Version incomplète
Lundi 2 septembre

< … >

Aie-je le droit de demander pardon à ma famille et à mes amis pour la vie que je mène ? Demander pardon à la société toute entière ? Le criminel de l’amour que je suis dit peut-il se racheter ? Peut-il se faire pardonner ?

< … >

Je veux témoigner de la nécessité pour ma philosophie de pratiquer ma sexualité de mangeur de femmes. J’ai pratiqué cette sexualité pour me battre pour une possible verticalité de la pensée. Pour sauver une vision verticale de l’existence. Une vision non-sociologique.

Il y a des choses que les sociologues ne voient pas. Mes amis sociologues n’ont pas vu la mise à mort mental que les professeurs de la khâgne m’ont fait subir. Je leur ai parlé de la violence que madame C. me faisait subir mais ils n’ont rien voulu entendre de tout cela. Ils m’ont dit que tout cela était le fruit de mon imagination. Que c’était là délirant de croire tout cela. Ils ont ainsi parlé de ma paranoÏa. Sincèrement. G. a ainsi refusé de lire mon texte Madame de la Critique de la Raison Pure en me disant qu’il ne voulait pas retrouver mes histoires délirantes. Je me dis moi qu’un jour la vérité de cette mise à mort qu’on m’a fait subir éclatera au grand jour et qu’alors mes amis sociologues saisiront que ce qu’ils avaient nommé délire de ma part était en fait des choses qui s’étaient réellement passées. J’ai sauvé moi grâce à mon écriture cette réalité. Je me suis battu au nom de la vérité. Une vérité que les sociologues ne savent pas voir. La vérité du silence humain.

< … >

Mardi 10 septembre

< … >

La boite de la sexualité : la boite de Pandore ? La boite ouverte par la femme du frère idiot de Prométhée ? Ouverte par ceux qui réfléchissent à leurs actes après avoir accompli ces actes ? Après coup donc ? C’est-à-dire par les artistes ?

< … >

Mercredi 18 septembre

< … >

Mes texte : « De la parodie sérieuse. » Comme Jean-Pierre Brisset ? Seul un fou peut être ainsi à la fois sérieux et parodique.

< … >

J’explore ma propre géographie de l’amour. Je dessine avec mon corps ma géographie de l’amour. Je fais une peinture géographique de l’amour. Je pense géographiquement ma pratique de l’amour.

< … >

Lundi 23 septembre

< … >

Le monde est pour moi une fiction à raconter animalement. J’explore le monde sexuellement pour raconter la fiction qu’est pour moi le monde.

< … >

Mardi 24 septembre

< … >

Je joue à ne pas maitriser la langue. Je cultive une non-maitrise de la langue : de la parodie. Je fais des fautes d’orthographe : le sérieux. On retrouve ici la parodie sérieuse. 

< … >

Ma relation avec la philosophie autrichienne du langage. Une philosophie qui se tourne en ridicule. De la parodie sérieuse aussi.

Mes fautes d’orthographe : des trous dans la langue. Il y a ainsi un mouvement de liberté possible pour la langue. C’est cela même qui me rend apte à créer.

Le visuel écrit comme il parle. Il parle en écrivant. Il écrit auditivement et c’est pourquoi il fait des fautes d’orthographe. L’auditif au contraire écrit visuellement et du coup ne fait pas de fautes d’orthographe.

Dans tout texte il y a deux niveaux : le niveau du discours et le niveau de la parole. Le niveau du discours : le niveau sérieux. Le niveau de la parole : le niveau de la parodie. C’est soit l’un soit l’autre qui est dominant dans un texte.

< … >

Je pense auditivement. Je pense en parlant. J’ai besoin de parler pour penser. La parole est le moteur de ma pensée.

< … >

La parole : le « je me parle les autres ». Le discours : le « je parle les autres ».

Le « je me parle les autres » : le texte parodique.  Le « je parle les autres » : le texte sérieux.

Le « je me parle les autres » : Je laisse la bête me mener là où elle désire aller. Le « je parle les autres » : Je travaille à contrôler la bête pour contrôler ma langue.

< … >

Je parodie le « je parle les autres » en me parlant les autres. Le « je me parle les autres » : la parodie du « je parle les autres.

< … >

En me parlant les autres je travaille à parodier ma folie. Je suis sérieusement idiot. Mes peintures sous-marines sont la pour rappeler cette idiotie sérieuse. De l’art brut.

Je cherche à faire un art qui ne soit ni de l’art brut ni de l’art net mais un art qui sait synthétiser ces deux directions artistiques en inventant une troisième voie ? J’ai nommé cet art qui tient à la fois de l’art brut et de l’art net l’art idiot.

< … >

Vendredi 27 septembre

< … >

Heureux de me parler les autres. Je travaille ainsi à ne plus être un libertin. Je me fais idiot pour museler le libertin que je suis. Le libertin parle les autres pour se jouer des autres. Je me parle moi les autres à moi-même pour me jouer de mon propre libertinage. Pour me dissocier de ce libertin que je cherche à ne plus être. Je cherche ainsi à me faire pardonner d’avoir été un libertin. Ce Journal du pardon prend ici tout son sens.

< … >

Lundi 30 septembre

< … >

C’est très sérieusement que je mange des femmes. Avec appétit. Et en même temps je fais tout cela par goût de la parodie. Pour faire une peinture idiote de l’amour qui m’habite. Pour faire une peinture de l’amour qui fasse rire tragiquement. Qui fasse rire sérieusement. Ce goût qui m’habite à me peindre ainsi tragiquement en mangeur de femmes c’est là toute la vérité de mon idiotie. Je veux vivre cette idiotie jusqu’au bout puisque ça n’est qu’ainsi que je parviendrais à en rire. Ce rire que je susciterait sera mon pardon. Les gens finiront pas rire et ainsi me pardonnerons d’avoir ainsi jouer à manger sérieusement des femmes.

< … >

Vendredi 4 octobre

< … >

J’ai un rapport parodique à la psychanalyse.  Je pratique parodiquement la psychanalyse. Je construit ainsi parodiquement ma sexualité.

< … >

Mon alcool à moi c’est le corps des femmes. J’ai besoin de corps de femmes pour me rendre ivre avec. J’ai besoin de me rendre ivre sexuellement. C’est là mon ivresse de poète. Manger des femmes comme d’autres peuvent se souler avec du vin. Le corps de femmes me rend voyant. Il m’ouvre à mon existence. Il me permet de creuser une ouverture dans mon être et ainsi il me capable de me faire l’explorateur de mon existence. Je me fais ainsi poète de ma propre existence. Sans corps de femmes pas de mouvement. Sans corps de femmes les conventions sociales sont toutes puissantes et l’existence se meurt alors d’incapacité à créer. J’ai besoin pour respirer poétiquement de manger des corps de femmes. Madame de la Critique de la Raison Pure est la gardienne des conventions sociales qui maintiennent l’ordre du groupe. C’est elle que je me dois d’affronter poétiquement pour triompher de ces conventions qui font de moi un prisonnier incapable de révolte.

