis sur mon lit. J'écris cela. Mais j'ai beau écrire que je suis assis sur mon lit, cela ne m'empêche pas d'être ailleurs. De ne pas parvenir à être assis sur mon lit.
J'écris pour être présent à moi-même.
J'écris pour coïncider.
Mais où suis-je si je ne suis pas là où je suis ?
C'est cet autre espace que je veux investiguer par l'écriture : l'espace de l'idiotie.
Cet espace est un espace muet. Un espace impensable. C'est de l'autre côté du pensable.
Cet espace, je voudrais parvenir à le faire être. Je voudrais parvenir à faire qu'il devienne un espace.
C'est donc cela se convertir. C'est travailler à rendre pensable cet espace impensable.
Cet espace de l'idiotie qui est l'espace où je suis n'est pas l'espace où je crois être qui est l'espace où je ne suis pas.
Le fait que ces deux espaces ne coïncident pas explique qu'il y ait une dynamique de la création chez moi.
Écrire, c'est pour moi tenter de faire coïncider ces deux espaces.
Mais n'y a-t-il pas en fait trois espaces ?
        
_ L'espace de l'intelligence
         _La lampe (le monde) existe
         _ Je n'existe pas
Il y a donc non-être parce qu'il y a soit existence soit inexistence.
         _ Je suis idiot à moi parce que les autres me parlent.
         _ On croit parce qu'on doit croire

_ L'espace de l'idiotie
         _La lampe (le monde) n'existe pas
         _ J'existe
Il y a donc là encore non-être parce qu'il y a soit existence soit inexistence.
         _ Je suis idiot aux autres parce que je parle les autres.
         _ On ne croit pas parce qu'on ne peut pas croire

_ L'espace de l'art
         _ La lampe (le monde) est
         _ Je suis
Il y a être parce qu'il y a à la fois existence et inexistence.
         _ Je suis idiot parce que je me parle
         _ On sait parce qu'on est parvenu à ne plus croire.

Il faut cesser de croire en cette chose pour parvenir à comprendre cette chose.
C'est pourquoi pour comprendre Dieu, il faut cesser de croire en Dieu.
Comprendre une chose, c'est se laisser penser par cette chose. Or pour parvenir à se laisser penser par une chose, il faut cesser de croire en cette chose.
Nous pourrons donc distinguer deux conversions.
_ La première conversion : la conversion idiote. C'est celle qui nous fait passer de l'espace de l'intelligence à l'espace de l'idiotie.
_ La seconde conversion : la conversion artistique. C'est celle qui nous fait passer de l'espace de l'idiotie à l'espace de l'art.
On parvient à la première conversion en travaillant à se faire idiot.
On parvient à la seconde conversion en travaillant à créer.

UNE VOIX

L'espace de l'idiotie, c'est une voix : l'espace d'une voix qui me met en tension et dont je tente de sortir par une autre voix.
Je regarde cet homme. Je me le rêve. Il m'interroge malgré lui. Il m'interroge comme quelque chose d'impossible. Comme quelque chose de muet.
Il y a cet homme et le reste du monde. Et puis il y a l'espace où je me trouve qui est l'espace de l'espace, c'est-à-dire l'espace intérieur du monde.

Pourquoi faut-il se parler les autres ?
Y a-t-il vraiment là une nécessité nécessaire?
C'est pour ne pas sortir de l'espace de l'idiotie. Pour y rester enfermé. Et donc pouvoir traire le lait de l'idiotie.
On est tenté de penser que penser normalement c'est souhaiter sortir de l'état de l'idiotie.
Mais ne pourrait-on pas poser que ce qu'il faut faire au contraire, c'est tout faire pour y rester en tant que cet état est hautement profitable ?
On a traité la dépression en maladie.
Mais n'est-ce pas plutôt un état nécessaire ?

Je me parle les autres : je me masturbe avec le corps de ma mère. Car se parler les autres, c'est se masturber avec la voix des autres. Et la voix des autres, c'est la voix avec laquelle ma mère parle de moi aux autres. C'est donc la voix de son corps et c'est avec cette voix que je joue.
De la même façon, je me joue les autres me regardant : je me regarde les autres. Et la encore pour la même raison. Ce regard, c'est le regard de ma mère. Je me masturbe avec le regard de ma mère, regard qu'elle porte sur moi et que je réalise en jouant les autres me regardant.
Je me suis donc laissé dévorer par le corps de ma mère. Ma mère a envahi mon corps.
La langue est donc bien un organisme sexuel : la langue, c'est le corps de femme qui nous habite.
Se masturber avec la langue, c'est tenter de se sexualiser avec ce corps.
La langue nous sexualise : la langue nous idiotise.

Me parler les autres, c'est me frapper, me frapper pour obtenir de ma part un aveu. Oui, il faut que je m'avoue à moi-même que les autres se trompent, qu'ils ont tort de faire mon éloge. Qu'ils m'interprètent de façon fausse.
Il y a des mots-clefs dans la langue : le mot idiot par exemple. Ce mot, lorsqu'on le découvre, il nous permet de libérer toute une suite d'autres mots. Jusqu'à l'obstacle du prochain mot-clef (fig1).
La découverte d'un mot-clef crée une tension affective. C'est parce que nous sommes soumis à cette tension affective que nous sommes amenés à créer.

Je cours après le loup pour que le loup vienne me manger.
Il y a idiotie parce qu'il y a je parle les autres.
La limite de cet espace, c'est donc bien la parole avec laquelle je parle les autres.
Toutes les paroles du je parle les autres forment l'espace de l'idiotie (fig2).
Cet espace, c'est une parole : une parole obligée. Une parole que je ne peux pas m'empêcher de dire.
Quelque chose m'oblige donc à dire cette parole.
Quelle est cette chose ?
Et pourquoi je parle les autres ?
Peut-être qu'il n'y a pas de réponses à ces questions. Et c'est peut-être pour cela même que je parle les autres.
C'est le mot idiot qui me pousse à me parler les autres.
Car il n'y a rien de plus idiot que la parole par laquelle j'en viens à me parler les autres. Faire l'idiot, c'est cela même : se parler les autres (fig3).

