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Mercredi 10 février
J’ai d’abord eu l’idée il y a quelques semaines d’écrire un livre sur les poètes que j’aime pour partager mes trouvailles et j’ai alors voulu intituler ce texte Ma bibliothèque. Mais chemin faisant j’en suis venu à me dire que la forme du journal pour écrire ma bibliothèque serait celle qui me conviendrait le mieux. D’où le titre de Journal de ma bibliothèque que j’ai finalement choisi.
Voici maintenant les quelques notes que j’ai commencés à rédiger il y a quelques semaines pour éclairer ma bibliothèque :
« Romantisme : Victor Hugo apparaît comme le chef de fils du romantisme. Critique de Victor Hugo par Bergounioux. Il n’a jamais perdu son intérêt de vue. Aujourd’hui auteur qui apparaît réactionnaire.
Surréalisme : André Breton. Là encore critique de Bergounioux. Mouvement d’intellectuels parisiens.
Bergounioux est un matérialiste. Je reconnais qu’il a raison. Mais je reconnais que je peux lui opposer la nécessité de traiter un certain silence (ce silence qui est en jeu dans la psychanalyse).
Francis Giauque et Ivan Chtcheglov. Deux auteurs qui sont à mon niveau littéraire, je veux dire deux auteurs qui ont écrit des œuvres de niveaux littéraires comparables à celui de mon œuvre. Il ne s’agit pas ici de hiérarchie. Tous les niveaux littéraires sont nécessaires. Littérature majeure (Bergounioux) et littérature mineure (moi).
Ce que j’aime chez Giauque : il se dresse contre la vision romantique de la folie et cherche à lui échapper en tentant de sociologiser sa propre folie. Il reconnaît une certaine nécessité à traiter sa folie comme une maladie. Il dit aussi très clairement sa souffrance de fou. Il se réfère à Antonin Artaud et aussi à Roger Gilbert Lecomte et Jacques Prevel. Il y a ici une lignée de poète et j’ai le sentiment d’appartenir à cette lignée poétique.
C’est la connaissance du personnage de Prevel qui donne le désir de connaître son œuvre. On veut parcourir les traces d’une existence qui nous parle pour le combat poétique qu’elle incarne. Prevel n’est absolument pas un homme de lettres, il n’a édité ses textes qu’à compte d’auteur, c’est donc un poète faible littérairement et c’est cette faiblesse littéraire qui me le rend si sympathique.
Il y a une extrême esthétisation de lui-même par Roger Gilbert Lecomte qui fait que se poète est souvent trop intellectuel et pour cela incompréhensible. J’aurais aimé qu’il me parle plus simplement de son existence de révolté. Qu’il m’en parle plus clairement et sans passer par des discours excessivement complexes. Son ami René Daumal est plus abordable en ce sens et il m’est pour cela plus sympathique. Il n’est pas aussi extrémiste que Lecomte.
Antonin Artaud s’est très vite affranchi du mouvement surréaliste et a su affirmer son indépendance d’artiste face à ce mouvement. Je reprocherais à Artaud le fait qu’il ne soit pas descendu cliniquement dans sa folie. Il veut que sa folie reste exclusivement littéraire et pour cela il fait preuve de mauvaise foi nécessairement. Mais il parvient aussi du même coup à montrer magnifiquement que la folie n’est pas exclusivement un mouvement pathologique, que la folie est aussi un mouvement vers une vérité et que la raison reste impuissante à expliquer ce mouvement, ce processus de vérité.
Léon Chestov et Benjamin Fondane ont défendu intellectuellement une approche religieuse de l’art et de l’existence.
Mes textes sont des textes de poète-plasticien. Je ne suis donc en aucun cas un homme de lettres comme Bergounioux en est un et cela définit une certaine forme d’écriture. Ni tout à fait poésie, ni tout à fait philosophie : de l’écriture avant toute chose.
Je ne supporte pas Isidore Isou. Je n’aime pas sa folie, l’usage mégalomaniaque qu’il en fait.
De la même façon je n’aime pas Guy Debord.
Surréalisme, lettrisme, situationnisme : mouvement poétique qui reposent sur une vision romantique de la folie. Génie et folie : j’ai appris à haïr cette dichotomie. Debord a lâchement abandonné Ivan Chtcheglov lorsque celui-ci est tombé malade.
Rodanski est entré volontairement dans un asile. Il a ensuite coupé toutes ses relations avec ses anciens amis. Je n’ai aucune sympathie pour Jouffroy, l’un de ceux qui cherchera à tirer un parti commercial de sa folie. Il a aussi cherché à tirer un profit littéraire de Jean-Pierre Dupray.
Poésie russe : je me suis un peu intéressé aux mouvements d’avant gardes russes du début du XXème siècle. Khlebnikov, Daniil Harms, Goumilov, Tsvétaïa, Blok, ... Mouvements très intellectuels.
F. F. m’a posé la question suivante la semaine dernière : Aimez-vous lire les textes poétiques qui traitent de l’amour ? Je lui ai répondu que non. Que je n’aime pas le traitement métaphorique de l’amour qui est fait le plus souvent en poésie. Que j’aime bien plutôt lorsqu’on descend dans la machinerie de l’amour, dans sa mécanique huileuse, dans ses marges. Bergounioux m’a ainsi dit qu’il préférait de loin un auteur comme Wolfson à Raymond Roussel.
J’ai de la sympathie pour André Frédérique mais son cynisme m’est profondément étranger et je vois bien qu’il ne veut pas traiter avec gravité de l’existence. JS m’a dit à propos de mes textes : de la parodie sérieuse. C’est que je traite aussi sérieusement de l’idiotie. Que j’en traite même religieusement et que cela fait que je ne peux avoir aucune sorte de proximité réelle avec l’œuvre poétique d’André Frédérique.
Les textes d’Alfred Jarry ne m’ont jamais attiré. Sentiment qu’il y a là une sorte de surenchère intellectuelle que je trouve soporifique. Là encore un mouvement d’intellectuels parisiens dirait Bergounioux.
André Breton a mis à l’origine du surréalisme trois poètes : Jacques Vaché, Arthur Cravan et Jacques Rigaut. J’aime beaucoup Jacques Rigaut, j’aime son honnêteté poétique mais les deux autres poètes me laissent de neige.
Il y a dans l’histoire de la poésie une lignée mallarméenne de poètes. Je n’aime pas Mallarmé et son rapport d’orfèvre aux mots. Je n’aime pas les poètes qui ont un rapport précieux au langage. Qui versifient à outrance la poésie. Ghérasim Luca fait partie de cette lignée et je n’ai jamais réussi à le lire. Je mettrais aussi Hölderlin dans cette lignée. Ou encore Guillevic. Ce sont là pour moi des poètes trop littéraires, trop savants. Je suis moi un poète qui fait beaucoup de fautes d’orthographe et qui cherche avant toute chose l’expression brute de l’existence.
Je n’ai jamais vraiment lu Verlaine. La légende de sa vie me le rend pourtant fort sympathique. J’aime Rimbaud pour son texte Une saison en enfer. Bergounioux m’a dit à propos de Rimbaud : époque où la France commence à s’industrialiser. On a du coup besoins de techniciens et pour cette raison une frange de la population se scolarise plus longtemps qu’avant. La poésie de Rimbaud est l’aboutissement de cette scolarisation prolongée d’une certaine frange de la population.
Je retiens ce que m’a dit Bergounioux à propos de François Villon. La fin du Moyen Âge : une époque où une certaine frange de la population accède à l’éducation et où l’usage de la violence entre les individus commence à être règlementé. Du coup naissance du pour soi alors qu’avant les individus n’étaient que des pour autrui : ils n’avaient aucun rapport à eux-mêmes. C’est ce rapport naissant des individus à eux-mêmes que la poésie de Villon exprime. Il y a là une explication matérialiste de l’intérêt de ce poète.
Bergounioux m’a dit : la poésie est un genre scolastique. De la littérature. On traite métaphoriquement de l’existence. On fait des généralisations qui font que l’existence et ses problèmes matériels y sont traités de façons très lointaines. Un art de gens qui n’ont pas à se soucier de leur survie matérielle.
Germain Nouveau. J’ai de la sympathie pour ce poète ami de Rimbaud. Bergounioux m’a dit de lui : un pitre. Il traite de l’amour et a en même temps une forte sensibilité religieuse ce qui l’écartèle. Je me reconnais pleinement dans cet écartèlement de mes aspirations poétiques.
Baudelaire : le plus grand des poètes. Il me fascine et pourtant je ne le lis presque plus. J’aime son honnêteté et la clarté de son style. Il ne tourne pas autour du pot. Il va bien au contraire droit au but. Je pense de temps à autre à certains de ses poèmes.
Pennequin m’ennuie aussi. Ça se lit bien mais juste par gourmandise. On se rend compte très vite qu’on ne sort absolument pas enrichi de sa lecture. Il y a aussi le côté extraverti du personnage qui me met aussi mal à l’aise. Je l’ai ceci dit très peu lu.
Trakl. Bergounioux m’a dit : juste un rimbalien tardif. Il n’apporte rien de nouveau par rapport à Rimbaud. Je me suis toujours ennuyé en le lisant. Par contre je me suis souvent laissé fasciné par le personnage et la légende de sa vie.
Georg Heym : j’ai de la sympathie pour ce poète. J’ai aimé le lire. Il y a là une écriture expressionniste qui me parle. Dommage qu’il soit mort si jeune.
Jacques Roubaud : je l’ai un peu lu mais l’excessive intellectualisation de sa prose a fait que les quelques fois où j’ai ouvert ses livres ceux-ci me sont tombés des mains. Et en même temps : n’y a-t-il pas aussi chez moi une excessive intellectualisation ?
Jacques Réda : j’ai trouvé sa lecture ennuyeuse. Il est trop dans un usage savant et policé du langage poétique pour moi. Je ne me sens absolument pas touché par ses descriptions géographiques. Je sais qu’il est un ami de Bergounioux.
Francis Ponge : j’aime son réalisme et sa prose poétique qui nous donne à voir une pensée claire et partageable.
Henri Michaux : Bergounioux dit être touché par ce poète. Mais Michaux est pour lui avant toute chose un expérimentateur et un prosateur. J’ai pris un vif plaisir à lire certains de ses textes. Il est parfois extrêmement limpide. Il m’a fait voir poétiquement.
Saint-Paul Roux : quelques uns des poèmes que j’ai lus de lui m’ont marqué en éveillant en moi des échos d’existence.
Bergounioux a propos de Rodanski : c’est juste un nom. Lautréamont : de la pisse de chat. Victor Hugo : il aurait mieux fait de ne faire que du dessin. Juste quelques poèmes de lui valent encore le coup d’être lus.
Relation entre le génie, l’amour romantique et un certain rapport souterrain au sexe. Victor Hugo allait ainsi voir régulièrement les prostituées et a eu de très nombreuses maîtresses. Il a multipliait les relations extra-conjugales. »
Voilà donc les quelques notes que j’avais rédigé en vue d’écrire ce texte Ma bibliothèque. Je vais maintenant reprendre le fil de mon journal au jour d’aujourd’hui.
J’ai vu F. F. lundi soir et j’ai échangé avec elle sur Antonin Artaud. Antonin Artaud ne descend pas dans son intimité, il reste dans la littérature et du coup ne nous fait pas part de sa quotidienneté. J’aurais aimé moi qu’il me parle prosaïquement par exemple de son rapport aux femmes ou au sexe en général. Il n’aborde ces thèmes qu’à travers des métaphores et parce qu’il fait le choix de rester dans la littérature. En restant ainsi un écrivain il parvient à écrire des textes où l’autre a sa porte d’entrée et cela seul suffit à justifier son choix. Moi je tourne le dos à la littérature et parce que j’ouvre la boîte de pandore de l’intimité. Cela me détruit littérairement mais du coup aussi j’en viens à dire un certain silence que ceux qui restent dans la littérature ne peuvent que justifier et par leur propre silence.
Artaud était un comédien, il a joué au théâtre et au cinéma. De là il tient sa verve poétique. J’ai exercé moi mon « je parle les autres » à l’école, ma verve à moi trouve son origine dans le par cœur scolaire. On peut ainsi retrouver dans mes textes des restes de leçons de français, de mathématiques, de biologie, etc. Mon « je parle les autres » me fait recracher « de l’école ». J’ai été un comédien à l’école, c’est là où j’ai joué mon rôle de bon élève, sage et discipliné. Me faire poète a donc pour moi consister à désapprendre à jouer ce rôle de bon élève, d’enfant trop sage.
J’ai acheté à la librairie de Frédéric (librairie qui se trouve à côté du musée de Cluny), la semaine dernière, un livre d’Ezra Pound, Cantos pisans. Je l’ai parcouru avec sympathie du fait que l’auteur a eu comme moi affaire à la folie. Mais le texte m’est apparu bien trop savant et pour cela illisible. F. F. m’a dit que Lacan s’était intéressé à cet auteur et qu’il le considérait comme un grand poète. Il l’aurait même selon F. F. rencontré. Le livre m’a coûté 5 euros.
Et lundi dernier je suis de nouveau passé à la librairie de Frédéric et j’y ai acheté Poèmes et proses de la folie de John Clare. Ce livre a été édité au Mercure de France et avec une préface de Pierre Leyris. J’ai acheté ce livre parce que, en le feuilletant, j’y ai lu que John Clare, poète anglais contemporain de Keats, avait longtemps séjourné dans un asile psychiatrique. Qu’il était de milieu simple. Un paysan-poète ayant fait l’expérience de la folie clinique. Je me suis donc dit : voilà un frère en idiotie et c’est pour cette raison que j’ai acheté ce livre. Il m’a coûté 4 euros.
Je suis heureux de faire rentrer dans ma bibliothèque ces deux auteurs. Je vais maintenant essayer de me pencher plus précisément sur la poésie de John Clare. Il va falloir pour cela que je coupe les pages du livre puisque cela n’a jamais été fait (les pages sont soudés les unes avec les autres comme dans les livres édités par Corti).
Il est tout juste 20h30. Je viens tout juste de finir de découper les pages du livre. C’est tout juste l’heure de prendre mon médicament. Et ensuite je pourrais enfin commencer la lecture du livre qui m’a l’air très appétissant !
Il est 21h06. J’arrête maintenant ma lecture. Heureuse lecture. Heureux de faire rentrer le livre de ce frère en idiotie dans ma bibliothèque.
Vendredi 12 février
Il est 16h23. Je travaille depuis ce matin 10h30 à la MSH. J’ai mangé tout seul ma salade végétarienne. Ma pause déjeuner a duré une heure. J’ai travaillé sur mon texte Journal de l’enfance que je viens de finir.
Je suis passé hier à la librairie de Frédéric. Je n’y ai pas trouvé de livres pour ma bibliothèque. Mon premier essai d’écriture de ce texte, que j’ai retranscrit un peu plus haut, montre que j’ai du mal à parler des textes en dehors des moments où je me les approprie. Je vis au jour le jour ma bibliothèque et c’est pourquoi tenir un journal est là encore pour moi la meilleurs façon de rendre compte de mon rapport aux livres. Je ne sais pas tenir un discours surplombant, dégagé du temps actuel. On peut aussi remarqué que mon choix de livres s’appuie beaucoup sur la ligne de vision de monsieur Bergounioux. Dans mon premier jet son avis revient ainsi en permanence.
La bibliothèque que je possède à la maison est un meuble que j’ai fait réalisé sur mesure par Lundia. Il s’agit d’un magasin qui propose des prix beaucoup plus abordables que ceux de la Maison des bibliothèques tout en produisant des meubles de qualité. Ma bibliothèque est le meuble central de mon studio avec mon canapé lit. Elle est en bois clair.
Les livres sont classés en six grandes zones : la philosophie, la littérature, la poésie, les sciences humaines, l’esthétique et les essais divers. Il y a aussi en bas du meuble un endroit où je mets les livres de grandes dimensions. À l’intérieur de chaque zone il y a des sous-zones. Ainsi pour la littérature les livres sont rassemblés par pays. En philosophie je classe mes livres par courant philosophique. En poésie c’est par période, mouvement et pays. La zone essais divers est une zone où j’ai mis les livres qui me restaient parce que je ne voulais pas les mettre dans l’une des cinq autres zones.
J’ai pesé tous les livres qui se trouvent dans ma bibliothèque ce qui signifient que je peux me rappeler de tous les livres qui s’y trouvent. Il m’est donc déjà arriver d’y chercher un livre et ne l’y retrouvant pas de m’apercevoir que je l’avais prêter à quelqu’un qui ne me l’avait pas rendu. Par contre il n’y a qu’une petite partie des livres que j’ai lue. J’achète parfois des livres en me disant qu’il me faudrait les lire et je ne les lis que trois ans plus tard. Ou encore je ne les lis pas. J’ai besoin de posséder ces livres pour pouvoir en parler à moi-même et aux autres. Je me comporte avec les livres comme avec les femmes : je joue avec mon désir de lire des livres mais ça n’est que de temps en temps que je cède à ce désir pour véritablement faire l’expérience du corps de ce livre. Mangeur de femmes je suis, mangeur de livres, je suis aussi. Et c’est cela même qui fait que souvent je suis amené à peser des livres. J’ai donc bien aussi un rapport en quelque sorte érotique aux ouvrages imprimés. Je suis surtout attiré par les livres dont je me sens proche, dont l’auteur me fait dire, je suis son frère, j’aurais pu écrire les livres qu’il a écrit. Tout cela est bien entendu la plupart du temps complètement délirant. Il y a aussi les livres que j’ai pesé parce que Bergounioux m’avait incité à les lire. J’ai ainsi acheté des livres de Faulkner mais je n’ai jamais réussi à les lire.
Jeudi 18 février
Je suis passé à la librairie de Frédéric samedi soir (je crois) ainsi que lundi mais je n’y ai acheté aucun nouveau livre. La présence du libraire Frédéric m’apparaît assez désagréable en ce moment. Il est très dominant et je sens mon impuissance face à cette sorte de domination. Mais sa librairie est la meilleure des librairies pour moi donc je passe outre ce sentiment désagréable qu’il m’inspire. Frédéric est pour moi le roi des bouquinistes.
Mardi 23 février
Je suis passé à la librairie de Frédéric samedi soir avant d’aller manger chez Monsieur le Président. J’ai acheté un livre de Lanza del Vasto. Je suis aussi passé avant à la librairie Compagnie où j’ai acheté le Journal 2011-2015 de Bergounioux. J’ai regardé avec avidité en rentrant chez moi le Journal pour y trouver des endroits où mon nom aurait pu apparaître et avec la peur que Bergounioux dise du mal de moi. Avec aussi l’envie qu’il dise du bien de moi. Je l’ai ainsi survolé et je me suis rendu compte de l’intensité de sa vie intellectuelle : ses rencontres, ses lectures, ses observations, etc. Que je suis loin de tout cela, à des années lumières de son intelligence et de sa culture. Je peux donc juste espérer être son idiot.
J’y suis repassé hier et aujourd’hui et je n’y ai rien acheté non plus. J’ai remarqué aujourd’hui un livre de Kierkegaard, L’instant (les articles de sa revue). J’y ai aussi vu aujourd’hui le livre de Croce La poésie et un livre de Derrida. Je suis ensuite allé chez Gibert Joseph et là j’ai trouvé un livre de Ladislav Klima. Je ne l’ai pas acheté étant sûr de ne pas le lire. J’ai voulu mettre la main sur le livre de Klossowski où il parle de Hamann mais ils m’ont dit qu’ils ne l’avaient pas (ils ont du mal chercher). Avant je suis passé à la librairie philosophique Vrin où j’ai vu un livre de Kierkegaard Coupable ? Non coupable ? à 10 euros. J’ai eu envie de me l’acheter mais j’ai pensé que je l’avais peut-être dans ma bibliothèque et je ne l’ai donc pas acheté. Je viens de vérifier à l’instant : non, je ne l’ai pas dans ma bibliothèque.
Kierkegaard et les autres : ils ont écrit leurs livres pour eux-mêmes et non pour qu’ils soient lus par d’autres. Leurs livres demandent donc bien plus à être pesés qu’à être lus. Je les honore donc bien en me contentant comme je le fait de remarquer leurs existences et pour me refuser de les lire. Comme j’honore le corps des femmes en me refusant à elles.