< … >

L’amour n’est pas l’affaire du groupe mais celle de l’individu. Le groupe ne sait que réprimer la possibilité individuelle de l’amour. Je veux moi explorer la singularité de mon amour. Faire une expérience de l’amour qui m’habite singulièrement. Qui m’habite animalement. Je veux pour cela m’octroyer le droit d’enfreindre les règles sociales que le groupe met en place pour ordonner la possibilité de l’amour pour les individus. Je ne veux pas aimer au nom du groupe mais aimer au nom de l’individu. Le groupe m’a enfermé dans l’idiotie pour tenter de m’empêcher de commettre un tel crime à son égard. C’est que l’amour singulier peut faire trembler les lois sociales qui maintiennent la cohésion du groupe. On n’aime jamais singulièrement que pour s’en prendre ainsi au groupe. Le groupe travaille à exclure tous ceux qui se laissent tenter par l’amour singulier. Par l’amour de l’individu.

< … >

Madame de la Critique de la Raison Pure : celle qui défend affectivement l’usage exclusif de la pensée non-affective dans les sciences humaines. De la pensée exclusivement kantienne. Il y a bien là une inversion qui construit toute la dangerosité de Madame de la Critique de la Raison Pure pour le poète idiot. Elle était l’inverse d’elle-même et c’est cela même qui lui a permit de me prendre affectivement dans ses filets. Comme Ulysse j’ai failli céder aux charmes affectifs de cette Circé mais parce que j’étais poète j’ai su sauver affectivement mon idiotie et ainsi ne pas devenir son cochon définitif. Je ne suis pas devenu son cochon sexuel. Son objet. C’est que je suis parvenu à rester un poète de l’amour.

< … >

L’idiotie est la religion de l’amour qui m’habite. Je veux être le christ de cette religion. Je veux vivre jusqu’au bout la logique de ma tragédie de l’amour pour ainsi en faire une peinture totale. Mon existence est la peinture de cette tragédie de l’amour que j’ai à vivre. Enregistrer mon existence poétiquement ça n’est donc rien d’autre pour moi que de peindre ainsi animaiement la tragédie de l’amour.

< … >

Lundi 7 octobre

< … >

Il n’y a pas de pensée religieuse sans pensée sexuelle. Pas de religion sans onanisme. La parole des prêtres est fondée sur leur pratique religieuse de la sexualité. Ils sont comme tous les hommes des êtres ayant des désirs sexuels et ils sont bien aussi comme nous tous habités par la nécessité biologique de satisfaire ces pulsions qui les habitent. La pureté des prêtres nait donc bien de leur impureté. Sans impureté pas de pureté possible.

< … >

Pas de création possible sans mythe de la pureté. Le mythe de la pureté est ce qui nous permet de penser religieusement notre impureté. De penser poétiquement notre impureté religieuse. De travailler donc ainsi à se rendre pur poétiquement.

< … >

L’idiot est un Christ qui a reconnu publiquement qu’il pratiquait l’onanisme. Cette reconnaissance publique est l’acte fondateur de son pouvoir de création. Jésus faisait des miracles. L’artiste fait des oeuvres. L’idiot possède ainsi le pouvoir créateur d’un Christ. Le Christ est le roi des idiots. L’idiotie est une pensée religieuse de l’existence. C’est parce qu’on a un rapport poétique à son impureté qu’on est en mesure de créer des oeuvres.

< … >

On ne peut se révolter contre l’ordre bourgeois que sexuellement. Toute révolte est amoureuse. La poésie amoureuse est ainsi une poésie de la révolte.

< … >

La névrose de Madame de la Critique de la Raison Pure : la névrose du groupe. Elle met sa névrose au service du groupe. Elle organise à l’aide de sa névrose une chasse aux idiots. Une chasse aux névrosés individuels.  Aux créateurs en tout genre. Elle défend publiquement les lois sociales du groupe tout en étant intérieurement une névrosé individuelle.

Le poète idiot : Sa névrose est une névrose individuelle. La névrose d’un créateur. Une névrose qui lui permet d’avoir un rapport poétique à l’existence.

< … >

Mardi 8 octobre

< … >

Une métaphore ça peut être pour un poète comme une équation entre les mains d’un physicien. Un outil pour mathématiser le réel. Pour parvenir à parler universellement du réel. Avec la métaphore le poète tente d’échapper au piège de l’exclusive singularité. Il arrive ainsi à parler pour d’autres. Pas seulement pour lui-même.

< … >

La langue est une métaphore du monde. La langue est une métaphore qui permet de délirer le monde. L’absence de métaphore, c’est l’absence de délire. C’est donc l’absence de vie. C’est la mort.

< … >

Le délire c’est la sexualité de la langue. On délire parce qu’on a besoin de jouir de sa langue. Besoin de se sexualiser ainsi mentalement.

Il faut délirer sérieusement mais aussi parodiquement. Les deux sont nécessaire pour ne pas tomber dans un délire fasciste. Le parodique c’est ce qui nous permet d’accepter le délire des autres. De ne pas penser que tous doivent délier comme nous délirons. Le parodique c’est ce qui nous permet de rire de nous-même avec les autres. De rire de notre propre délire. De savoir donc aussi n’être pas sérieux.

Madame de la Critique de la Raison Pure délirait sérieusement sans savoir être parodique. Elle ne savait pas penser la possibilité pour les autres de délier autrement qu’elle. C’est cette incapacité à la parodie qui rendait son délire dangereux pour les autres.

< … >

L’écriture du délire c’est l’écriture du mouvement de la pensée en nous. Une écriture en mouvement.

Il faut délirer pour parvenir à échapper à la circularité de sa pensée. La métaphore est une porte qui nous permet de sortir de notre langue. C’est que sans métaphore notre langue est pour nous une prison. Sans métaphore c’est-à-dire sans délire. Sans métaphore nous somme condamnés à penser circulairement de façon définitive. Incapables donc d’échapper à la circularité de notre pensée.

Le rôle de l’idiot c’est d’être celui qui délire la langue du groupe. Son rôle c’est d’être une métaphore pour le groupe. Un monde sans idiot : un monde sans folie. Un monde-prison. Un monde circulaire dont on ne parvient plus à sortir. Un monde qui se meurt.

< … >

Vendredi 11 octobre

< … >

C’est le sens de la parodie qui me permet d’écrire ma vie comme une fiction à raconter. Qui me permet d’enregistrer ma vie avec ma parole comme une histoire à raconter.

< … >

Je parodie avec sérieux la comédie de l’amour poétique. Je révèle publiquement le mystère de la création en révélant la nature de ma sexualité de poète.

< … >

Je me ris de la poésie avec mon Traité d’idiotphysique. La science parodique de l’être. La science parodique de mon existence tragique de poète idiot. Je ne veux pas être un christ. Je ne veux pas mourir crucifié. C’est mon sens de la parodie qui me permet d’échapper à ce triste sort littéraire des poètes maudits.

< … >

Jean-Pierre Brisset : De la parodie sérieuse mais lui ne se pense pas habité par un sens de la parodie. Il croit sincèrement être sérieux. Il est sérieusement idiot.

< … >

Ma foi en l’idiotie : une foi dans le sens parodique de l’existence humaine du poète que je suis. Je veux être un poète qui utilise parodiquement la messe de son idiotie. Mon idiotie est bien pour moi une messe à célébrer religieusement.

< … >

La parodie sérieuse : la forme amoureuse de mon idiotie. C’est parodiquement que je réclame le pardon des autres. C’est aussi parodiquement que ces autres peuvent être amenés à me pardonner. Il faut savoir rire de l’amour. Il faut savoir pratiquer parodiquement l’amour. La sexualité est une chose trop sérieuse pour qu’on puisse s’interdire d’en rire.

< … >

Ma vie est une fable comique que j’invente sérieusement pour faire rire les gens tragiquement. C’est là le secret de mon art.