Il y a la parole, le schème de cette parole et l'idée correspondant au schème de cette parole.
_Parole.
_Schème de la parole : c'est le moule dans lequel vient s'inscrire chaque parole.
_Idée de la parole : c'est ce qui fait exister le schème, ce qui détermine la nature du schème.
Le schème de la parole, c'est chez moi l'expression : je parle les autres.
Et l'idée correspondant à ce schème, c'est le mot idiot.

Tous les objets du monde mis ensemble tendent vers le mot idiot (fig4).
Ce mot est donc en quelque sorte l'âme du monde, son esprit.
On a : Monde ⬄ Idiot
Le mot idiot est donc bien le mot d'un passage entre la langue et le monde.
Il est le mot qui nous fait passer du matériel à l'immatériel et de l'immatériel au matériel.
C'est un mot-chose, un mot-matière : le mot du passage.

L'idiot dort. C'est parce qu'il dort que je me parle les autres. Je me parle en effet les autres pour tirer l'idiot de son sommeil.
Quand l'idiot dort, je ne crée plus. Je ne sais plus alors que faire l'idiot.
Au contraire, quand l'idiot s'éveille, je reviens à moi-même et je me remets donc alors à créer (fig5).

SCHÉMAS MENTAUX

C'est à l'aide de schémas mentaux que nous nous efforcerons d'investiguer cet espace. Ces schémas, nous les obtiendrons en travaillant à nous faire idiot.
Ces schémas consistent en des sortes d'allumettes qu'il ne nous reste plus qu'à frotter pour obtenir la lumière devant nous permettre d'y voir clair dans cet espace.
Frotter ces allumettes, cela consiste pour nous à nous livrer à de longues rêveries autour de ces schémas.
On ne peut parvenir à sortir de cet espace qu'en travaillant à l'investiguer et ce, pour le combler.
C'est pourquoi nous considérons chacun des textes-rêveries comme une solution : la solution par laquelle il nous est donné de sortir de cet espace.
La méthode, elle ne  peut naître que d'une conversion puisque seule une méthode du corps peut être valable.
Ces schémas permettent d'expliquer la structure de l'espace de l'idiotie.

_ L'équation infinie égalisante (fig6).
La langue est fonction d'elle-même. La langue est toujours égale à elle-même et cette égalité est infinie.
On a :
Mais la langue fonction d'elle-même est elle-même fonction d'elle-même.
On a :
Cette seconde équation dit que la totalité infinie de la langue est elle-même infinie, c'est-à-dire toujours égale à elle-même.
Et cette langue fonction d'elle-même qui est elle-même fonction d'elle-même, elle est elle-même fonction d'elle-même.
Et ainsi à l'infini.
N > N > N >
Le nombre d'équation est toujours le même.
Cette équation permet donc de résoudre le problème de l'infini en créant un infini de l'infini.
Puis un infini de l'infini de l'infini. Et ainsi à l'infini.

_ Équation infinie non-égalisante

Même structure que pour l'équation infinie égalisante mais avec des langues fonctions d'elles-mêmes non-égales les unes aux autres.

_ Équation infinie granditisante (fig7).
À chaque fois (chaque nouveau cercle), on ajoute une autre équation.
1234>12345>123456>
Cette équation permet de mettre en équation un possible infini plus qu'infini.

_ Équation infinie petitisante (fig8)
À chaque fois (chaque nouveau cercle), on enlève une équation.
N>N-1>N-2>N-3>
Cette équation permet de mettre en équation un possible infini moins qu'infini.

_ Équation A (fig9).

=> Équation A1
Le mot idiot est tendu vers le mot idiot.
Il y a une tension affective entre le mot idiot et lui-même.
Cette tension explique que le mot idiot occupe une place particulière dans la langue. Elle explique qu'il soit au centre de l'équilibre affectif de la langue.
Plus on sépare le mot idiot de lui-même c'est-à-dire plus on tente d'accroître la distance qui le sépare de lui-même, plus on a de chance de rompre l'atome de l'idiotie c'est-à-dire à libérer l'énergie affective contenue dans cet atome.

=>Équation A2
Le oui est tendu vers le non. Il y a une distance tensionnelle entre le oui et le non.
Plus on tente d'accroître cette distance affective et plus on a de chance de parvenir à égaliser le oui et le non.
Lorsque le oui et le non s'égalisent (oui = non), on déclenche le processus qui permet de tendre le mot idiot contre lui-même.

=>Équation A1/A2
On assiste ici à une réaction affective.
Les réactions affectives sont les réactions affectives de la langue.

=>Équation A3
On a maintenant oui = non.
En tendant la distance affective entre cette égalité et le mot idiot, on parvient à créer une possible distance affective entre le mot idiot et lui-même.
Cette équation affective permet donc d'expliquer le processus par lequel on parvient à fissurer le mot idiot donc à libérer l'énergie affective contenue dans ce mot.
Cette équation est l'équation dynamique de l'être.

_Équation B (fig10)
Le mot idiot structure l'espace. La distance qui sépare le mot idiot de lui-même permet de définir un espace qui est l'espace de l'idiotie.

_Équation C (fig11)
Le mot idiot est égal à lui-même et cette égalité est une égalité irréductible. Cette vérité est équivalente à l'égalité oui = non
En effet quand on a oui = non, alors il n'y a plus de distance possible entre le oui et le non et donc tout est complètement idiot. Le mot idiot devient donc le paradigme de toute vérité. De toute réalité.
L'équation de l'égalité du mot idiot nous dit en effet que tout doit se lire selon le critérium de l'idiotie. L'expérience de l'idiotie devient donc la seule expérience possible. Donc nécessaire.

_Équation D (fig12)
Le mot idiot est égal à l'égalité irréductible qui dit que si on a mot = idée =… alors on a mot = idée =… . En effet cette égalité est complètement idiote. Le sens de cette égalité irréductible, c'est donc bien le sens du mot idiot.

