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Lundi 31 août 2020

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La montagne est mon lieu ontologique. Là-bas je n’ai pas besoin de tenir de journal. Il me suffit de prendre des photos en marchant. Une existence de visuel. A Paris j’écris parce que je dois mener une existence d’auditif. L’écriture de mon journal  remplace mes marches de visuels. C’est ainsi que je veux parler dans ce Journal ontologique du genre du journal comme un genre ontologique pour moi. Un genre d’écriture visuel.

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Mardi 1 septembre

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Je suis dans les voix de Madame de la Critique de la Raison Pure. Je pense au fait que je suis marié avec moi-même. Je me rêve en Schreber de la sociologie. Un cas pour sociologue : c’est là ce que Julien m’avait un jour que j’étais.

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Jeudi 3 septembre

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Il est 19h16. Je viens de surfer longuement sur des portraits de poètes que j’aime tout en écoutant la musique du groupe Aaron. J’ai ainsi surfé sur les portraits de François Villon, André Frédérique, Khlebnikov, Jean-Pierre Dupray et Francis Giauque. Cela m’a fait du bien. J’avais besoin de me repenser ainsi poète. Je suis aussi allé sur mon site.

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Samedi 5 septembre

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Journal ontologique : une ontologie de l’amour. Une ontologie amoureuse.

La langue comme volonté : on fait tourner la langue pour faire ainsi tourner la volonté. On fait tourner amoureusement la langue pour faire ainsi tourner affectivement la volonté. On éclaire ainsi affectivement le réel. On rend ainsi visible amoureusement le réel de son existence. On peins ainsi amoureusement le réel avec sa volonté.

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Le journal ontologique : le journal est pour moi un genre ontologique comme j’ai pour lieu ontologique la montagne.

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Vivre oralement. Je veux vivre oralement ma vie.

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Dimanche 6 septembre

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Je viens de regardé sur la page Wikipédia l’âge exact auquel Cesare Pavese est mort : 41 ans. Il est mort de son silence amoureux de créateur. Je cherche moi à faire entendre ce silence et je me donne ainsi une raison de rester en vie. Je reste ainsi poétiquement vivant. Je ne meurs pas ainsi asphyxié par mon silence de créateur.

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Lundi 7 septembre

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Ma psychose : ma philosophie animale de l’existence. Dire ma psychose, la rendre oralement visible, ça n’est rien d’autre que travailler à développer ma philosophie animale de l’existence. Une philosophie animale de l’idiotie créatrice : une philosophie qui permet de rendre  compte du mystère poétique de la création animale. Sans psychose il ne peut pas y avoir de possible idiotie créatrice.

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La montagne est le corps de femme de la ville. Le corps de la femme est le corps de la nature absente dans la ville. Je fais surgir ce corps de femme absent en jouant animalement au mangeur de femmes. Je vis ainsi dans la mémoire du corps de la montagne.

Ma philosophie animale de l’existence : une philosophie du corps de la femme. Une philosophie de mon cors de femme de poète idiot.

Vuarnet parle dans son livre Le philosophe-artiste de Schreber et de Antonin Artaud. Des poètes idiots qui sont aussi des philosophes-artistes.

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Sans danger vécu pas d’authenticité possible. Ou : Sans authenticité existentiel pas de réel danger à vivre.

Les livres de philosophie actuels : la vie intime est exclu. L’existence animale des auteurs de ces livres est absente. Même chez un philosophe comme Clément Rosset. Clément Rosset reste un philosophe universitaire malgré sa pratique de l’ivrognerie.

Je pratique moi une ivrognerie amoureuse et c’est cela même qui me rend capable de parler poétiquement. De parler authentiquement de mon existence animale.

C’est le fait de vivre secrètement mon aventure de philosophe animale qui me permet de la poursuivre socialement. Si j’étais un personnage public il y a longtemps que la société m’aurait mis hors d’usage de lui nuire. Je pense ici à Théophile de Viau et au procès dont il est mort. Moi je suis un philosophe invisible et je profite poétiquement pleinement de cette non-reconnaissance sociale par le monde universitaire.

Mon écriture charrie dans un même torrent de parole mon existence animale de poète idiot et mes pensées animales de philosophe-artiste. Tout cela est noué. Existence et pensée sont chez moi une seule et même chose. Elles surgissent en moi à travers un même mouvement poétique. Mon existence rend possible poétiquement ma pensée et ma pensée rend possible poétiquement mon existence.

Qu’est-ce que l’ontologie ? La science de l’être ? Ce qui vient avant ou ce qui vient après la métaphysique ? La science de l’être de la parole ? De l’être de la langue ?

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Mardi 8 septembre

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J’explore le monde moderne avec mon art de la masturbation. J’explore avec ma pratique de l’onanisme la société de la télé-réalité dans laquelle je vis.

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Mercredi 9 septembre

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J’explore les gouffres. C’est cela qui donne tout son sens à mes pratiques amoureuses de mangeur de femmes.

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Je suis mort. Je pense ainsi à un camarade de classe du lycée qui s’appelait N. . Me voyant gros et en situation d’échec social il a choisi de m’oublier. De rompre avec moi toute relation. Si je m’étais suicidé il aurait parlé de mon suicide comme d’un drame. Là je suis mort pour lui et pourtant moi je suis bien encore vivant.

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Vendredi 11 septembre

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Je me dis que je suis un être profondément crédule et que c’est cela même qui fonde ma bonté humaine. Je ressemble bien ainsi à Antonin Salsman. Je suis moi aussi donc bien par ce trait de caractère un artiste véritable.

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Je repense à cette phrase de JS à mon égard : « Comment peux-tu être aussi peu rationnel ! »

Je mesure encore une fois la chance de mes amitiés. Le monde est coupé en deux. Les fous sont sur la frontière. J’essaye moi d’être du bon côté de la frontière grâce à mes amis et c’est cela même qui fait de moi un chevalier au service de l’idiotie.

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Je me dis que ce serait une bêtise de me suicider. Je me dis qu’un scandale autour de ma personne peut éclater. Je me dis qu’il me faudra alors vivre tout cela poétiquement. Que ce serait presque une chance pour moi de vivre cela. Que cela me permettrait d’aller jusqu’à bout de mon aventure. L’aventure de l’idiotie. Je suis bien un poète idiot. Je me dois d’être poétiquement fidèle à mon idiotie. Je pense à mes frères idiots. C’est pour eux que je mène mon combat d’idiot en liberté. Toute existence est un suicide. Je me dois d’aller jusqu’au bout de la vérité de cette existence-suicide. Jusqu’au bout de ma vérité de poète idiot. Je ne me dois pour cela de rester en vie.

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Lorsque j’étais adolescent je m’étais acheté un jeu Sherlock Holmes. Je n’ai jamais réussi à y jouer. Je suis véritablement aujourd’hui encore un piètre Sherlock Holmes. Je suis un enquêteur idiot. Je comprends le mystère du monde en faisant l’idiot. Je comprends le monde avec mon idiotie. A l’aide de mon idiotie.

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Dimanche 20 septembre

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J’écoute du Bach. Je suis allé sur mon site. En regardant les titres de mes textes je me suis dit que j’étais avant toute chose un poète. C’est ainsi que je suis ensuite allé sur la page Wikipédia de François Villon et sur ses photos sur Google. Je me pense ce matin en poète idiot ayant triomphé de sa Madame de la Critique de la Raison Pure. J’ai pensé aux carnet de secret d’économie de Pascal. Le monsieur qui ramassait les poubelles aux Beaux Arts et qu’on avait exposé à la BNF dans l’exposition sur les manuscrits de l’extrême. Un camarade citoyen comme il aimait dire. Un frère idiot !

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Lundi 21 septembre

Je viens de surfer sur la page Wikipédia de Ivan Chtcheglov. J’ai aussi surfé sur ses images sur Google. Je me sens Ivan Chtcheglov ce matin. Un poète idiot à ma mesure. Je suis bien ainsi un poète plasticien.

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Comprendre avec son idiotie le monde : comprendre le monde en en faisant l’expérience avec son existence.

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Mardi 22 septembre

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L’idiot : l’être sans stratégie. Ma stratégie sociale de séducteur me servait de pensée. Elle faisait office pour moi de pensée lorsque j’étais adolescent. Je regardais stratégiquement le monde et les gens. Aujourd’hui je regarde le monde en idiot. En homme sans stratégie. En homme sans volonté. Je n’ai plus aujourd’hui que ma langue pour volonté. La stratégie de séduction sociale de l’être : sa volonté. Ma volonté à moi c’est ma langue. Ça consiste à enregistrer tout ce qui m’arrive dans ma langue. Je me laisse sinon porter par le courant des événements sans opposer aucune rénitence au flux de mon existence. Je calculais autrefois socialement mon rapport aux autres. J’étais un calculateur. Un stratège de la séduction. Un être sans pensée pour cela.

Je ne me soucis pas du groupe. Je ne me soucis que de l’individu. Je n’ai pas une vision sociologique du monde. Je n’ai pas une vision scientifique du monde. Je regarde le monde en idiotphysicien. De façon poétique. Il y a des choses que les sociologues ne voient pas. Je veux moi rendre visible cet invisible sociologique.