< … >

Le poète maudit parle les autres. Il se fait suicidé de la société par incapacité à prendre conscience qu’il ne cesse pas de se parle les autres et que c’est cela même qui l’asphyxie mentalement. Que c’est là aussi la source positive de son aliénation mentale, ce qui fait de lui un aliéné authentique. C’est ma pratique de l’analyse qui m’a permis de me découvrir poétiquement porteur d’un cogito de l’idiotie.

< … >

Je veux être l’Antonin Artaud du XXIe siècle. Il y a l’idiotie du poète maudit et l’idiotie du malade mental. Et il y a aussi l’idiotie du poète idiot. Cette troisième idiotie c’est celle que je veux reconnaitre comme étant la mienne. J’ai échappé à l’idiotie du suicidé de la société mais aussi à l’idiotie pathologique du fou soigné médicalement. Mon idiotie à moi, c’est la pensée sérieuse qui m’habite musicalement.

< … >

Le musée : une prison pour artiste ? Je me veux artiste en liberté dans le musée en y travaillant en tant qu’agent d’accueil et de surveillance des salles. Je suis une oeuvre d’art vivante. Une oeuvre à voir vivante.

< … >

Mercredi 16 octobre

< … >

J’ai été un adolescent romantique. Mais mon expérience de la folie m’a fait prendre conscience de la fausseté de mon romantisme. Il m’a fait prendre conscience amoureusement de la nécessité poétique de critiquer mon romantisme en développant ma théorie d’un art animal.

< … >

Je répète désormais pour comprendre alors qu’autrefois je répétais sans comprendre. Bêtement. Comme un magnétophone. Comme un être sans esprit. C’était là la marque de mon romantisme d’alors. Un romantisme d’adolescent psychotique de milieu bourgeois.

< … >

Jusqu’ici ma langue parlait toute seule. En parodiant cette langue qui parlait toute seule je suis parvenu à la chevaucher c’est-à-dire à la parodier moi-même. A la parler singulièrement. Pour moi-même. Pour comprendre par moi-même. Pour penser pour moi-même et non plus exclusivement pour les autres.

< … >

Je suis parvenu à dire je en me sexualisant. Je suis parvenu à me faire le sujet de mon moi en parvenant à me penser amoureusement. En m’acceptant pour l’autre comme un sujet amoureux. En acceptant d’être pour l’autre un être sexuel. Un être désirant. Un être ayant le désir d’aimer l’autre sexuellement.

< … >

Je me suis mis à écrire pour écrire le discours amoureux de mon moi et ainsi advenir amoureusement à ma propre existence. Exister moi-même amoureusement comme un moi capable de dire sexuellement je.

Je ne peux pas dire à une femme : « Je t’aime. » Je suis incapable d’être le sujet de mon discours amoureux. J’écris pour tenter de combattre cette impossibilité chez moi du discours amoureux. Je suis ainsi silencieux parce que je suis incapable de m’assumer pour l’autre comme un sujet capable de l’aimer. Incapable de déclarer ma flamme à une femme. Considéré pour cela comme un lâche par certains. Comme un sous-homme.

D’où ma façon de ne savoir aimer l’autre que romantiquement. D’où mon goût pour le discours romantique de l’être.

< … >

En m’ouvrant à moi-même amoureusement j’ai ouvert la boîte de Pandore de mon être. Mon être s’est dissipé. Je me suis ainsi fait idiot.

< … >

Je veux échapper à l’extrémisme humain des poètes maudits. Echapper à leur extrémisme amoureux. Je veux y parvenir en rendant visible mon extrémisme amoureux. En faisant une peinture de cet extrémisme amoureux qui m’habite et qui est à la source de ma personnalité créatrice.

Je suis un artiste qui témoigne poétiquement du drame de la création qu’il a à vivre amoureusement. Du drame de l’amour qu’il a à vivre tragiquement.

< … >

Vendredi 18 octobre

< … >

Je parlais les autres parce que je ne savais que parler la langue de mon père. Je parlais les autres dans la langue de mon père. Je ne savais que répéter le jugement de mon père sur l’existence. Ma langue parlait toute seule la langue de mon père.

C’est pour parvenir à être contre mon père que j’ai travaillé à me faire idiot. Pour parvenir à me révolter contre mon père en développant ma propre pensée de l’existence. Je suis ainsi né à moi-même. Je suis ainsi devenu un moi-même véritable. Singulièrement moi.

< … >

L’intelligence est humaine et le génie animal. C’est l’intelligence humaine de l’idiotie animale qui rend créatif. Pas de génie sans idiotie animale. Pas de génie sans intelligence humaine. L’idiotie a là toute sa raison d’être animale.

La révolte politique est humaine. La révolte poétique est animale. Le sens politique de l’individu  social permet au groupe de fonctionner humainement. Le sens poétique du créateur permet à l’homme de se penser animal de la nature. De se penser être désirant. Etre vivant capable de penser son animalité et pas seulement élément social du groupe n’ayant qu’à travailler au fonctionnement social du groupe.

< … >

Je suis un fou qui cherche à rendre visible sa folie pour dénoncer ainsi la folie du monde dans lequel il vit. Je suis un animal qui cherche à rendre visible son animalité pour dénoncer ainsi animalement la violence que le groupe me fait subir pour m’empêcher de réaliser poétiquement l’idiotie du monde. L’idiotie du monde c’est l’idiotie que portent tous les idiots en eux. C’est l’idiotie qui pousse les autres individus du groupe à les mettre à l’écart du groupe. Parce qu’ils se donnent le droit de réaliser leur singularité de créateur.

< … >

Je crois à la loi du fifty-fifty. Il n’y a pas d’un côté les bons et de l’autre les méchants. Tous nous participons ensemble à l’élaboration du bien et du mal. Les idiots sont ceux qui sont en mesure de penser au nom des deux camps la possibilité d’une valeur réunissant animalement ces deux camps ensemble. Cette valeur c’est celle de l’art. C’est celle de la création. Les idiots sont ainsi en mesure de réunir les deux camps adverses. Ils sont en mesure de faire que les gens de gauche et de droite travaillent ensemble à l’élaboration d’une oeuvre commune. Les idiots sont la possibilité d’un dialogue entre le bien et le mal.

< … >

Je veux pour réaliser philosophiquement mon idiotie dire toute la vérité de ma folie. La rendre totalement transparente. Me rendre publiquement transparent pour dénoncer avec cette transparence la folie du monde dont j’ai été la victime. Dont nous sommes tous plus ou moins les victimes. Je veux arracher au monde son masque de matérialiste pour dénoncer le cynisme de ce matérialisme. Pour dire le drame de la perte du sens religieux de l’existence. Pour dire le drame animal qui habite le créateur de ce fait le créateur.

< … >

Je ne regrette pas d’avoir fait le choix de réaliser ainsi pleinement mon idiotie. Je crois que c’est moralement que j’ai fat ce choix. Pour me sauver ainsi poétiquement. Pour rendre le monde transparent à travers le récit de mon existence de mangeur de femmes. Seuls ceux qui me pardonnerons d’avoir fait ce choix pourront être amené à saisir pleinement le sens de la métaphysique de l’idiotie qui m’habite.

< … >

Lundi 21 octobre

< … >

L’idiotphysique : la science du sentiment religieux de la vie qui m’habite ? La science de mon sentiment tragique de la vie ?

< … >

Mon idiotie : le sentiment tragique de l’existence qui m’habite ?