_ Équation E (fig13)
Cette équation permet d'expliquer le processus par lequel on parvient à la formation d'un train de mots et d'idées.
Le mot idiot est toujours égal à lui-même et cette égalité est irréductible. Ceci explique que le mot idiot puisse être considéré comme une locomotive.
La somme de tous les mots de la langue est une somme irréductible. La somme de tous les mots de la langue est toujours égale à elle-même.
Ceci permet d'expliquer que les mots puissent former les wagons du train idiot. C'est l'énergie contenue dans le mot idiot qui permet de fissurer les liaisons qui unissent les mots les uns aux autres.
En effet, si tous les mots de la langue sont ainsi liés les uns aux autres, ils ne peuvent s'assembler les uns aux autres que selon la loi de l'idiotie, c'est-à-dire la loi qui dit que le mot idiot est une locomotive, c'est-à-dire un mot qui est moteur de toute pensée.
De la même façon le fait que la somme de toutes les idées de la langue soit égale à elle-même permet d'expliquer que l'idée donne wagon grâce à l'énergie libérée par la fission de l'atome d'idiotie qui permet de séparer les unes des autres les idées.
Et pourquoi a-t-on mot-idée-mot-idée etc ? Tout simplement parce que les trois équations (celle du mot idiot, celle des mots de la langue et celle des idées de la langue) sont des équations idiotes, c'est-à-dire des équations circulaires irréductibles.
Pour sortir un mot de l'équation des mots, il faut donc l'énergie du mot idiot mais aussi, pour lier les mots les uns aux autres, l'énergie d'une idée, énergie qui fait de l'idée un wagon liant les mots entre eux.
Et de la même façon pour faire que les idées de la langue se lient entre eux sous forme de wagon, il faut l'énergie du mot idiot mais aussi celle d'un mot puisque c'est l'énergie d'un mot qui permet de lier les idées les unes aux autres et ce en transformant le mot en un wagon liant deux wagons d'idées entre eux.

_Équation F (fig14)
Le corps est fonction de lui-même.
En cassant le corps, c'est-à-dire en libérant le corps de lui-même, on va produire une énergie capable de transformer le train idiot en une nouvelle équation et en un nouveau train.
Structure de l'équation et structure du train sont conservées. Ce qui change se sont les variables. Il y a en effet ici interversion.
Si le corps s'ajoute toujours à lui-même de telle façon qu'en l'ajoutant de façon infinie à lui-même il ne cesse de se rendre égal à lui-même et ce sur une équation idiote, on peut dire que le corps obéit avant tout aux lois de l'idiotie et que donc, au contact d'un train idiot, il peut réagir de telle façon que le mot idiot devienne pour lui une locomotive, c'est-à-dire un moteur l'actionnant.
Ce nouveau train, qui est le train idiot du corps, il nous dit que le corps ne peut se développer, c'est-à-dire s'actionner ou entrer en mouvement que sous la puissance du mot idiot.
De la même façon mais selon un processus inverse le train idiot nous apprend que les mots et les idées sont liés les uns aux autres par l'énergie produite par le mot idiot et que donc lorsqu'ils cessent de se lier les uns aux autres sous l'énergie du mot idiot, ils cessent d'être des wagons pour s'ajouter les uns aux autres au sein d'une équation idiote.
Cette nouvelle équation nous dit que les mots et les idées s'ajoutent successivement les uns aux autres de telle façon que leur somme ne cesse de s'égaler, c'est-à-dire qu'ils ne cessent pas, en s'ajoutant les uns aux autres, de produire de l'énergie idiote donc d'être à la source de l'expérience idiote de la langue et ce, parce qu'ils proviennent de l'énergie du mot idiot, c'est-à-dire d'un mot idiot qui est le moteur de leur combinaison.

_Équation G (fig15)
Nous cherchons à démontrer l'égalité de l'équation de la langue et de l'équation du corps.
Il est possible de démontrer cette égalité par le biais d'une démonstration par l'idiotie et c'est pourquoi nous nommerons cette égalité une égalité idiote.
Supposons qu'il existe 5 langues différentes forment ensemble une langue première et 5 corps différents formant ensemble un corps premier.
La question qui se pose à nous c'est de démontrer l'égalité du corps premier et l'égalité de la langue première et on y parvient justement en décomposant la langue en 5 langues différentes et le corps en 5 corps différents.
W1 nous dit que lorsque l'on a L1 = C1 on peut obtenir une équation qui nous dit que la somme de C1, L2, L3, L4 et L5 est égale à elle-même.
De la même façon pour W2, W3, W4 et W5.
Or lorsqu'on ajoute ces différentes équations-sommes les unes aux autres, on arrive à démonter que Corps = Langue.
En effet les différentes équations s'ajoutent les unes aux autres de telle façon que :​​​​​​​

W1 + W2 =
Et donc :
W1 +W2+W3+W4 =
L'équation W7 de la langue  nous dit que la langue est fonction d'elle-même et qu'elle ne cesse jamais de s'égaliser.
De la même façon, l'équation W6 nous dit que le corps ne cesse jamais de s'égaliser et qu'il est toujours égal à lui-même.
Or si on a W6 vrai et W7 vrai alors on peut écrire que L1 = C1, L2 = C2, L3 = C3, L4 = C4 et L5 = C5.
En effet par une démonstration par l'absurde on peut démontrer qu'il est impossible que C1 =/= L1, C2 =/= L2, etc.
En effet si cela était vrai alors on aurait W6 =/= W7.
Or ceci est faux puisqu'on considère vraie l'égalité W6 = W7.
On a donc bien W6 = W7.
Cette démonstration, nous l'avons nommée une démonstration par l'idiotie.
L'égalité que nous obtenons, nous avons donc à la nommer une égalité idiote.
Et qu'est-ce qu'une démonstration idiote ?
C'est tout simplement une démonstration qui utilise le principe de l'idiotie, c'est-à-dire une démonstration qui s'organise de telle façon qu'elle consiste à faire la chose la plus idiote possible et ce, pour arriver à une vérité idiote.
Nous partons de l'idée que plus une chose est idiote et plus elle est vraie.
Donc démontrer de la façon la plus idiote possible que L6 = C6, c'est bien réussir à prouver que cette égalité est vraie puisqu'elle nous apparaît alors comme une vérité profondément idiote.