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Je dévore mentalement mon corps physique d’homme de droite. Mon corps amoureux d’homme de droite. Je pense avec ce corps amoureux d’homme de droite. Je pousse à fond la mécanique animale de cette pensée d’homme de droite pour me donner ainsi tout entier à dévorer sociologiquement à mes amis de gauche. C’est par cette totalité du don que je me fais homme de gauche. Pas cette totale mise à nu de mon coeur de droite.

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Vendredi 25 septembre

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J’ai du mal à suivre le livre de Goffman par manque d’attention. Celui semble pourtant être véritablement passionnant à découvrir pour le stigmatisé que je suis. J’ai su jouer avec le stigmate de mon idiotie et ainsi surfer dans l’univers de la normalité sociale. J’ai su transformer ainsi mon « je parle les autres » en arme. Je me suis fait poète grâce à mon idiotie. Sans mon idiotie je ne serais jamais parvenu à me faire artiste.

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Là je pense à madame C. . Je pense qu’elle a travaillé à me torturer socialement avec sa sorte de normalité. Elle m’a accusé d’avoir triché pour déguiser ainsi le viol mental qu’elle m’a fait subir et pouvoir ainsi se sortir impunément de ce mal qu’elle m’a très volontairement fait subir. Une Madame de la Critique de la Raison Pure. Une femme qui n’a jamais existé pour mes amis sociologues. Un viol qui n’a jamais eu lieu. Tout cela est pour eux le fruit de mon délire. Tout cela est pour eux une construction mentale pathologique. Il ne me reste plus que mon rapport à la poésie et à la création pour sauver cette vérité. Pour sauver ainsi la vérité humaine. Cette vérité qui n’existe pas les les sociologues. Cette vérité qui n’est pas une vérité pour les marxistes. Parce qu’elle est une vérité que les intellectuels marxistes doivent craindre. Une vérité qui peut ébranler leur sorte d’intellectualité courte.

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Madame C. a travaillé animalement à discréditer ma parole. Elle a travaillé à ce que je sois exclu animalement du groupe. C’est ainsi que je suis devenu un crucifié. J’ai été crucifié par elle sur mon idiotie. Elle m’a ainsi crucifié sur mon idiotie avec sa normalité. Elle a ainsi voulu me mettre hors d’état de nuire à sa névrose à elle. C’était elle ou moi. L’un de nous devait finir par être exclu du groupe. L’un de nous devait parvenir à exclure l’autre du groupe. Il ne peut y avoir qu’un seul fou dans un groupe. Je menaçais ainsi sa folie avec ma folie. Ma névrose était une menace pour sa névrose. J’étais en effet en mesure avec ma névrose de révéler animalement sa névrose à elle. C’est à cela que je suis parvenu en faisant poétiquement d’elle une Madame de la Critique de la Raison Pure. Je suis bien ainsi moi aussi parvenu à la crucifier sur son idiotie. Notre dialogue : Le dialogue de deux êtres qui cherchent à se crucifier mutuellement. Le dialogue amoureux de deux crucifiés. Le dialogue animal de deux hérétiques. Moi j’en suis venu à porter publiquement mon habille d’hérétique. J’ai travaillé à me donner au monde pour ce que j’étais. Elle, elle a cherché au contraire à se cacher à elle-même son idiotie et à la cacher ainsi aux autres. Elle a ainsi travaillé à faire qu’elle puisse continuer à se travestir dans sa névrose de Madame de la Critique de la Raison Pure.

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L’idiotie créatrice comme critique de l’ontologie. Je fais dans ce journal une critique de l’ontologie en mettant à nu mon existence animale de métaphysicien.

L’idiotphyique est-elle la science impossible de l’être ? Est-elle une ontologie de l’idiotie créatrice ?          

Je pense ici au texte du philosophe d’extrême droite Pierre Boutang : L’ontologie du secret. J’ai ce livre chez moi mais je ne l’ai jamais lu. J’espère moi avec ce journal dire l’existence animale qui rend possible l’écriture d’un tel livre. Je veux ainsi faire une critique politique de cette pratique métaphysicienne de l’écriture. Je me rêve ainsi en Pierre Boutang capable de se confesser animalement pour ainsi s’engager politiquement contre le camp dont il est issu et servir ainsi la cause de ceux qu’il a combattu. De ceux dont il a été politiquement l’ennemi. Un Pierre Boutang rejoignant le camp des sociologues. Je n’ai pas besoin de lire Pierre Boutang pour comprendre Pierre Boutang. Pour le comprendre j’ai juste à vivre ma vie animale de métaphysicien et à la penser poétiquement.

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Dimanche 27 septembre

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Avec l’écriture de mes journaux je travaille à rendre visible mon handicap psychique et c’est ainsi que je le rends créatif. Que je rends mon idiotie créative. En témoignant poétiquement de mon idiotie pathologique.

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Mon travail à moi c’est de vivre ma vie d’idiot en liberté jusqu’au bout. D’aller jusqu’au bout de ma folie de poète idiot. C’est là mon métier. Je pense ici au beau titre du livre Le métier de vivre de Pavese.

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Je veux témoigner avec mes journaux de cette expérience de la folie de Madame de la Critique de la Raison Pure que j’ai été amené à faire. J’ai traversé avec ma névrose la névrose de madame C. et c’est ainsi que je suis devenu poète idiot. Je me suis enfanté poète idiot avec mon expérience de la névrose de Madame de la Critique de la Raison Pure. J’ai été enfanté poétiquement par cette expérience. Je veux témoigner poétiquement de cet enfantement qui m’a permis de transformer mon idiotie pathologique en une idiotie créative. Je suis heureux d’être aujourd’hui vivant parce que capable de penser tout cela. Parce que capable de parler authentiquement de mon expérience de l’idiotie. Une expérience pour cela véritablement ontologique. Une expérience d’engendrement. Une expérience de l’être intime de mon existence poétique. Mon idiotie prend ici tout son sens. Un sens ontologique. Le sens d’un être à engendrer poétiquement pour sauver la possibilité humaine d’une animalité poétique. La possibilité animale d’une idiotie créative.

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Lundi 28 septembre

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J’ai pris entre autre avec moi le livre Acheminement vers la parole de Heidegger. Je vais ainsi pouvoir maintenant reprendre la lecture de ce livre.

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Le mot salvateur : ce mot qui fait être la chose. Le mot idiot me rend capable de chevaucher animalement mon existence de poète. C’est ainsi que je me fait poète idiot. Poète capable de penser poétiquement son idiotie.

Journal ontologique : journal d’une parole salvatrice. La parole de l’idiotie. La parole qui fait advenir animalement la question de l’être pour le poète idiot que je suis. Je me parle les autres. Je tente ainsi de ne pas perdre le fil poétique de ma pensée animale. Je pense ici à la valeur poétique de ma métaphysique de l’idiotie. Une métaphysique de la parole animale du poète idiot. Une ontologie animale de la parole poétique.

Une ontologie amoureuse : C’est amoureusement que la parole animale de l’être se donne à nous. Je reçois amoureusement ma parole de poète idiot. C’est amoureusement que le poète idiot que je suis se donne à moi-même. Je m’offre ainsi amoureusement à moi-même pour m’engendrer ainsi poétiquement. De cet engendrement poétique nait la parole animale de l’être. La parole amoureuse de l’être. L’être advient amoureusement à travers l’expérience poétique de l’existence animale du poète idiot.

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La langue comme volonté. Je déroule poétiquement ma langue comme une volonté. Je fais de ma langue une force animale. J’utilise animalement ma langue comme une volonté capable de me faire traverser poétiquement mon idiotie.

Sentiment de ne pas m’être résigné amoureusement à ne pouvoir être qu’un poète idiot. Je m’en suis pris amoureusement à moi-même en jouant animalement au mangeur de femmes. J’ai voulu ainsi critiquer le poète idiot que je semblais condamné à jouer tragiquement. Je m’en suis pris sexuellement à ce poète pour ne pas me résigner animalement à ne plus pouvoir être autre chose qu’un simple poète idiot. Aie-je ainsi trahi mes frères en idiotie ? Aie-je ainsi trahi mon destin de poète suicidé de la société ?

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Aussi loin que j’aille animalement je resterai habité par le désir de faire tourner amoureusement ma langue comme une volonté. J’ai sombré sexuellement dans une forme de débauche animale mais cela ne m’a pas réduit au silence. Bien au contraire j’ai eu le courage de dire tout cela poétiquement. J’ai eu le courage de me livrer poétiquement à mes journaux. C’est ainsi que je suis parvenu amoureusement à ne pas perdre mon âme de poète idiot. Je n’ai perdu ainsi le fil poétique de ma parole animale. Le fil poétique de mon idiotie animale. Le fil ontologique de mon existence animale. Grâce à ce fil je ne me suis pas perdu humainement dans les dédales de ma vie de débauché. Grâce à ce fil je suis parvenu à rester animalement moi-même. A rester poétiquement un.