Je n’ai pas envie de penser à l’aide de la pensée des autres, en lisant donc. Je veux bien au contraire penser en moi-même : en me travaillant, en comprenant ma folie et en tentant de la partager. C’est cela même que j’appelle penser poétiquement et je préfère jouir de penser cela plutôt que d’avoir à me farcir le livre de Croce La poésie.
Le livre L’instant de Kierkegaard, les livres de Klima ou encore le livre de Klossowski sur Hamann : des livres dont je me sens proche mais que je ne lirai jamais. De même les livres de Derrida ou de Bataille. Est-ce de la paresse ? J’ai trahi mon père, ma famille spirituelle et ainsi les miens devenant ainsi pour eux un faux frère. J’ai donc peut-être perdu du même coup la pratique de la magie qui me permettait de les lire, de les aimer. Mais je ne suis pas pour autant devenu un cartésien, un disciple de Bourdieu. Non, je suis juste devenu un idiot et qui a été recueilli par des sociologues compréhensifs.
Bergounioux m’a parlé très négativement et durement de l’héroïsme de Simone Weil. C’est une auteur qui m’avait un peu fasciné étant jeune. Bergounioux m’a mis en garde contre une telle fascination. C’est pour lui là encore un exemple d’existence placée sous le joug du pour autrui.
Monsieur H. m’a dit qu’il avait voulu éviter de « se mettre dans la tête de Victor Hugo » en faisant l’exposition, que cela ne marchait pas avec Victor Hugo. Il n’avait donc pas voulu expliquer le rapport aux femmes de Victor Hugo mais juste le montrer. Il m’a dit lundi par ailleurs que Victor Hugo accomplissait l’acte avec des servantes, de prostituées, des comédiennes et qu’ils faisaient cela en permanence et souvent plusieurs fois par jour. Qu’il a eu une fin de vie malheureuse parce que les siens l’ont en quelque sorte empêché, étant vieux, de continuer à assouvir sa lubricité, en veillant en permanence sur lui. Notamment Juliette Drouet. Il m’a dit que pour lui Victor Hugo n’était pas un romantique, qu’il était bien plus que cela, un génie ne pouvant se laisser ainsi enfermé dans un mouvement. Il m’a dit n’avoir pas lu le livre de Philip Roth Portnoy et son complexe. J’ai bien compris qu’il n’était pas du tout sur la même longueur d’onde que Bergounioux. Et pour ma part je n’hésite pas une seconde en me ralliant au point de vue de Bergounioux.
Vendredi 26 février
Ça y est, je suis en vacances !
Je suis allé hier à la librairie de Frédéric après le travail. J’y ai trouvé une édition chez Plasma du livre poésie de Fondane, Le mal des fantômes, que j’ai acheté. Je suis ensuite allé manger chez JS et Aude. J’apporterai peut-être avec moi un livre de Fondane en Italie. Pourquoi pas La conscience malheureuse ?
Vendredi 11 mars
Je suis rentré d’Italie lundi soir. J’ai travaillé au musée mercredi et jeudi et je travaille encore demain et dimanche. J’ai pris le temps aujourd’hui de répondre au mail de Camille et je suis heureux de ma réponse.
Je suis allé à la librairie de Frédéric aujourd’hui. J’y ai acheté Journal intime de Franz Kafka introduit et traduit par Pierre Klossowski. Je viens de le feuilleter. J’ai aussi acheté aujourd’hui Cahiers de Vaslav Nijinski en poche. J’ai déjà ce livre dans ma bibliothèque. C’est un texte qui comte pour moi, en le lisant je me suis senti très proche de l’auteur.
J’ai été en début de semaine chez Frédéric (mardi après-midi) et j’y ai acheté L’immémorable, livre avec des images de Magdi Senaji et un texte de Bergounioux.
C’était mon anniversaire en Italie et mes amis présents m’ont offerts une bouteille de vin et deux livres que L. avait choisis : Ode maritime de Fernando Pessoa et Heureux celui qui n’a pas de patrie de Hannah Arendt (livre de poèmes).
Je n’ai pas lu à la montagne. J’ai par contre pris quelque chose comme 1500 photos et lundi et mardi j’ai constitué à partir de toutes ces photos un album de 314 images que j’ai envoyé aux D. et à L. et C.. J’ai aussi écrit trois poèmes autour de mon sentiment d’être en Italie.
J’ai mangé chez JS et Aude jeudi soir. Je suis arrivé chez eux à 21h45, j’ai en effet quitté le musée à 21h15 (il y avait une soirée). C’était une présentation faite par une normalienne sur le sujet des animaux dans l’œuvre de Victor Hugo. Cette présentation rentrait dans le cadre de la résidence d’écrivain organisée par G. . Je n’ai absolument rien suivi de la conférence, j’étais pourtant assis dans la salle pendant toute la durée de l’intervention. Ça m’a semblé terriblement soporifique. Il y avait un monsieur assis à côté de moi et qui riait aux éclats à certains moments de la lecture comme pour signaler aux autres qu’il suivait de très près le cheminement de l’analyse littéraire de la normalienne. J’ai imaginé que ce monsieur travaillait aux éditions POL. C’était un parisien littéraire. J’ai reçu une lettre de refus des éditions POL et j’ai donc pu récupérer mon texte. Heureusement que je n’ai pas été publié par eux ! Des gens propres qui n’aiment pas la saleté…
Il est 21h43. J’ai mangé chez Monsieur le Président. Je me sens maintenant fatigué. Je suis sous antibiotique à cause d’une infection ORL qui traine depuis la fin de mon séjour en Italie et qui a provoqué une otite lorsque j’ai pris l’avion au retour. Je n’ai absolument pas le courage de lire quoique ce soit en ce moment.
Jeudi 17 mars
Il est 20h38. Je viens d’appeler Bergounioux. Je lui ai dit que je viendrai l’écouter mardi prochain à la librairie Compagnie. On a convenu qu’il me rendra par la même occasion les manuscrits qu’il a de moi. On a un peu parlé. Il m’a dit qu’il n’aimait pas la montagne. Il m’a dit que si j’aimais la montagne, c’était parce que j’étais un parisien c’est-à-dire un être insensible météorologiquement. Que c’était parce que je me fichais du temps qu’il faisait, que ce temps m’était indifférent alors que lui était un crétin rural, un corrézien et que pour cela il devait se préparer mentalement pour accueillir les modifications météorologiques. Je ne suis pas d’accord avec cela et je lui ai dit que j’aimais moi marcher dans la montagne parce que la montagne était souvent sans empreintes humaines. Il m’a alors dit qu’il aimait sentir l’empreinte de l’homme sur la nature. Je serai heureux de le voir mardi prochain. Impression toute fois que je lui suis quelque peu pénible à supporter et que je l’importune à l’appeler ainsi au téléphone. Je pense qu’en disant cela je suis injuste avec lui, que bien au contraire il a passé un temps considérable à corriger mes textes alors que moi je fais à peine un effort pour les textes qu’il a publiés.
Maman est venu hier soir à la maison manger chez moi. Comme elle avait oublié un livre chez Frédéric et qu’elle n’avait rien à lire pour rentrer en RER, je lui ai prêté Le tunnel de Ernesto Sabato, livre que m’a fait découvrir A. et que j’ai lu avec bonheur.
Je ne me suis toujours pas remis à lire. Je pense sans arrêt en ce moment à Francis Giauque et à Ivan Chtcheglov, mes deux frères en idiotie. Je rêve d’être moi aussi un poète idiot.
J’ai passé la journée de mardi avec J. A.. On a sympathisé. Je lui ai prêté mon manuscrit, L’impossible d’un corps de femme, et elle m’a dit que le texte était poignant et qu’elle était très fière de la confiance que je lui faisais en lui donnant ce texte à lire. Il est vrai que je lui accorde ma confiance. J’espère que je n’aurais pas à le regretter.
L. m’a dit : elle n’aime pas du tout le côté moralisateur des marxistes. On ne peut pas réduire une œuvre aux motivations personnelles qui ont été à la source de sa création. Cela remet en cause la critique que Bergounioux fait de Victor Hugo lorsqu’il accuse ce dernier de n’avoir jamais perdu de vue la recherche de son propre intérêt.
Dimanche 20 mars
J’avais prévu de répondre au mail de Camille ce matin mais je ne l’ai pas fait. J’ai préféré traîner au lit. Je me suis levé à 11h. J’ai fait mon marché et j’ai mangé. Je vais bientôt partir pour le badminton. Hier j’ai passé la soirée avec JS. Aude était à l’anniversaire de sa sœur M.. Soirée sympa. On a fait une partie d’échec, JS a gagné mais la partie a quand même un peu duré.
Dans mon Traité d’idiotphysique je parle d’une histoire d’Herman Hesse. Une femme qui a un secret, ce secret c’est un enfant qu’elle cache. Un homme avec qui elle vit va vouloir lui voler ce secret et cela va entrainer la mort de l’enfant. Et la femme va perdre la parole, devenir pour toujours muette. Docile donc pour l’homme avec qui elle vit. J’ai essayé de retrouver cette histoire d’Herman Hesse à plusieurs reprises mais je n’ai jamais pu retrouver ce livre. J’ai pourtant cherché dans de nombreux recueils de nouvelles d’Hesse. J’ai même cherché dans ses œuvres complètes. Aucune trace de ce texte. Un libraire à qui j’avais posé la question m’a dit que j’avais dû faire un rêve et il m’a conseillé d’écrire un livre à partir de ce rêve. Peut-être cette histoire n’est-elle pas de Hesse ? Un autre auteur ? Stephan Zweig ?
Il est 12h54, j’écoute en boucle la chanson du film In the Mood For Love. Je vais me préparer maintenant pour le badminton. J’ai répondu à un mail d’Henriette avant de faire le marché.
Lundi 21 mars
J’ai fait ce matin mon ménage. Je voulais répondre cet après-midi à Camille mais ma connexion internet ne fonctionne plus. J’ai écrit et posté aujourd’hui une lettre pour Ève. Hier nous avons joué au badminton. Je n’étais pas très en forme et JS me l’a fait remarquer.
Je suis allé à la librairie de Frédéric samedi soir. J’y ai acheté Le château de Kafka chez Gallimard et un petit livre de Pierre Bettencourt, Écrit dans le vide. Impression que le libraire a été désagréable avec moi lorsque je lui ai demandé si il avait des livres sur les abeilles (je cherchais un livre à offrir à C. pour son anniversaire). Cela m’a vexé. Je suis ensuite allé à la librairie Compagnie. J’ai demandé d’abord à un libraire où aurait lieu la présentation de Bergounioux mardi prochain. Il m’a répondu de façon assez désagréable. J’ai acheté une édition bilingue et abrégée de La divine Comédie de Dante. J’ai demandé qu’on me fasse un papier cadeau. Le même libraire me l’a fait et lorsque je lui ai souhaité une bonne soirée en partant il ne m’a pas répondu. Il m’a même tourné le dos. Je me suis dit que décidément je n’avais pas la cote auprès des libraires. Je suis enfin allé à Gibert. J’ai acheté Le tunnel de Sabato. Je pense l’offrir à L. pour son anniversaire. J’espère juste que je ne le lui ai pas déjà offert.
Vendredi 1er avril
Une collègue M. L. m’a dit que je ferais mieux d’emprunter les livres en bibliothèque, que je n’avais pas ainsi à m’acheter des livres. Elle me perçoit certainement comme un enfant gâté qui dépense ainsi n’importe comment son argent.
Lundi 5 avril
Je suis allé hier à la librairie de Frédéric mais je n’ai rien acheté.
Vendredi 8 avril
J’ai acheté aujourd’hui Asile de Goffman et un numéro de la revue Action poétique autour de Khlebnikov et Mandelstam à la librairie de Frédéric et Petite métaphysique de la parole de Brice Parain chez Gibert. Je suis aussi passé à la librairie Le dilettante mais je n’y ai rien acheté.
Je pourrais faire don de ma bibliothèque à une association s’occupant de la prise en charge des gens souffrants de troubles psychiques. Acheter un livre, c’est pour moi une façon de le lire : le simple fait de le faire rentrer dans ma bibliothèque, de la posséder matériellement donc, équivaut pour moi à une sorte de lecture.
Lundi 11 avril
Je suis passé aujourd’hui à la librairie de Sophie et à la librairie de Frédéric. Sophie m’a donné très gentiment des invitations pour le salon du livre ancien et de l’estampe au Grand Palais. Je n’ai acheté aucun livre. Je viens d’essayer de lire un peu Petite métaphysique de la parole de Brice Parain mais je n’ai pas réussi à recevoir le texte même si j’ai senti un livre honnête.
Jeudi 21 avril
Je suis allé à la librairie de Frédéric samedi soir dernier et j’y ai acheté un très beau livre sur Paris (années 60) pour seulement 10 euros. J’y suis retourné lundi et j’y ai acheté un exemplaire du livre de Lanza del Vasto Judas. Il y a ce soir le salon du livre ancien au Grand Palais. J’ai un carton d’invitation pour le vernissage. Je ne sais pas si je vais y aller. J’ai proposé à C. P. de m’accompagner mais elle a décliné mon invitation.
Vendredi 22 avril
Je ne suis finalement pas allé au Grand Palais voir le salon du livre rare et de l’estampe. J’ai passé hier à A. , mon invitation pour le vernissage. Je crois que cela lui a fait plaisir. Elle m’a souvent parlé de son intérêt pour les livres. J’ai préféré manger hier soir avec Jean. J’aurais pu aussi y aller aujourd’hui mais j’ai préféré jouer au mangeur de femmes. Je n’ai donc pas encore utilisé ma seconde invitation mais comme je travaille demain et après-demain, je ne pourrais pas en faire usage. J’ai été hier soir à la librairie de Frédéric où j’ai acheté deux livres : La répoétique de Saint-Paul-Roux (un poète que j’ai aimé découvrir) et le livre d’Alain Borer, Un sieur Rimbaud se disant négociant. Ce livre est un livre magnifique que j’ai aimé feuilleté. Je ne l’ai payé que 15 euros. Je suis heureux de ces deux achats.
Vendredi 6 mai
Je suis allé dernièrement de nombreuse fois à la librairie de Frédéric. Je ne me souviens plus des jours exactement. J’ai acheté un livre de Roger Gibert-Lecomte Arthur Rimbaud que j’ai feuilleté et que j’ai trouvé sans grand intérêt pour moi à lire. Je crois que c’était lundi dernier puisque je me souviens l’avoir lu avant mon rendez-vous chez ma psychanalyste. J’ai aussi acheté dernièrement cinq livres de Georges Perros, poète que j’ai aimé lire. Ces cinq livres sont : « Faut aimer la vie » (un livre de correspondance), Lexique précédé de En vue d’un éloge de la paresse, Notes d’enfance, Lettre Préface et Échancrures. Je n’ai encore ouvert aucun de ces cinq livres. Ils m’ont coûté en tout 40 euros (Frédéric m’a fait un prix, ça aurait du me coûter 44 euros). J’ai dû les acheter samedi en sortant du musée et j’ai dû aller ensuite manger chez Monsieur le Président. Je lis de moins en moins. Impression que M. me prend toute mon énergie.
Lundi 6 juin
Je continue d’aller à la librairie de Frédéric mais un peu moins souvent quand même en ce moment. J’y ai acheté dernièrement Le promontoire du songe de Victor Hugo. J’ai essayé de lire le livre mais il m’est tombé des mains. J’ai aussi acheté Le livre de Judas de Nicolas Grimaldi au PUF. J’ai lu la moitié du livre. Pas d’un grand intérêt. Je ne pense pas que je finirai le livre.
Jeudi 30 juin
Je ne suis pas allé dernièrement à la librairie de Frédéric. J’ai feuilleté chez moi les livres que je possède du philosophe italien Michelstaedter. Je me suis pris à penser de nouveau que j’étais un philosophe. Puis je me suis contredit en me disant que ce que j’écrivais ne pouvait être que de la poésie.
Mardi 5 juillet
J’ai mangé hier soir avec mon collègue P. . Il m’a appris que la librairie L’écume des pages à Saint Germain des Près était ouverte jusqu’à minuit. On y est allé et j’ai acheté sur ses conseils un petit livre de Schopenhauer composé de deux textes, Métaphysique de l’amour et Métaphysique de la mort.
Samedi 23 juillet
Je suis dans le train en direction de Limoges. Il est 16h14. Je viens d’écrire dans mes deux autres journaux. Je suis retourné quelque fois ces derniers temps à la librairie de Frédéric mais globalement j’y vais quand même beaucoup moins souvent qu’avant.
Je me suis acheté mardi dernier chez Gibert le livre de Vuarnet Le philosophe-artiste (j’en avais un exemplaire mais j’ai dû le prêter à quelqu’un, je ne le retrouve plus dans ma bibliothèque) ainsi que L’expérience intérieure de Georges Bataille (encore un livre je crois que je ne retrouve plus dans ma bibliothèque). Hier je suis retourner chez Gibert Joseph et j’y ai acheté le livre que m’a conseillé de lire Juliette. Il s’agit d’une pièce de théâtre d’un auteur anglais et qui reprend le mythe de Faust. J’ai oublié le nom de l’auteur ainsi que le titre du livre. Je n’ai trouvé qu’une édition bilingue de cet ouvrage. J’ai apporté avec moi ces trois livres ainsi que le livre de Jean Dubuffet Asphyxiante culture. J’ai eu dernièrement envie de relire ce livre et les quelques pages que j’ai lues m’ont paru lumineuse. J’ai le désir de le relire aussi durant mon séjour au gîte. J’ai décidé par contre de ne pas emmener avec moi des manuscrits, du coup je ne passerai pas des heures à travailler seul dans ma chambre à les recopier. L’année dernière j’avais passé beaucoup de temps ainsi sur mon ordinateur à travailler sur la relecture de mon Journal d’un criminel. Je préfère cette année me donner pour objectif de reprendre un peu sérieusement mon activité de lecteur. Je n’ai en effet pas lu un seul livre en entier depuis des lustres. Je n’ai fait que peser des livres que j’avais déjà plus ou moins lus. Peser un livre, c’est pour moi se laisser imprégner magiquement de ses forces et sans vraiment le lire. Je pèse souvent des livres que je n’ai fait que survoler mais qu’il m’a semblé nécessaire de placer dans ma bibliothèque et parce qu’il étaient pour moi porteur de forces poétique, capable donc de me porter affectivement (pour ne pas dire magiquement) dans mon aventure poétique.
Samedi 6 août
Il est 10h03. Je suis dans le train pour Paris. Mon séjour à Saint Léonard de Noblat s’achève. Je viens de reprendre l’écriture de mon Journal de la décision. Je n’ai rien écrit durant des deux semaines. Je n’ai pas lu non plus les livres que je m’étais promis de parcourir. J’ai préféré profiter de la nature en courant et en me baignant et passer du temps avec mes amis. J’ai ainsi réussi à me débrancher de ma vie parisienne.
Samedi 20 août
Je suis dans le TGV en direction de Bardonecchia. J’ai emmené avec moi certains des livres que j’avais emmené à Saint Léonard de Noblat. Je n’ai pas emmené le Bataille et le Vuarnet après avoir considéré ces lectures comme non-profitables à mon aventure poétique pour le moment. On va voir si j’arriverai quand même à lire un peu au chalet des parents.
Lundi 3 octobre
Je suis allé aujourd’hui à la librairie de Frédéric. J’y ai acheté le journal de Pavese, Le métier de vivre.
Je me suis acheté dernièrement chez Gibert Joseph le Neveu de Rameau de Diderot. C’est P. qui m’a conseillé la lecture de ce texte. Je l’avais emporté avec moi ce week-end mais je ne l’ai pas ouvert.
Je repense en ce moment au livre de Hemingway Le vieille homme et la mer. Je garde un souvenir assez beau de la lecture de ce texte. Aussi de la lecture du livre de Steinbeck Des hommes et des souris. Il y a un très beau portrait d’idiot dans ce livre.
Samedi 8 octobre
Je ne me suis toujours pas remis à lire. J’ai acheté dernièrement chez Frédéric le livre Shoah de Claude Lanzmann (tiré du film).