_Équation H (fig16)
Il y a une réaction affective entre l'équation W1 et les équations W2 , W3 W4 et W5
La liaison mot-idée réagit au contact des équations W2, W3, W4, et W5 de telle façon qu'on obtient W6.
On a en effet :

Mot => W2

Idée => W2

Avec  W2 = W3 = W4 = W5 et lorsque le mot et l'idée forment les wagons successifs d'un train idiot.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que le train idiot nous dit que les mots et les idées sont liés les uns aux autres par l'énergie du mot idiot et que donc lorsque le mot idiot cesse d'être pour eux une locomotive, ils cessent d'interagirent entre eux sous la forme d'un train pour former sous la forme d'équations idiotes des égalités irréductibles. Ces égalités nous disent que la somme d'un train de mots et d'idées ne cesse jamais de s'égaliser, c'est-à-dire ne cesse jamais de produire de l'énergie idiote, cette énergie même qui était contenue dans le mot idiot lorsque ce mot était la locomotive du train idiot.
Et parce que chaque idée est liée à une autre idée par un mot et que chaque mot est lié à un autre mot par une idée, on a bien lorsque ces liaisons cessent de se faire, formation d'une somme où ne cessent de s'ajouter des idées à des mots et des mots à des idées.
On a donc :
Mot ➔ W2
                                   ➔  mot = idée
Idée ➔ W2

Cette égalité est une égalité idiote.
C'est cette égalité qui permet la transformation de la liaison mot-idée à l'intérieur de  W1 en un W2 augmenté d'un mot et d'une idée.
En effet l'égalité idiote fait que le mot et l'idée réagissent l'un avec l'autre pour donner au contact de W2 une nouvelle idée pour le mot et un nouveau mot pour l'idée.

On a en effet :
Mot + W2 =>  idée
Idée +  W2  =>  mot
Pourquoi ?
Tout simplement parce que
Mot = idée

Donc lorsqu'on a :
 
W1 + (W2+W3+W4+W5), on obtient  W6.
En effet les mots au contact des équations W2, W3, W4 et W5 deviennent ces équations et de la même façon les idées au contact des équations W2, W3, W4 et W5 deviennent ces équations.
L'équation du train w6 nous dit que le mot idiot est le moteur du fonctionnement des équations W2 W3 W4 et W5, c'est-à-dire qu'il fait que la somme des idées et des mots ne soit pas seulement une somme qui ne cesse pas de s'égaliser mais qu'elle soit aussi une somme qui ne cesse pas de se multiplier de telle façon qu'elle ne cesse de s'autoproduire. Ce qui ne fait rien d'autre que nous dire qu'il est possible de sortir de la langue en passant d'une équation somme de mots et d'idées et ce grâce à l'énergie produite par le mot idiot.
Le train ne fait donc en fait rien d'autre que nous dire qu'on peut parvenir à sortir de la langue simplement en ne cessant jamais d'en sortir et ce grâce à l'énergie produite par le mot idiot qui devient alors le moteur qui permet à ces différentes équations de fonctionner les unes par rapport aux autres.

_Équation I (fig17).
En faisant tourner la langue avec le corps, on passe du monde à la réalité parce qu'en faisant tourner la langue, on parvient à faire du mot une image.
Puis de la même façon on passe de la réalité au monde parce qu'on arrive à faire de l'image un fait.
Et enfin, toujours de la même façon, du réel au monde en faisant du fait un mot.
On retrouve ici la raison d'être de la langue comme une équation circulaire puisqu'en faisant ainsi tourner la langue avec le corps, on ne cesse en fait de revenir sur ses pas, autrement dit de tourner en rond.
Mais en faisant tourner le corps avec la langue, on circule en sens inverse puisque faire tourner la langue avec le corps, c'est travailler à se conscienciser, c'est-à-dire travailler à aller dans le sens contraire du sens que l'on pratique lorsque l'on cherche à s'extirper des griffes de l'idiot.
Or en ajoutant ces deux équations l'une à l'autre, c'est-à-dire en prenant en compte à la fois le mouvement conscient et inconscient de la pensée, on obtient une équation qui nous dit que le monde et la réalité sont équivalents, que la réalité et le réel le sont aussi et enfin le réel et le monde.
Cela ne signifie rien d'autre que lorsqu'on travaille à la fois à penser en se consciencisant et en s'inconsciencisant, on ne fait rien d'autre que faire que le monde devienne la réalité, que la réalité devienne le réel et que le réel devienne le monde, autrement dit que toute distinction entre eux disparaisse et que donc soit rendu possible l'expérience de l'idiotie.

_Équation J (fig18).

Pace que par l'expérience de l'idiotie est possible l'obtention de l'égalité réel--monde--réalité, nous pouvons écrire que :
En effet lorsqu'on a :

Réel = réalité = monde, le mot idiot devient le moteur de la langue et donc on assiste à la naissance du train de l'idiotie.
Le mot idiot, parce qu'il y a désormais expérience de l'idiotie, devient en effet le moteur de la langue.