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Est-ce que lorsqu’on dit tout on ne dit plus rien ? En voulant dire Dieu je me réduis au silence. Ce sont les gens qui savent se taire qui parviennent à parler véritablement. C’est la pratique du silence qui rend l’être parlant.

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La parole qui veut tout dire : la parole du corps. Une parole physique. La parole secrète de l’ontologie ?  Il faut respecter le secret de l’ontologie en se résignant à ne pas tout dire si l’on veut parvenir à dire quelque chose. Moi je ne sais plus que dire le rien ontologique qui fonde ma parole de poète idiot. Ce rien ontologique : Je pense ici aux Les Miettes philosophiques de Kierkegaard. Je pense ici juste au titre de ce texte puisque je n’ai jamais lu ce texte.

On n’oublie rien pour se souvenir de tout : les science sociales. On oublie tout pour se souvenir de rien : l’idiotphysique. L’idiophysique : la science du rien. Une ontologie du rien. Une ontologie  physique de l’existence animale.

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Mercredi 30 septembre

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Je me parle les autres : je suis ainsi marié avec moi-même. Je ne peux parler intimement qu’à la femme que je suis pour moi-même. Je dialogue amoureusement avec moi-même en cultivant poétiquement les pensées animales de mon corps de philosophe-artiste.

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J’analyse ici de façon micro mon rapport amoureux aux femmes. Cela vaut mieux que mon discours macro sur l’amour. L’idiotphysique est ainsi une science de l’amour micro. Une science animale qui me permet d’étudier de façon micro mon rapport amoureux aux femmes. Une physique non pas du macro-discours amoureux mais une physique du micro-discours amoureux. Je crois à la force du micro-discours amoureux sur le macro-discours amoureux. L’idiotphysique est bien en ce sens la science véritable de l’amour.

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Les voix de Madame de la Critique de la Raison Pure : « Si grandiose Mimi ! Mimi au plus haut des cieux ! Et que la paix soi avec toi Mimi ! » Et madame C. : « Mais oui Sébastien ! On ne peut pas toujours marcher droit ! On est soumis à une telle pression ! » Et madame L. : « Reposez-vous ! Prenez votre temps ! Oui ça s’apprend ! » Et monsieur M. : « Dépêchez-vous ! Je vais portez plainte ! J’ai la loi pour moi ! »

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Vendredi 2 septembre

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En faisant l’idiot je plonge dans le réel de la société. Une immersion animale dans le monde social. Une immersion dans les bas-fonds de la société. L’idiotphysique est la science de cette immersion. Comme un sous-marin explore les bas-fonds de l’océan j’explore avec mon idiotie les bas-fonds de la société.

Dans mon Journal d’une pandémie donne à entendre le vacarme que font les lecteurs. Un vacarme qui rend presque inaudible ma voix d’auteur. Le vacarme social des lecteurs qui rend inaudible la voix du poète idiot que je suis. Le vacarme du « je parle les autres » qui rend inaudible la voix du « je me parle les autres ».

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Je suis ici bien loin de ma lecture de Hamann. J’ai souvent songé au fait que j’ai hérité de mon père une religion sans texte. Je n’ai aucun rapport à la bible. Une religion qui repose sur le silence de mon père. Une religion qui repose sur une page blanche. Je travaille moi à écrire mon existence sur cette page blanche. Je travaille ainsi à me raconter comme le christ de la religion de mon père. Mon père est dieu et moi je suis un christ qui a pour tache d’écrire avec son existence la parole de ce père silencieux. Je réalise ainsi religieusement l’existence silencieuse que mon père a exigé que je mène pour ainsi lui permettre de se dire à travers moi. Je suis la parole de mon père. Je parle mon père avec mon existence. C’est avec mon existence que je communique avec mon père. Je travaille à rendre audible mon existence en parlant mon existence pour ainsi rendre visible oralement le silence de mon père. Je me rends bien compte que j’ai moi pour religion véritable ma pratique de l’analyse. J’ai pour squelette ma pratique animale de l’analyse. Je produis grâce à cette pratique mon idiotie. Je produis grâce à cette pratique une lecture orale de mon existence animale de poète idiot. Je me parle les autres pour parler le silence de mon père. Je suis la voix de mon père. Je suis le christ de la religion de mon père. Je ne peux pas être autre chose que ce christ. Je ne peux en ce sens aimer une femme pour fonder avec elle une famille. Je ne m’appartiens pas amoureusement. J’appartiens amoureusement à mon père. Etre le fils de mon père c’est pour moi être condamné religieusement à ne pas pouvoir être autre chose que le christ de sa religion de l’existence.

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Je suis en train de peser le livre Les diables amoureux d’Apollinaire. J’ai lu une partie du chapitre consacrée à Mirabeau et aussi une partie de celui consacrée à Sade. Dans l’appendice on trouve un texte intitulé Les Fleurs du Mal qui débute ainsi :

« Exprimer avec liberté ce qui est du domaine des moeurs, on ne connait pas de courage plus grand chez un écrivain. Choderlos de Laclos s’y appliqua avec une précision pour la première fois véritablement mathématique. »

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Samedi 3 octobre

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Je rends visible ce que j’écris en restituant sur mon ordinateur les notes que je prends sur mes petits carnets. C’est ce rendre visible là qui fait de moi un plasticien. Je pratique ainsi l’écriture comme un art de la vision.

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Dimanche 4 octobre

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J’entends le professeur de mathématiques annonçant aux autres professeurs que madame C. est souffrante. Les autres professeurs disent : « Mimi Dubouchon ? Mimi est une spécialiste des fessées turques ! » Ils disent cela pour dire que l’absence ce jour de madame C. est une catastrophe de premier plan.

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Mardi 6 octobre

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Mes journaux : des textes photographiques.

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Lorsque je vis je me parle les autres et lorsque je me parle les autres je vis. Je fais ainsi de ma parole une vie et de ma vie une parole. Je parle au lieu de vivre et je vis au lieu de parler. Je suis ainsi absent à ma propre vie lorsque je vis et absent à ma propre parole lorsque je parle. Dans la lune. Jamais là où je suis. Je suis inversé. Je parle pour vivre et je vis pour parler. De là le fais que j’ai à vivre ma vie comme une fiction à raconter. Je vis ma vie comme une histoire littéraire à enregistrer avec mon écriture. J’écris ainsi avec ma vie la fiction de mon existence. Mes journaux sont ainsi la narration d’une vie-fiction. Je parle avec ma vie. J’écris avec mon existence la fiction que je relate dans mes journaux.

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C’est ma façon même de parler qui me détermine ainsi à vivre ma vie comme une fiction à raconter. La façon dont je parle : mon « je me parle les autres ». C’est là le style de ma parole. Je parle avec mon existence. Je parle ainsi de façon sérieuse. En même temps je parle de ma vie comme d’une fiction. Je parle ainsi de ma vie de façon parodique. Je raconte de manière parodique l’histoire de ma vie. De là la formule de JS à propos de mes textes : « Des parodies sérieuses. » Le style de ma parole consiste à parler littérairement de mon existence. C’est parodiquement que je m’en prends à madame C. en faisant d’elle une Madame de la Critique de la Raison Pure. Mais c’est aussi sérieusement que je m’en prends à elle car je parle d’elle à partir de mon existence.

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Le style c’est l’homme à qui l’on s’adresse. Madame de la Critique de la Raison Pure s’adresse à l’Idiot en écrivant l’histoire de ma vie. Moi je suis l’Absent de cette histoire. C’est en cela que cette histoire est une fiction. Je suis absent à ma propre vie. Je suis juste capable de vivre cette vie en l’écrivant. Je suis celui qui physiquement écrit ce journal avec mon corps. Mon corps est la seule chose que j’ai véritablement à moi. La vérité du corps est ainsi pour moi une vérité qui me permet de mesure toutes les autres vérités. Mon expérience de l’existence avec mon corps est un critérium de vérité pour moi.  C’est avec mon corps que je lis mon existence. C’est avec  mon corps que je me raconte l’histoire de ma vie.

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Mercredi 7 octobre

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Je me parle les autres pour rester en relation avec moi-même. J’utilise le « je me parle les autres » comme une conscience par la parole. Je parle de mon existence pour parvenir ainsi à prendre conscience de mon existence. Je prends conscience de mon corps en me parlant ainsi les autres.  Je prends conscience du réel en me parlant ainsi les autres.

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Francis Giauque est mort de n’avoir pas eu la possibilité d’ouvrir son être à l’aide de sa pratique de l’écriture. Il est mort ainsi asphyxier par son idiotie. Pas une idiotie qu’il n’a pas eu la possibilité de rendre créatrice. Avec ma pratique de l’écriture je me suis moi offert cette possibilité et c’est cela qui m’a sauvé poétiquement.

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J’ai le souvenir d’un livre que j’ai lu charnellement adolescent : un conte slave qui se passe dans les Carpates et dans lequel il est question  d’une femme vampire charnelle. J’ai gardé le souvenir d’une expérience érotique très forte à la lecture d’un passage de ce texte. J’ai lu ce passage plusieurs fois dans le seul but de bander. Je bandais ainsi en relisant le passage où la femme vampire se donne physiquement à sa victime masculine. Elle se donne érotiquement à lui pour lui sucer son sang.