Je suis allé hier soir au lancement de la bande dessinée de C. P. à la librairie Le Monte-en-l’air qui se trouve près du métro Miromesnil. J’ai découvert ainsi une sympathique librairie. La bande dessinée de C. P. se rapporte à la vie de Saint Julien l’hospitalier. Elle en a tiré 40 exemplaires en sérigraphie. Je lui en ai acheté un exemplaire et je suis heureux de cet achat. Saint Julien a tué son père et sa mère mais a ensuite été gracié par Dieu car il a racheté sa faute en faisant pénitence. Une sorte donc de névrosé sauvé par Dieu de sa folie. Un saint Idiot ?
Vendredi 14 octobre
Je suis allé à la librairie de Frédéric lundi dernier. J’y ai acheté un livre qui donne à voir des poèmes de jeunesse de Tristan Tzara. Je l’ai lu dans la salle d’attente du docteur D. S. . Ce livre a suscité un peu d’intérêt chez moi. J’ai pensé que mon DADA à moi c’était le mot IDIOT. J’ai aussi repensé un peu à Isidore Isou. Un véritable fou littéraire. Je me sens proche de lui par certains côtés et en même temps je ne voudrais pas échouer comme il a échoué. Je l’ai très peu lu mais le peu que j’ai lu de lui me laisse penser que ses écrits sont sans intérêts. Je me suis aussi acheté dernièrement chez Frédéric une belle édition des Fleurs du mal illustrée par Odilon Redon. Le livre m’a coûté 10 euros. J’ai relu avec bonheur ce livre que je connais très mal. Vrai bonheur de lecture. On lit ce livre pour soi, d’homme à homme et il secoue notre silence. J’ai lu ça notamment avant un rendez-vous chez madame F. F. .
Vendredi 21 octobre
Je me suis mis à relire ces derniers jours le livre que j’ai sur Arthur Cravan aux éditions Jean-Michel Place. Arthur Cravan venait d’un milieu privilégié et ce point me rapproche un peu de lui.
Je suis passé hier à la librairie de Frédéric et j’y ai acheté un livre de Primo Lévi, Le fabricant de miroirs (un recueil de nouvelles). Son livre Si c’est un homme est un des livres les plus puissants que je n’ai jamais lu et c’est pourquoi j’ai acheté cet autre livre hier.
Dimanche 23 octobre
Je suis allé au cinéma à Bastille avec les D. et Ca. . Je les ai attendus dans un café où je me suis installé après le boulot. J’ai lu dans ce café quelques nouvelles et un essai du livre de Primo Lévi que je me suis acheté dernièrement. J’ai aimé lire ces courts textes. Les nouvelles relevaient d’une sorte de science fiction et cela m’a surpris. Ce livre s’appelle Le fabricant de miroirs. Je me promets de poursuivre cette lecture.
Mardi 25 octobre
Je continue de feuilleter le livre Cravan, une stratégie du scandale aux éditions Jean Michel Place. Je m’étonne que je ne me sois pas penché plus longuement jusqu’ici sur ce poète. Je me découvre en effet « familialement » une parenté avec lui.
Jeudi 27 octobre
Je suis passé cet après-midi à la librairie de Frédéric. J’y ai acheté trois livres : un livre d’entretien autour de Lautréamont, Mémoires écrits dans un souterrain de Dostoïevski (j’ai lu ce texte mais il s’agit ici d’une édition de Gallimard datant de 1949), et un livre sur André Frédérique aux éditions Plasma. J’aurais dû en avoir pour 21 euros mais Frédéric m’a fait payer seulement 19 euros. Ça faisait longtemps qu’il ne m’avait pas fait de prix. Je l’ai senti bien disposé à mon égard.
Samedi 29 octobre
J’ai travaillé hier et aujourd’hui au musée. Je suis passé ce soir à la librairie de Frédéric après le boulot. J’ai acheté trois livres : Gilles de Rais de Georges Bataille, un livre avec des récits et des nouvelles de Robert Desnos et Journal 1952-1962 de Allen Ginsberg. J’aurais dû en avoir pour 18 euros, Frédéric m’a fait payer 17 euros. Il était aujourd’hui de bonne humeur. Il m’a dit qu’un client était passé il y a une heure et lui avait demandé si il avait des livres de Panizza, il m’a dit que je n’étais donc pas le seul à la recherche de ses livres. J’ai commencé à lire le Gilles de Rais de Bataille et cela m’intéresse fort. Heureux d’avoir acheter ces trois livres.
J’ai essayé hier de lire un livre de Paul Celan mais celui-ci m’est tombé des mains. Trop littéraire pour moi. Trop métaphorique.
Samedi 5 novembre
Je suis allé hier à la librairie de Frédérique après avoir travaillé l’après-midi à la bibliothèque de David. Je n’ai pas acheté de livres. J’ai travaillé aujourd’hui en salle au musée et je me suis souvenu d’un livre que j’avais vu hier à la librairie : La connaissance surnaturelle de Simone Weil. Je me suis dit qu’il me fallait retourner à la librairie pour l’acheter. Je touche en effet à la question du surnaturelle dans mon travail sur l’idiotie. Je me souviens de la remarque de Bergounioux sur Simone Weil : un héroïsme détestable ou quelque chose comme ça. Je me souviens moi avoir parcouru adolescent avec bonheur son livre La Pesanteur et la Grâce. Je suis donc retourné ce soir à la librairie et j’ai acheté ce livre. J’ai aussi acheté trois autres livres : Journaux indiens de Allen Ginsberg, Les chiens de garde de Paul Nizan et Histoire de la volupté de Isidore Isou. Le livre d’Isou me semble être une réussite, il y a de belles images autour de la femme et de la prostituée. Isou remonte ainsi grandement dans mon estime. Le texte de Nizan : je ne sais pas si je le lirais, je l’ai acheté car j’ai entendu dire du bien du film Les nouveaux chiens de garde dont le titre certainement est lié à ce livre. Je me souviens aussi de son étude sur les matérialistes. Quand au texte de Allen Ginsberg je sais déjà que je ne le lirai pas. Les poètes de la Beat Generation ont su faire entrer du réel, de la modernité, dans la poésie mais ils ne me sont pas pour autant très sympathiques. Ils n’auraient assurément jamais montré une quelconque compréhension pour ma personne.
André Frédérique n’arrive pas à surmonter sa haine pour son père. Il est emprisonné dans cette haine. Cela signe pour lui un échec poétique. Ne peut-on pas trouver dans cette incapacité l’origine en partie de son suicide ?
André Frédérique est mort de n’avoir pas su écrire autre chose que des fictions. Je suis persuadé que l’écriture d’un journal intime aurait pu le sauver. Un journal intime peut remplacer un suicide.
Il faudrait que j’achète le livre de Charles Pennequin sur Mesrine (j’avais vu ce livre à la librairie Le Monte en L’Air).
Vendredi 11 novembre
J’ai déjà changé d’avis sur les quatre livres que j’ai achetés hier. Je pense ce matin qu’ils sont sans intérêt, que je ne les lirai jamais. Isidore Isou ? Un fou littéraire. Ginsberg ? Un homme plein de vulgarité. Nizan ? Un intellectuel parisien. Simone Weil ? Une forme narcissique d’héroïsme. Mon journal permet de rendre visible cette inconstance de mon jugement critique.
Je ne peux me faire une idée d’un livre, avoir une pensée sur lui, que si je l’achète. L’acheter me permet en effet de faire ce que j’appelle « peser un livre ». C’est ce que j’ai fait avec les quatre livres que j’ai achetés hier.
J’achète des livres pour dire que je ne les lis pas. Je me constitue ainsi une bibliothèque de non-lecteur.
Je n’ai jamais lu la plupart des livres qui se trouvent dans ma bibliothèque. Je les ai juste pesés.
Dimanche 13 novembre
Je suis allé à la librairie de Frédéric hier soir. Frédéric est relativement aimable en ce moment. Il m’a demandé si je travaillais le dimanche. Je lui ai dit que je travaillais un dimanche sur deux. Je me demande pourquoi il m’a posé cette question. Déjà l’impression que le dernière fois il m’observait avec une certaine curiosité. Et il recommence à me dire bonjour lorsque j’entre dans la librairie.
J’ai acheté hier deux livres. Ils auraient du me coûter 15 euros, il me les a fait à 14 euros. J’ai acheté Panégyrique, tome second de Guy Debord : un livre de photos. Ça peut me donner des idées pour mes projets de livres d’artiste. J’ai aussi acheté Journal d’un dragueur ou l’amour système de Maurice Lemaitre. Je pense que c’est l’édition originale du livre. Je viens de regarder ce qu’on disait sur Maurice Lemaitre sur Wikipédia : un lettriste toujours en vie. Impression que ça n’est pas un personnage trop intéressant pour moi. Pas sûr de lire le livre mais heureux quand même de l’avoir dans ma bibliothèque. Je me pense beaucoup en ce moment comme un Ivan Chtcheglov qui aurait tenté de reprendre sa vie et pour ne pas être amené aux mêmes échecs.
J’ai vu dans la vitrine de la librairie un livre de Pierre Minet, La porte noire, à vendre à 20 euros. J’ai beaucoup aimé lire La défaite, je pense à acheter cet autre livre de Pierre Minet.
Ma bibliothèque est une bibliothèque d’un homme qui veut se faire passer pour plus savant qu’il n’est. Il a des livres de Kant, de Hegel et de biens d’autres qu’il n’a jamais lus et qu’il ne lira jamais. Il ne les possède que par goût d’une certaine forme de brillance intellectuelle qui va avec sa capacité de parler des livres qu’il n’a pas lu. La bibliothèque d’un métaphysicien fumeux. Oui, on peut bien parler de l’idiotie de ma bibliothèque. C’est un jeu maintenant pour moi de m’acheter des livres pour dire dans ce texte que je ne les lirais jamais. Je crée cette bibliothèque comme je peindrais un tableau, elle est pour moi une œuvre idiote à part entière. Je veux faire à travers elle le portrait d’un intellectuel du pour-autrui.
Il est 14h12. Je viens de lire un article de Wikipédia sur Ladislav Klima. J’avais vu plusieurs de ses livres à vendre à la librairie de Frédéric dernièrement. Je regrette de ne pas les avoir achetés. Certes je ne les aurais pas lus (et c’est pourquoi j’avais alors pris la décision de ne pas les acheter) mais je les aurais cependant pesés. Je me rêve parfois comme une sorte de Klima. Je me vois à travers lui philosophe vagabond.
J’ai aussi regardé un article de Wikipédia sur Ozamu Dazai. Encore un auteur que j’aime peser. J’ai trois de ses livres dans ma bibliothèque. J’ai lu l’un deux, La Femme de Villon. Je n’ai fais que peser les deux autres, La déchéance d’un homme et Soleil couchant. J’ai lu dans l’article que son style était avant tout biographique et cela me ramène bien entendu à l’écriture de mes propres textes. Et puis il y a la vie extravagante de Dazai et cela me plait de façon romantique.
Ce sont là deux auteurs que Roland Jaccard m’a fait découvrir je crois dans son livre Le cimetière de la morale.
Mardi 15 novembre
Il est 20h33. Je viens de diner avec Maman. Je suis passé en fin de journée à la librairie de Frédéric après avoir travaillé toute la journée en bibliothèque. J’ai demandé à Frédéric le livre de Pierre Minet qu’il avait mis en vitrine : La porte noire. J’ai feuilleté le livre mais je n’ai pas eu envie finalement de l’acheter. J’ai acheté pour 8 euros un livre de Melville : Pierre ou les ambiguïtés. C’est C. P. qui m’avait parlé de ce livre.
Ma bibliothèque : la bibliothèque d’un personnage. Je parle en auteur des livres que ce personnage est censé avoir lus.
Mardi 22 novembre
J’enferme dans ma bibliothèque la vision des autres. Pour m’en défaire. J’ai une bibliothèque pour n’avoir pas à lire les livres que j’y mets. J’enferme la vision des autres dans cette boîte.
J’achète donc des livres pour n’avoir pas à les lire. Et j’aime les peser pour ressentir la force de leurs visions. Mais je veux moi avoir ma propre vision et la tirer de mon silence. Je ne veux donc pas construire ma vison à partir de celles des autres. Je veux une vision au plus près de mon corps, de mon sentiment d’exister.
Il y a trois poètes que je voudrais emmener avec moi si je n’avais la possibilité de ne sauver que trois livres : Les fleurs du mal de Baudelaire, mon livre de Giauque et les écrits de Jacques Rigaut.
Jeudi 24 novembre
J’ai travaillé lundi, mardi et mercredi à la bibliothèque de David. J’ai prêté hier des livres de Francis Giauque à David. Il m’a prêté lui un livre de Pierre Bettencourt, Fables fraîches pour lire à jeun. Je l’ai feuilleté. Pas de désir en moi de pousser plus loin ma lecture de ce livre.
Depuis quelques jours je ne cesse de peser le livre Écrits de Jacques Rigaut, J’aime lire ce poète. Grande proximité, il me semble qu’il m’aide à me comprendre.
Mardi 6 décembre
Je suis passé à la librairie de Frédéric vendredi dernier et j’y ai acheté quatre livres : Dialogue avec mon jardinier de Cueco, Carnets intimes 1870-1871 de Victor Hugo et deux livres de Calaferte, Choses dites et L’homme vivant. J’ai acheté le livre de Cueco parce que Bergounioux m’a dit que ses textes étaient assez drôles. Cueco est un peintre, il a été professeur aux Beaux-Arts de Paris. Ce qui m’a plu dans les deux livres de Calaferte que j’ai trouvés : il parle du sexe et de Dieu et il montre qu’il y a une liberté divine de la pratique sexuelle, une pratique donc du sexe qui nous met en rapport avec Dieu. Le livre de Victor Hugo m’intéresse car c’est un document sur son silence. Sur le silence donc qui soutient et alimente la poésie romantique. Je n’ai pas eu encore le temps de peser ces quatre livres. Frédéric a été très aimable avec moi vendredi quand je suis passé à sa librairie. Il m’a demandé quels étaient les auteurs que je recherchais, me disant qu’il pourrait ainsi mettre pour moi des livres de côté. Il se souvenait de Panizza pour moi. Je lui ai aussi donné les noms de Prevel et Giauque. J’ai été un peu sec avec lui, je ne l’ai peut-être pas vraiment remercié par avance pour ce service qu’il se proposait de me rendre, du coup impression que cela l’a un peu refroidi dans sa volonté de se montrer agréable à mon égard.
J’ai fait découvrir à David Francis Giauque et il a aimé lire les deux livres de cet auteur que je lui ai prêtés. Je lui ai passé ensuite le livre des écrits de Jacques Rigaut. Il est en train de le lire.
Dimanche 11 décembre
J’ai continué à lire vaguement le livre Carnet intimes 1870-1871 de Victor Hugo et L’homme vivant de Calaferte.
Je suis allé hier à la librairie de Frédéric après le travail. Je me suis acheté Journal de Nijinsky publié chez Gallimard. J’avais déjà parcouru ce livre dans une traduction plus récente et édité chez Actes Sud. Un livre dont je me sens très proche. Cette édition plus ancienne me paraît nettement moins intéressante. Il apparaît que le texte de Nijinsky n’a pas été respecté. J’ai pensé en lisant ce livre à mes propres journaux.
Je viens de passer l’après-midi avec J.A.. On est allé voir une exposition de l’artiste Di Rosa à la Maison Rouge. On a pris ensuite un pot dans le café du musée. Chouette moment. Juliette m’a offert un livre Anthologie du poème court japonais dans la collection Poésie des éditions Gallimard. Juliette m’a dit qu’on lui avait offert ce livre mais qu’elle n’était absolument pas intéressée par les haïkus et que donc elle me passait ce livre et lorsque je lui ai dit que moi-même je ne portais pas beaucoup d’intérêt à cette forme poétique, elle m’a dit que je n’avais qu’à moi-même offrir ce livre à quelqu’un d’autre.
Vendredi 16 décembre
Je suis allé à la librairie de Frédéric mercredi soir. J’ai vu des exemplaires du journal de Calaferte mais il s’agissait d’exemplaires numérotés, ils étaient assez chers, je ne les ai donc pas achetés.
Je suis retourné à la librairie de Frédéric hier soir. J’ai demandé au libraire Frédéric si il avait un exemplaire du livre Gilles de Rais de Georges Bataille. Je voulais en effet offrir ce livre à Ghislain. Il m’a répondu que non. J’ai juste acheté chez lui un livre de Benjamin en poche intitulé L’homme, le langage et la culture. Il m’a coûté trois euros. Le libraire Frédéric a été aimable avec moi. Il y a en ce moment beaucoup de monde dans sa librairie. C’est la période des fêtes et les gens pensent à offrir des livres. Je suis ensuite passé à la librairie Compagnie et là ils m’ont dit que le livre de Bataille était épuisé, que je ne pouvais donc trouver ce titre qu’en achetant un tome de ses œuvres complètes. Le tome coûtait près de 50 euros. Je suis alors allé chez Gibert et là j’ai trouvé le Gilles de Rais de Georges Bataille. C’était un exemplaire neuf, ce livre a donc en réalité été réédité. Je vais donc pouvoir l’offrir à Ghislain. J’ai aussi acheté deux livres de Dostoïevski (Carnet du sous-sol et Songe d’un homme ridicule) pour Jean et le livre Si c’est un homme de Primo Lévi pour Emmanuelle, la copine de Jean. J’ai enfin acheté deux livres de Dostoïevski (Carnet du sous-sol et Un cœur faible) pour Marie. Je lui offrirai finalement plutôt le film de Fernand Deligny que j’ai acheté ce matin à Vidéosphère. Il faudra que je me réessaye à lire le livre de Deligny que j’ai chez moi, L’arachnéen et autres textes.
J’essaye d’offrir maintenant uniquement des livres que j’ai lus. Il est vrai que je n’ai pas repris la lecture du livre de Bataille Gilles de Rais, je ne l’ai donc pas encore lu en entier, mais je me promets bien de reprendre prochainement cette lecture. J’ai par contre lu les livres de Dostoïevski que je compte offrir ainsi que le livre Si c’est un homme de Primo Lévi. Il me semble que j’offrais autrefois souvent des livres que je n’avais fait que peser.
Lundi 19 décembre
Je suis allé à la librairie de Frédéric samedi soir. J’y ai acheté trois livres : Les barricades mystérieuses de Olivier Larronde avec un dossier sur l’auteur aux éditions L’arbalète, Racontars de rapin de Paul Gauguin et Petites feuilles de Charles-Albert Cingria. J’ai déjà pesé avec intérêt ces trois livres.
Je me souviens de tous les livres que j’ai achetés. Ainsi j’en avais prêté certains et en les cherchant dans ma bibliothèque je me suis aperçu qu’on ne me les avait pas rendus. Mais souvent je ne me souvenais plus alors de la personne à qui je les avais prêtés. Cela pour dire que ma bibliothèque est comme une carte littéraire qui m’aide à m’orienter dans le monde. Je sais maintenant quel livre je dois acheter, quel livre j’ai envie de simplement peser et quel livre je veux lire. Ma bibliothèque m’aide à m’orienter dans l’existence comme une carte du monde pourrait servir à un voyageur. Et cela sans nécessairement que j’ai à lire les livres que j’achète. Les peser me suffit souvent. L’explorateur sait des choses sur de nombreux pays mais il n’a pas forcément exploré tous ces pays. De certains il n’a donc qu’une connaissance intellectuelle de seconde main, construite donc par un tiers.
J’ai un peu parcouru quelques livres de Bernard Noël que j’ai chez moi et ceux-ci m’ont paru de peu d’intérêt pour moi. Un homme de lettres. Il a ainsi écrit de longs textes dans le catalogue de la peintre qui expose des peintures abstraites dans l’exposition La pente de la rêverie à la Maison Victor Hugo. Peintures sans intérêts et textes soporifiques. Ça parle de l’indicible mais sans se donner la peine de descendre dans la machinerie du silence.
Je viens de regarder un article sur Marcel Jouhandeau sur Wikipédia. J’ai quelques livres de lui dans ma bibliothèque mais je ne les ai jamais lus. Ce qui m’a semblé intéressant pour moi chez cet auteur : le fait qu’il se soit senti durant toute son existence écartelé entre sa foi religieuse et ses penchants sexuels. Il a ainsi rédigé des écrits secrets. Tout cela me semble malheureusement être resté très littéraire. Ses textes m’ennuient dès que je les ouvre.