Or on a :

Idiot--mot--idée--mot--idée
                  <==>
En effet le train de l'idiotie mis sur une équation idiote permet de ne pas parler directement de la locomotive qui est le mot idiot puisque à travers cette équation, le train est égal à lui-même et qu' il ne cesse de s'engendrer, c'est-à-dire de fonctionner à travers l'expérience de l'idiotie.
Or lorsqu'on ajoute W1 àW2, on obtient de nouvelles équations qui s'ajoutent les unes aux autres.
Tout d'abord W3 :
On passe, en faisant tourner la langue avec le corps, du monde égal à lui-même à l'infini à la réalité égale à elle-même à l'infini puis au réel égal à lui-même à l'infini et enfin au monde égal à lui-même à l'infini et ainsi à l'infini.
Puisqu'en effet on a :
Et que nous dit l'équation W3 ?
Que nous pouvons passer, en faisant tourner la langue avec le corps, du monde égal à lui-même à l'infini à la réalité égale à elle-même à l'infini puis au réel égal à lui-même à l'infini puis au monde, etc.
En fait cette équation W3 traduit une expérience de l'idiotie non plus globale mais ayant lieu au niveau du monde puis au niveau de la réalité et enfin au niveau du réel.
C'est donc en faisant tourner la langue avec le corps que l'on parvient à faire successivement et ce, dans un mouvement infini, ces différentes expériences, jusqu'à ce que, à force de répéter chacune de ces expériences, on passe de W3 à l'équation :
L'équation de la figure 18 nous permet donc de montrer comment il est possible d'obtenir une expérience de l'idiotie distincte au niveau de la réalité, du réel et du monde.
         Et comment obtient-on :
Ou encore :
Tout simplement à l'aide de l'équation suivante :
Donc :
_Équation K (fig19).
Les trains d'idiotie peuvent interagirent entre eux.
Il y a le train A :
Idiot--mot--idée--mot  (A)
Et le train B :
Idiot--idée--mot--idée  (B)
Les deux trains réagissent entre eux de telle façon que les locomotives se transcendent en une force qui donne naissance à une équation idiote de train.
On obtient un train de wagons sans locomotive sur une équation idiote égalisante.
En effet on a un train qui ne cesse jamais d'être égal à lui-même et c'est cela même qui fait qu'il ne cesse de se mouvoir sous l'énergie de l'égalité infinie.
Il ne cesse d'être égal à lui-même et c'est pourquoi il réalise le mot idiot en tant que par cette égalité du train à lui-même se réalise l'expérience de l'idiotie.

_Équation du beau (fig20).
On obtient le beau en ajoutant le laid au laid.
Le beau apparaît ici comme une suite infinie de choses laides.
On fait l'idiot avec ces équations et en faisant ainsi l'idiot, on parvient à de nouvelles vérités.

LA LIBERTÉ

C'est l'autre qui est libre.
C'est l'idiot qui est libre.
Nous, nous sommes aliénés à l'idiot.
L'idiot, c'est la langue. C'est donc bien la langue qui est libre.
Le corps, lui, il est déterminé.
Mais c'est le corps qui choisit.
Tout choix est choix du corps. Et la langue ne peut rien contre ce choix.
La langue = la liberté.
Le corps = la liberté de la liberté.
Comment parvenir à vivre librement ?
Se faire violence.
Comment parvenir à se faire violence sinon en suivant les principes de Pascal ?
Au fond, c'est en travaillant à devenir libre qu'on devient libre.
C'est en prenant l'habitude de la liberté.
C'est en travaillant son corps qu'on devient libre : en travaillant son corps avec la langue.
C'est l'idiot qui dit non.
Ça dit non parce que je ne sais pas dire non.
Ça dit non : c'est l'idiot qui me fait dire non.
Je ne sais pas dire non parce que je ne suis pas libre. C'est pourquoi je suis aliéné à l'idiot.
Devenir libre, c'est conquérir l'idiot. On ne peut jamais conquérir l'idiot qu'en apprenant à dire non.
La conversion, c'est le processus par lequel l'idiot doit parvenir à redevenir un homme (fig21 et 22).
C'est l'idiot qui est libre.
Ce qu'il faut, c'est faire en sorte que l'idiot ne soit plus libre. Il faut donc chercher à désengager l'idiot de lui-même.
Pour devenir libre, il faut se convertir à l'idiot, c'est-à-dire accepter de devenir un idiot. Car c'est seulement en devenant des idiots que nous parviendrons à ne plus être des idiots.
C'est pour ça que je ne supporte plus de réussir. Réussir, c'est contrarier l'idiot, c'est donc faire que l'idiot me pousse à dire non.

PHILOSOPHER AVEC LE CORPS

Il y a ceux qui savent par la langue : les universitaires
Et il y a ceux qui savent par le corps : les artistes.
Savoir par le corps, c'est savoir par expérience.
C'est se rendre capable de faire l'expérience de ce que l'on sait.
C'est se livrer à des expériences sur soi-même afin de dégager des vérités à partir de ces expériences.
L'idiot dort. Lorsqu'il dort, je fais l'idiot.
Lorsqu'il s'éveille, je crée.
On a donc:
         Faire l'idiot =/= créer
Autrement dit le contraire de créer, c'est faire l'idiot.
Mais il faut faire l'idiot pour créer.
En effet, c'est en faisant l'idiot qu'on actionne en nous le désir de ne plus faire l'idiot.
Devenir un philosophe du corps.
Philosopher avec son corps, comme Diogène.
Contraindre son corps et en contraignant son corps, découvrir de nouvelles pensées.
On a :
         Faire l'idiot =/= créer
         Ne pas faire l'idiot =/= ne pas créer
         =>
         Je fais l'idiot pour créer.
         Je ne fais pas l'idiot pour ne pas créer.
Faire l'idiot, c'est philosopher avec son corps.
Ne pas faire l'idiot, c'est philosopher avec sa langue.
Philosopher avec son corps, c'est créer.
Philosopher avec sa langue, c'est ne pas créer.
Il y a deux volontés.
Une volonté positive : faire tourner la langue avec le corps, qui correspond à l'expression "faire le père".
Une volonté négative : faire tourner le corps avec la langue qui correspond à l'expression "faire l'idiot".
Pourquoi je fais l'idiot ? Pour donner tort aux autres de porter un faux jugement sur ma personne. Au lieu de m'en prendre directement à eux, je m'en prends à moi-même et cela pour les faire souffrir en amplifiant de façon si démesurée le jugement qu'ils ont porté sur moi que cela les amène à regretter de m'avoir jugé ainsi.
C'est cela même se parler les autres : je me parle les autres pour donner tort aux autres.
C'est en faisant tourner la langue avec le corps que l'on parvient à tirer l'idiot de son sommeil.