Regarder un tableau, c’est comme peser un livre ? Le ressentir sans vraiment le lire. Juste le peser pour se laisser investir par son esprit. Se saisir affectivement de la force de vie que l’auteur a cherché à créer en engendrant cette oeuvre. En peignant le tableau.

Le sentiment tragique de l’existence est une force de vie qui ne peut être totalement rationalisée. C’est pourquoi il y a une nécessité à entretenir cette force de vie en la rendant visible plastiquement. C’est ce que je m’efforce de faire en tenant mes journaux plastiquement. Une écriture plastique du sentiment tragique de l’existence qui m’habite.

< … >

On a volé aux artistes leurs paroles poétiques en les obligeant à parler le discours sur l’art des historiens et des critiques de l’art.

Il ne faut pas laisser les intellectuels parler sur le travail des artistes à la place des artistes. Les intellectuels forcent les artistes à parler intellectuellement de leur travail. Il faut sauver la parole des artistes sur leur travail. Il faut sauver leur parole intérieur. Leur parole créatrice.

< … >

Contre le discours désaffectivisé des historiens et des critiques sur l’art. Pour sauver affectivement la parole de la création.

Je veux sauver auditivement ma parole de visuel. C’est ainsi que je tiens des journaux pour enregistrer ma parole de plasticien.

< … >

On pense à la place du public. On regarde l’oeuvre à la place du public en fabriquant ainsi du discours pour expliquer l’oeuvre au public. On rend les gens ainsi terriblement passif face aux oeuvres d’art. C’est au public que devrait normalement revenir le rôle de créer l’oeuvre en la découvrant comme une terre vierge à explorer. On ne vend pas des voyages à faire mais juste des cartes postales qui nous donnent le sentiment d’être parvenu à escalader des montagnes et d’avoir ainsi vu le panorama depuis les sommets de ces montagnes.

On vend le problème avec sa solution. La solution fait malheureusement toujours disparaitre le problème. La force du problème c’est qu’il se donne à nous comme quelque chose à résoudre. C’est là le plaisir esthétique que l’on peut prendre en goûtant à une oeuvre d’art. Sans effort fourni plus de plaisir.

< … >

On explique aux gens ce qu’il faut qu’ils voient. Ce qu’il faut qu’ils saisissent visuellement. On leur explique visuellement l’oeuvre de telle façon qu’ils peuvent la recevoir sans effort. Juste l’effort de la lecture du cartel. Un petit effort intellectuel de lecture.

< … >

Mardi 22 octobre

< … >

Recevoir intellectuellement l’art. Non affectivement. Non poétiquement. La culture du sociologue. La culture d’un monde désaffectivisé. D’un monde sans foi. Plus d’artiste-philosophe. Une culture totalement dépoétisée.

< … >

Je rends visible dans mes journaux la mécanique des femmes à laquelle les intellectuels parisiens sont assujettis. Une mécanique sexuelle qui leur permet d’exister socialement comme des hommes de lettres auprès des autres. C’est leur sexualité d’hommes de lettres parisiens qui leur permet de tenir leurs discours d’intellectuels parisiens. Ils entretiennent la fiction de leur intellectualité en forniquant ainsi de façon libertine. En assouvissant ainsi leurs pulsions sexuelles. C’est l’assouvissement de ces pulsions sexuelles qui leur permet d’exister animalement comme des hommes de lettres parisiens.

< … >

Pour une Madame de la Critique de la Raison Pure ordonner la mise à mort social d’un homme en travaillant socialement à le rendre fou c’est un exercice de style. Un exercice formel de l’esprit du groupe.

< … >

J’aime peser oralement et visuellement les livres. Les peser physiquement. Avec ma vue. De façon vivante. De façon physique. Les livres sont pour moi des objets physiques à regarder. Des objets à ressentir de façon physique. C’est en ce sens que je dis que je pèse les livres. Je les pèse affectivement et cela est une sorte de lecture orale.

< … >

Je passe mon temps à me dévorer amoureusement. Je ne fais rien d’autre que ça en effet lorsque je travaille à m’auto-analyser.

Je n’aime pas les fictions. Je n’aime pas les romans. Je préfère les livres théoriques ou alors les journaux dans lesquels l’auteur se livre de façon brut. De façon matériel et non métaphorique. Sans travestir dans une fiction sa confession.

< … >

Mes peintures sous-marines : des peintures intimes. En les exposant sur le quai Malaquais j’ai exposé ainsi publiquement mon intimité.

< … >

C’est par peur de sombrer dans la maladie mentale que Dupray a tendu toutes ses forces afin d’échapper à une rationalisation de sa folie. Les  poètes suicidés de la société ont refusé l’aide de la psychanalyse pour garder leur révolte intacte. Pour que leur révolte reste pure. Pour qu’elle ne puisse pas être rationalisée. C’est qu’ils ne voulaient pas tomber dans le pathologique. Sombrer dans une idiotie médicale et perdre ainsi leur raison d’être poétique c’est-à-dire leur idiotie poétique. C’est parce qu’ils étaient silencieusement amoureux d’eux-même qu’ils pouvaient vivre ainsi artistiquement de leur idiotie poétique.

< … >

Je suis devenu ainsi anormalement amoureux parce que mon père était lui-même anormalement amoureux. C’est mon père qui m’a rendu ainsi sexuellement révolté. Mais cette révolte devait rester pour mon père silencieuse. J’ai moi travailler à la rendre audible. J’ai travaillé poétiquement à la rendre visible. J’ai travaillé oralement à la rendre visible. A rendre du même coup visible l’anormalité amoureuse de mon mon père aussi.

< … >

C’est en pardonnant à mon père son anormalité amoureuse que je pourrais espérer que mon père me pardonne de même mon anormalité amoureuse à moi. Nous sommes tous les deux des anormaux et nous devons tous les deux nous penser telles pour pouvoir saisir pleinement le sens animal de notre anormalité. Son sens positif. Un sens qui nous rend tous les deux créatifs. Mon père comme physicien. Moi comme poète. Ce texte Journal du pardon prend ici tout son sens. Sa pleine raison d’être littéraire.

< … >

J’ai cherché à vivre pleinement mon délire de mangeur de femmes. A pousser à fond la logique de ce délire pour faire ainsi éclater sa vérité. Comme on presse un fruit pour en recueillir le jus. J’ai pressé mon délire comme un fruit pour recueillir ainsi le jus de l’idiotie et pouvoir m’enivrer avec ce jus. Pour connaitre pleinement l’ivresse de la création. Pour m’engendrer pleinement artiste. Créature capable de créer parce que capable de vivre pleinement son délire de créature. Vivant pleinement ses pulsions créatrices.

< … >

Je dors en permanence. C’est parce que je dors ainsi que les autres me jugent idiot. Mais le fait de dormir ainsi me permet de rêver souvent. Ecrire poétiquement c’est ainsi pour moi faire des rêves de dormeur. J’aime écrire parce que j’aime rêver. Ecrire c’est à la fois rêver et noter ses rêves. C’est se réveiller de ce monde. C’est faire l’expérience du réel de ce monde. Faire l’expérience de l’existence de ce monde.

Je me parle les autres. C’est pour ça que je dors. C’est pour ça que les autres pensent que je suis sans arrêt dans la Lune. Que je ne suis pas présent à mon existence. Que je ne suis pas là mais ailleurs. Mais c’est bien parce que je me parle ainsi les autres que je me fais créateur. Que je suis traverser par le souffle d’une idiotie créative.