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Vendredi 9 octobre

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Je pense à l’instant cela : Mon ontologie à moi c’est mon art de diariste. Je déroule mon ontologie en déroulant poétiquement mon existence avec l’écriture de mes journaux. Cette pratique de l’écriture de mes journaux est donc bien pour moi une pratique ontologique. Une pratique qui me tient lieu d’ontologie.

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Doit-on lire une oeuvre d’art visuellement ou doit-on tenter de lire à partir d’elle le discours de l’artiste qui l’a créée ? Il faut penser ici la différence entre le sens de la vision et le sens de la lecture du discours qui a rendu possible cette vision. Je ne fais ainsi que travailler à rendre visible le discours de ma vision. Le discours qui me rend visuel. Le discours qui rend possible mon idiotie créative. Mais mon idiotie créative n’est-elle pas justement cela même, je veux dire ce discours qui la rend possible ?

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Je suis dans les voix de Madame de la Critique de la Raison Pure. Madame C. m’a obligé a porter un bonnet de fou en m’accusant publiquement d’avoir triché sur JS. Ma psychanalyste Nathalie Georges m’a aidé à transformer ce bonnet de fou en bonnet d’arlequin en m’aidant à penser poétiquement mon idiotie. En m’aidant à rendre créative mon idiotie. C’est le discours que j’ai développé sur mon idiotie qui me permet d’être ainsi positivement fou. Qui me permet ainsi de me révolter poétiquement contre le jugement que m’a fait subir madame C. en me forçant à me reconnaitre idiot. En m’obligeant à reconnaitre que j’avais triché sur JS et que donc je devais me sentir coupable de cela en me reconnaissant publiquement comme un fou. En acceptant de porter publiquement un bonnet de fou. J’ai ainsi permis à madame C. de devenir publiquement une Madame de la Critique de la Raison Pure. Je suis ainsi entré dans sa collection de boulet. Comme Sophie Roussel avait une collection de boulets. Un crime d’amour. Je suis moi un diable amoureux qui veut penser le crime d’amour dont il a été la victime pour échapper ainsi à son destin de n’être plus socialement qu’un idiot. Je veux moi être un poète idiot. Un poète chantant la liberté des idiots. Chantant l’idiotie créative qui rend possible l’idiot en liberté. Je veux ainsi m’en prendre avec mon idiotie créative à toutes les Madames de la Critique de la Raison Pure. Je veux m’en prendre un jugement par lequel un groupe en vient à exclure l’un de ces membres en le condamnant à une idiotie perpétuelle.

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Je n’ai plus la force de parler mais j’ai encore la force d’écrire. J’écris ainsi pour parler. L’écriture est ma parole à moi. Ecrire c’est ma façon à moi de parler. Je pratique bien ainsi une écriture orale. Un art de l’écriture orale.

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Dimanche 11 octobre

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J’ai réussi à survivre à la catastrophe de mon être intime. J’ai échappé aimablement à mon destin d’être un poète suicidé de la société en me faisant poète idiot. Je me suis fait ainsi poète idiot en travaillant aimablement à rendre mon idiotie créative.

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Mes journaux lorsque je parle de mon travail au musée : Je raconte ainsi l’histoire d’une oeuvre d’art dans un musée. Mon histoire à moi est l’histoire d’une oeuvre d’art. Je suis une oeuvre d’art ayant intégrée vivante le monde du musée. En racontant ma vie dans le musée je raconte l’histoire de cette oeuvre d’art qui a intégrée vivante les collections du musée. Mes journaux : Histoire d’une oeuvre d’art.

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Je met en bouteille mon existence en tenant mes journaux. Je peux ainsi faire vieillir mon existence en bouteille comme on fait vieillir du bon vin.

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Au nom du Père (la famille), au nom du Fils (moi-même) et au nom du Saint Esprit (la psychanalyse). Sans cette trinité religieuse de l’être intime pas de possible miracle de l’idiotie. Pas de possible victoire ainsi contre Madame de la Critique de la Raison Pure. C’est bien ainsi à l’aide de cette trinité religieuse que je suis parvenu à me sortir vivant de mon idiotie. J’ai pratiquer en mangeur de femmes le sexe pour parvenir ainsi à rendre visible aux autres mon idiotie. Pour la rendre ainsi visible poétiquement avec l’écriture animale de mes journaux.

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Lundi 12 octobre

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Le Saint Esprit dans la trinité religieuse de mon idiotie : la trinité religieuse qui me permet de rendre mon idiotie créative : ma psychanalyste et mes amis sociologues. Il y a ici une balance du Saint Esprit. Le poids de mes amis sociologues s’équilibre avec le poids de ma psychanalyste. C’est à l’aide de cette balance que je marche en équilibre sur le fil de ma folie. Le christ c’est l’acrobate que je suis : cette acrobate qui se déplace ainsi sur le fil de sa folie. Ce christ qui parvient ainsi à faire comme si il marchait sur l’eau. Le père c’est ma famille. C’est celui qui m’autorise à marcher ainsi sur le fil de ma folie. Sans cette autorisation de ma famille à jouer ainsi poétiquement avec ma folie tout cela ne serait pas possible. Une autorisation matérielle aussi puisque c’est ma famille qui me soutient matériellement pour me permettre ainsi de vivre en idiot en liberté.

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Mes pensées animales : les pensées de mon corps. Croire en Dieu c’est combattre ces pensées animales qui nous envahissent. Ce pensées animales nous envahissent lorsque nous nous laissons vaincre par l’expérience répétée de la concupiscence par le corps. La concupiscence animale du corps nous amène ainsi à nous détourner de Dieu.

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C’est en travaillant à devenir fou volontairement que je suis parvenu à ne pas devenir fou involontairement. C’est pour cette raison que j’ai volontairement travailler à faire poétiquement l’expérience de ma sexualité de mangeur de femmes. J’ai fait cela pour échapper à cela. Je suis devenu cela pour ne pas devenir cela. Je suis devenu Madame de la Critique de la Raison Pure pour parvenir à n’être plus une Madame de la Critique de la Raison Pure. Je suis devenu volontairement un cochon pour pouvoir ainsi redevenir un être humain. J’ai couru en arrière pour pouvoir ainsi courir en avant. J’étais à moi-même l’ennemi qu’il me fallait abattre. Le fasciste du coeur qu’il me fallait dénoncer poétiquement.

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Faire entendre ma voix intime : faire entendre la voix intime de l’être. La voix animale du corps que la religion nous dit de combattre : la voix que les poètes font entendre pour s’en prendre aux puissants. Une voix pour briser le silence qui rend possible le pouvoir injuste des puissants de ce monde.

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Le corps de la femme est l’instrument de musique dont je joue pour faire vibrer poétiquement le monde. Je déroule poétiquement la langue de mon corps pour en jouer amoureusement comme d’un corps de femme.

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On se suicide parce qu’on n’arrive à ne parler que romantiquement de sa folie. Il faut parvenir à en parler matériellement pour se donner une chance de traverser vivant sa propre folie.

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Mercredi 14 octobre

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J’ai eu enfant puis adolescent le syndrome de l’enfant sage. Vis-à-vis de mes parents et à l’école. J’étais ainsi à l’école ce qu’on appelle « un faillot ». Mais sans ce syndrome je ne serais jamais parvenu à devenir un poète idiot. C’est en effet ce syndrome de l’enfant sage qui a fait éclore chez moi le syndrome de l’idiotie : un syndrome poétique qui seul peut mener un individu à l’idiotie créative.

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Je veux montrer mon esprit pour rendre ainsi visible le « je parle les autres » de mon esprit et ma façon de traiter poétiquement cette cassure mentale à l’aide de mon « je me parle les autres ». Je veux bien ainsi montrer ma difficulté à penser comme à souhaité aussi le faire Antonin Artaud au début de son oeuvre.

Je veux réaliser animalement ma diablerie amoureuse afin de parvenir à la rendre poétiquement visible. Je veux ainsi faire quelque chose de positif avec cette chose négative. Je veux ainsi rendre visible mon fascisme du coeur pour parvenir à le penser animalement comme une chose négative à combattre poétiquement. Je veux ainsi me racheter humainement auprès de mes frères humains.

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Je vis le « je parle les autres » comme une blessure à ma langue. Je panse cette blessure en me parlant les autres. Je soigne ainsi mon « je parle les autres » avec mon « je me parle les autres ». Je me soigne en me parlant à moi-même la langue animale de mon idiotie créative.

Francis Giauque est mort de n’avoir pas eu la possibilité de se penser positivement comme un diable amoureux. Il est mort de n’avoir pas eu la possibilité de penser matériellement son idiotie animale et pour ainsi travailler poétiquement à la rendre créative. Il est mort de n’avoir pas su vivre sa folie autrement que romantiquement. C’est ainsi qu’il s’est romantiquement suicidé. Cela doit être une leçon de vie pour tous les poètes suicidés de la société. Penser matériellement sa folie pour se faire ainsi poète idiot capable de traverser vivant sa propre folie en la chevauchant animalement. En la chevauchant matériellement. Il faut ainsi défendre poétiquement l’animisme plutôt que le romantisme.