Mercredi 28 décembre
Il est 16h32. Je suis dans le TGV en direction de Vannes. Je dois rejoindre à Vannes JS et Aude chez les parents de Aude et ensuite on devrait partir tous ensemble demain pour Belle île.
J’ai lu hier un peu pendant mon trajet en train le livre du danseur Nijinsky. J’aime ce livre parce que je me sens très proche de son écriture. Ça me fait beaucoup pensé au livre Le journal du sous-sol de Dostoïevski sauf que là ça n’est pas une fiction mais un témoignage. J’ai parlé de ce livre à Jean durant notre voyage en voiture pour Mâcon et j’ai ensuite montré à Jean ce livre au gîte.
Mercredi 11 janvier
Je suis passé à la librairie de Frédéric lundi soir avant d’aller manger chez le Président avec Jean mais je n’ai rien acheté. J’y été déjà repassé dernièrement et j’y avais repéré le livre de Pavese Le métier de vivre. J’en avais déjà deux exemplaires à la maison. Je suis ensuite retourné un midi où je travaillais à la bibliothèque exprès pour acheter ce troisième exemplaire du journal de Pavese. Frédéric est de nouveau redevenu plus sec avec moi.
Il est 14h34. Je viens de lire des passages du livre de Dubuffet, Asphyxiante culture. Vrai bonheur de lecture. Je me promets de remettre mon nez dans ses ouvrages.
Lundi 16 janvier
Il est 12h18. Je suis à la bibliothèque de David. J’ai un peu feuilleté hier soir le livre de Jean Clair Malaise dans les musées. Je vais maintenant de nouveau peser ce livre avant la pause repas.
Il est 14h56. J’ai lu presque en entier le livre de Jean Clair. Lecture passionnante. J’espère qu’elle saura m’inspirer pour la rédaction de mon dossier pour la Villa Médicis.
Mercredi 18 janvier
Il est 11h31. Je suis à la bibliothèque de David. J’ai vaguement pesé hier le livre de Vuarnet Le philosophe-artiste. Je vais maintenant parcourir les livres d’Allia sur Ivan Chtcheglov et Ralph Rumney.
Lundi 30 janvier
Je suis passé à la librairie de Frédéric le jeudi soir. Je n’ai pas acheté de livre. Je voulais acheter Le traité de banalystique. Une lecture que je voulais faire parce que ce livre est en rapport je crois avec la psychogéographie d’Ivan Chtcheglov. J’ai eu ce livre mais j’ai dû le prêter à quelqu’un qui ne me l’a jamais rendu. Je ne retrouve plus le nom de l’auteur. J’ai feuilleté quelques ouvrages de cet auteur à la librairie Compagnie et cela m’a convaincu du peu d’intérêt pour moi de réacquérir cet ouvrage. Un auteur journaliste et absolument pas poète. Il n’avait pas non plus ce livre à la librairie Gibert Joseph.
Vendredi 3 février
Il est 11h13. Je suis à la bibliothèque de David. Je suis allé hier à Saint-Michel chercher Le livre des passages de Walter Benjamin. Ils ne l’avaient pas à la librairie de Frédéric. Je l’ai acheté chez Gibert Joseph.
Lundi 6 février
Je suis passé rapidement à la librairie de Frédéric après avoir mangé ce midi chez Monsieur le Président. Je n’ai rien acheté.
Lundi 20 février
J’ai lu le chapitre sur la flânerie dans Le livre des Passages de Walter Benjamin. Bonne lecture. Je le cite à deux reprises dans mon texte de dix pages pour la Villa Médicis. Je ne me souviens pas être repassé dernièrement à la librairie de Frédéric. La librairie Vignes de Sophie est actuellement en travaux.
Lundi 13 mars
Je suis passé jeudi à la librairie de Sophie qui vient de rouvrir. Sophie m’a dit qu’il ne faisait maintenant plus que des livres hauts de gamme. Que pour les autres livres tout se ferrait par internet et que les livres se trouvaient dans le Limousin (près de Saint Léonard de Noblat). Son patron était là aussi. J’ai demandé le prix d’une photo de Artaud qui était à vendre. Ils m’ont dit qu’elle ne coûtait pas très cher, juste 750 euros. C’est beaucoup trop cher pour moi. Je suis passé chez Frédéric ce jeudi aussi et j’ai acheté trois livres : Un livre d’Oskar Panizza en allemand Dialoge im Geiste Huttens, un exemplaire des cahiers de Nijinski publié chez Babel et Sur le haschich de Walter Benjamin chez Christian Bourgois Éditeur.
Vendredi dernier j’ai acheté deux livres chez Gibert jeune : Ecce Homo de Georges Ribemont-Dessaignes et Carreaux et autres poèmes d’André Salmon. J’ai un peu parcouru ces deux livres et cette première lecture s’est avérée heureuse.
Avant mon départ en Italie j’avais aussi acheté deux livres chez Frédéric que j’ai pris le temps de lire en partie à la bibliothèque de David les jours précédant mon départ. Ces deux livres sont : Lacan de l’équivoque à l’impasse de François Roustang. Il y a tout un chapitre où il parle de « la science du réel » de Lacan qui m’a fort intéressé. L’autre livre : il s’agit d’un livre de linguistique marxiste. Je l’ai emmené avec moi en Italie et je l’ai un peu parcouru. Son auteur : Bakhtine. Je n’ai pas le livre sous la main donc je ne peux pas donner son titre ici. J’ai pu en le lisant retrouver des paroles de Bergounioux. J’y ai retrouve son approche matérialiste du langage et sa critique de l’approche psychologique et individualiste. On parle toujours la langue du groupe, il n’y a pas de parole individuelle.
Mardi 14 mars
Je suis passé avant d’aller manger ce midi avec A. S. à la librairie de Frédéric. J’ai acheté Lettres à Annie Besnard d’Antonin Artaud aux éditions Le nouveau commerce. Je vais maintenant parcourir ce livre.
Jeudi 30 mars
Je suis passé aujourd’hui à la librairie de Frédéric avant d’aller manger à midi chez Monsieur le Président. J’ai acheté deux livres pour 11 euros : Gilles de Rays, une grande figure diabolique par Roland Villeneuve et un exemplaire de la revue L’insolite intitulé Le destin des maisons closes. C’est un vieux numéro qui parle des maisons closes. J’ai commencé à le feuilleter et ça me semble fort intéressant. J’ai notamment lu l’article qui porte sur le rapport de Toulouse Lautrec aux maisons closes.
Il est 15h48. Je viens de poursuivre ma lecture de la revue L’insolite. Je vais maintenant quitter la bibliothèque de David pour aller chez A. et découvrir son travail de scanne sur mon manuscrit L’espace de l’idiotie.
Mardi 4 avril
Je suis passé à la librairie de Frédéric samedi soir et j’ai acheté un livre à huit euros. J’avais vu ce livre à vendre à la librairie Vignes à 30 euros. C’est un très beau livre de Germain Nouveau intitulé Le calepin du mendiant. J’ai lu le livre un peu déjà. Il y a aussi une introduction où l’on parle de la vie de Germain Nouveau. J’ai aussi acheté un livre récent de Bergounioux Raconter. Ce sont trois conférences qu’il a données à Bruxelles. Je les ai aussi parcouru hier et cela m’a remis en mémoire bien des discours de Bergounioux.
Il est 13h47. Je viens de manger tout seul au tibétain. Je suis ensuite passé à la librairie de Frédéric où j’ai acheté un petit livre pour 4 euros, Poésies libres de Guillaume Apollinaire.
Vendredi 7 avril
Je suis allé hier à la librairie de Frédéric vers 17h45. Je n’ai pas acheté de livres. Il y avait là Ch. . Nous nous sommes ignorés l’un et l’autre. Il me semble toujours aussi hautin. Il a une façon de rire qui m’est fort désagréable. On sent qu’il cherche à être reconnu par les autres, à se montrer au coté de certains pour ainsi se sentir exister. Il voudrait faire croire qu’il est du côté des forts. C’est un peu un double négatif pour moi. Il me montre ce que j’aurais pu devenir. Il signifie l’échec que j’aurais pu subir. Il m’est fondamentalement antipathique.
Je viens de lire un article de F. F. intitulé Éteindre le beau. Je me rends bien compte que ce que j’écris n’est pas de la psychanalyse. Que lire de la psychanalyse m’ennui. Que je ne m’intéresse à la psychanalyse qu’en tant qu’elle est une pratique qui soutient mon aventure poétique.
Lundi 10 avril
Je viens d’acheter chez Frédéric le livre Luc Dietrich aux éditions Le temps qu’il fait. Je l’ai un peu parcouru. Il y a des photos de Dietrich et sur Dietrich qui sont très belles. J’ai aussi lu sa biographie avec intérêt.
Jeudi 27 octobre
Il est 15h06. Je suis à la bibliothèque de David. Je viens de passer à la librairie de Frédéric. Je n’ai rien acheté. J’ai ensuite eu envie de m’acheter un livre de Cioran parce que j’étais tombé chez Frédéric sur un livre de Rolland Jaccard qui est un grand admirateur de Cioran. J’ai feuilleté chez Gibert Joseph des livres de Cioran mais ceux-ci me sont très vite tombés des mains. Je les ai trouvés littéraires, poussiéreux. Des textes d’érudit. Ça ne m’a vraiment pas inspiré. J’ai aussi feuilleté un livre de Chestov sur Pascal mais je ne l’ai pas acheté non plus. Je suis finalement descendu au rayon poésie et là j’ai acheté un livre de Saint-Paul-Roux Cinéma vivant. Je compte le lire une fois que j’aurai mis à jour mon Journal de la Maison Victor Hugo. Mon collègue P. m’a passé un livre de Gogol Les nouvelles pétersbourgeoises en me recommandant la lecture de l’une des nouvelles de ce texte intitulée Le journal d’un fou.
Jeudi 4 mai
Je suis allé à la librairie de Frédéric samedi soir dernier. J’y ai acheté deux livres : Écartèlement de Cioran et un livre sur Max Stirner.
J’ai offert à P. un livre sur André Frédérique. J’avais ce livre en double. P. m’apparaît parfois comme une sorte d’André Frédérique par son humour noir.
P. m’a parlé d’un livre de Patrice Delbourg qui se nomme Les jongleurs de mots. J’ai lu le livre Les désemparés de Delbourg et je l’ai apprécié. Je vais essayer de me procurer cet autre livre.
J’ai un peu lu cet après-midi Cioran et le livre sur Stirner.
Vendredi 5 mai
Je suis à la bibliothèque de David. Je suis passé à la librairie de Frédéric après avoir mangé chez Monsieur le Président. J’ai acheté deux livres : Treize cases du je de Bernard Noël et Testament de Ravachol de André Laude. Je viens de les parcourir. Je suis aussi passé à la librairie Vignes pour voir si ils avaient le livre Les jongleurs de mots de Delbourg dont m’a parlé P. . Sophie m’a dit qu’ils ne l’avaient pas.
Il est 14h51. Lecture heureuse de Laude mais la fatigue me reprend. Le livre de Bernard Noël me tombe des mains.
J’ai lu aussi ce matin un article de F. F. sur La philosophie du comme si de Hans Vaihinger et un article dans Les InRockuptibles sur l’exposition d’un artiste psychogéographe. C’est Camille S. qui m’a transmit cet article.
Jeudi 11 mai
Il est 14h04. Je suis à la bibliothèque de David. Je viens de passer à la librairie de Frédéric après avoir mangé chez le Président avec David. J’ai acheté un livre de Rainer Maria Rilke : Le Testament.
J’ai acheté mardi dernier trois livres pour les enfants de Frédéric et Ruth chez Gibert. Pour Muriel j’ai acheté un livre qui raconte les aventures d’Ulysse, c’est JS et Aude qui me l’avaient recommandé. Pour Elena j’ai choisis Les contes de la rue Mouffetard, en espérant qu’ils ne l’ont pas déjà chez eux. Et pour Ulysse j’ai choisi une histoire où l’on parle d’un grand-père qui ressemble à un extraterrestre.
J’ai parlé à midi avec David de Stirner. J’ai promis à David de lui ramener le livre de Stirner L’Unique et sa propriété.
Je vais maintenant lire le livre de Rilke que je viens d’acheter.
Il est 14h45. Je viens de parcourir le livre. Rilke ne parle jamais ici de son intimité. Il aborde romantiquement l’amour. Il s’agit de littérature et cela fait que je n’ai eu aucun plaisir à parcourir cet ouvrage. J’ai juste reconnu cette idée : il y a un risque mortel, pour le poète, de ne pas aller au-delà de l’amour.
Jeudi 18 mai
Je suis allé à la librairie de Frédéric lundi et j’ai acheté un livre d’Edmond Jabès Le petit livre de la subversion hors de soupçon. J’ai parcouru ensuite ce livre dans un café avant d’aller à mon rendez-vous de 17h30 avec F. F. . J’aime le mysticisme de cet auteur, il me semble que je le comprends mais mon intérêt pour ses livres s’arrête là et très vite il me tombe des mains.
Je suis allé à la librairie de Frédéric hier soir. J’ai acheté trois livres : L’individualisme aristocratique, des textes de Georges Palante choisis et présentés par Michel Onfray. Les poésies complètes de Émile Nelligan, un poète québécois que je ne connaissais pas. J’ai acheté ce livre parce que j’ai pu lire qu’il a passé quarante deux ans dans un asile dans la seconde partie de sa vie. J’ai enfin acheté Histoire de Madrid de Bartolomé Bennassar. Je pense présenter un dossier pour la Villa Vélasquez à Madrid et je compte donc lire ce livre pour me documenter sur la ville de Madrid. Ces trois livres m’ont coûté 16 euros. J’ai demandé à Frédéric si il voulait bien me faire un prix et il me les a fait à 15 euros.
Vendredi 19 mai
Je viens de parcourir un livre sur Max Stirner. J’ai lu par ailleurs avec bonheur Testament de Ravachol de André Laude. J’ai aussi parcouru treize cases du je de Bernard Noël. J’ai ensuite ouvert Écartèlement de Cioran mais le livre m’est tombé des mains.
Vendredi 2 juin
Je suis passé à la librairie de Fédéric aujourd’hui avant d’aller manger chez Monsieur le Président. J’y ai acheté deux livres : Érotica Universalis de Gilles Néret (un livre avec des images érotiques de toutes les époques) et Le Miroir du foutre d’un anonyme du XIVième siècle (il est dit que ce livre est Le Kamasutra catalan). Cela va dans le sens de mon intérêt actuel pour la littérature libertine et le libertinage en général.
Jeudi 8 juin
Je suis passé tout à l’heure à la librairie de Frédéric. J’ai acheté un livre : Les puissances du dedans de Michel Random. On parle dans ce livre de Luc Dietrich, Lanza del Vasto, René Daumal et Gurdjieff. Il y a quelques belles photos. Je l’ai acheté 6 euros. Je vais maintenant le feuilleter.
Jeudi 15 juin
Il est 14h37. J’ai mangé chez Monsieur le Président et ensuite je suis allé à la librairie de Frédéric. J’y ai trouvé un livre sur Paris édité par Fernand Nathan en 1941. Il n’y avait pas de prix dessus. Frédéric a pris le livre et aussitôt il a écrit sur celui-ci le prix de 5 euros. Frédéric est un marchand de livres. Il est toujours aussi dominant. C’est lui qui commande et qui décide. Je le reconnais : C’est lui qui commande. Mais moi je suis en mesure d’écrire tout cela et de faire avec tout cela un livre.
Je viens de parcourir ce livre sur Paris que je viens d’acheter à Frédéric et je suis heureux de cet achat. J’ignore tout de l’histoire de Paris et la lecture de ce livre dresse avec simplicité et à grands traits l’histoire de Paris.
Lundi 19 juin
Je suis passé ce midi très rapidement à la librairie de Frédéric. Je n’ai rien acheté. J’ai mangé avec David Sauzé à midi. Celui m’a conseillé la lecture du livre de Foucault La volonté de savoir (il s’agit du premier tome de son histoire de la sexualité). Je me suis promis de lire ce livre.
J’ai fait quelques recherches par internet sur le mouvement libertin. J’ai aussi retrouvé dans ma bibliothèque un livre intitulé Crébillon fils ou la science du désir. C’est un livre de Ernest Sturm qui parle du mouvement libertin. Je l’ai acheté il y a très longtemps à cause de l’expression « la science du désir » qui se trouve dans son titre. Je rêve en effet que l’idiotphysique soit une sorte de science du désir. J’ai remis par la même occasion la main sur L’érotisme de Bataille mais ce livre me parait toujours aussi illisible pour moi.
Lundi 26 juin
Je suis passé aujourd’hui après mon repas chez Monsieur le Président à la librairie de Frédéric. Je n’ai rein acheté. J’y étais passé déjà il y a quelques jours aussi sans rien y acheter non plus.
J’ai acheté dans une librairie vers Pigalle le livre Le paysan de Paris d’Aragon. C’est P. qui m’a parlé de ce livre en me disant que c’était un livre sur la dérive. J’ai essayé de lire ce livre mais il m’est très vite tombé des mains.
J’ai lu en revanche avec beaucoup d’intérêt La volonté de savoir de Foucault. Ce livre a parlé à mes préoccupations de mangeur de femmes. Je l’ai lu en une après midi et quasiment en entier.
Lundi 3 juillet
Je suis passé samedi dernier à la librairie de Frédéric. J’ai acheté pour 18 euros trois livres. Un livre avec des écrits de Cyrano de Bergerac, Mes inscriptions 1943-1944 de Louis Scutenaire et Poétique de la ville de Pierre Sansot. J’ai déjà un peu parcouru ces trois livres avec intérêt.
Je suis passé ce midi à la librairie de nouveau et j’ai acheté une bibliographie de Cyrano de Bergerac. On m’a dit que Frédéric était pour deux mois en vacances. C’est un de ses jeunes employés qui m’a dit cela. La librairie restera ouverte pendant ces deux mois et les livres seront renouvelés comme d’habitude.
Mardi 4 juillet
Je viens de lire pendant deux heures trente Cyrano de Bergerac de Paul Mourousy. Heureuse lecture qui me donne l’envie de m’inspirer poétiquement de la vie de cet homme.
Lundi 10 juillet
J’ai acheté jeudi dernier deux livres de Michel Onfray chez Gibert : Les libertins baroques et Les Freudiens hérétiques. Je les ai parcourus jeudi. Ça donne des pistes mais sinon ça n’a pas beaucoup d’intérêt.
J’ai lu un peu jeudi le livre sur les libertins que je me suis que je me suis acheté chez Frédéric et j’ai aussi poursuivi ma lecture de la bibliographie de Cyrano de Bergerac. Les écrits de Cyrano sont en revanche très difficiles à lire pour moi. Je n’ai réussi qu’à peser ce livre.
Jeudi 13 juillet
Je suis passé hier à la librairie de Frédéric et j’y ai acheté deux livres : Vie d’artistes de Giorgio Vasari et Benvenuto Cellini et La responsabilité de l’artiste de Jean Clair.
Je viens de parcourir ces deux livres avec intérêt.
J’ai ensuite repris ma lecture de Cyrano de Bergerac de Paul Mourousy.
Jeudi 17 juillet
Il est 14h42. Je vais reprendre ma lecture de Cyrano de Bergerac.
Il est 17h16. Je reviens de la librairie de Frédéric. Je l’ai longuement exploré mais je n’ai rien trouvé d’intéressant.
Jeudi 10 août
J’avais amené des livres avec moi à Saint Léonard mais je n’ai quasiment pas lu. J’ai juste un peu lu La philosophie dans le boudoir de Sade.
Je suis passé lundi à la librairie de Frédéric. J’ai acheté la correspondance de Roger Gibert Lecomte chez Gallimard. Il y a une introduction de Pierre Minet. C’est essentiellement pour lire cette introduction que j’ai décidé d’acheter ce livre. Comme je n’avais pas de sac avec moi j’ai demandé au garçon qui tenait la librairie de me le mettre de côté. J’ai déjà payé le livre.
Jeudi 7 septembre
J’avais amené avec moi des livres à la montagne mais je ne les ai pas lus. J’ai prêté à Maman un de ces livres (1984 d’Orwell) et Maman l’a dévoré. Elle m’a dit que ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas lu avec autant d’intérêt un livre. J’ai moi parcouru avec beaucoup d’intérêt un livre de photos sur la vallée de Névache que papa avait acheté. Un beau livre dans lequel il y a une photo de notre chalet datant des années cinquante.