Je me rêve disciple de Gérard de Nerval.

< … >

Je veux parler oralement à mon père en tenant ce journal. Lui révéler ainsi la vérité qui m’habite. Lui rendre ainsi visible la vérité que je suis pour moi-même. C’est pour qu’il me comprenne jusqu’au bout de mon idiotie. C’est que je sais que ça ne peut être qu’en étant ainsi compris jusqu’au bout de mon idiotie que je pourrai espérer être pardonner par lui. Que je pourrai ainsi du même coup espérer vaincre son gigantisme. Pour avoir accès à moi-même. C’est qu’entre moi et moi il y a le gigantisme de mon père. Un gigantisme qui me cache à moi-même. Je travaille à détruire ce gigantisme pour ainsi me récupérer. C’est le travail de toute une vie. C’est mon heureux labeur de poète. Le seul travail que je suis véritablement heureux d’accomplir. Car c’est là un travail que je fais pour moi-même. Pour me libérer de moi-même en me libérant animalement du gigantisme de mon père.

< … >

Vendredi 25 octobre

< … >

Je cherche à faire vibrer affectivement ma langue en faisant vibrer le regard moral de mon père sur moi. Je cherche à faire vibrer la corde affective qui me relie à mon père en faisant vibrer moralement le regard que je le joue à porter sur moi. Ce regard c’est un phallus que je fait vibrer pour me procurer ainsi du plaisir. Je jouis en faisant vibrer ainsi moralement le regard de mon père. C’est cette jouissance qui me fait éjaculer des pensées animales.

< … >

Beuys a fait des vidéos pour enregistrer ses performances. Moi j’enregistre mes performances en tentant des journaux. L’écriture du journal est ma méthode de captation visuelle du réel.

< … >

Un monde de l’art vidé du sens animal de la révolte. Un monde dirigé par des mangeurs d’artistes. Des gens qui vivent des artistes morts et qui travaillent à neutraliser les artistes vivants. Un monde de lecteurs. Un monde de gens qui travaillent à lutter contre le surgissement de possibles nouveaux auteurs. De possibles nouveaux créateurs. Il ne faut pas vouloir devenir un artistes pour ces gens-là. On doit exclure du groupe tous ceux qui prétendent à cela. Etre des artistes. Ces gens défendent ainsi un monde de l’art sans artiste. Un monde sans possible révolte artistique.

< … >

Le réunification des deux Corées ? Je reprends ici le titre de la très belle pièce de théâtre de Joël Pommerat. Je cherche moi à réunifier le monde de l’art brut et le monde de l’art net en créant le monde de l’art idiot.

Réunir en un même geste créatif le geste de l’artiste net et le geste de l’artiste brut. C’est là le geste de l’artiste idiot. Le geste d’une réunification salvatrice entre le monde du père et le monde du poète. Entre le monde de la raison et le monde de l’imaginaire. Entre le monde de la science et le monde de l’art.

< … >

C’est en dialoguant avec lui-même que le lecteur apprend à se faire auteur. C’est la réalisation artistique d’un dialogue entre son corps et sa langue qui rend le lecteur capable de devenir poétiquement un auteur.

< … >

On parle aux enfants du mystère de l’amour qui préside à l’enfantement d’un être humain. La religion développe son discours autour de ce mystère. Il y a de la même façon un mystère de l’amour qui préside à la création d’une oeuvre d’art. Je veux moi discourir poétiquement autour de ce mystère pour dévoiler ainsi animalement la vérité de l’idiotie. Je nomme mystère de l’idiotie ce mystère de l’amour qui préside à la création d’une oeuvre d’art.

< … >

C’est en pardonnant à mon père son extrémisme que mon père en viendra peut-être à me pardonner mon propre extrémisme et qu’ainsi nous réaliseront ensemble le miracle d’une idiotie commune.

< … >

Je peux ainsi ouvrir mon corps comme une serrure pour ainsi avoir accès à la vérité qu’il garde silencieusement en lui-même. Je ne peux travailler qu’involontairement à ouvrir cette serrure. Je ne peux en aucun cas l’ouvrir volontairement. Je ne peux pas non plus décider de refermer volontairement mon corps derrière moi pour ainsi faire que le mystère ne puisse pas être dévoilé à d’autres. Je ne sais ainsi que dévoiler involontairement aux autres le mystère de la création qui habite mon corps de poète.

< … >

L’artiste est nécessairement un être immoral. Il n’y a pas de création artistique digne de ce nom sans animalité féroce. L’artiste est un criminel de l’amour ou alors il doit renoncer à l’art et s’engager dans une existence bourgeoise en fondant une famille. Pas de poésie sans exclusion d’un individu par le groupe. Sans mise à l’écart. Pas de sentiment religieux sans péché. Pas de foi sans idiotie. Pas de créativité sans pratique poétique de l’onanisme. Ceci est plus qu’une vérité clinique. C’est là la vérité animale de l’art.

< … >

Mais mon père ne peut-il pas me pardonner au nom de l’art ? Me pardonner poétiquement comme moi-même je veux me pardonner ? Et mes amis de même ? Je rêve de rendre possible un tel pardon en continuant à tenir mes journaux. Je continue d’écrire ainsi car je continue à croire à la possibilité d’un pardon poétique par mes frères humains. On a pardonné à Villon et à Rimbaud d’avoir été des êtres immoraux. N’est-ce pas leur immoralisme même qui les a rendu apte à obtenir un tel pardon au nom de l’art ? Un Verlaine sage ne serait jamais devenu le grand poète que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Verlaine. C’est de sa déviance qu’il a tiré son génie. C’est avec sa déviance qu’il a forgé son verbe. Sa déviance est ainsi la force poétique avec laquelle il a créé son oeuvre.

< … >

Est-ce que toutes les vérités que j’annonce animalement dans mes textes ne sont pas des vérités que les poètes doivent travailler à ne pas entendre pour rester authentiquement créatif ? Est-ce que le fait d’avoir compris tout cela ne m’a pas tué poétiquement ? Ne me suis-je pas fait ainsi meurtrier artistique de moi-même ? Ne suis-je pas devenu ainsi une Madame de la Critique de la Raison Pure pour moi-même ? N’est-ce pas cela même un criminel de l’amour ? Quelqu’un qui divulgue ainsi oralement la magie de son art à ses lecteurs ? Les lecteurs ne vont-ils pas en effet ensuite retourner ces confidences d’artiste contre d’autres artistes et pour se faire ainsi meurtrier d’artistes vivants ? Aurais-je vendu mon âme aux fascistes du coeur en offrant à mes amis sociologues la possibilité de lire mon âme d’artiste animalement ?

< … >

Lundi 28 octobre

< … >

C’est grâce à mon idiotie que je suis parvenu à ne pas comprendre certaines choses. Je n’ai pas compris rationnellement la vie et du coup j’ai pu la comprendre poétiquement. Je n’ai pas saisi mon existence avec ma raison ce qui m’a permis de la saisir avec ma foi. Avec mon sens religieux de l’existence.

Faire l’idiot, c’est bien en ce sens résister poétiquement contre une certaine compréhension rationnelle du monde. L’idiotphysique est la science de cette résistance poétique contre l’existence rationalisée et ainsi neutralisée affectivement.

< … >

Travailler à se faire idiot. Cultiver la non-compréhension comme une arme poétique. Je vis de mon idiotie. J’en vis poétiquement en travaillant à la comprendre animalement. Je passe ainsi mon temps à me dévorer animalement. Il s’agit ici d’une compréhension de mon idiotie par un rationalisme animal.