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Seul l’animisme peut rendre possible une idiotie véritablement créative. Il faut penser animalement sa folie pour se faire ainsi poète idiot. L’idiot travaille à penser matériellement son romantisme pour se faire ainsi capable de traverser vivant sa folie. Le poète idiot se réclame ainsi de l’animisme. Il pratique la pensée animale de son idiotie créative en parvenant à se penser positivement diable amoureux. En parvenant à penser poétiquement sa monstruosité animale. Il pratique musicalement la langue de son corps de femme pour s’engendrer ainsi poétiquement par ce corps de femme. Il nait ainsi poétiquement de son impureté animale. Il nait amoureusement de lui-même et par la grâce du mystère de son idiotie créative.

Si je ne m’étais pas donné le droit de jouer au mangeur de femmes je n’aurais jamais pu vivre en idiot en liberté. Je n’aurais jamais pu explorer poétiquement mon existence comme je l’ai fait. En explorant mon existence animale j’ai pu explorer mon existence sociale. Partir à la découverte du monde. Construire une existence sociale. J’aurais vécu alors comme un être vivant mort parce que incapable d’explorer animalement le monde.

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Il est 15h36. Je me rêve en Abby Warburg de l’idiotie. Le rituel de la danse des serpents pour faire venir l’eau que je décris moi dans mes journaux c’est le rituel de l’idiotie joué par l’artiste afin de rendre possible la création d’une oeuvre. Je suis bien ainsi une sorte d’ethnographe de la création artistique.

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Vendredi 16 octobre

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Les gens parlent du mystère de l’angoisse qui a poussé Giauque à se désolidariser socialement du monde et ainsi à finir par se suicider. Il parle du monde qui a rejeté Giauque. Giauque est revenu anéanti de son voyage en Espagne. Je pense moi à la mauvaise foi de ce discours soit disant savant sur Francis Giauque. Le fait est que Francis Giauque n’a pas pu réaliser animalement le diable amoureux qu’il était et que c’est de cela dont il est mort romantiquement. De n’avoir pas eu la possibilité de penser amoureusement son être animal de poète idiot. D’échapper ainsi à son destin de suicidé de la société.

J’ai regardé des passages du documentaire La Véritable histoire d’Artaud le Momo. Un moment d’une émission radiophonique d’Artaud est retransmise et on entend Artaud dire : « Guérir une maladie est un crime. » Madame de la Critique de la Raison Pure a bien ainsi cru que son rôle était de me guérir de ma folie de poète.

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Je parle amoureusement en tenant mes journaux. Je pratique amoureusement l’art de l’écriture. Si j’étais en couple avec une femme je ne pourrais plus parler ainsi amoureusement à moi-même. Je suis ainsi lié amoureusement au corps de mon écriture.

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La roue de mon discours amoureux tourne dans le vide. Je fais ainsi tourner dans le vide mon discours amoureux pour pouvoir l’étudier poétiquement. Pour pouvoir l’étudier amoureusement. J’étudie amoureusement mon sentiment amoureux en parvenant à faire le choix de ne pas choisir amoureusement une femme mais toutes les femmes.

J’étudie la mécanique de mon discours amoureux. L’idotphysique est la science de ce discours amoureux.

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Je me fais le prêtre du discours amoureux que je tiens. Le discours amoureux que je garde pour moi. Le discours amoureux que je n’utilise pas pour rencontrer amoureusement les femmes. Je ne veux ainsi rencontrer les femmes qu’avec mon silence. Qu’à l’aide de mon silence. Qu’à l’aide des non-dits de mon discours amoureux.

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Ce discours amoureux est pour moi une fonction à dérouler poétiquement dans mes journaux. Ce discours amoureux : mon existence. Je vis pour tenir ce discours. Mon existence est la fiction que j’écris avec mon discours amoureux. Une existence que je fais tourner poétiquement dans le vide. Cette existence : un discours-fiction. J’écris cette fiction avec mon existence. J’écris ce discours avec mon existence de poète idiot.

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Je ne veux pas prendre de décision. Je ne veux pas décider d’aimer une femme plutôt qu’une autre. Je veux rester ainsi dans l’indécision. C’est que jamais je ne serai absolument sûr d’aimer une femme. Je resterais ainsi toujours hésitant devant la possibilité d’aimer une femme plutôt que toutes les autres femmes. Il n’y a pour moi qu’une vérité de l’amour et c’est la vérité de mon écriture amoureuse. La vérité du corps amoureux de mon écriture. C’est cette écriture au fond dont je veux continuer à obtenir le consentement. Pour que cette écriture continue à consentir à moi amoureusement il faut que je continue à n’obtenir le consentement d’aucune femme. Il faut que je reste amoureusement vierge pour pouvoir ainsi  continuer à écrire amoureusement. Pour pouvoir continuer à faire tourner la fiction animale de mon discours amoureux. Cette fiction ne peut tourner amoureusement  que dans le vide de mon idiotie. C’est mon idiotie animale qui me permet d’obtenir le consentement de mon discours amoureux. Une idiotie amoureuse en ce sens qu’elle me permet bien d’écrire amoureusement.

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Journal ontologique : journal amoureux. Je développe dans ce journal l’ontologie ma parole amoureuse. Une ontologie de ma langue amoureuse. Une ontologie amoureuse. Une ontologie de mon corps de femme.

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Samedi 17 octobre

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Mes journaux sont des miroirs. Des textes-images. J’utilise ces miroirs pour y refléter l’image de mon esprit. Pour rendre visible mon esprit comme une image qui se reflète dans un miroir. Le miroir de mon écriture.

Je ne vois plus rien. Je ne vois plus la peinture des autres. Je ne regarde plus affectivement la peinture des autres. Je ne la regarde plus avec enthousiasme. La peinture des autres ne me fait plus rien voir. Je suis devenu amoureusement aveugle. J’écris pour rendre visible cette obscurité amoureuse dans laquelle je vis. J’écris pour rendre visible ma cécité d’artiste. C’est ma cécité d’artiste qui me fait écrire. J’écris pour voir dans l’obscurité de mon esprit. Pour voir dans la nuit de ma vision. J’écris pour m’éclairer dans la nuit de mon esprit.

J’ai besoin de vivre ma vie une deuxième fois avec mon écriture pour me sentir ainsi vivre poétiquement. J’ai besoin de rejouer ma vie une deuxième fois avec mon écriture. Pour donner ainsi un sens poétique à l’idiotie de mon existence. Pour habiter mon existence en poète idiot.Je me loge ainsi poétiquement dans mon existence animale d’idiot en liberté.

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Je veux rendre visible ce qu’il y a derrière la peinture. Je veux rendre visible ce que les artistes cachent derrière leurs oeuvres. Rendre visible ce qu’il y a derrière l’image de l’oeuvre d’art. Je veux rendre visible l’écriture de l’artiste qui rend possible l’oeuvre d’art. Je veux rendre visible ma parole de plasticien. Je veux rendre visible l’être intime de l’artiste que je me refuse socialement de devenir.

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Journal ontologique : une ontologie de ma vision animale. Une métaphysique de ce que je vois réellement. De ce que je pense amoureusement. De l’être que je cache amoureusement aux autres. De l’être que je cache animalement derrière moi-même. Je me cache animalement derrière moi-même. Je me cache dans ma propre obscurité animale. Le poète idiot que je suis se cache dans son obscurité animale pour échapper ainsi au fascisme du coeur des autres.

Ma vision de poète idiot : une vision ontologique. La vision ontologique de mon idiotie animale. La vision ontologique de mon corps amoureux.

Mon journal : une vision. Mon journal ontologique : une vision ontologique. Le journal de l’ontologie de ma vision animale.

La peinture me parait être désormais un moyen homéopathique pour s’en prendre poétiquement au monde. Je crois ainsi bien plus maintenant à la puissance de l’écriture possible du plasticien. A la puissance animale de la parole artistique. Je préfère écouter un artiste parler de son art plutôt que de ne pouvoir que regarder ses oeuvres. Je crois plus au geste animal de sa parole qu’à ses oeuvres elles-mêmes.

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Je n’hésite pas à me montrer dans mes journaux sous un mauvais jour. Je n’hésite pas  à rendre visible avec mon écriture mon obscurité animale de poète idiot. Ma monstruosité animale de créateur.

Je suis un personnage qui cherche à devenir l’auteur dont il est le personnage. Je cherche à parvenir à devenir cet auteur en travaillant à faire l’idiot. Faire l’idiot pour remonter ainsi à la source de son être intime. Remonter ainsi le flux de son passé. Remonter le courant de son existence animale de poète idiot. C’est ainsi que le poète suicidé de la société parvient à se faire poète idiot.

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Je suis l’objet même de ma science de l’amour. Je suis l’objet que j’étudie en pratiquant poétiquement l’idiotphysique.

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L’artiste utilise les images comme des moyens heuristiques pour parvenir à connaître la vérité. La vérité que j’enregistre dans mes journaux grâce à mon usage poétique des images de ma vie animale de poète idiot.