Lundi 11 septembre
Je ne lis plus du tout. Je m’en rends compte à chaque fois que je discute avec les gens et qu’ils me parlent de leurs lectures. Je ne connais rien notamment à la littérature contemporaine. Les gens pensent que je suis un grand lecteur mais en vérité pas du tout. Mon collègue F. D. lit ainsi beaucoup plus que moi et pourtant il me traite moi comme un grand lecteur.
Je suis passé à la librairie de Frédéric où j’ai récupéré le livre avec la correspondance de Roger Gilbert Lecomte que j’avais acheté avant les vacances. Il y a dans ce livre une préface de Pierre Minet que je veux lire.
J’ai acheté lundi dernier un livre que je cherchais de puis très longtemps. Je suis tombé par hasard dessus dans une librairie qui se trouve juste à côté de la rue d’Ulm. J’étais alors avec David. On venait de déjeuner chez Monsieur le Président. Il s’agit de Lautréamont et Dieu de Léon Pierre Quint. J’ai commencé à lire une partie du livre.
Lundi 18 septembre
Il est 15h12. Je suis à la bibliothèque de David depuis 9h45. J’ai mangé tout seul chez Monsieur le Président. Je suis ensuite allé à la librairie de Frédéric. J’ai acheté trois livres que je viens de parcourir : Sur Dante de Witold Gombrowicz, Petit traité invitant à la découverte de l’art subtil du go de Pierre Lusson, Georges Perec et Jacques Roubaud et La conscience démonique de Charles Duits. Je pense avoir déjà ce dernier livre chez moi. Je compte m’intéresser au journal de Gombrowicz.
Lundi 25 septembre
Il est 15h21. Je viens de lire la préface de Pierre Minet à la correspondance de Roger Gilbert-Lecomte publié chez Gallimard et de finir la lecture du livre de Léon Pierre-Quint Le Comte de Lautréamont et Dieu.
Je suis passé dernièrement à la librairie de Frédéric mais je n’y ai pas acheté de livres. Je commence à avoir trop de livres chez moi. Ma bibliothèque est pleine. Cela ne m’empêche pas de penser maintenant à aller faire un tour dans cette librairie.
Mardi 26 septembre
Hier je suis passé à la librairie de Frédéric. Je suis tombé sur un livre que je viens de parcourir avec beaucoup d’intérêt : le testament de la fille morte de René. C’est Colette Thomas qui a écrit ce livre. Colette est une actrice de théâtre qui a connu Antonin Artaud à la fin de sa vie. Son livre est traversée par une vraie passion poétique. Elle parle de sexe et d’être. C’est très beau.
Quand je vais chercher des livres à la librairie de Frédéric, je suis un peu comme un clochard qui fait les poubelles des riches. Frédéric achète des bibliothèques entières et moi je viens ramasser les miettes de ces bibliothèques.
Lundi 2 octobre
Je suis allé à la librairie de Frédéric samedi soir dernier. Je suis tombé sur trois livres de Henri Bosco. Je sais que papa aime beaucoup cet auteur. Je l’ai donc appelé pour lui demander si il avait lu ces livres. Il m’a répondu que non. Je les ai donc achetés. Je compte les lui offrir. J’ai aussi acheté ce jour un livre d’Ilarie Voronca : Patmos.
Madame M. m’a offert un exemplaire du catalogue de l’exposition Le Rhin qui avait eu lieu dans les années 80 au musée. C’est moi qui lui avais dit que j’étais à al recherche de ce catalogue. Je venais alors de passer quelques jours à Bonn. J’avais appris ensuite que Victor Hugo avait lui-même fait cette promenade et qu’il avait dessiné les nombreux châteaux forts qu’on peut voir là. J’ai appris par la suite l’existence du livre Le Rhin de Victor Hugo. Madame M. m’a dit en me donnant le livre : « Comme ça il sera entre de bonnes mains. » Je l’ai alors remercié. Je voulais lui offrir un exemplaire du DVD du film Les poètes sont encore vivants mais je ne l’ai toujours pas fait. Et je n’ai pas non plus ouvert le catalogue de l’exposition le Rhin que madame M. m’a si gentiment offert.
Je viens de déjeuner avec David chez Monsieur le Président. On est ensuite passé à la librairie qui se trouve à l’angle de la rue d’Ulm. David a trouvé là un livre qu’il m’a offert : Les diables amoureux d’Apollinaire. Je vais maintenant le parcourir.
Il est 15h58. Je viens de parcourir avec intérêt le livre d’Apollinaire. Ce livre me renvoie d’abord au fait que je ne suis pas moi-même un homme de lettres. Il y a là une érudition dont je ne serai jamais capable. Et en même temps je me trouve une famille d’artistes en parcourant les portraits de ces « diables amoureux ». Je me sens définitivement moins seul grâce à cette lecture.
Il est 16h45. Je viens de parcourir Patmos d’Ilarie Voronca et j’ai été touché par cette plainte poétique. Mais je sais que je n’ai moi plus rien à attendre de ce romantisme. Et pourtant mon diaporama photo Névache 2017 relève de ce romantisme. C’est peut-être que j’ai tenu bon ici, par l’image, à la brutalité de mon « je parle les autres » et que donc un peu de ma nature poétique première a su résister à la brutalité d’un « je parle les autres » qui cherche à tout détruire, à tout brûler et pour que ne subsiste que le réel. Ce livre Patmos est bien pour cela un livre précieux pour moi. Un livre qui dit la possibilité d’une résistance poétique au monde du réel.
Jeudi 5 octobre
Je suis passé lundi dernier à la librairie de Frédéric. J’y ai croisé Ch. . Il m’a ignoré et moi de même. Je n’ai pas acheté de livres. J’ai pris avec moi un livre d’Ilarie Voronca que j’avais dans ma bibliothèque : Contre-solitude. Je compte le parcourir aujourd’hui.
J’ai lu pendant toute l’après-midi un livre que j’avais ramené de ma bibliothèque : Une âme et pas de violon … Tristan Corbière par Alexandre Arnoux. Une biographie du poète. Lecture passionnante. Beaucoup d’émotions. L’auteur comprend Tristan Corbière de façon très touchante. Il a compris Corbière et il a ainsi rendu à la mort l’œuvre de ce poète. J’ai vraiment été touché par ce récit de la vie du poète. Encore une fois je vérifie cette vérité : ce qu’il y a de plus passionnant chez un poète, c’est le récit de sa vie, c’est le témoignage de son existence. J’ai relu ma propre vie de poète en lisant ainsi celle de Tristan Corbière.
Lundi 9 octobre
Je viens de lire deux courtes nouvelles de Bukovski : Apporte-moi de l’amour et There’s no Business. J’ai mangé ce midi avec David S. et j’ai lancé la conversation sur Bukowski. J’ai lu que Bukowski avait écrit de nombreux textes autobiographiques où il parlait de ses rapports avec les prostituées qu’il avait fréquentées. J’ai demandé à David si il y avait un rapport entre moi et Bukowski. David m’a dit que cet auteur était dans une pratique stylistique de l’écriture. Qu’il ne s’agissait donc pas comme chez moi d’une pratique non-littéraire de l’écriture. Et en lisant ces deux cours textes j’ai bien saisi cela. Bukowski est un homme de lettres. Pas moi. Et c’est là toute la différence qu’il y a entre nous deux. Bukowski ne devait pas faire de fautes d’orthographe. Bukowski compose littérairement son personnage d’alcoolique coureur de fille et ainsi devient un héros aux yeux de ses lecteurs. Ce qu’il dit le flatte. Moi je confesse bien au contraire avec honte mes pratique de mangeur de femmes et de cela je ne peux en aucun cas m’enorgueillir. Cela ne peut que susciter le silence chez les autres. Cela me stgmatise et fait de moi quelqu’un qu’il faut mettre à l’écart pour son anormalité. Il y a bien au contraire chez Bukowski une recherche de confort dans la normalité littéraire. C’est là la limite de sa révolte. C’est là aussi où débute l’anormalité de mon projet d’écriture.
Je viens d’essayer de lire quelques lignes de Tristan Corbière mais aussitôt le livre me tombe des mains. C’est trop exclusivement littéraire. C’est fait pour bien sonner, pour être lu. Moi je préfère à cela la poésie les textes qui sont faits pour ne pas être lues. Les confessions qu’on retrouve cachées au fond des tiroirs.
Mardi 10 octobre
En quittant la bibliothèque hier je suis allé à la librairie de Frédéric. J’ai acheté deux livres : un livre de Jean Genet avec deux textes, Le funambule et L’enfant criminel, et Plainte contre inconnu de Drieu La Rochelle. J’ai acheté ce second livre car on y trouve le premier texte de Drieu sur Jacques Rigaut, La valise vide. J’ai longtemps cherché à me procurer ce texte mais je n’y suis jamais arrivé. Et là je tombe sur l’édition originale et le livre est à 10 euros !
J’ai lu avec intérêt L’enfant criminel de Genet. J’ai dévoré avec passion La valise vide de Drieu. Je trouve que ce texte nous livre bien plus les secrets de Rigaut que l’autre texte que Drieu a consacré à Rigaut, Le feu follet. Je compte relire La valise vide. Drieu parle dans ce texte du rapport aux femmes de Rigaut et cela me ramène immédiatement à moi-même. J’ai ainsi le sentiment de lire mon propre portrait. Rigaut est l’un des poètes dont je me sens le plus proche. Il avait lui-même une pratique non-littéraire de la littérature et le soucis d’inventer poétiquement un personnage avec sa vie.
Lundi 16 octobre
Je suis passé à la librairie de Frédéric vendredi après avoir quitté la bibliothèque. J’ai acheté trois livres : Félicien Rops de Huysmans (un petit livre), À une heure incertaine de Primo Levi (un livre de poésie) et Témoignages sur le théâtre de Louis Jouvet.
Je suis passé à midi aujourd’hui à la librairie de Frédéric et j’ai acheté Monsieur Teste de Paul Valéry dans une vieille édition. J’ai parcouru un peu l’ouvrage assis sur un banc dans le parc qui est juste à côté de la librairie. Quelqu’un à parler de ce texte de Paul Valéry à propos de Rigaut en disant que Rigaut était une sorte de Monsieur Teste mais qu’il avait encore plus que lui « raturer sur le vif ». J’ignore le sens de cette dernière expression. Il se trouve qu’elle m’a marqué.
Je vais maintenant regarder de plus prêt ces différents livres.
À une heure incertaine de Primo Levi. Il y a une très belle préface de Jorge Semprun a ce texte. Semprun parle de la distinction à faire entre « Dichtung » et Lichtung » : « poésie et vérité de l’ombre ; poésie et vérité de la lumière. Il parle du vers de Celan : « Dit le vrai qui dit l’ombre. » Il souligne la différence qu’il y a entre Paul Celan (Trakl et Hölderlin) et Primo Levi (la tradition des lumières). Primo Levi s’en est pris un temps à Paul Celan : « Le dicible est préférable à l’indicible, la parole humaine au grognement animal. » Mais Primo Levi a fini lui aussi par être rattrapé par l’ombre. Jorge Semprun cite Schelling : « Sans cette obscurité préalable la créature n’aurait aucune réalité ; la ténèbre lui revient nécessairement en partage. »
Félicien Rops de Huysmans. Ce texte est trop cultivé pour moi. Je retiens ici juste l’idée qu’il y a un « spiritualisme de la Luxure », c’est « le Satanisme », « le surnaturel de la perversité, l’au-delà du Mal ». Dieu et la religion catholique sont les voies d’accès à ce Satanisme. « Il est donc vraisemblable que l’artiste qui traite violemment des sujets charnels, est, pour une raison ou pour une autre, un homme chaste. » « Il n’y a de réellement obscènes que les gens chastes ». Je parle moi de l’impossibilité d’une telle chasteté en disant les dessous de cette chasteté.
J’ai ouvert Témoignages sur le théâtre de Louis Jouvet mais je ne me sens pas le courage d’explorer maintenant ce livre. Je l’ai d’ailleurs acheté en pensant à C. B. . Je pourrais le lui offrir en guise de cadeau d’anniversaire.
J’ai repris mon exploration du livre Monsieur Teste mais je n’ai pas encore trouvé la porte qui m’y donnera accès. Je ne vois pas en quoi on peut dire qu’il a raturé sur le vif et que pour cela on peut parler à son propos de l’écriture de Jacques Rigaut.
Vendredi 20 octobre
Je suis passé ce matin avant d’aller à la bibliothèque à la librairie de Frédéric mais je n’ai pas acheté de livres. J’ai vu des livres de Gérard de Nerval. Il se trouve que pour moi cet auteur pue trop la littérature. Je n’ai jamais réussi à le lire. Il faudrait peut-être que je réessaye de le faire.
Il est 15h25. J’ai demandé à David si il y avait ici des livres de Nerval. Il a trouvé pour moi une vieille édition d’Aurélia, une autre intitulée Poésies et enfin le premier tome des œuvres de Nerval en La Pléiade. Je viens de parcourir tout cela avec un début de bonheur. J’ai pu voir que ça n’était pas si littéraire que cela. Que je pouvais donc m’en nourrir malgré mon inculture littéraire. Nerval est un écrivain qui ne fait pas de fautes d’orthographe mais c’est aussi un écrivain qui va à la rencontre de son double et qui cherche à témoigner par l’écriture de cette expérience poétique. Cela me donne à penser que je pourrais bien être moi aussi une sorte de Nerval.
Il est 15h38. J’ai un peu repris ma lecture d’Aurélia mais je glisse sur le livre sans arriver à en saisir le sens. Je ressens maintenant le besoin d’aller jouer au mangeur de femmes. Je vais donc maintenant quitter la bibliothèque.
Vendredi 27 octobre
Je suis passé aujourd’hui à la librairie de Frédéric. J’ai acheté un vieux livre de poche intitulé Trois suicidés de la société avec des textes de Arthur Cravan, Jacques Rigaut et Jacques Vaché. Il faudrait que je lise Arthur Cravan. Il a été un performer dans le domaine de l’écriture et ses textes peuvent donc me donner à penser poétiquement sur ce plan.
Lundi 30 octobre
Je suis passé aujourd’hui à la librairie de Frédéric. J’ai acheté les Écrits de Laure. Je viens de parcourir ce texte. Il faudrait que je reprenne mon exploration de l’œuvre de Georges Bataille. Il a lui aussi traité par l’écriture son addiction au sexe. Il a lui aussi eu à gérer du religieux et du moral dans son rapport aux femmes et au sexe.
J’ai fait un aveu à Camille lors d’un échange de message sur Dragon go Server. Je lui ai dit que la poésie m’ennuyait. Je n’aime même pas lire la poésie des auteurs que je dis admirer. Je ne ressens ainsi aucun désir à lire l’œuvre de François Villon. Je ressens en revanche le désir de planer devant son portrait en allant sur internet et en écoutant en même temps de la musique pour me donner ainsi le sentiment d’être moi aussi un grand poète. Les poètes que j’admire, je les admire parce qu’ils sont des poètes suicidés de la société. J’aime me documenter sur leur vie et acheter leurs livres. Mais ces livres, je ne fais jamais que les peser. C’est là un aveu qui me construit : Je n’aime pas lire leur poésie. Ma conception de la poésie commence par cet aveu. De la même façon je ne ressens pas le besoin de fréquenter les expositions pour nourrir mon travail plastique.
J’ai regardé hier soir le portrait de l’écrivain Ozamu Dazai pour m’enivrer avec la figure légendaire de cet homme de lettres. Je n’ai lu qu’un seul texte de lui : La femme de Villon. Il ne m’a pas particulièrement marqué. J’ai vu sur internet que Ozamu a aussi eu à traiter un rapport amoureux aux femmes problématique. J’ai pu voir qu’il a fréquentait de nombreuses prostituées. J’ai vu aussi que ses livres sont très autobiographiques. Il semble donc s’être beaucoup inspiré de sa propre histoire pour les écrire. Il reprenait des passages de ses journaux intimes dans ses livres. Encore un auteur dont je veux me réclamer mais que je ne ressens pas le besoin de lire. Encore donc un auteur dont je ne fais que peser les livres.
Jeudi 2 novembre
Il est 16h17. J’ai acheté aujourd’hui à la librairie de Frédéric un livre avec les œuvres de Saint Jean et des dessins de Rembrandt. Je viens de le parcourir avec bonheur. J’ai ainsi lu une partie de l’évangile. Je me suis souvenu des différentes histoires qui y sont relatées et que j’avais étudiées lorsque j’étais au catéchisme. J’ai aussi parcouru les Épitres et l’Apocalypse mais beaucoup plus rapidement. J’ai été frappé par l’oralité de ces textes. Il s’agit bien de relater par l’écriture des histoires vécues oralement. Cette forme d’écriture me rappelle donc directement à l’écriture que je pratique en tenant mes journaux. Je suis bien heureux d’avoir pu ainsi me replonger dans la lecture de ces textes religieux. C’est bien la première fois que je réalise par la lecture une telle rencontre avec eux et cela me donne à penser poétiquement.
J’ai un peu parcouru lors de mon séjour à Saint Léonard un des carnets de chants mis au point par JS et Aude. On a fait quelques soirées chansons grâce à ces carnets de chants. Il m’est apparu en parcourant les paroles de ces chansons qu’il y avait là des textes très poétiques. Bien souvent plus poétiques même que les textes des poètes dont je me réclame et que je ne fais d’ailleurs pas souvent l’effort de lire véritablement.
Je me suis fait la même remarque en lisant des contes pour enfants à Saint Léonard ou dernièrement à Orsay. Il y a des histoires qui sont là certainement bien plus porteuses de forces poétiques que les livres que je m’essaye à lire de façon soit disante très sérieuse et très cultivée.
Vendredi 3 novembre
J’ai parcouru aujourd’hui un livre sur Robert Filliou : Robert Filliou nationalité poète de Pierre Tilman. J’ai aussi pesé Van Gogh le suicidé de la société d’Antonin Artaud. Je connais très mal l’œuvre de Filliou et le mouvement Fluxus dont il a été proche. Voilà un poète plasticien qui pourrait peut-être m’inspirer même si sa vie s’impose à moi comme celle d’un gagnant donc d’un ennemi.
Lundi 6 novembre
Je suis passé ce matin à la librairie de Frédéric. Frédéric ne me salue pas en ce moment et moi non plus. J’ai acheté aujourd’hui chez lui un livre de photos intitulé Baudelaire à Paris. J’ai parcouru ce matin avec intérêt ce livre. Il m’a coûté dix euros. J’ai aussi acheté le livre Bataille dans la collection Écrivains de toujours. Je l’ai parcouru ainsi qu’un exemplaire de L’expérience intérieure que David est allé chercher pour moi dans les réserves de la bibliothèque. Cela m’a permis de voir à quel point j’étais éloigner de l’œuvre de Bataille. Bataille est un homme de lettres. Il est dans le discours. Il n’écrit pas poétiquement mais bien discursivement. J’ai noté la distinction qu’il fait entre expérience intérieure et expérience mystique. Je me sens bien moi proche des mystiques de des théologies négatives. Peser Bataille m’aura permis de ressentir cela.
Vendredi 10 novembre
Je suis passé mardi dernier à la librairie de Frédéric mais je n’ai rien acheté. J’ai juste remarquer le livre de Victor Hugo Choses vues.
Je suis passé ce matin à la librairie de Frédéric. Je n’ai rien acheté. Je suis ensuite passé chez Compagnie pour commander le livre de critique littéraire qui est paru sur Francis Giauque aux éditions La Cippe. Je l’aurais la semaine prochaine. J’ai ensuite été chez Gibert pour visiter le rayon poésie. Je n’ai rien acheté. Je me suis juste arrêté sur des livres de William Blake. Il faudrait que je pèse cet auteur. J’ai pour idée de faire avec certains de mes textes des livres d’artistes en mettant en rapport mes textes avec mes images et le travail de Blake pourrait ici m’inspirer.
Bergounioux répète souvent que l’art est une pratique pure sans théorie. Il dit que les artistes n’ont pas besoin de faire connaître leurs réflexions sur l’art. Or Dubuffet a beaucoup écrit, il est le théoricien de l’art brut et Bergounioux ne cache pas son admiration pour son travail.