La raison animal : la raison de l’individu. Il faut opposer cette raison à la raison sociale du groupe. On pourrait de la même façon parler d’un pardon animal et d’un pardon social : le pardon que nous donne animalement l’individu et le pardon que nous donne socialement le groupe. Je suis moi ainsi à la recherche du pardon animal de l’individu et du pardon social du groupe. J’espère ces deux pardon au nom de mon art de l’idiotie. J’espère ainsi qu’on me pardonnera ma pratique animale et sociale de l’idiotie.

< … >

Je ne peux pas cesser d’être un artiste parce que je ne peux pas cesser de jouer à manger des femmes. C’est pour moi une question de vie ou de mort. La seule façon en effet pour moi de respirer mentalement. De ne pas me laisser asphyxier par ma psychose. Je suis ainsi condamné sexuellement à être un poète. Vouloir cesser d’être un poète ce serait tenter de me tuer amoureusement en cherchant ainsi à transgresser la loi de l’impossible d’un corps de femme. C’est animalement que je me dois de respecter cette loi. Le respect de cette loi est ce qui rend possible en moi le dialogue entre mon corps et ma langue. Il est bien ainsi ce qui me permet de respirer animalement. Je me sais être incapable de perpétuer contre moi-même le meurtre sexuel de mon être qui aurait lieu si je me laissé aller à transgresser la loi de l’impossible d’un corps de femme. Condamné donc à être un errant de la chair jusqu’à la fin de mes jours La seule revanche dont je dispose c’est celle qui consiste à écrire tout cela. A rendre visible avec la langue ma condamnation amoureuse qui m’oblige à rester un poète idiot. Le pouvoir des mots du corps contre le pouvoir biologique de la langue sur moi.

< … >

Lundi 4 novembre

< … >

Je suis à moi-même mon propre Don Juan. C’est moi-même que je ne cesse pas de séduire et que j’abandonne ensuite sans cesse. Je suis Don Juan et sa victime. C’est cela même qui me fait être deux. Je suis Madame de la Critique de la Raison Pure et sa victime.

Mon oeuvre artistique c’est le corps que je m’invente poétiquement. Je sculpte mon corps poétiquement. Je me crée ainsi animalement un corps de poète et ce corps est mon oeuvre d’art véritable. Ma création authentique. Un corps qui résiste au délire. Un corps qui résiste à la maladie. Un corps délirant de poète idiot. Ce corps-oeuvre d’art je l’enregistre poétiquement en tenant mes journaux.

< … >

J’explore mon idiotie en explorant ainsi amoureusement la ville. Je me découvre poétiquement en découvrant ainsi amoureusement la ville.

Je dessine avec ma monstruosité l’idiotie de la ville. Son étrangeté.

< … >

J’essaye de faire parler la ville en l’explorant ainsi animalement avec mon idiotie. La ville est une mère qui me nourrit poétiquement avec son idiotie à elle. Je tête les seins de la ville. Je suis l’enfant de son idiotie. Elle m’aide à prendre conscience de mon idiotie. Elle me fait découvrir ma vie. Elle m’enfante animalement. Le monde moderne de notre société capitaliste est mon ennemi car c’est ce monde qui a inventé animalement la société de consommation. Je dénonce amoureusement la logique animale de cette société de consommation en jouant poétiquement au mangeur de femmes. L’idiotie est bien ainsi pour moi un mouvement politique prônant une révolte animale contre la société capitaliste dans laquelle nous vivons. Je dénonce politiquement le fascisme du coeur qui rend possible la logique capitaliste de notre société marchande. Faire l’idiot, c’est bien ainsi résister animalement. Résister avec sa vie contre le fascisme du coeur de notre société de la marchandisation humaine.

< … >

Je veux en donnant ainsi un sens politique à mon délire de mangeur de femmes faire que mes frères d’arme me pardonne d’avoir ainsi délirer en mangeur de femmes. Ce sera là le pardon politique de mes amis. Je me fais criminel de l’amour pour dénoncer politiquement le fascisme du coeur de ce criminel de l’amour que je réalise poétiquement.

< … >

L’idiotie, c’est le ventre de la langue. C’est le ventre du « je parle les autres ». C’est le « je me parle les autres » qui permet au poète de sortir du ventre de la langue. De sortir ainsi de son idiotie. De s’en libérer animalement en la rationalisant poétiquement.

C’est en se sexualisant que le poète parvient à sortir ainsi animalement du ventre de la langue. Qu’il parvient ainsi à penser poétiquement son idiotie.

< … >

Mardi 5 novembre

< … >

Ma vision est orale. C’est oralement que j’observe le monde. L’idiotphysique est la science de cette vision orale de l’existence.

< … >

C’est socialement que je travaille à échapper à mon destin de suicidé de la société. C’est socialement que je travaille à exister de façon non oralement exclusive. Je travaille à me socialiser avec un travail d’écriture-mémoire. En enregistrant avec mon écriture ma vision orale de l’existence dans mes journaux.

L’espace de l’idiotie : un espace oral. Un espace que je dessine avec ma langue. L’espace d’une vision orale de l’existence. Un espace de liberté orale. Un espace de liberté pour le poète idiot que je suis. C’est oralement que j’ai travaillé à me construire cet espace de liberté mental. Un espace au sein duquel je peux penser de façon animale. Librement donc.

< … >

L’idiotphysique : le cadavre de la science animale de l’existence. Ce qui reste du sens animal de l’existence. Les hommes ont perdu ce sens en tuant leur rapport religieux à l’existence.

Le sens religieux de l’existence est devenu un sens sexuel de l’existence. L’homme n’est plus religieusement en rapport avec le monde mais sexuellement. Cela est la conséquence de la destruction du mythe de l’amour par la raison de nos sociétés matérialistes. Plus de romantisme possible aujourd’hui ou alors le romantisme malade des séries télévisées. Partout la victoire de la religion matérialiste du sexe. Il faut multiplier les rapports sexuels pour participer socialement au matérialisme de notre monde capitaliste. On assiste partout à la victoire de la sexualité du groupe sur la possibilité d’un amour romantique pour l’individu.

Je me masturbe pour que perdure en moi un sens poétique de l’existence. Je mange des femmes pour ne pas perdre mon rapport religieux au monde. Je prends ainsi des rails de moralité paternelle. Je prends des rails de culpabilité comme d’autres prennent des rails de coke. L’art idiot veut perpétuer en l’homme la possibilité d’un rapport religieux au monde.

< … >

Je suis à distance de moi-même. Cette distance je la construis avec mon sens parodique de l’existence. Cette distance c’est en moi le sentiment religieux de l’existence. Ce qui fait qu’il y a pour moi une question de Dieu. Une question de l’amour. Et c’est sexuellement que je me pose une telle question. C’est animalement que la question de Dieu se pose à moi. Physiquement d’abord. Mentalement ensuite. C’est d’abord avec mon corps que j’apprends à croire en Dieu. C’est avec mon corps d’abord que je développe mon sens de la spiritualité. Par la pratique de l’onanisme. Une pratique religieuse. Une sorte de prière physique pour faire surgir en moi le sentiment religieux de l’existence.

< … >

La distance du « je me parle les autres » : la distance animale entre l’idiot et lui-même. Je pense animalement grâce à la distance du « je me parle les autres » qui m’habite. J’observe le monde à l’aide de cette distance. Je nomme cette distance la distance de l’idiotie.