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Je pense avec ma vision. Je pense avec mon regard. Je pense avec mon corps. Je pense physiquement. C’est ainsi que je me fais animalement poète idiot.

On invente plastiquent avec son corps. C’est avec mes mains que j’ai accouché animalement de ma machine à mots. J’ai laissé mes mains s’exprimer librement. Je les ai laissées respirer animalement. La magie des mains de l’artiste. La magie physique de la création plastique. Les mains donnent amoureusement naissance ainsi à des formes. C’est le corps qui écrit. C’est le corps qui est l’architecte qui conçoit l’oeuvre. Il faut laisser ses mains jouer librement avec la matière.

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Je me déplace poétiquement sur la lame du rasoir qu’est pour moi mon existence animale. Ni tout à fait artiste ni tout à fait philosophe. Il me faut ainsi en permanence travailler à rester un être animalement impur.

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Je pense poétiquement mon existence animale comme une ontologie artistique. La musique de mes pensées animales me sert d’ontologie artistique.

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Lundi 19 octobre

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Un poète idiot c’est un poète qui a est parvenu à échapper à son destin de poète suicidé de la société en réalisant animalement le diable amoureux qu’il était. C’est bien ainsi amoureusement que je suis parvenu à me faire poète idiot. C’est ma pratique de l’analyse qui m’a permis de parvenir ainsi à réaliser positivement le monstre amoureux que j’étais.

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Le fou doit être de son temps. A chaque époque il doit réinventé sa folie. Ma folie ne doit pas être ainsi la même que celle d’Artaud car je ne vis pas dans le même monde que lui. Ça n’est qu’en trouvant la folie qui nous convient et qui convient à notre époque qu’on peut se donner une chance de parvenir à chevaucher poétiquement sa folie.

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Le poète idiot sort de son idiotie comme un papillon sort de sa chrysalide. J’ai ainsi pris mon envol poétiquement en me faisant animalement poète idiot.

Les abeilles vont butiner les fleurs pour récolter ainsi le pollen qui leur permet de faire le miel. Moi je butine les filles des salons de massage en jouant au mangeur de femmes pour ainsi secréter animalement le miel de l’idiotie. Ce miel de l’idiotie est poétiquement nécessaire au monde des hommes. Sans la production de ce miel par les poètes idiot l’humanité court à sa perte. Ce miel de l’idiotie est nécessaire est nécessaire à l’avènement de la vérité animale de l’homme. Il est animalement nécessaire aux hommes.

Le crime de Madame de la Critique de la Raison Pure à l’égard de l’idiot que je suis est un crime sociologiquement invisible. Un crime d’amour que seuls les poètes idiots sont en mesure de dénoncer animalement. Il faut faire l’expérience d’être la victime d’un tel crime d’amour pour être amené à être en mesure de le dénoncer animalement.

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J’écris animalement avec mon corps. Je pense animalement avec mon corps. Je pense avec mes mains plus qu’avec mon esprit. J’écris mentalement avec mes mains. C’est ainsi que je suis  bien un plasticien qui écrit et non un homme de lettres. Je pratique ainsi une écriture  plastique. Une écriture du corps. Une écriture physique. Une écriture animale. C’est mon corps qui sait. C’est mon corps qui m’enseigne  animalement ma vérité.

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Le fascisme du coeur rend possible le fascisme politique. Il le nourrit animalement. Je veux me battre pour mes frères humains en donnant une voix sexuelle à tous ceux qui n’ont pas de voix sexuelle. En permettant à mes frères humains de vivre mieux leur sexualité. Tous les hommes souffrent sexuellement. Toutes les sexualités sont déviantes. Je veux permettre aux hommes de partager sans honte et sans violence entre eux leurs expériences sexuelles. Pour leur permettre ainsi d’avoir à mois souffrir amoureusement et de n’être ainsi pas tenté de rejoindre la cause du fascisme politique. Je veux donc ici me battre poétiquement pour une cause que je trouve politiquement importante. Cruciale même puisque je pense ainsi me battre au côté de mes amis sociologues contre le fascisme politique de notre société ultra-capitaliste. Contre aussi le néo-libéralisme qui nourrit ce fascisme politique. Le néo-libéralisme à la Macron nourrit le fascisme à la Marine Le Pen. C’est le capitalisme qui engendre le fascisme politique. Le fascisme politique n’est jamais ainsi que la forme la plus réactionnaire du néo-libéralisme de nos sociétés capitalistes.

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La parole nietzschéenne du « Dieu est mort » est une parole religieuse qu’il faut savoir saisir poétiquement pour pouvoir ainsi vivre avec un sentiment religieux de l’existence. Pour pouvoir ainsi continuer à habiter poétiquement son existence animale d’être biologiquement vivant. Pour rester ainsi un être humain et pouvoir ainsi continuer à vivre les autres êtres humais comme des frères humains.

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L’Idiot est né poétiquement de la mort de Dieu. C’est la mort de Dieu qui a engendré l’idiotie du monde. Il faut penser la mort de Dieu pour penser cette idiotie religieusement et ainsi faire que les hommes gardent animalement en eux un sentiment religieux de l’existence.

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Journal ontologique : Journal de mon sentiment religieux de l’existence. J’ai pour ontologie mon sentiment religieux de l’existence animale. Mon sentiment religieux de l’idiotie animale.

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Mardi 20 octobre

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Ceux qui ont le plus facilement accès aux femmes : ceux qui sont les miens intégrés au groupe. Moi avec ma différence mentale je fais peur aux femmes parce que je suis ainsi mal intégré au groupe. Cela complique grandement mon rapport aux femmes. Pour réussir socialement il vaut mieux être quelqu’un par ailleurs qui remporte des succès auprès des femmes. Ainsi ma différence a entrainé aussi ma régression sociale en me faisant apparaitre auprès des autres comme quelqu’un qui était incapable de remporter des succès auprès des femmes. Il y a là un triangle. Le triangle différence mentale-non-accès aux femmes-régression sociale.

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Le journal est un moyen parfait pour enregistrer la vérité de mes pensées animales. Je les notes à chaque instant. C’est qu’elles se succèdent indéfiniment dans le temps de mon existence animale. Elles apparaissent puis disparaissent aussitôt pour laisser la place à de nouvelles pensées et ainsi à l’infini. Elles se succèdent ainsi les unes aux autres et le journal me permet donc de les noter dans cette succession. Un travail de chaque instant. Pas le long terme donc d’un écrit théorique classique mais la possibilité d’enregistrer au cours du temps une multitude de points de vue différents. Chaque instant a sa vérité. Je note moi la vérité de chacun des instants de mon existence animale de poète idiot en tenant ainsi ce journal.

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Comme si j’écrivais pour me réveiller. Comme si j’écrivais pour noter la suite de rêve  qu’est pour moi mon existence animale de poète idiot. Vivre c’est rêver et tenir un journal c’est tenter de sortir de ces rêves en les enregistrant sur du papier à l’aide de l’écriture.

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Au lieu de me suicider je tiens un journal dans lequel je rends compte de mon existence animalement suicidaire de poète idiot. L’écriture animalement suicidaire à la place de la mort biologique volontaire. L’écriture pour rester ainsi biologiquement en vie.

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J’enregistre dans mes journaux mon existence animale de poète idiot. Cette existence animale : une fiction sociale. Une existence socialement impossible. Une existence socialement imaginaire. Une existence socialement inventée par le poète idiot que je suis. C’est ainsi que j’écris poétiquement avec mon existence animale une fiction sociale. Je lis cette fiction sociale comme le livre de la vie. Je lis cette fiction sociale comme une histoire à raconter en tenant poétiquement mes journaux. Mon existence animale écrit pour moi le récit de la vie du poète idiot que je veux raconter dans mes journaux avec mon écriture. Vivre c’est bien ainsi pour moi inventer une fiction à raconter poétiquement avec mon écriture de poète idiot.

C’est en ce sens que le journal est un genre ontologique pour moi. Je tiens de façon ontologique mon journal puisque c’est en tenant ainsi poétiquement mon journal que je parviens à vivre ma vie de poète idiot. L’écriture d’un journal me permet bien ainsi d’exister poétiquement. Elle me permet bien de vivre ainsi ma vie animale comme une fiction à raconter poétiquement avec mon écriture de diariste.

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Mercredi 21 octobre

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J’ai réussi à survivre à ma psychose. Je ne sais pas comment c’est possible mais j’y suis parvenu. Je ne sais pas dans le même temps pourquoi c’est si difficile. Pourquoi c’est justement ainsi quasiment impossible de survivre à sa psychose.

Il est nécessaire politiquement de développer une philosophie de l’individu. Une philosophie pour l’individu. L’individu ne peut pas se contenter pour vivre d’une philosophie qui soit exclusivement une philosophie du groupe. Qui soit exclusivement une philosophie pour le groupe. La sociologie n’est-elle pas ainsi cette philosophie du groupe pour le groupe ? C’est là où l’idiotphysique prend tout son sens. Toute sa nécessité. L’idiotphysique : la philosophie impossible mais nécessaire de l’individu pour l’individu ?