COMPRENDRE

Comprendre, c'est manger.
J'ai besoin donc de comprendre pour croître. Pour m'expansionner.
Comprendre, c'est devenir libre. C'est se libérer.
Comprendre pourquoi ça dit non, c'est certainement la seule façon de parvenir à désactiver le non. À faire que le non puisse se reconstituer en un oui.
Je me refuse au monde. 
Pourquoi ?
C'est à cette question, et à cette seule question, que je dois m'efforcer de répondre.
Comprendre en écrivant. En faisant tourner la langue avec le corps.
Chez celui qui n'est pas dépressif, ceci se fait tout naturellement. Au contraire, chez le psychotique, comme cela ne fonctionne plus normalement, il doit faire en sorte que cela puisse fonctionner. C'est donc lui-même qui fait tourner la langue avec le corps là où chez les autres, c'est tout naturellement que le corps fait tourner la langue.
Je ne supporte pas d'être vu.
D'être su.
Car lorsqu'on me sait, je me rétracte. Comme une huître qui se referme.
C'est ça un idiot : c'est un être qui  refuse de se prostituer aux autres.
C'est un être qui choisit de dire non aux autres. Et qui paye avec son corps ce refus. Un refus de sang. Un refus qui le saigne. Un refus qui l'emporte contre lui-même.
Je me refuse aux choses. J'ai peur qu'elles m'exigent et que m'exigeant, elles me dénaturent.
Peut-on retrouver la raison ?
Retrouver la raison, cela ne peut pour nous que consister à redéfinir la raison.
Ce n'est que lorsque je serai enfin capable de dire ce qu'est la raison que je pourrai dire de moi que j'ai retrouvé la raison.
La raison, c'est le corps.
Il se trouve que je n'ai plus de corps. Ce qu'il me faut donc, c'est m'essayer à reconstituer un corps et ce en exerçant mon corps à lui-même.        
         Raison = corps
La langue, c'est l'absence du corps.
         Langue = corps absent à lui-même

Fixer la langue, c'est permettre au corps de redevenir le corps. C'est donc permettre au corps de s'ouvrir à nouveau sur lui-même.
J'assiste à mon corps. Parce que mon corps n'est plus mon corps.
Lorsque ça dit non, j'assiste au non. Parce que je ne suis plus en mesure de dire non.
Lorsque ça dit oui, j'assiste au oui. Parce que je ne suis plus en mesure de dire oui.
Il y a désormais une grande distance entre ce que je crois faire et ce que je fais.        

LES TROIS ÉQUATIONS DE LA LANGUE

Il existe trois formes de rapport à la langue.
A.
Il y a la langue comme quelque chose que l'on ne peut pas définir. Nulle égalité n'est ici possible.
Tout ce qui nous est donné, c'est de faire tourner la langue, c'est-à-dire de faire en sorte que la langue ne cesse jamais de s'enfanter et ce, en ne cessant jamais de s'ajouter à elle-même.
C'est là l'expérience que fait le pervers. Car il est celui qui croit pouvoir escalader le mur de l'impossible d'un corps de femme. Et pour cette raison, il ne cherche pas à mettre fin à cet impossible mais au contraire à le cultiver comme quelque chose qui doit lui procurer un maximum de plaisir. Mais du coup, il est incapable d'en sortir, donc voué à faire tourner inlassablement ce corps, c'est-à-dire le corps même de la langue (fig23).
B.
Le névrosé, c'est celui qui cherche à étouffer les pulsions de son ça car il espère ainsi parvenir à garder un rapport à peu près sain au réel. Il est donc celui qui tente d'ignorer le mur de la femme.
Du coup, la langue, c'est bien pour lui quelque chose qui ne cesse de s'engendrer et ce dans un mouvement incessant d'égalisation. C'est qu'il pratique le corps de la langue comme quelque chose de possible. Il fait comme si c'était possible pour lui, un corps de femme, mais en réalité ça n'est jamais possible et du coup il a l'impression de sortir de la langue mais ça n'est jamais qu'une impression puisqu'en croyant sortir de la langue, il ne cesse en fait jamais d'y entrer (fig24).
C.
Le psychotique, c'est au contraire celui qui laisse son ça s'exprimer mais cela le conduit à une perte de la réalité. Il est donc celui qui pense trop au corps de la femme et ce, parce qu'il est habité du désir de briser ce mur. Il pratique donc la langue comme quelque chose d'impossible parce que ne pouvant donner lieu qu'à une suite infinie d'égalisation. Il est pour lui impossible d'ajouter ou de soustraire quoi que ce soit à la langue. Donc comme il n'est plus en mesure de faire tourner la langue si ce n'est par le biais d'une égalité, il ne peut plus y avoir de rapport possible au réel : il lui est en effet impossible de faire tourner la langue pour ajouter à la langue de la langue (fig25).
En fait tout homme existe selon ces trois rapports mais l'un d'eux prédomine toujours sur les deux autres chez chaque individu.

Q'EST-CE QU'UNE DÉMONSTRATION IDIOTE ?

Nous avons démontré par l'idiotie l'égalité de l'équation du corps et de la langue (équation G fig 15).
Démontrer par l'idiotie, c'est tenter de faire la chose la plus idiote. Le résultat qu'on obtient, il est tellement idiot qu'on peut dire qu'il est vrai.
Cette démonstration obéit donc avant tout à l'esthétique de l'idiotie.
Nous allons maintenant donner d'autres exemples de résultats contenus à l'aide d'une démonstration idiote.