C’est cette distance de l’idiotie entre moi et moi qui me rend créatif. Qui me rend révolté. Sans cette distance on est un individu parfaitement socialisé : l’individu du « je parle les autres ». L’individu de la reproduction sociale.

Je cherche à rendre visible oralement cette distance entre moi et moi. Je veux me faire le peintre de cette distance. Le poète de la distance de l’idiotie qui me rend créateur. Cette distance entre moi et moi : le distance entre moi et Dieu. C’est parce que je porte ainsi Dieu en moi-même sous la forme de cette distance à Dieu que je suis créateur.

< … >

Je joue à me perdre sexuellement dans la ville pour ainsi m’orienter amoureusement en moi-même. Pour dessiner ainsi animalement mon orientation sexuelle. Mon orientation amoureuse. La dérive est peut-être un terme trop situationniste. Je suis plutôt plus du côté de l’orientation surréaliste.

< … >

Vendredi 8 novembre

< … >

Mes journaux : des textes-confessions. Je me confesse à moi-même mes fautes. J’attends ainsi d’être pardonné par moi-même. Je suis à moi-même mon propre confesseur. C’est en poète que je me pardonne ainsi mes péchés animaux. Je suis un pécheur car je suis un animal qui pense. Sans péchés pas de pensées animales possibles. Sans ces péchés que je commets animalement je ne pourrais pas me faire poète idiot.        

< … >

Dimanche 10 novembre

< … >

J’utilise mon libertinage pour faire une critique du libertinage. Je pousse ainsi à fond la logique libertine du sexe qui m’habite pour la dénoncer. C’est pour cela que je pense pouvoir obtenir de mes lecteurs un pardon pour mes errances de mangeur de femmes et ma pratique de la pornographie. Je ne fais pas l’éloge de ces pratiques. Bien au contraire je les pratique pour pouvoir ainsi les dénoncer de l’intérieur. Comme un agent infiltré dans le camp ennemi peut transmettre à ceux du camp opposé des informations capitales sur l’ennemi.

< … >

C’est parce que j’ai eu une vision fausse de l’existence pendant longtemps que je peux ainsi travailler à acquérir une vision juste de l’existence. C’est ce travail de recréation qui rend mon idiotie positive.

< … >

Mercredi 13 novembre

< … >

Je suis devenu une sorte de libertin pour ne plus être un poète suicidé de la société. Je cultive une forme de libertinage pour m’en prendre à l’idée romantique de l’amour qui a construit mon corps physiquement et mentalement.

Je peux maintenant parler avec les autres parce que j’ai ainsi fait l’expérience de l’être d’après le rapport sexuel. Celui qui ne fait pas l’expérience de l’être d’après le rapport sexuel reste un être inaccompli et pour cela condamné au silence romantique de l’amour.

< … >

Il faut faire sexuellement l’expérience de l’amour pour apprendre ainsi à parler véritablement de l’amour. Ça n’est qu’ainsi qu’on peut être amené véritablement à faire l’expérience religieuse de l’existence.

C’est sexuellement qu’il faut apprendre à connaitre Dieu. C’est sexuellement qu’il faut chercher à faire l’expérience de Dieu.

< … >

Je voulais devenir prêtre par volonté d’apprendre à parler de l’amour. De même j’ai voulu ensuite devenir philosophe pour apprendre à parler de l’amour. Puis poète. C’est maintenant en être humain singulier que je veux parler de l’amour et pour dénoncer le discours du prêtre, du philosophe et du poète sur l’amour. Ils apprennent à parler de l’amour en apprenant à ne pas faire l’expérience de l’amour. Leur parole repose ainsi sur une expérience mensongère de l’amour. En tout cas une expérience qui pour moi a été mensongère. Qui ne m’a pas du tout convenu puisqu’ainsi je n’ai appaire qu’à parler de l’amour que comme de quelque chose dont je ne devais absolument pas faire l’expérience. Que je ne devais absolument pas apprendre à connaître. Que je ne devais donc cultiver que silencieusement. En me mentant ainsi à moi-même et aux autres sur la vérité de l’amour qui m’habitait.

< … >

Les gens multiplient les rapports sexuels pour n’avoir pas à vivre sur eux la puissance de l’inexistence du rapport sexuel. Une puissance qui épuise ceux qui ne peuvent pas en faire l’expérience. Une puissance qui rend fou. Qui fait délirer. Qui tient sa force du fait même qu’elle n’est rien. Qu’elle n’est juste que quelque chose à faire partir pour l’évacuer. Comme on tire une chasse d’eau pour vider ses toilettes. Par propreté donc. Il faut ainsi apprendre à être propre pour pouvoir espérer vivre agréablement en société.

Le rapport sexuel est une inexistence à accomplir pour n’avoir pas à vivre sous la puissance de cette inexistence.

< … >

J’entretiens des relations sexuelles avec moi-même pour ainsi être en mesure d’enfanter des oeuvres d’art. C’est cette relation incestueuse que j’entretiens avec moi-même qui me rend créatif. Je crache ainsi du sentiment religieux de l’existence. J’enfante Dieu en jouissant ainsi de mon propre corps.

< … >

Je veux témoigner publiquement de la monstruosité animale que je porte en moi pour défendre ainsi la possibilité d’un art animal. D’un art capable de s’en prendre au fascisme du coeur de notre société de la télé-réalité. 

< … >

Ce Journal du pardon : C’est d’abord à moi de me pardonner. Se confesser comme je le fais avec ce travail d’écriture c’est se pardonner poétiquement sa monstruosité. En me confessant ainsi je me fait créateur et c’est cela même qui est le signe du pardon que je suis ne mesure de m’octroyer à moi-même. L’oeuvre est le pardon de celui qui l’a crée. Seul ce pardon au nom de l’art que je peux recevoir de moi-même pourra amener les autres à me pardonner à leur tour au nom de la création artistique.

< … >

Vendredi 15 novembre

< … >

Je vis avec mon journal comme avec un animal de compagnie. Nous sommes inséparables. Je l’emmène partout avec moi. Je le nourris chaque jour avec mes pensées animales. Je le promène dans Paris en jouant au mangeur de femmes. Il est mon confident. Je le gronde parfois. J’ai travaillé à le dresser poétiquement. Je le pense immortel comme moi. Il est ma vie. Je suis sa vie. Nous sommes mariés l’un à l’autre. A jamais inséparables.

< … >

Je suis un liquide contenu formellement par mon père. La forme de mes textes : une forme paternelle. Je suis moi-même contenu dans ma forme paternelle. Je me fais moi-même contenir ainsi dans une forme paternelle en travaillant à tenir mes journaux.

< … >

La pensée du fou : la pensée animale de l’existence. Une pensée socialement interdite. Une pensée qui met en danger socialement le groupe.

< … >

Il y a eu la peinture figurative. Il y a eu la peinture abstraite. Il y a eu la peinture idiote. Il y a maintenant la peinture-journal. La peinture écrite. La peinture créée oralement. Une peinture à lire oralement. Une vision à lire oralement. Une vision animale à lire poétiquement.

Je transforme le spectateur de l’oeuvre d’art en lecteur de la vie de l’artiste. L’artiste n’a qu’à se laisser vivre pour écrire ainsi l’oeuvre d’art qu’est sa vie pour le public.

< … >

Je pratique une écriture plastique. Une écriture-tableau. J’écris oralement mes tableaux. Je peins mes tableaux sous forme de textes à lire oralement. J’écris  ainsi animalement pour faire surgir ainsi en moi une vision animale de l’existence. C’est cette vision que je donne à lire poétiquement à mon public.