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En mettant à nu mon existence animale dans mes journaux j’entreprends une critique de mon sentiment religieux de l’existence.

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Vendredi 23 octobre

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Il faut savoir délirer avec sa vie pour se rendre capable de saisir avec sa vie la vérité délirante de Madame de la Critique de la Raison Pure. Un poète qui ne délire pas ne peut pas créer animalement cette vérité. Il n’est pas donné à tout le monde de se faire ainsi fou. Il y a un travail animal à accomplir sur soir-même pour se rendre ainsi en mesure de créer animalement la vérité de Madame de la Critique de la Raison Pure.

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Le mot idiot est ainsi le moteur de mon « je me parle les autres ». Il est le moteur de ma langue. Il est le mot qui me permet d’écrire poétiquement. Il est le mot qui me permet de faire de mon délire   animal un délire poétique. Je suis sans arrêt en train de traduire mon « je parle les autres » dans mon « je me parle les autres ». Je suis sans arrêt en train de traduire la langue du groupe dans ma langue d’individu exclu du groupe. C’est Madame de la Critique de la Raison Pure qui m’a exclu du groupe par fascisme de coeur. Elle m’a exclu du groupe en me forçant à me parler les autres. En tenant de l’empêcher de parler les autres. C’est ainsi qu’en voilant me condamner socialement au silence elle n’a fait que travailler à me permettre de parler poétiquement. C’est en effet grâce à elle que je me suis mis à me parler les autres. C’est elle qui a tordu animalement ma langue pour m’empêcher de parler les autres. Pour que je sois ainsi réduit socialement au silence. Mais c’est le fait d’avoir été ainsi réduit au silence qui m’a permis de parler poétiquement.

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Les suicidés de la société ne sont pas ainsi en mesure de s’allier aux sociologues. Ils ne sont pas en mesure de se doter poétiquement du mot idiot pour ouvrir ainsi l’espace de leur folie. Ils ne peuvent donc pas trouver en eux-mêmes les clefs du « je me parle les autres » et du « je parle les autres ». Ils sont condamnés ainsi par leur jusqu’au boutisme poétique à s’opposer à toute alliance avec la raison de l’analyse et pour cela ils ne peuvent pas envisager la possibilité d’une alliance avec les sociologues. Il n’y a pour eux qu’un seul ennemi à abattre : Madame de la Critique de la Raison Pure. Mais ils ne savent pas penser Madame de la Critique de la Raison Pure pour ce qu’elle est vraiment : un être qu’ils ont fabriqué poétiquement autant que cet être a tenté de les détruire socialement. Ils ne savent ainsi pas penser leur propre fascisme du coeur. Ils ne savent pas en effet se penser eux-mêmes comme des Madames de la Critique de la Raison Pure. Ils ne savent donc pas s’en prendre poétiquement aussi à eux-même pour parvenir ainsi à se faire poète de leur propre idiotie.

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Là je pense à la phrase de la professer d’espagnol en khâgne : « Comment savoir si oui ou non il a triché ? » La question était en effet là. La question du oui et du non. Si c’est non c’est non et si c’est oui c’es oui. On rend l’autre fou en amenant l’autre à penser le oui comme un non et le non comme un oui. On exclue l’autre du groupe en amenant ainsi le groupe à délirer le oui comme un non et le non comme un oui. La question du oui et du non c’est la question du jugement par lequel on condamne un homme à devenir fou.

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Un poète idiot est-ce forcément un poète mort ? Est-ce que je suis mort poétiquement en me laissant aller à offrir mon âme de poète à la psychanalyse ? Aie-je ainsi renoncer à mon destin de créateur ?

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Samedi 24 octobre

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Je préfère être Schreber que Jarry. Je préfère l’étude rationnelle de la psychose par les psychanalystes aux jeux littérairement savant des auteurs parisiens possiblement psychotiques. C’est ainsi que je ne regrette pas le choix que j’ai fait de livrer vivant mon âme de poète psychotique à la science.

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Lundi 26 octobre

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Je comprends bien que la violence de Madame de la Critique de la Raison Pure n’a de sens que pour quelqu’un qui est lui-même une Madame de la Critique de la Raison Pure. C’est parce que j’étais moi-même un fou que j’ai eu à subir la violence de la folie de madame C. . C’est parce que madame C. m’a vu fou comme elle-même était folle qu’elle a travaillé ainsi à me faire tomber par terre et pour jouir ainsi publiquement de cette chute. Elle a travaillé à mon exclusion de groupe sans que le groupe lui-même puisse s’apercevoir de cela. De telle façon que les autres m’ont vu devenir fou sans comprendre que c’était là l’oeuvre de madame C. . Ils ont donc pensé délirantes mes accusations à son égard. Je m’en prenais à un fantôme. J’étais moi-même un fantôme. Je voulais dénoncer aux autres une violence invisible. La violence que le fantôme de madame C.  exerçait sur le fantôme que j’étais aussi. Ainsi les autres ne comprenaient absolument pas mes accusations à l’égard de madame C. . C’est que madame C.  n’était pas publiquement son fantôme mais bien une professeur d’histoire géographie tout à fait respectable. C’est ainsi que l’élève brillant que j’étais a été transformé en idiot. C’est ainsi que le jeune homme coquet que j’étais a été transformé en monstre. En Quasimodo. C’est ainsi que j’ai pu prendre conscience du fascisme du coeur de ce jeune homme brillant et coquet que j’avais été jusqu’ici. Le fascisme du coeur de Madame de la Critique de la Raison Pure. On m’a fait subir cette violence même que moi je travaillais à faire subir aux autres. Je voulais ainsi m’en prendre avec mon fascisme du coeur au fascisme du coeur que je subissais. Il m’a donc fallait consentir à me reconnaitre moi-même comme une Madame de la Critique de la Raison Pure pour parvenir à avoir le droit de dénoncer poétiquement ce fascisme du coeur dont j’avais été la victime du fait même que j’en faisais moi-même usage à l’égard des autres.

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Nietzsche : la rhétorique au service de la persuasion. Ma philosophie animale : la persuasion au service de la rhétorique. Une philosophie anti-nietzschéenne en ce sens. Le poète idiot est bien ainsi un anti-nietzschéen. Nietzsche met le « je parle les autres » au service de son « je me parle les autres ». Le poète idiot fait lui l’inverse. Il met son « je me parle les autres » au service du « je parle les autres ». Je mets ainsi mon idiotie au service de la pensée sociologique de l’idiotie. Je mets mon fascisme du coeur au service de la sociologie. Le « je me parle les autres » : la pensée du fasciste du coeur. Le « je parle les autres » : la pensée du sociologue.

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Je suis heureux de pouvoir continuer à tenir ce journal. J’écris pour pouvoir rester en vie. J’enregistre ma vie dans mes journaux pour sauver ainsi poétiquement ma vie animale de poète idiot. Un poète qui vit c’est un poète qui crée. Je vis pour créer. En travaillant ainsi à sauver ma vie je reste un artiste qui crée. Je donne ainsi un sens à mon « je me parle les autres ». Je le fais ainsi servir à quelque chose. J’ai ainsi le sentiment de souffrir pour quelque chose. Rien n’est pire que d’avoir le sentiment que sa souffrance ne sert à rien. Je témoigne de mon « je me parle les autres » pour servir ainsi avec mes voix la cause du « je parle les autres ». Je veux mettre ma fois de créateur au service de la raison des sociologues.

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Je pratique l’art du journal comme une science. Je pratique le journal comme la science de l’homme. C’est ainsi que le journal est pour moi un genre ontologique. Il est la science de l’homme que Lacan disait impossible.

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Elever l’art du journal au rang de science. L’art du directe doit ainsi devenir une pratique scientifique. La pratique animale de la science de l’homme. C’est que le diariste peut devenir l’homme de la science.

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L’idiotphysique est la science animale de cet art du journal. Je me fait idiotphysicien en tenant ainsi animalement mon journal.

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Je pense ainsi le journal comme un être vivant. Le journal est animalement l’homme de la science. Un être vivant. Pas un simple sujet mais un être à part entière. Un être total. Je dialogue ontologiquement avec cet homme de la science et c’est ainsi que je pratique poétiquement la science de l’homme.

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Vendredi 30 octobre

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Je me sens heureux de pouvoir comprendre tout cela. De pouvoir témoigner poétiquement de tout cela. Je suis heureux d’avoir compris grâce à Nathalie Georges qu’un homme qui délire n’est pas un homme dans l’erreur. D’avoir compris que madame C. déliré autant que moi et que c’est de l’emboitement entre nos deux délires qu’est né Madame de la Critique de la Raison Pure. Nous délirons tous. Il est nécessaire de délirer. Un homme qui ne délire plus est un homme mort. On rend ainsi visible ceux qu’on nomme fou par volonté de les empêcher de continuer à délirer. Une véritable mise à mort sociale en ce sens.