J’ai retrouvé dans ma bibliothèque L’Évangile rouge de Théophile Bra. C’est un livre que j’avais acheté il y a un certain déjà à la librairie de Frédéric. Je l’ai amené avec moi à la bibliothèque. Je viens de le peser.
Vendredi 17 novembre
Je suis passé lundi dernier à la librairie de Frédéric avec David Sauzé. David a acheté des livres. Pas moi. C’est la dame de la librairie qui a un accent étranger qui était là. Elle est toujours très poli avec moi. Je suis ensuite allé avec David chez Gibert au rayon enfant et j’ai acheté avec l’aide de David quatre livres d’une même collection pour les cinq ans de Clélia. Elle a déjà des livres dans cette collection.
Je viens de passer à la librairie de Frédéric après avoir déjeuné avec David D.. J’ai acheté deux livres pour 15 euros. La dame de la librairie m’a gentiment dit « au revoir » et Frédéric m’a aussi dit aujourd’hui « au revoir » et « merci ». J’ai été bien accueilli aujourd’hui. J’ai acheté L’interview de Ilarie Voronca dans une édition de 1944. J’ai déjà deux livres de cet auteur chez moi. J’ai de la sympathie pour ce poète, c’est pourquoi j’ai acheté ce livre. Il s’agit ici d’un roman. J’ai aussi acheté De la peinture : dialogue avec Michel-Ange de François de Hollande. Il semblerait qu’il s’agit du premier « historien de l’art ».
J’ai pesé avec intérêt le livre de François de Hollande. Je viens aussi de lire avec bonheur quelques textes d’Arthur Cravan, de Jacques Rigaut et de Jacques Vaché.
Je dois passer à la librairie Compagnie pour récupérer le livre sur Francis Giauque que j’ai commandé la semaine dernière et peut-être que du coup je repasserai aussi à la librairie de Frédéric pour acheter un livre que j’y ai vu avec les œuvres complètes d’Arthur Cravan.
Lundi 20 novembre
Je suis passé à la librairie de Frédéric ce midi mais je n’ai rien acheté.
Vendredi 24 novembre
Je suis passé à la librairie de Frédéric. J’ai acheté deux livres : L’apprenti fantôme et cinq poèmes de septembre de Ilarie Voronca et Le petit livre rouge de la révolution sexuelle de André Laude et Max Chaleil. Je viens de peser ces deux livres avec bonheur. Heureux de les avoir acheté. Frédéric m’a dit « au revoir » et « à bientôt » lorsque j’ai quitté sa librairie.
Lundi 27 novembre
J’ai lu hier soir le chapitre sur René Crevel dans le livre Expressionisme Dada surréalisme et autres ismes de Serge Fauchereau. Il s’agit d’un livre d’histoire des mouvements artistiques en deux tomes que j’avais acheté chez Frédéric. Je l’ai amené avec moi aujourd’hui à la bibliothèque pour pouvoir le parcourir.
Je suis allé ce midi à la librairie de Frédéric. J’y ai acheté deux livres : Contre l’Amour de Robert Poulet et Oscar Wilde et moi de Alfred Douglas. Frédéric ne m’a pas dit bonjour lorsque je suis entré dans sa librairie. Il m’a cependant dit aimablement « merci monsieur » lorsque je lui ai donné les 11 euros que m’ont coûtés ces deux livres.
Je viens de lire le livre de Robert Poulet. Je l’ai lu avec intérêt. Cette lecture tombe à point avec ma recherche actuelle d’une possibilité pour moi d’un amour vrai et partagé. Il y a sept chapitres : Désir, Passion, Amourette, Libertinage, Amour conventionnel, Héros de romans, Amour conjugal. J’ai dû survoler certains passages faute de temps. L’écriture du livre est très claire.
J’ai acheté le livre de Alfred Douglas pour pouvoir peser cet objet qui m’intrigue. Le livre de quelqu’un qui s’est retrouvé du mauvais côté de la littérature. Celui qui a été désigné par Oscar Wilde comme le responsable du procès qu’on lui a fait et qui l’a conduit à la prison est devenu ainsi une figure de méchant homme. Il restera comme un homme méchant qui a fait du tort à un grand artiste. Du coup je veux voir à quoi peut bien ressembler le discours qu’il tient dans ce livre pour tenter de défendre malgré tout son point de vue contre l’histoire et la littérature.
Vendredi 1er décembre
J’ai acheté hier Journal I de Charles Juliet chez Frédéric. J’ai aussi acheté un livre de Henri Bosco pour Papa.
J’ai acheté aujourd’hui la correspondance entre Abélard et Héloïse à la librairie de Frédéric pour l’offrir comme cadeau de naissance pour Héloïse.
J’ai déjeuné ce midi avec R. qui est maître de conférence en philosophie à la Sorbonne. Il m’a dit devoir faire des économies pour s’acheter des livres et devoir bien réfléchir avant de s’en acheter un. Je vis moi à bourse déliée.
Lundi 11 décembre
Je suis passé mardi 5 décembre à la librairie de Frédéric après la bibliothèque. J’ai acheté Pensée de Giacomo Léopardi. Je vais le parcourir aujourd’hui.
Vendredi 15 décembre
Je suis passé hier soir à la librairie de Frédéric. J’ai acheté le livre Extases féminines de Jean-Noël Vuarnet. Je vais maintenant parcourir ce livre.
J’ai pesé avec bonheur le livre de Vuarnet. Je compte reprendre au plus vite cette nécessaire lecture qui m’ouvre religieusement sur mon expérience de l’écriture. Il y a chez moi une dimension mystique. Une mystique sans Dieu ? De là la nécessaire écriture non-historique d’une métaphysique sans Dieu.
Lundi 18 décembre
Je suis passé ce matin à la librairie de Frédéric et j’ai acheté pour deux euros en livre de poche L’art à bicyclette et la révolution à cheval de Pol Bury. Je ne connais par cet artiste. Je vais maintenant peser ce livre. Frédéric va être en vacances pour deux semaines à partir de demain. La librairie sera ouverte pendant les fêtes mais il y aura moins de nouveauté qu’en temps normal. Elle va ainsi fonctionner au ralenti. Je n’aurai donc pas à y passer en permanence.
J’ai lu avec un peu d’intérêt le livre de Pol Bury. J’ai en revanche repris avec passion la lecture du livre Extases féminines de Jean-Noël Vuarnet.
Vendredi 5 janvier
Je suis allé à la librairie de Frédéric mercredi mais je n’ai rien acheté. Il n’y avait pas grand-chose de nouveau. Le garçon de la librairie m’a dit que Frédéric rentrera de vacances la semaine prochaine et que donc il y aura ensuite de nouveau des nouveautés à découvrir à la librairie.
J’ai parcouru avec intérêt un mémoire de maîtrise sur la monstruosité. C’est un mémoire qui a été écrit par un étudiant de Canguilhem. N. me l’a très gentiment passé en me disant que ça pourrait m’intéresser. Qu’ils avaient par ailleurs tout un fond sur le sujet de la monstruosité. Je lui ai un peu parlé tout à l’heure de mon travail sur l’idiotie. Je lui ai donné l’adresse de mon site internet. C’est pour cela qu’elle est venue me présenter ce travail sur la monstruosité. Il est vrai que c’est là un thème auquel je touche dans mon travail sur l’idiotie. Une piste intéressante à suivre donc.
Lundi 8 janvier
Je viens de relire avec bonheur Van Gogh, le suicidé de la société d’Artaud. Je pense à reprendre mon activité de peintre. Je n’ai jamais eu qu’un rapport plastique à la langue et je suis bien pour cela quelqu’un qui pratique plastiquement la poésie. Je pratique une poésie plastique. Cela n’est en rien une pratique littéraire. Ma bibliothèque est bien ainsi une bibliothèque de peintre et non d’homme de lettres. Le plasticien pèse les livres pour les ressentir plastiquement là où l’homme de lettres les lit pour pouvoir les saisir littérairement.
Vendredi 12 janvier
Je suis passé ce midi à la librairie de Frédéric. J’ai acheté pour quatre euros Vie de Benvenuto Cellini écrite par lui-même en deux tomes chez Julliard. J’ai déjà chez moi un exemplaire de ce livre que j’ai un peu parcouru. Je me pense actuellement comme un peintre qui écrit. Cet écrit d’artiste me renvoie donc directement à mon propre travail d’écriture.
J’ai parcouru cet après-midi l’introduction au livre de Cellini que j’ai acheté aujourd’hui ainsi qu’une partie de la biographie qui se trouve dans l’édition du livre Le calepin du mendiant de Germain Nouveau que j’ai ramené aujourd’hui avec moi à la bibliothèque.
Lundi 15 janvier
Je suis passé ce midi à la librairie de Frédéric. J’ai acheté pour trois euros Le clavecin de Diderot de René Crevel et pour quatre euros deux livres d’art en langue italienne avec de belles reproductions : l’un sur le peintre Friedrich, l’autre sur l’artiste Schiele. Frédéric est de retour à la librairie. Nous ne sous sommes pas dit bonjour lorsque je suis entré dans sa librairie, par contre nous nous sommes dit au revoir lorsque j’en suis sorti.
Vendredi 19 janvier
Je suis passé ce midi à la librairie de Frédéric. Il y avait beaucoup de nouveaux livres. Je n’ai rien acheté.
Lundi 22 janvier
Je suis passé ce midi à la librairie de Frédéric. J’ai acheté pour 8 euros À la recherche des racines de Primo Levi. Il s’agit d’une anthologie personnelle.
Je viens de lire en diagonale cet après-midi un mémoire de maîtrise intitulé La monstruosité comme instrument d’analyse en physiologie et en psychologie selon Diderot. Gilles Campin a rédigé ce mémoire sous la direction du professeur Georges Canguilhem en 1970. C’est N. qui m’avait proposé cette lecture ne me disant que ça pourrait m’intéresser. J’ai eu du mal à me concentrer sur cette lecture mais je suis heureux d’avoir fait l’effort de le parcourir ainsi. Je développe moi-même une sorte de pensée monstrueuse.
Lundi 29 janvier
J’ai amené avec moi un livre de ma bibliothèque : Les Écrits de Bernard Réquichot avec en préface Lettre noire d’Alain Jouffroy. Je vais maintenant parcourir cet ouvrage.
Je viens de parcourir la préface d’Alain Jouffroy et les textes de Bernard Réquichot mais tout cela me tombe des mains. Je pèse cela visuellement.
Je viens de lire assez attentivement dans un ouvrage collectif La folie encerclée un article de Judith Milner intitulé De quoi rient les locuteurs ? (II) Frontière du corps. De la sexuation. Orthographe. Sémantique.
N. va me rapporter l’ouvrage de Milner intitulé L’amour de la langue qui a été publié dans la revue Ornicar.
Mardi 30 janvier
J’ai lu aujourd’hui L’amour de la langue de Jean-Claude Milner. C’est N. qui m’a très gentiment ramené le numéro d’Ornicar où se trouve cet article de Milner. David a photocopié pour moi cet article. Je compte reprendre cette lecture vendredi prochain.
Lundi 5 février
Je suis passé après mon déjeuner à la cantine avec David à la librairie de Frédéric. J’ai acheté pour 12 euros Le mariage du ciel et de l’enfer et Les chants d’innocence et d’expérience de William Blake. Ce sont deux petits livres édités par Charlot et parus dans une collection Poésie et théâtre dirigée par Albert Camus. À la librairie il y avait un professeur et un collectionneur qui parlaient livres en disant « ça c’est formidable », « très bon » et « très mauvais ». Ils semblaient mener ainsi une bataille de jugements à porter sur les livres en vente dans la librairie. Ils semblaient vouloir montrer à tout prix qu’ils connaissaient admirablement tous ces livres.
Jeudi 8 février
Hier je suis allé à la librairie de Frédéric après avoir quitté la bibliothèque. Je n’ai pas acheté de livre. Je suis ensuite allé chez Gibert Joseph et là j’ai acheté une biographie-anthologie sur Swedenborg.
Je viens de parcourir le livre sur Swedenborg. Je suis sensible à sa tentative d’établir une relation entre le monde visible et le monde invisible.
Je viens de parcourir le livre Le cimetière de la morale de Roland Jaccard. J’avais découvert ce livre au début de mon aventure poétique et il m’avait ouvert bien des pistes en me faisant connaître les noms de Giacomo Léopardi, Oskar Panniza, Peter Altenberg, Ladislav Klima, Osamu Dazai, Sadegh Hedayat, Francis Giauque, Fritz Zorn, Henri-Frédéric Amiel et quelques autres encore. Roland Jaccard évoque aussi Barbellion qui est le pseudonyme d’un naturaliste anglais mort à trente ans et qui a écrit un journal. Je viens de demander à David si je pouvais trouvé à la bibliothèque de l’ENS le Journal d’un homme déçu de Barbellion. Ils ont ce texte mais seulement en anglais. Il se peut qu’il n’ait jamais été traduit en français. Dommage, j’aimerai tant pouvoir le peser et l’intégrer ainsi peut-être à mon panthéon d’auteurs frères en idiotie.
Lundi 12 février
Je surfe en ce moment sur internet en faisant chez moi des recherches sur le philosophe tchèque Ladislav Klima. J’ai pesé un livre de Ladislav Klima que j’avais dans ma bibliothèque. Je l’ai amené avec moi aujourd’hui à la bibliothèque. Je me sens actuellement philosophe. J’ai lu que Ladislav Klima faisait une sorte de synthèse entre Berkeley, Schopenhauer et Nietzsche. Est-ce que moi je ne fais pas aussi une sorte de synthèse entre Stirner, Wittgenstein et Lacan ? Je veux penser mes textes à l’aune de cette possible philosophie. J’ai le sentiment d’écrire les dessous de la philosophie du langage. Je parle de la vie secrète des philosophes wittgensteiniens. De leur double vie. Cela donne tout son sens à mes confessions. Je ne peux malheureusement pas rendre public ces textes. Ma famille ne pourrait pas admettre que je publie de tels textes. Ni la plus grande partie de l’opinion publique. Je me dis en même temps que ce que j’écris est très actuel. On n’arrête pas de parler de la violence faite aux femmes actuellement. Des tas d’histoires n’arrêtent pas de ressortir. Je me rends bien compte que le sexe est une question centrale. Une question très moderne. J’écris moi une philosophie du sexe. Il semble ne plus y avoir de religion capable d’encadrer les pratiques sexuelles des hommes modernes. C’est désormais la religion du pouvoir qui tente d’encadrer ces pratiques en s’appuyant sur l’opinion publique.
Vendredi 16 février
Je suis allé jeudi soir chez Gibert Joseph et j’ai acheté deux livres de Milner : L’amour de la langue et Introduction à une science du langage. Je les ai pris avec moi aujourd’hui pour les lire. Je suis ensuite passé à la librairie de Frédéric mais je n’ai rien acheté. Je viens de prêter à David Denéchaud le livre Si c’est un homme de Primo Lévi.
J’ai lu aujourd’hui avec bonheur le livre L’amour de la langue de Jean-Claude Milner. Je me sens puriste à la lecture de ce texte et cela donne sens à mes recherches poétiques. Je suis un poète qui écrit par amour pour le corps de femme qui l’habite sous la forme d’une langue.
Lundi 19 février
J’ai acheté aujourd’hui pour quatre euros à la librairie qui se trouve à l’angle de la rue d’Ulm Le sujet de l’énonciation (Psychanalyse et linguistique) de Laurent Danon-Boileau. Je l’ai rapidement pesé cet après-midi. J’ai repris ma lecture de L’amour de la langue de Jean-Claude Milner et j’ai parcouru Introduction à une science du langage, autre livre de Jean-Claude Milner. Je me suis laissé inspiré poétiquement par ces lectures.
Mardi 20 février
J’ai repris aujourd’hui la lecture des livres L’amour de la langue et Introduction à une science du langage de Jean-Claude Milner. Je me suis ensuite plongé avec bonheur dans la lecture du Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure. Je compte reprendre vendredi prochain cette lecture.
Vendredi 23 février
J’ai poursuivi aujourd’hui avec passion ma lecture du Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure.
Lundi 26 février
Je ne pense pas poursuivre demain ma lecture du Cours de Ferdinand de Saussure. Je me suis arrêté aujourd’hui au début de la troisième partie. Celle-ci traite de la linguistique diachronique. Lecture encore heureuse aujourd’hui !
Mercredi 28 février
Je me suis essayé à peser les deux volumes du livre de Serge Fauchereau intitulés Expressionnisme Dada surréalisme et autres ismes. Le livre m’est tombé des mains. J’ai ensuite lu avec bonheur Chants d’innocence et d’expérience et Le mariage du Ciel et de l’Enfer de William Blake. J’ai ensuite tenté de lire des poèmes de Ossip Mandelstam et Khlebnikov mais je n’y suis pas parvenu. J’ai alors cherché un livre à lire dans les rayons de la bibliothèque où je travaille et je me suis finalement décidé pour le livre de Martin Heidegger Qu’est-ce que la métaphysique ? Et j’ai trouvé à la fin de cet ouvrage un petit texte que j’ai lu avec bonheur : Hôlderlin et l’essence de la poésie. Je compte reprendre la lecture de ce livre d’Heidegger la prochaine fois que je viendrais travailler à la bibliothèque.
Lundi 12 mars
J’ai lu en Italie le livre de Jean Genet sur Rembrandt que Ag. m’avait offert pour mon anniversaire et j’ai aussi parcouru Le petit livre rouge de la sexualité. Il s’agit d’un livre qui contient plein d’extraits de livre autour de la question du sexe. C’est André Laude et une autre personne qui ont constitué ce livre. Il a été édité en 69 je crois. Mon père est très anti-68. Ma famille en général. Ce livre me plonge donc dans l’univers de pensée contre lequel on m’a éduqué. C’est pour cette raison que la lecture de ce livre est pour moi si passionnante. Il y a notamment dans ce livre des extraits de textes de D.-H. Lawrence. C’est pourquoi je me suis acheté ce midi à la librairie de Frédéric deux livres de D.-H. Lawrence Homme d’abord et Apocalypse. Je vais maintenant parcourir ces deux textes.
J’ai commencé à parcourir avec bonheur Homme d’abord de D.-Lawrence. Un écrivain à découvrir pour moi. Je vais du coup repasser à la librairie de Frédéric pour m’acheter les deux autres livres de D.-Lawrence que j’y ai vu.
Mardi 13 mars
Je suis repassé hier à la librairie de Frédéric en sortant de la bibliothèque. J’ai acheté trois autres livres de D.-Lawrence : L’amant de Lady Chatterley (il y a dans mon édition une préface d’André Malraux), Réflexions sur la mort d’un porc-épic et autres essais et L’arc-en-ciel.
Je viens de lire de nombreux pages des livres Homme d’abord, Réflexions sur la mort d’un porc-épic et autres essais et Apocalypse. J’aime la façon dont il parle dans ces textes du sentiment religieux de la vie, de l’individualité, de l’amour et du sexe. Je n’ai pesé que ces essais. Je lirai peut-être un jour les deux romans de D.-Lawrence que j’ai achetés : L’amant de Lady Chatterley et L’arc-en-ciel. Je crois me souvenir avoir vu des films tirés de ces deux romans.
Là je viens de lire Réflexions sur la mort d’un porc-épic. Je pense à mon travail photographique. Au fait que je cherche avec les photos que je prends à la montagne à traduire la puissance de la nature et le sentiment religieux de vie qu’elle peut faire naître chez l’homme. Je vais maintenant quitter la bibliothèque.
Vendredi 16 mars
Je suis passé ce midi à la librairie de Frédéric avant d’aller déjeuner chez Monsieur le Président. Je n’ai rien acheté. J’ai commencé en prenant mon café chez le Président la lecture du chapitre Nietzsche et Saint Paul, Lawrence et Jean de Patmos du livre de Deleuze Critique et clinique. C’est Camille S. qui m’a parlé de ce texte lorsque je lui ai dit que je m’étais plongé dans la lecture de Lawrence. Je vais maintenant poursuivre cette lecture.
Vendredi 23 mars
Je suis rapidement passé à la librairie de Frédéric lundi soir dernier mais je n’ai rien acheté.