< … >

Je veux construire plastiquement la vérité de l’art en construisant plastiquent la vérité de l’artiste. C’est ce à quoi je travaille artistiquement en vidant tout ce qui se passe dans ma tête sur du papier avec ma pratique de l’écriture. L’oeuvre d’art est là pour dire la vérité de l’art. Je rêve ainsi mes oeuvres capables de montrer visuellement leur vérité artistique d’oeuvre d’art. Elles se démontrent ainsi artistiquement comme étant de véritables oeuvres d’art. Je suis moi l’artiste mathématicien de cette démonstration artistique. Une démonstration de la vérité de l’oeuvre d’art par l’oeuvre d’art elle-même. Une auto-démonstration. Une démonstration de la vérité de l’oeuvre d’art par l’idiotie. Je démontre ainsi poétiquement l’idiotie de l’oeuvre d’art.

< … >

L’idiotie est une maladie qui transforme l’homme en créateur. Une maladie-force. On développe cette maladie à force d’entretenir des rapports incestueux avec soi-même. En s’obstinant à pratiquer l’onanisme comme une activité poétique moralement interdite. Pour se donner le goût du mal. Pour cultiver en soi les fleurs du mal. C’est ainsi qu’on en vient à s’inoculer le poison de l’idiotie. Tous les créateurs se sont ainsi empoisonnés eux-même pour dire la vérité animale qui les habitait poétiquement.

C’est parce je porte en moi le sens religieux du mal que l’onanisme me rend créatif. C’est parce que se masturber est quelque chose de religieusement mal pour moi que je parviens ainsi à me rendre créatif à l’aide de ma pratique physique et mentale de la masturbation.

< … >

Mes journaux : De très bons cartels d’exposition qui permettent de découvrir ma vie comme une oeuvre d’art. Qui permettent de lire ma vie artistiquement. De la voir poétiquement. J’expose ma vie publiquement et mes textes sont les cartels qui accompagnent cette exposition publique de ma vie. Pour permettre au public de ma vie de saisir la valeur esthétique de la vie. Le sens artistique de mon existence de poète idiot.

< … >

Le pardon au nom de l’idiot. C’est ce pardon qui rend possible le mystère de l’idiotie. Le mystère des relations humaines vécu par l’idiot. Il y a des gens qui ne le fuit pas. Il y a des gens qui le soutiennent dans son idiotie. Une forme d’amour des autres pour l’idiot qu’il est. On est idiot par rapport aux autres.

< … >

C’est le fait même que j’écrive qui prouve que je suis pardonné. Je suis pardonné parce que j’écris. J’écris parce que je suis pardonné. Deux vérités indissociables. Une seule et même vérité. La vérité du pardon au nom de l’art. La vérité du pardon de l’idiotie. Le pardon rendu possible par la réalisation poétique de l’idiotie.

Le mystère de l’idiotie rend possible ce pardon. Un pardon divin. Au nom de Dieu. Au nom de l’Idiot. Un pardon religieux. Cette idiotie est ma religion de poète. J’écris pour être pardonné. Une pratique religieuse de l’écriture. Une pratique de l’écriture-confession.

< … >

Lundi 18 novembre

< … >

Mon oeuvre est morale justement parce que je me donne le droit d’être immoral. Parce que je me donne le droit d’enfreindre la morale bourgeoise de ma famille. Parce que je me donne aussi le droit d’enfreindre animalement la morale fasciste de la société de la télé-réalité. C’est moralement que je transgresse ainsi ces morales. C’est que les artistes peuvent avoir leur propre vision morale de l’existence. C’est moralement que je m’en prend à la société de la télé-réalité dans laquelle il m’est donné de vivre immoralement. J’y vis poétiquement parce que justement j’y vis immoralement.

< … >

Il faut que je demande pardon à la société pour m’être donné le droit de créer une oeuvre subversive. Il faut que je demande d’être pardonné pour le droit que je me suis donné de jouer à l’artiste. Seul le succès de mon oeuvre auprès du public pourra faire que je sois ainsi pardonné. Seulement si je suis reconnu artistiquement par la postérité. Si je réussi ainsi artistiquement alors je serai pardonné. Sinon je serai condamné à ce que mon existence soit à tout jamais exclusivement lue comme celle d’un débauché sexuel.

< .. >

La mécanique de mangeur de femmes qui me rend créatif : la mécanique animale qui me permet d’être une idiot en liberté.

Il me semble que notre société de la télé-réalité s’en prend à la possibilité du génie créatif de l’idiot en stigmatisant à outrance toutes les formes animales de l’idiotie. Balancetonporc et compagnie crée ainsi un climat général de dénonciation autour de la possibilité du pouvoir créateur des artistes. On veut les réduire à n’être que des dépravés sexuels. Des délinquants sexuels. Mais sans cette forme de délinquance il n’y aurait jamais eu de Victor Hugo. Il n’y aurait jamais eu de Nietzsche. Il n’y aurait jamais eu de Marcel Proust. Il n’y aurait jamais eu de Charlie Chaplin.

< … >

Les gens de Balancetonporc travaillent donc aussi à protéger la possibilité de ce fascisme du coeur en empêchant les artistes de le réaliser poétiquement. Les artistes sont là pour réaliser théâtralement le fascisme du coeur qui les habite. Ils ont le droit de travailler à le rendre ainsi visible si ils font cela dans le but de dénoncer ce fascisme du coeur. Je me donne le droit d’être un fasciste du coeur car c’est pour moi la seule façon que j’ai de lutter contre ce fascisme du coeur. C’est bien ainsi moralement que je me donne le droit d’être immoral. Je réalise animalement ce fascisme pour ainsi pouvoir le dénoncer poétiquement.

< … >

Je me refuse aux femmes par désir d’être amoureusement fidèle à moi-même. Il y a là une forme de fidélité amoureuse.

J’écris pour entretenir en moi la fidélité amoureuse à mon projet d’écriture. Je suis marié avec mon écriture. J’écris pour rester fidèle à cet amour.

< … >

Mardi 19 novembre

< … >

J’explore poétiquement les différents discours possibles sur l’amour. Je passe d’un discours à un autre selon mon humeur du moment. Je veux faire poétiquement l’expérience de tous ces possibles discours.

< … >

Je veux explorer animalement le fascisme du coeur de la société pour pouvoir ainsi le dénoncer poétiquement. Je veux dénoncer publiquement le fasciste du coeur que je suis et faire ainsi une oeuvre positive avec ma vie de fasciste du coeur. Je me reconnais ainsi dans le personnage de Oskar Schindler du film de Spielberg La liste de Schindler. J’espère comme Schindler pouvoir me racheter humainement même si il semble que je sois moi-même quelqu’un qui profite socialement du fascisme du coeur. C’est ce possible rachat qui motive mon travail d’écriture. Le Journal du pardon prend ici tout son sens poétique. Je veux avec mon travail de diariste ne pas être le salaud que je semble être certainement à beaucoup.

< … >

Lundi 25 novembre

< … >

J’ai décidé d’arrêter ce Journal du pardon ici. Je veux commencer un nouveau texte : le Journal amoureux. Je veux ainsi retrouver en moi le sens de la lutte poétique contre mon addiction au sexe.

< … >

Ce sera là la question que je vais traiter dans mon Journal amoureux. Adieu donc à toi Journal du pardon !


Back to Top