PEINTURE IDIOTE n 1
L'être, c'est ici une sorte d'araignée qui s'agite grâce au mot Père. Cette araignée utilise en effet le mot père comme quelque chose qui lui permet de prendre prise sur le monde (sujet de la première équation)
La seconde équation est formée de trois sous-équations : la première nous montre comment les mots sont ajustés les uns aux autres sous la forme d'un château de cartes ; la seconde nous montre que le mot idiot est ce qui tend la langue et qui, la tendant, permet d'affectiviser la langue ; la troisième enfin nous montre comment chaque mot constitue un atome du langage et sous quelle forme.
Or, et c'est ce que nous démontrons, c'est bien parce que la langue est structurée ainsi (je veux dire selon les principes des trois sous-équations) que l'être se présente à nous comme une sorte d'araignée se mouvant dans l'espace grâce au mot père.

PEINTURE IDIOTE n 2
La première équation nous représente la langue sous la forme d'une pieuvre. Cette pieuvre se déplace dans l'espace grâce à des membres dont l'extrémité est formée par des mots.
La seconde équation nous montre ce qu'est une existence idiote. Au début, le père et la mère sont des êtres-mots mais à force d'exister, l'homme qui vit cette existence idiote voit ces êtres-mots se transformer progressivement en des mots et simplement des mots, c'est-à-dire des mots qui sont dépourvus de toute existence, de tout être donc. Et exister ici, ça n'est aussi jamais que traverser un océan en passant d'un rivage à un autre.
Nous démontrons ici que c'est parce que l'existence idiote est ainsi structurée que la langue se présente sous la forme d'une pieuvre qui s'agite dans l'eau grâce aux mots qui sont à l'extrémité de ses membres.

PEINTURE IDIOTE n 3
La pensée consciente est structurée par un mouvement qui fait qu'on ne cesse de passer du monde (mot) à la réalité (image) puis de la réalité au réel (fait) et enfin du réel (fait) au monde (mot) et ainsi à l'infini.
La seconde équation nous montre comment la force idiote, formée de la force animale de l'idiotie et de la force sociale de l'idiotie, s'oppose à la force humaine, formée de la force animale et de la force sociale.
Or, et c'est ce que nous démontrons, c'est parce que la force idiote et la force humaine s'opposent ainsi que le mouvement de la pensée consciente se développe selon le principe que nous avons décrit plus haut.

PEINTURE  IDIOTE  n 4
Nous avons ici résolu de façon complètement idiote un système idiot à deux équations.
La première équation idiote nous dit que le oui et le non se battent entre eux et que cette bataille constitue la dynamique même du langage.
La seconde équation est formée d'une première équation qui nous dit que la langue est fonction d'elle-même et la seconde que le corps est fonction de lui-même.
Or nous faisons apparaître que le oui et le non participent de façon inverse des équations du corps et de la langue.
Le corps du non participe de l'équation du corps alors que sa langue participe de l'équation de la langue tandis que le corps du oui participe de l'équation de la langue alors que sa langue participe de l'équation du corps.
Or c'est bien parce que le oui et le non participent de façon inverse de l'équation du corps et de la langue qu'ils se battent entre eux et que donc existe une dynamique du langage.

PEINTURE IDIOTE n 5
La première équation nous montre la structure du langage au niveau microscopique : chaque mot de la langue est égale à tous les mots de la langue, excepté lui-même.
La seconde équation nous montre la structure de la relation mot-objet au niveau macroscopique. Elle nous montre aussi que l'objet est enfermé dans le mot comme dans une prison (c'est ici l'objet lampe qui est enfermé dans le mot lampe).
Ce que nous démontrons ici, c'est que si l'objet est aussi enfermé dans le mot, c'est parce que le mot est structuré au niveau atomique de la façon dont nous l'avons montrée plus haut.

PEINTURE IDIOTE n 6
Le mot idiot est la locomotive du train de la pensée : il dégage l'énergie nécessaire à faire que mot et idée s'enchaînent.
La seconde équation est formée de deux filets de mot : ces filets nous montrent pourquoi la langue est aliénante.
Le sujet de la démonstration, c'est ici de montrer que c'est parce que la langue est aliénante que le mot idiot se doit d'être le mot qui dégagera l'énergie affective nécessaire à faire que les mots et les idées puissent s'enchaîner.

PEINTURE IDIOTE n 7
Le Moi domine le Toi à un instant donné mais à un autre instant c'est le Toi qui domine le Moi. Il ne cesse donc pas d'y avoir lutte entre ces deux êtres mais sur un temps très long cette lutte mène à une égalité : le Moi et le Toi ont le sentiment, sur un temps long, d'être égaux l'un à l'autre.
La seconde équation représente le sexe de la langue : elle nous dit donc que la langue est un organe sexuel.
Or le sujet de la démonstration c'est bien ici de montrer que c'est parce que la langue est un organe sexuel que le Moi et le Toi sont engagés dans une lutte maître-esclave qui, sur un temps très long, débouche sur une égalité de statut.

PEINTURE IDIOTE n 8
Le mot idiot dégage une énergie affective qui permet aux balais de la langue de tourner et donc de nettoyer la langue : cette machine, nous la nommerons une "horlangue" : une horloge de mots.
L'autre équation, c'est un filet de mots : ce filet nous montre comment la langue est aliénante.
Le sujet de la démonstration est ici de montrer que c'est parce que la langue est aliénante que le mot idiot a à produire une énergie capable de nettoyer la langue et donc de faire ainsi que notre aliénation à la langue devienne quelque chose de supportable.

PEINTURE IDIOTE n 9
Une femme attractive monte sur une balance. En montant sur cette balance, toute la somme du savoir affectif de la langue monte et ainsi, s'élevant, il peut se déverser sur un tuyau dans le sexe qui donc se durcit jusqu'à ce que l'être en qui tout cela se passe éjacule sur lui-même. Naissent alors sur son corps des pensées animales. Ce processus nous montre comment le corps en vient à penser.
La deuxième équation nous montre un être qui est idiotisé par la langue : la langue, en effet, en dévorant cet être, fait de lui un idiot.
Le sujet de ce tableau, c'est de démontrer que c'est parce que la langue est aliénante que le corps en vient à penser animalement de la façon que nous avons décrite plus haut.
Nous voyons bien ici que notre but est de faire la chose la plus idiote possible puisque tout est complètement idiot mais tellement idiot que cela devient quelque chose qui en fin de compte n'est pas du tout idiot. Peut-être même quelque chose qui au fond est beaucoup plus fort d'intelligence que quelque chose qui se contente simplement d'être intelligent.