Mardi 27 mars
Je suis passé à la librairie de Frédéric hier. J’ai acheté deux livres de Rolland de Renéville : L’expérience poétique et Univers de la parole. Je viens de lire quelques chapitres de Univers de la parole et de peser L’expérience poétique. Heureux de ces lectures. Rolland de Renéville parle de la parole. Il parle du mystère de la parole humaine. Il parle de tout cela de façon très cultivée. Il est un homme de lettres ce que je ne suis pas mais je me retrouve dans ses réflexions sur la parole. Je me sens très proche de ses pensées sur le mystère poétique. Il parle de ces poètes qui ont cherché à écrire une philosophie de la poésie. N’est-ce pas là exactement ce que j’ai fait en écrivant mon Traité d’idiotphysique ?
Il dit qu’il faut chercher à remonter la langue pour en découvrir la source. Il dit que les hommes cherchent à prononcer la Parole de l’Absolu. Tout cela me replonge dans ma métaphysique de l’idiotie.
Il parle de Nerval d’une façon qui me donne envie de tenter à nouveau de lire cet auteur. Il parle de Rimbaud en montrant la proximité de ce poète avec la pensée des mystiques des kabbalistiques et des occultistes. Je ne connais rien à toutes ces pensées. C’est que je ne suis pas un homme de lettres mais juste un visuel qui écrit. Roland de Renéville est lui un lecteur qui parle avec précision de toutes les questions techniques soulevées par la pensées de ces théoriciens du mysticisme qu’il cite. Je sens que je pourrais me retrouver dans cette famille. Mais je sens aussi que jamais je ne pourrais lire tous ces textes qu’il cite et assimiler les questions techniques soulevées par la pensée de ces auteurs. Je ne suis moi qu’un poète qui fait des fautes d’orthographe. Je retrouve ici Francis Giauque. Et pourtant je pèse avec bonheur ces deux livres en me disant qu’il y a là une famille de penseurs à laquelle je pourrais bien appartenir.
Roland de Renéville parle du mystère de la langue et dit que l’activité poétique est directement liée à l’existence de ce mystère. Il montre que poésie et religion se retrouvent dans le traitement du mystère de la parole. Il parle de la triade poésie-philosophie-mysticisme. N’ais-pas cité moi-même les noms du poète René Daumal, du philosophe Wittgenstein et du mystique Maitre Eckhart dans mon introduction au Traité en disant que j’avais trouvé chez ces trois auteurs les traces d’une recherche d’un mot salvateur ?
Vendredi 30 mars
J’ai repris ce matin la lecture des deux livres de Roland de Renéville. J’ai déjeuné avec David à la cantine. Je suis ensuite allé à la librairie de Frédéric où j’ai acheté livres : 369 de Hubert Juin (4 euros) et Baudelaire de Pierre Emmanuel (5 euros, un envoi).
Je viens d’explorer le livre de Pierre Emmanuel et je l’ai trouvé intéressant. Il me rappelle à mes lectures de Baudelaire. Il faudrait que je relise Les Fleurs du Mal. Pierre Emmanuel parle du double mouvement qui existe chez Baudelaire : il tend vers le Bien et vers le Mal. On fait le mal pour accéder au Bien. Il y a une nécessité spirituelle à cultiver le Mal. C’est là le mouvement même de la poésie. Le poète fait l’expérience du Mal pour accéder à l’Esprit. Toute vraie poésie n’est-elle pas en ce sens religieuse ? J’ai noté la clarté de ce livre sur ce sujet. Pierre Emmanuelle ne parle presque que du traitement par Baudelaire de la question amoureuse du corps de la femme. L’amour est le domaine privilégié du poète. La poésie n’est-elle pas toujours nécessairement amoureuse ? Pierre Emmanuel est un poète chrétien qui fait ici une peinture vraie du poète Baudelaire.
Je viens de peser 369 de Hubert Juin. Ce livre m’apprend que le sexe est au cœur de bien des livres. La plupart de ces auteurs me sont inconnus. Il y a une littérature de la lubricité. Mes livres appartiennent-ils à cette littérature ? Je ne me sens pas trop porté en vérité vers cette sorte de littérature.
Je viens de reprendre à nouveau la lecture de L’expérience poétique de Roland de Renéville.
Mercredi 4 avril
J’ai feuilleté aujourd’hui le livre Nouvelle du Je et du Monde de Khlebnikov que j’ai ramené avec moi. J’ai pesé avec bonheur ce livre de Khlebnikov. Khlebnikov cherche à construire rationnellement sa vision poétique du monde. Il rêve d’une poésie scientifique. Il pense écrire les lois de l’Un qui gouverne le monde et ainsi d’agir sur le réel. Je note que jamais il ne parle de la sphère de l’intimité. Il parle des grandes lois qui gouvernent l’histoire de l’humanité. Il veut écrire le je du Monde en se faisant ce Je.
J’ai ensuite repris avec bonheur la lecture du livre de Rolland de Renéville. L’expérience poétique est pour moi une lecture solaire. Une lecture qui me donne beaucoup à penser. Un livre donc que je me donne le mal de lire.
Dimanche 8 avril
Je suis passé à la librairie de Frédéric mercredi soir. J’ai acheté L‘aliénation poétique de Jean Fretet et Poésie et réalité de Roberto Juarroz.
J’ai un peu lu le livre de Jean Fretet vendredi dans le Thalys.
Mardi 17 avril
Je suis passé hier à la librairie de Frédéric. Je n’ai pas acheté de livre. J’ai acheté en revanche chez Compagnie les Carnets de Nijinski pour offrir ce livre à Aude.
J’ai lu un peu aujourd’hui L’aliénation poétique du Docteur Jean Frenet, Homme d’abord de D.-H. Lawrence et Baudelaire de Pierre Emmanuel.
Lundi 23 avril
Je suis passé ce midi à la librairie de Frédéric. Je n’ai rien acheté.
Mardi 24 avril
J’ai poursuivi aujourd’hui la lecture de L’aliénation poétique du docteur Jean Fretet. Lecture toujours aussi instructive. Je viens de lire la partie consacrée à Mallarmé et cela fait naître en moi le désir de connaître l’œuvre de ce poète. Mallarmé n’a-t-il pas consacré sa vie au mystère de la langue ?
Vendredi 27 avril
Je suis passé à la librairie de Frédéric ce midi. Je n’ai rien acheté.
J’ai patienté pendant trois heures dans la salle d’attente d’un médecin mercredi soir. J’ai pu ainsi lire des passages du Spleen de Paris de Baudelaire et aussi de ses journaux intimes. J’ai aussi repris la lecture du livre de Pierre Emmanuel sur Baudelaire.
Mercredi 2 mai
Je suis passé hier à la librairie de Frédéric. Je n’ai rien acheté.
J’ai un peu relu cet après-midi le livre Le cimetière de la morale de Roland Jaccard.
Vendredi 4 mai
J’ai commencé ce matin la lecture du livre Le bavard de Louis-René des Forêts. Je l’ai poursuivie cet après-midi. Je viens de finir le livre. Curieuse lecture.
Le bavard est le livre d’un homme de lettres. La langue du bavard est une langue littérairement maîtrisée. Une langue parfaitement orthographiée. Cette langue s’oppose donc littérairement à la mienne. Je ne parle pas la langue des puissants. Je ne suis pas parvenu à devenir un homme de lettres.
Je suis moi un peintre qui orthographie avec difficulté la langue française et qui fait usage d’un langage idiosyncrasique pour s’exprimer.
Il s’agit d’une fiction : Louis-René des Forêts ne peut pas être le bavard dont il fait le portrait. Je suis moi le personnage de mes journaux.
Lundi 7 mai
J’ai pesé aujourd’hui L’homme pris au piège, Pouchkine, Tolstoï, Tchekhov de Léon Chestov. C’est David D. qui m’a offert ce livre pour mon anniversaire. Je aussi essayer de peser L’homme qui ne savait plus écrire de François Matheron. Je n’avais malheureusement plus assez d’anergie pour me concentrer sur un texte. C’est aussi David qui m’a offert ce livre.
Lundi 14 mai
Je suis passé vendredi dernier à la librairie de Frédéric mais je n’ai rien acheté.
Mardi 15 mai
Je viens de finir la partie du livre L’aliénation poétique du Docteur jean Fretet consacrée à Rimbaud. L’auteur montre que le silence de Rimbaud à la fin de sa vie est le silence d’un homme qui a sombré dans la démence et non le silence d’un révolté qui a tourné pour toujours la page de la poésie. Rimbaud a d’abord été un halluciné et cela a fait de lui un voyant puis il a sombré progressivement dans la démence jusqu’à plonger définitivement dans le pathologique. C’est là le destin d’un saint laïc. L’évolution classique d’une psychose. Sa poésie lui aura permis d’enregistrer ce mouvement de dépossession progressif de lui-même par un autre. Rimbaud plonge dans sa folie pour faire l’expérience de son autre. Entrer en relation avec l’autre qui nous habite, telle est la seule et unique expérience de vérité à faire pour qui se veut poète. Rimbaud s’est laissé emporté par le courant de sa psychose pour tenter ainsi d’atteindre son autre. C’est bien là une sorte d’expérience mystique de l’existence qu’il cherche à faire. Le pathologique est la porte qui nous ouvre sur notre autre. Seuls les dérèglements organiques de notre corps peuvent nous amener ainsi à franchir les frontières de notre moi pour que l’autre qui nous habite se livre entièrement à nous. Le pathologique nous permet de creuser dans le social un tunnel et ainsi d’échapper à toutes les formes de vie qui nous enferment dans la normalité. Rimbaud a cherché toute sa vie à échapper à cet asservissement et ce sont les dérèglements organiques engendrés par sa psychose qui lui ont donné le goût d’une telle recherche.
Je trouve l’analyse du cas Rimbaud par le docteur Fretet bien plus instructive et passionnantes que celle qui ont pu être menées par Benjamin Fondane et Rolland de Renéville. Le docteur Fretet cite d’ailleurs ces deux auteurs. Il les a lu. Il parle lui en médecin du corps poétique de Rimbaud. Il parle cliniquement de son organisme physique et psychique. Il va ainsi chercher dans le pathologique du poète la clef de sa poésie. Son analyse me parle bien plus que celle d’un Rolland de Renéville qui cherche à faire une lecture de l’œuvre de Rimbaud en nous parlant des mystères de la Kabbale. Il est plus juste de chercher le sens du mysticisme qui habite Rimbaud dans les expériences cliniques de sa psychose plutôt que de chercher à rattacher son œuvre à une histoire littéraire du mysticisme dont il ignorait certainement presque tout. La poésie se devrait d’être à mon sens un genre clinique avant d’être un genre littéraire.
Lundi 28 mai
Je suis passé à la librairie de Frédéric deux fois la semaine dernière. J’ai acheté Dits et contredits de Karl Kraus et Peindre c’est aimer à nouveau de Henry Miller.
Je me suis essayé vendredi et aujourd’hui à peser le livre de Karl Kraus mais l’envie de jouer au mangeur de femmes est plus forte encore aujourd’hui.
Mercredi 30 mai
Je suis passé lundi en quittant la bibliothèque à la librairie de Frédéric mais je n’ai pas acheté de livre.
Je viens de lire avec intérêt le texte Peindre c’est aimer à nouveau de Henry Miller. J’ai aussi lu quelques beaux aphorismes sur les femmes dans le livre Dits et contredits de Karl Kraus.
Mardi 12 juin
J’ai lu hier en entier Le Don Juan de Mozart de Pierre Jean Jouve. J’ai ainsi pu redécouvrir le mythe de Don Juan. Cette lecture s’intègre dans mon projet d’écrire sur mon rapport à mon père. J’ai ainsi parlé de cette lecture dans mon nouveau journal, le Journal du Pardon. J’ai acheté ce livre la semaine dernière à la librairie de Frédéric.
Je suis passé hier à la librairie de Frédéric et j’ai acheté Des lieux divins suivi de Calcul du poète de Jean-Luc Nancy à la librairie de Frédéric. J’ai commencé à peser ce livre hier et aujourd’hui. Une lecture qui me replonge dans la métaphysique du Nom de Dieu.
Lundi 18 juin
J’ai acheté vendredi un livre avec des textes de Georges Palante que je n’avais pas à la librairie Vrin : L’individu en détresse aux éditions Folle Avoine. C’est mon collègue P. qui m’a dit avoir vu ce livre en vitrine à la librairie Vrin. Il m’a coûté 20 euros.
Je suis aussi passé vendredi à la librairie de Frédéric et j’y ai vu un exemplaire du livre Fragments d’un discours amoureux de Rolland Barthes. Je ne l’ai pas acheté car Frédéric n’avait pas encore mis de prix dessus. Je suis repassé aujourd’hui pour le revoir mais il n’y était déjà plus.
Mardi 19 juin
J’ai acheté hier chez Gilbert le livre Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes. Je viens de le parcourir avec intérêt.
Lundi 25 juin
Je me suis acheté aujourd’hui à la librairie de Frédéric un petit livre de Julia Kristeva pour trois euros : Au commencement était l’amour, Psychanalyse et foi.
J’ai eu beaucoup de mal à cause de mes voix à lire le livre de Julia Kristeva.
Vendredi 6 juillet
J’ai acheté mardi à la librairie de Frédéric un livre avec des poèmes et des chroniques retrouvés de Roger Gilbert-Lecomte. J’ai commencé hier à peser ce livre. Je vais maintenant de nouveau le parcourir.
Je viens de lire avec intérêt ce que dit Roger Gilbert-Lecomte du romantisme. Je me sens ainsi réconcilié avec cet auteur.
Je viens d’essayer de peser le livre « Des noms-du-père » de Jacques Lacan. Impossible de saisir quoique ce soit. Il me tombe des mains.
De la même façon le livre Au commencement était l’amour, Psychanalyse et foi de Julia Kristeva me tombe des mains. À cause de mon « je parle les autres ? »
J’ai un peu plus accroché mon esprit en lisant le livre La vie intime de Hermann de Keyserling.
Après le repas je suis passé à la librairie de Frédéric où j’ai acheté Gaspard de la Nuit de Louis Bertrand. Nathalie a fait pour moi une recherche sur cet auteur. Je me souvenais moi du nom de Aloïys Bertrand. Je savais qu’il s’agissait d’un auteur qui avait inspiré Baudelaire et que Baudelaire s’est référé à cet auteur pour introduire son livre Le spleen de Paris. Après vérification il s’agit bien du même auteur. J’ai beaucoup aimé l’introduction de l’auteur qui présente ce livre comme ayant été écrit par Gaspard de la Nuit qui est le nom que porte le diable. Et il y a une belle réflexion sur ce qu’est l’art. L’art est la science de l’artiste. Le diable est le créateur par excellence. Les artistes ne font qu’enregistrer la création de Dieu et c’est ainsi qu’ils produisent des œuvres d’art. Il y a en tout artiste un double mouvement permanent. L’artiste est tendu vers Dieu et vers Satan et il oscille ainsi indéfiniment.
J’ai repris avec intérêt la lecture de La vie intime de Hermann de Keyserling. Il faudra que je me renseigne sur cet auteur et que je continue de peser ce livre.
Lundi 9 juillet
J’ai commencé avant la pause déjeuner la lecture du livre La lutte sexuelle des jeunes de Wilhelm Reich. J’ai poursuivi avec intérêt la lecture de ce livre cet après-midi. Une lecture heureuse qui me donne à penser.
Vendredi 13 juillet
Je suis passé jeudi soir à la librairie de Frédéric. J’ai acheté deux livres : Don Juan et le double d’Otto Rank et La farce et le sacré de François Caradec.
Mardi 17 juillet
Je suis passé hier à la librairie de Frédéric mais je n’ai rien acheté.
Je viens de peser le livre de Rolland Jaccard L’enquête de Wittgenstein. Je connais bien ce livre. Il me replonge dans l’univers des philosophes dont je me sens proche : Nietzsche, Kierkegaard, Lichtenberg, Kraus, Hamann, Weininger, Wittgenstein.
Vendredi 20 juillet
J’ai pesé cette après-midi avec bonheur le livre de Roland Barthes Fragments d’un discours amoureux.
Lundi 23 juillet
J’ai pesé aujourd’hui avec bonheur le livre de Benjamin Fondane Baudelaire et l’expérience du gouffre.
Mercredi 25 juillet
Je suis passé hier soir après le travail à la librairie de Frédéric mais je n’ai pas acheté de livres.
J’ai pesé cet après-midi le livre Dits et contredits de Karl Kraus.
Mardi 14 août
Je viens de passer deux semaines à Saint Léonard avec mes amis. J’avais emporté avec moi trois livres de Calaferte. J’ai lu L’homme vivant et j’ai pesé Septentrion et La mécanique des femmes. J’aime chez cet auteur la façon dont il lie religion et sexualité. Lecture heureuse pour moi.
J’ai aussi parcouru au gite un livre de témoignage sur le STO pendant la seconde guerre mondiale. Un français envoyé travaillé en Allemagne racontait son expérience là-bas de la fin de la guerre. J’ai pesé avec intérêt ce témoignage.
Mardi 11 septembre
J’avais amené avec moi des livres à Névache mais je ne les ai pas lus. Je me suis acheté avant mon départ pour la montagne deux livres à la librairie de Frédéric : L’exil intérieur, Schizoïdie et civilisation de Rolland Jaccard et L’âge de la folie de Thomas S. Szasz. Ce sont ces deux livres que j’avais amenés avec moi ainsi que 1984 et Baudelaire et l’expérience du gouffre de Benjamin Fondane.
Là je viens de commencer à lire avec bonheur L’exil intérieur, Schizoïdie et civilisation de Rolland Jaccard. Je dois pourtant maintenant abandonner ma lecture à cause de mes voix autour de la khâgne.
Lundi 17 septembre
Je viens de lire avec bonheur le dernier chapitre et la conclusion du livre L’exil intérieur de Roland Jaccard. Je reprendrais cette lecture en lisant les chapitres que j’ai sautés. En relisant aussi les premiers chapitres. Vraiment un beau livre pour moi. Ça me donne à penser. Ça me revigore.
Mercredi 19 septembre
Je suis passé à la librairie de Frédéric lundi après la bibliothèque. Je n’ai pas acheté de livres.
Je suis ensuite passé chez Gibert. J’ai regardé les livres de Roland Jaccard qu’ils avaient. J’en ai vu deux. Aucun ne m’a tenté. Je les connaissais d’ailleurs déjà. J’ai ensuite regardé les livres du philosophe Kostas Axelos dont parle Rolland Jaccard. J’ai noté son écriture aphoristique. Il se réclame de Nietzsche et de Heidegger. Ça ne m’a pas inspiré. J’ai regardé ensuite les livres du philosophe Giorgio Agamben. C’est l’ami gérontologue de JS et Aude qui m’avait parlé de cet auteur. Il se réclame de la pensée de Foucault. J’ai acheté pour 15 euros un de ses livres : L’Homme sans contenu.
Vendredi 28 septembre
J’ai commencé à lire le livre L’Homme sans contenu de Giogio Agamben vendredi dernier. Je viens de reprendre aujourd’hui cette lecture. Il y a là de quoi me nourrir. Je le lis diagonalement et en boucle. Je n’ai pour l’instant peser que les premiers chapitres du livre.
Lundi 1er octobre
Je suis allé à la librairie de Frédéric vendredi après la bibliothèque. J’ai acheté pour deux euros une vieille édition du Journal d’un poète de Alfred de Vigny. Je l’ai un peu parcouru samedi soir chez JS et Aude.
Vendredi 5 octobre
J’ai repris aujourd’hui la lecture du livre L’exil intérieur, Schizoïdie et civilisation de Roland Jaccard. Un livre qui me donne beaucoup à penser !
Lundi 8 octobre
Je suis passé à la librairie de Frédéric vendredi après la bibliothèque. J’y ai repéré les livre Sade mon prochain de Klossowski, La philosophie tragique de Clément Rosset et Les Auteurs cruels défendeurs de la morale publique de André Dinar. Je n’ai acheté aucun de ces trois livres.
Je suis revenu ce matin à la librairie de Frédéric où j’ai acheté le livre de André Dinar que j’avais repéré vendredi soir. Il n’avait plus le livre de Klossowski et je n’ai pas voulu acheter le livre de Clément Rosset.