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Samedi 31 octobre

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Je suis dans les voix de Madame de la Critique de la Raison Pure. Je pense au bras de fer que j’ai engagé animalement avec madame C. . L’un de nous deux devait triompher en obligeant l’autre à reconnaitre sa défaite. C’est ainsi que madame C. cru être parvenue à triompher sur moi en croyant parvenir à me faire admettre que j’avais triché sur JS. Que donc je reconnaissais qu’elle avait eu raison de travailler ainsi à m’accuser publiquement de cette faute. En réalité je n’ai jamais cédé. Je ne cède toujours pas aujourd’hui. Le fait de continuer à tenir ce journal est pour moi la preuve que ce bras de fer qui oppose l’idiot que je suis à la Madame de la Critique de la Raison Pure que madame C. a été pour moi se poursuit.  L’écriture de mes journaux me permet ainsi de poursuivre ce bras de fer avec celle qui m’a poussé à devenir fou. J’ai préféré devenir fou plutôt que de forfaire à une certaine idée de l’honneur humain dirait Artaud. Forfaire : « Agir contrairement à ce qu'on a le devoir de faire. » J’ai préféré devenir idiot plutôt que de me faire mien le fascisme du coeur de madame C. J’ai préféré devenir idiot plutôt que de devenir comme madame C. une Madame de la Critique de la Raison Pure.

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Je suis dans les voix de Madame de la Critique de la Raison Pure. Je pense au livre Tonio Kröger de Thomas Mann. Un livre qui montre qu’un artiste c’est un névrosé qui a le pouvoir de donner une voix à sa névrose et de se faire ainsi la voix des autres névrosés. La voix des sans-voix. Il parle pour ceux qui n’ont pas de voix. Pour tous ceux qui ne sont pas des êtres de séduction. Des hommes et des femmes élégants et aux yeux bleus. L’artiste lui est un être monstrueux physiquement et mentalement et c’est sa laideur physique et mentale qui fait naitre en lui la nécessité de créer.

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Je repense au fait que pour mes amis sociologues toute l’humiliation que les professeurs m’ont fait subir en khâgne n’a jamais eu lieu. Que ce sont là des idées délirantes que j’ai eu. Une interprétation fausse de la réalité. Une interprétation délirante de la réalité. Moi je veux travailler à sauver cela. A sauver ma vérité de poète idiot. C’est cette vérité qui fait de moi un poète idiot. Sans cette vérité plus de poésie possible.

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Dimanche 1er novembre

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Si je n’avais pas eu cette possibilité de l’écriture pour traiter mon idiotie pathologique il y a longtemps que je serais mort. Tant que j’aurais cette possibilité je pourrais donner un sens à la souffrance mentale que génèrent mes voix et ainsi je n’aurais pas le désir de mettre fin à mes jours pour échapper ainsi à l’étau de mes voix. Les voix de Madame de la Critique de la Raison Pure. Ces voix qui fondent l’idiotie pathologique d’où découle mon idiotie poétique.

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Lundi 2 novembre

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Je suis en train de surfer sur mes journaux. Je ressens ainsi poétiquement tout le travail que j’ai fourni pour les produire. J’ai trouvé dans l’un de mes journaux le nom du poète Raymond Carver. Je suis allé du coup visiter la page Wikipédia qui lui ai consacré.

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Ce ne sont pas des voix que j’entends mais des images. Des situations qui parlent. Une énonciation par quelqu’un de particulier. Le ton, le regard, la posture, la relation sociale. Je vois tout cela lorsque j’entends mes voix. Ce sont ainsi plus des voix que je voie que des voix que j’entends. J’entends bien des images en quelques sortes. Il faut remettre ces voix dans leur contexte. Une interprétation dans un certain sens. J’interprète moi systématiquement ces voix-images en ma défaveur. Au fond je déforme peut-être plus les images que les voix. Je trafique les voix en ma défaveur en délirant les images. En interprétant de façon fausse le message non-verbal lié à ces voix.

Relation hiérarchique. Des voix de professeurs à l’égard de l’élève que je suis. Des voix de professeur pour humilier l’élève que je suis. Des relations sociales de dominant à l’égard du dominé que je suis.

Il y a des choses qui ont réellement été dites. D’autres choses que j’ai moi clairement inventé au contraire. Exemple : « Mimi au plus haut des cieux ! » Il s’agit là d’une voix qui est comme le sifflet d’une cocotte minute. Une voix qui permet à mon esprit de se vider de la tension mentale à laquelle mon « je parle les autres » le soumet.

Le journal de l’homme de la science. Pas le journal d’un cartésien mais le journal d’un homme en chair et en os. Un être vivant. Un être animal. Un être qui pense animalement avec son corps. Un être qui pense affectivement.

Des voix qui mettent à jour mes prétentions démesurées à l’égard du réel. Les voix d’un homme qui a échoué à réaliser poétiquement son génie. Les voix d’un homme qui tombe à terre socialement. Les voix de ceux qui rient de me voir ainsi tomber lamentablement à terre. Des voix qui me ridiculisent.

Je fais parler les autres me rabaissant socialement. Me frappant oralement. C’est moi qui veut cela. C’est moi qui souhaite être ainsi rabaissé par eux. C’est que cela me rend poète. Je les excite pour les pousser à me frapper ainsi. J’excite leur mépris. Je suis ainsi resté en khâgne pour les provoquer. Comme si je leur avais pisser dessus. Comme Jean-Pierre Dupray qui a pissé sur la flamme du soldat inconnu.

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Mardi 3 novembre

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Mes textes : des peintures orales. Je dessine oralement mon existence. Je fais parler visuellement mon existence. Je fabrique ces peintures à l’aide de mes voix. Je fabrique ces peintures orales pour sortir ainsi visuellement de mes voix.

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J’arrive grâce à mes voix à sauver ma vérité de poète idiot. C’est biologiquement que je travaille ainsi à sauver cette vérité. Je me parle les autres pour sauver mentalement la vérité physique de mon idiotie.

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Jeudi 5 novembre

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J’écoute toujours du Bach. J’ai surfé sur la page Wikipédia de Ladislav Klima. Je me rêve en Ladislav Klima ce matin. En philosophe animal. Mes journaux : les dessous de la métaphysique. Ce journal ontologique : le journal de ma métaphysique animale de l’idiotie. Je me sens d’humeur joyeuse en pensant cela. Je me sens heureux d’être ainsi philosophe animal par l’écriture de l’intimité ontologique de mon être.

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Là je viens de peser un des deux exemplaires du Traité d’idiotphysique que j’ai chez moi. Je me suis ainsi rêvé en poète du philosophe scolaire que je suis parvenu à ne plus être. J’ai développé poétiquement une critique artistique de ce philosophe scolaire et c’est ainsi que je me suis fait philosophe-artiste. Je me suis fait poète idiot en parvenant à penser poétiquement l’existence animale du philosophe scolaire que j’aurais pu devenir si je n’avais pas fait l’expérience de l’idiotie et que je suis ainsi parvenu à ne plus être.

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Vendredi 6 novembre

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Je résiste avec mon désir inconscient d’être poète à mon désir conscient de n’être plus poète. C’est ainsi le travail de mon inconscient qui me sauve poétiquement.

Je vais rester sage comme une image pour me fondre dans le décor du MAM. Aussi sage que les autres oeuvres d’art du MAM ?

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Je suis dans les voix de Madame de la Critique de la Raison Pure. Je pense à la chance que j’ai d’avoir mes amis et ma famille. Je pense à la chance que j’ai d’avoir échappé au destin de mourir de façon soit-soit-disante héroïque en suicidé de la société. De mourir dans le silence comme un Jean-Pierre Dupray. De finir mes jours enfermé dans le silence comme un Stanislas Rodanski. De finir ainsi parce que n’ayant pas eu la possibilité d’exploser poétiquement mon silence. Cette chance je l’ai eue et c’est ainsi que je suis devenu politiquement meilleur. C’est ainsi que je suis devenu politiquement un citoyen. C’est ainsi que j’ai échappé au destin de mourir crucifié en poète fasciste du coeur. De mourir asphyxié animalement par une révolte silencieuse. J’ai eu moi la possibilité de penser animalement ma révolte et c’est cela qui m’a permis de sortir poétiquement de mon silence. De sortir ainsi poétiquement de mon fascisme du coeur. Suis-je ainsi mort poétiquement ? Suis-je ainsi devenu un gros bourgeois ventru pour avoir ainsi renoncer poétiquement au silence ? N’est-ce pas ce silence qui faisait de moi un artiste ? Peut-on ne pas cesser d’être un artiste en cessant d’être un fasciste du coeur ? Peut-on rester poète en renonçant à rester un fasciste du coeur ? Je fais de ce souhait même de n’être plus un fasciste du coeur le credo de mon existence de poète idiot. Je me suis ainsi pensé en criminel de l’amour et c’est cela même qui m’a permis de me faire poète idiot. Poète de mon idiotie et pour cela poète citoyen.

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Je veux mettre un point final à ce Journal ontologique sur cette pensée. Je veux commencer maintenant un nouveau journal pour traiter de cette question du poète idiot opposée au poète suicidé de la société. J’appellerai ce nouveau journal Journal d’un poète idiot.

Bonne route à toi cher Journal ontologique !

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