ÉQUATIONS PLASTIQUES

A. LA PORTE DE L'IDIOTIE (fig26)

C'est une porte tournante à battant (type porte d'hôtel).
En poussant la porte, on se déplace dans l'espace et de telle façon qu'on tourne autour de l'axe de rotation de la porte. Cette porte est encastrée dans un cylindre muni d'une seule ouverture si bien qu'on ne peut entrer et sortir que par la même fente (ouverture) faite dans le cylindre.
Pousser cette porte, c'est faire tourner la langue.
Et c'est bien en faisant tourner la langue qu'on fait tourner le corps.
Cette porte est à elle-même une porte, c'est-à-dire qu'elle ne sert à rien : une porte qui s'ouvre sur elle-même.
C'est pourquoi nous avons nommé cette porte : la porte de l'idiotie.
Et l'espace qu'on pratique en poussant cette porte : l'espace de l'idiotie.
Cet objet plastique constitue une équation : une équation dans l'espace qu'il est possible de pratiquer avec son corps.
S'engager dans cette équation avec son corps, ça n'est jamais rien d'autre que faire tourner son corps avec la langue.
C'est donc une équation pour le corps, c'est-à-dire une équation dans laquelle on peut engager son corps et ce pour la vivre avec son corps.
Encore une chose : cette équation, elle constitue aussi une sorte de temple de l'idiotie et c'est pourquoi nous nous proposons de suspendre à l'entrée de la porte une pancarte sur laquelle on pourra lire cette maxime :
"Que nul n'entre ici s'il n'est idiot"

B. LE JEU QUI PERMET D'OBTENIR UN CERTIFICAT DE DÉBILITÉ MENTALE

On se trouve sur une sphère. Cette sphère est recouverte de pièces et dans chacune de ces pièces il y a quatre portes et au-dessus de ces portes est écrit un mot.
On commence au début à se trouver dans l'une des pièces et il nous est dit qu'il ne nous sera donné que 24 coups pour trouver la pièce où se trouve le mot idiot. En décidant d’ouvrir l'une des quatre portes on se retrouve dans une nouvelle pièce et là quatre mots de nouveau dont le mot de la porte qu'on vient d'ouvrir.
Etc.
En fait, le mot idiot n'est nulle part.
Ainsi au bout des 24 coups un texte s'affiche :
" Perdu ?
Oui, il semble bien que vous ne soyez pas parvenu à trouver le mot idiot et ce, malgré les 24 coups qui vous ont été concédés.
Vraiment ?
En fait, ce mot, vous l'avez trouvé et cela malgré vous, je veux dire malgré toute votre intelligence.
La preuve ?
Un certificat de débilité mentale va vous être délivré et ce certificat vous apportera la preuve que vous avez trouvé le mot idiot.
Pour obtenir votre certificat, il vous suffit de taper sur le clavier de l'ordinateur la phrase suivante :
JE SUIS IDIOT
Le certificat de débilité mentale est constitué de deux indices :
_ " Trouver un mot, c'est en faire l'expérience."
_ Le mot idiot est égal à la somme de tous les mots des 24 portes qui ont été ouvertes sur une équation idiote en cercle.
Cela pour dire qu'en cherchant ce mot, vous êtes vous-même devenu complètement idiot et que donc vous avez fait l'expérience du mot idiot, ce qui est trouver véritablement un mot.
Quoi de plus idiot en effet que de chercher à trouver ainsi le mot idiot !
En fait ce jeu est une sorte de machine à calculer le QI négatif des gens et c'est pourquoi un certificat de débilité mentale est imprimé : les gens peuvent ainsi ensuite réfléchir sur leur bêtise.

C. PEINTURES DE MOT

Les mots sont des êtres vivants. Ils peuvent donc faire preuve de créativité au même titre que nous-mêmes.
Cela doit être rendu possible à l'aide d'un algorithme informatique.
A -> couleur 1
B -> couleur 2
C -> couleur 3
Etc.
On obtient ainsi une couleur X en mélangeant les couleurs correspondant aux lettres constituant le mot : les lettres A, R, B, R, E pour le mot "arbre".

Première lettre -> 1 si A
                              2 si B
                               ...
                              26 si Z

 Pour la dernière lettre :
                                CARRE  si A
                                ROND  si B
Et ainsi 26 formes géométriques différentes.
On a donc si A et A : un seul carré
Si B et A : 2 carrés
La couleur X
X : la couleur à l'extérieur de la forme ou à l'intérieur.
Elle est à l'extérieur si le nombre A obtenu est pair ou à l'intérieur si le nombre A est impair.
On obtient ce nombre A en faisant la somme de tous les nombres correspondant aux différentes lettres.
Ainsi pour JOUR -->  10 + 16 + ...
On obtient ainsi par d'autres codages (toujours reposant sur l'analyse des lettres) le positionnement et la grandeur des formes géométriques.


1. L'ESPACE DE L'IDIOTIE
2. LA MÉTHODE
3. LA CONVERSION
4. UNE VOIX
5. SCHÉMAS MENTAUX
6. LA LIBERTÉ
7. PHILOSOPHER AVEC LE  CORPS
8. COMPRENDRE
9. LES TROIS ÉQUATIONS DE LA LANGUE
10. QU'EST-CE QU'UNE DÉMONSTRATION IDIOTE ?
         --   PEINTURES IDIOTES  n 1 à n 9
11. ÉQUATIONS PLASTIQUES
         A. LA PORTE DE L'IDIOTIE
         B. LE JEU QUI PERMET D'OBTENIR UN CERTIFICAT DE DÉBILITÉ MENTALE
         C. PEINTURE DE MOTS
12. FIGURES
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