J’ai un peu lu le livre de André Dinar. Il parle notamment de Léon Bloy. Je compte essayer de peser un des ouvrages de cet auteur. J’ai ensuite repris cet après-midi la lecture du livre L’exil intérieur de Roland Jaccard. Véritablement un très beau livre. Il cite notamment les travaux de Norbert Élias (La civilisation des mœurs) et de Georges Devereux (Ethnopsychanalyse complémentariste). Il parle aussi de Kostas Axelos (Pour une éthique problématique) et de René Girard (La violence et le sacré). Je vais essayer de peser ces auteurs. J’ai ensuite un peu reparcouru L’âge de la folie de Thomas S. Szasz. L’auteur y cite notamment des extraits du livre Johnny la Panique et la Bible des rêves de Sylvia Plath. Je compte aussi peser cet auteur.
Mardi 9 octobre
Hier je suis passé après la bibliothèque à la librairie de Frédéric pour voir si il avait des livres de Sylvia Plath et de Thomas S. Szasz. Il n’en avait pas. Je suis ensuite passé chez Gibert et là j’ai pu voir des ouvrages de Sylvia Plath mais je n’ai pas eu le désir de les acheter.
David m’a apporté le livre Essais d’ethnopsychiatrie générale de Georges Devereux. Il m’a aussi ramené trois livres de Kostas Axelos : Héraclite et la philosophie, Métamorphoses et L’exil est la patrie de la pensée. Je viens de peser ces quatre livres. Je me rends bien compte en pesant ces livres que je ne suis ni un psychanalyste ni un philosophe mais juste un diariste qui s’intéresse à la façon dont la psychanalyse et la philosophie abordent les sujets qui m’intéressent.
Vendredi 19 octobre
J’ai amené aujourd’hui avec moi les livres suivants : L’éthique de Spinoza, Spinoza, Philosophie pratique de Gilles Deleuze, Les rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau et J.-J Rousseau, La transparence et l’obstacle de Jean Starobinski. J’ai aussi toujours avec moi L’exil intérieur de Rolland Jaccard.
J’ai pesé avec bonheur cet après-midi le beau livre de Starobinski sur Rousseau. Je me suis ainsi senti rousseauiste. Je connais mal Rousseau. Le livre de Starobinski me donne à penser que je gagnerais beaucoup à me frotter à l’œuvre de ce philosophe-artiste. Un penseur qui a construit son œuvre à partir de son expérience de la folie. Un penseur qui a travaillé à se retrouver derrière le masque social que les autres l’ont longtemps poussé à porter. Un solitaire qui a eu le courage d’affronter le groupe au nom de la vérité dont il était porteur.
Vendredi 26 octobre
Je suis allé lundi dernier à la librairie de Frédéric mais je n’ai rien acheté. J’y suis retourné hier soir. J’ai acheté deux livres : Philine de Henri-Frédéric Amiel (il s’agit de pages choisies de son Journal intime, il y a une introduction d’Edmond Jaloux) et Le Bouc émissaire de René Girard.
J’ai commencé cet après-midi à peser avec intérêt le livre de René Girard et avec bonheur le livre de Henri-Frédéric Amiel.
Lundi 29 octobre
Je suis passé à la librairie de Frédéric samedi après-midi mais je n’ai pas acheté de livres.
Je suis allé ce week-end à Orsay. Ça m’a fait beaucoup de bien. J’ai pesé là-bas avec bonheur deux livres : L’Éthique de Spinoza introduit et traduit par Robert Misrahi et J.-J. Rousseau, La transparence et l’obstacle de Jean Starobinski. J’ai noté que le fait d’être à Orsay m’a apporté une paix intérieure propice à la lecture.
Spinoza et Rousseau : deux philosophes que je veux maintenant faire mien !
Mardi 6 novembre
J’ai lu mardi un article de Canguilhem intitulé Le cerveau et la pensée. Lecture passionnante. Je compte reprendre cette lecture. Cet article a paru dans une revue médicale. C’est David qui me l’a fait découvrir. Il m’a aussi parlé d’un autre article de Canguilhem avec un titre autour du cogito cartésien. Je compte le lire aussi. David m’a expliqué que Canguilhem a publié ainsi de nombreux articles dans des revues. On vient de publier le tome V de ses œuvres complètes et de nombreux articles de lui ont ainsi été republiés.
Je pense que me textes ont avant tout la valeur d’un témoignage sur mon expérience de la psychose. Ils ne doivent donc pas être lu comme les textes d’un poète mais bien plutôt comme les textes d’un homme qui veut participer au progrès de la science médicale en témoignant de la part d’ombre qu’il y a en lui.
Je me rends compte maintenant que je suis bien plus proche de Spinoza que de Descartes. C’est la lecture du texte de Canguilhem qui m’a fait prendre conscience de cela.
Mercredi 7 novembre
J’ai lu aujourd’hui plusieurs articles de Canguilhem : Le cerveau et la pensée, Auguste Comte, La monstruosité et le monstrueux, De la science et de la contre-science et Mort de l’homme ou épuisement du cogito ?
Des lectures heureuses !
Vendredi 9 novembre
Je suis passé mercredi à librairie de Frédéric. Je n’ai pas acheté de livres.
Je suis passé ce matin à la librairie de Frédéric. J’ai acheté un livre : Kierkegaard ou l’instant paradoxal de Marie-Thérèse Accard Couchoud. J’ai demandé à Frédéric si il pourrait me racheter des livres. Il m’a dit que par exemple ce livre que je venais de lui acheter 8 euros il me le rachèterait seulement deux euros. Il m’a dit qu’il y avait trop de livres et que donc je ne trouverais jamais un libraire susceptible de m’acheter à un meilleur prix ce genre de livres. Il m’a dit que lui il achetait des lots de livres et que donc ces livres-là il les achetait à moins de deux euros même. Il m’a dit : « Je suis désolé. » Je suis ensuite allé à la bibliothèque.
Le livre sur Kierkegaard que j’ai acheté aujourd’hui : je l’ai pesé et très rapidement j’ai saisi que je n’en tirerais rien. Un livre d’universitaire. Un livre jargonnant qui témoigne d’un savoir obscur et sans vie aucune.
Je viens de reprendre avec bonheur la lecture du l’Éthique de Spinoza. Sentiment en le lisant de saisir des choses merveilleusement justes. Des choses simples qui sont terriblement éclairantes. Spinoza explique des choses essentielles de façon absolument claire. Une lecture qui me rend heureux !
Mercredi 14 novembre
J’ai peser aujourd’hui de façon attentive le livre de Nietzsche Par delà le bien et le mal. J’ai senti à certains moments à quel point il était un philosophe de droite et que pour cette raison je ne pouvais pas le suivre. Mais j’ai aussi senti à d’autres moments à quel point il était artiste et que cela le rendait capable de dire la vérité de l’individu contre celle du groupe. Là je le suis et je fais mienne sa pensée.
N’est-ce pas moi aussi à la morale grégaire du groupe que je m’en prends en jouant comme je le fais au mangeur de femmes ? Est-ce que je ne cherche pas ainsi à dénoncer l’instinct que je porte en moi en m’en faisant le psychologue ? Ma folie ne me permet-elle pas d’échapper à la morale judéo-chrétienne que la société et la famille ont inscrite dans mon corps ? Et pour briser cette morale ? Et pour me rendre ainsi au-delà du bien et du mal ?
Vendredi 16 novembre
J’ai lu avec intérêt la troisième dissertation du livre La généalogie de la morale de Nietzsche. Elle s’intitule « Quel est le sens de tout idéal ascétique ». Elle a suscité en moi une lecture intéressée. Je compte achever lundi prochain cette lecture.
Mardi 20 novembre
Je suis passé aujourd’hui à la librairie de Frédéric. J’ai acheté deux livres pour 6 euros : Malaise dans la civilisation de Sigmund Freud et un livre de poche avec de nombreux écrits de Spinoza.
J’ai pesé le livre de Freud. Une lecture profondément non-affective pour moi. Un texte neutre. De la neutralité scientifique ?
J’ai fini aussi ce soir ma lecture de La Généalogie de la Morale.
Lundi 26 novembre
J’ai commencé à lire aujourd’hui un livre avec un choix de texte de Schopenhauer intitulé Le vouloir-vivre, L’art et la sagesse. Lecture passionnante. Elle a suscité en moi de nombreux échos intérieurs. Je comprends en artiste sa théorie de l’art. Je la comprends intérieurement.
J’ai pesé avant le livre de poche de Spinoza que j’ai acheté pour trois euros et qui contient les textes suivants : Court traité, Traité de la réforme de l’entendement, Les principes de la philosophie de Descartes et Pensées métaphysiques. J’ai pu ainsi me faire une idée rapide de ces textes de Spinoza. J’ai aussi pesé avant le déjeuner le livre de Deleuze Spinoza Philosophie pratique.
Vendredi 30 novembre
J’ai pesé aujourd’hui très rapidement un livre que j’ai trouvé dans la bibliothèque de David : L’aventure du Corps, Des mystères de l’Antiquité aux découvertes actuelles de Georges Vignaux. Je me rends compte qu’il y a une quasi infinité de livres sur tous les sujets. Que donc chaque livre est perdu dans un océan de livres. A-t-on vraiment encore besoin de nouveaux livres ?
J’ai aussi pesé le livre L’Ombre et la Nuit de Francis Giauque de Véronique Gonzalez et Vincent Teixeira. Je pense à envoyer un de mes manuscrits à Véronique Gonzalez. J’ai demandé à Xavier qu’il m’envoie le dossier avec les témoignages des amis de Giauque que Véronique Gonzalez lui avait fait parvenir.
Vendredi 7 décembre
Je suis passé ce matin à la librairie de Frédéric. J’ai acheté pour 10 euros deux livres : Langage et silence de George Steiner et William Shakespeare de Victor Hugo.
J’ai pesé avec un peu d’intérêt cet après-midi le livre Langage et silence de George Steiner. J’ai parcouru trois chapitres du livre : La retraite du mot, Le silence et le poète et Mots de la nuit. Il s’agit d’une réflexion littéraire savante que j’ai du mal à suivre mais qui à certains moments m’offre cependant quelques pistes d’éclaircissements. Je suis sensible à son souci de réflexion sur la langue que nous parlons. À ses mises en garde contre la décadence actuelle de la pensée et de l’usage que nous faisons des mots.
Lundi 10 décembre
J’ai commencé à parcourir avec bonheur le William Shakespeare de Victor Hugo. Sa pensée du génie m’interpelle.
Mercredi 12 décembre
J’ai acheté aujourd’hui à la librairie de Frédéric un livre de primo Lévi : Lilith. Son livre Si c’est un homme est l’un des livres les plus marquants qu’il ne m’est jamais été donné de lire.
Mardi 18 décembre
J’ai lu hier avec bonheur le chapitre intitulé Les problèmes de l’autobiographie du livre J.-J. Rousseau La transparence et l’obstacle de Jean Starobinski.
J’ai lu cet après-midi avec bonheur des pages de l’œuvre de Schopenhauer. Que de moments de lucidité pour moi. Ça m’a paru profondément limpide. Une lecture lumineuse et pleine de clartés. Une philosophie dont je veux maintenant me réclamer. Que je veux faire mienne.
Vendredi 21 décembre
J’ai fini aujourd’hui ma lecture du livre de Schopenhauer et j’ai ensuite lu les trois premiers chapitres du livre Par delà le bien et le mal de Nietzsche.
Mercredi 26 décembre
J’ai acheté vendredi soir à la librairie de Frédéric un livre : Enfance et jeunesse resongés de W.B. Yeats. J’ai ensuite acheté deux BD dans deux magasins spécialisés dans la BD. Je les offertes à Jean et Emmanuelle pour Noël.
Papa m’a offert à Noël un livre de Michel Onfray sur Antonin Artaud. Je l’ai lu hier. Ça ne m’a pas appris grand-chose. Ça m’a juste fait replonger dans la vie de ce poète. Un écrit journalistique.
Dimanche 6 janvier
J’ai lu dimanche dernier deux courtes nouvelles du livre Lilith de Primo Levi. J’ai prêté dimanche soir à Emmanuelle mon livre avec des textes choisis de Schopenhauer.
Papa a pesé devant moi le livre Par delà le bien et le mal de Nietzsche. Il m’a dit qu’il n’aimait pas du tout ce livre. Qu’on sentait que l’auteur était malade. Qu’il déversait sa bile en prétendant faire de son délire une vérité pour tout le monde. Il a lu devant moi des passages où Nietzsche semble faire preuve de haine à l’égard des juifs. Il m’a dit qu’il n’était pas étonnant que les nazis se soient emparés de cet auteur.
J’ai aussi prêté à Papa un livre de Heidegger. Il y avait dans ce livre une conférence de Heidegger sur la technique. Papa m’avait dit vouloir lire un texte de Heidegger sur la technique. Papa m’a dit qu’il n’avait rien trouvé d’intéressant dans ce texte. Qu’il n’avait rien appris.
Papa m’a dit ne pas comprendre l’importance qu’on donne à Descartes. Il m’a dit ne pas voir l’intérêt de son cogito. Il m’a dit préférer de loin Pascal. Il m’a que Pascal était sur le plan scientifique bien plus important que Descartes.
Papa m’a dit penser que Freud était un malade comme Nietzsche. Que Freud non plus ne tournait pas rond. Il m’a dit que la psychanalyse n’était pas une science pour lui. De même l’économie. Il m’a dit qu’une science ça devait être quelque chose qui nous permette de faire des prédictions exactes.
J’ai aussi prêté à Papa mon exemplaire de l’Éthique de Spinoza.
Je suis passé à la librairie de Frédéric jeudi soir. Il avait un livre sur Benjamin Constant où l’on présentait ce dernier comme un libertin sentimental. Il avait aussi le journal intime de cet auteur. Je n’ai pas acheté ce livre. Le soir j’ai regardé la page Wikipédia sur Benjamin Constant et en la lisant j’ai compris que cet auteur n’était pas un auteur pour moi. Un homme politique. Un homme de lettres. J’ai demandé à Frédéric si il avait des livres de Klima. Il m’a répondu non de façon évasive. Je suis ensuite allé chez Gibert. J’ai vu le livre Tout de Klima et aussi un autre roman de cet auteur. J’ai compris que je ne lirais jamais ces livres. Le libraire du rayon poésie de Gibert m’a dit qu’ils n’achetaient jamais de livres de Francis Giauque. Ils n’avaient pas non plus à Gibert de livres de Palante au rayon philosophie.
Camille S. m’a recommandé la lecture du livre Héloïse et Abélard de Gilson. Je m’achèterai peut-être ce livre.
Je compte peser chez Gibert le livre Consolation de philosophie de Boèce. Ce philosophe du VIème siècle après JC était un des auteurs favoris de l’écrivain John Kennedy Toole qui a écrit La conjuration des imbéciles.
Je suis passé samedi soir à la librairie de Frédéric. J’ai acheté pour 15 euros trois livres. Frédéric a accepté de me faire un euro de réduction. Il a été aimable avec moi. Les trois livres que j’ai achetés : Rousseau juge de Jean Jacques avec une préface de Michel Foucault, La Volonté du Bonheur d’Otto Rank et Au fond de l’homme, cela de Georg Groddeck. Ces trois livres m’ont coûtait chacun 5 euros. J’avais déjà le livre de Groddeck mais cet exemplaire que je viens d’acheter est en meilleur état. J’ai pesé hier soir ces trois livres.
J’ai parcouru un peu aujourd’hui en début d’après-midi des textes en prose de Roger Gilbert-Lecomte dans le tome 1 de ses œuvres complètes chez Gallimard. J’ai lu ainsi une grande partie des textes qu’il avait écrit pour le numéro 4 de la revue du Le Grand Jeu. Il parle de la psychanalyse et de la religion dans ces textes. Ce sont les textes d’un homme de lettres. Ces textes suscitent en moi une sympathie poétique mais aussi un ennui littéraire.
J’ai essayé de peser il y a quelques jours La société du spectacle de Guy Debord et Le livre des plaisirs de Raoul Vaneigem mais ces deux livres me sont de nouveau instantanément tombés des mains. Aucune envie de me donner du mal pour les lire. Mon collègue P. m’a dit que le situationnisme était une machine à gaz. Je pense moi aussi cela. Le seul auteur situationniste qui m’est un peu sympathique : Ivan Chtcheglov. Une figure de poète idiot pour moi.
Lundi 7 janvier
J’ai lu aujourd’hui à la bibliothèque avec beaucoup d’intérêt les huit premières lettres du livre Au fond de l’homme, cela de Georg Groddeck. Un livre pédagogique et passionné qui me réconcilie avec la littérature psychanalytique.
Mercredi 9 janvier
J’ai poursuivi aujourd’hui ma lecture du livre de Groddeck. Toujours aussi passionnante ! Voilà un livre que je veux absolument lire jusqu’au bout !
Vendredi 11 janvier
Je suis allé hier soir à la librairie de Frédéric. J’ai acheté là-bas deux livres : La maladie, l’art et le symbole de Groddeck et Règles pour le parc humain suivi de La domestication de l’Être de Peter Sloterdijk. J’aurais du payer ces deux livres 17 euros (12 + 5). Je lui ai demandé si il pouvait me faire un prix. Il a d’abord dit non, qu’il ne faisait pas de prix pour seulement deux livres achetés puis il a dit : « 15 euros. » J’ai tout de suite accepté. Il m’a dit fait deux euros de réduction ce qui m’a contenté.
J’ai un peu parcouru hier un livre que j’ai retrouvé dans ma bibliothèque : La sexualité insolite de Gilbert Dupé. Une lecture que je compte poursuivre puisque ce livre traite d’un sujet qui me tient à cœur : la sexualité des artistes, plus précisément ici celle des hommes de lettres.
J’ai lu aujourd’hui le texte Règles pour le parc humain de Peter Sloterdijk. J’ai lu aussi le premier chapitre de son texte La Domestication de l’Être. Je me suis arrêté là car je me suis senti un peu fatigué de la prose métaphysique de cet auteur.
J’ai lu ensuite deux courts textes du livre La maladie, l’art et le symbole de Georg Groddeck : Du langage et Considérations de principe sur la psychothérapie.
Mardi 15 janvier
J’ai poursuivi aujourd’hui toujours avec la même passion la lecture du beau livre Au fond de l’homme, cela de Georg Groddeck. Je reprendrai vendredi prochain ma lecture à la lettre 28.
Je vais passer maintenant quitter la bibliothèque pour passer à la librairie de Frédéric avant de rentrer chez moi.
Lundi 21 janvier
J’ai essayé de reprendre vendredi dernier à la bibliothèque la lecture du livre de Georg Groddeck sur le ça mais je n’ai pas réussi à me concentrer sur le texte de telle façon que j’ai préféré abandonner cette lecture. Il y avait en moi les voix de la khâgne et la figure de Madame de la Critique de la Raison Pure qui occupaient tout mon esprit et pour cela me rendait incapable de fixer mon attention sur le livre de Groddeck.
Vendredi 25 janvier
Je suis passé ce matin à la librairie de Frédéric. Je n’ai pas acheté de livres.
J’ai lu cet après-midi avec beaucoup d’intérêt la préface de Jacques Le Rider aux essais d’Otto Gross. Le livre s’appelle Psychanalyse et Révolutions. Il y a dans ce livre de nombreux essais d’Otto Gross. Jacques Le Rider présente Otto Gross comme l’anti Weininger. Comme son opposé sur la question féminine notamment. Cela me parle. C’est un auteur que je veux apprendre à mieux connaître.
Mardi 29 janvier
J’ai lu hier et aujourd’hui le livre d’Otto Rank La Volonté de Bonheur. Un livre de psychanalyse qui m’a plu. Là je viens de commencer un autre livre de cet auteur : Don Juan et Le double. Je reprendrais vendredi la lecture de ce livre qui je crois peut fortement m’intéresser.
Vendredi 1er février
Je suis passé hier soir à la librairie de Frédéric. Je n’ai pas acheté de livres. Je pense passer ce soir chez Gilbert pour peut-être m’acheter le livre L’art et l’artiste d’Otto Rank.
J’ai fini le texte Le double d’Otto Rank. Je n’ai fait que peser cette étude scientifique de la notion de double en saisissant par-ci par-là certaines idées et certains faits rendus visibles par l’auteur.
J’ai aussi commencé à lire aujourd’hui le texte de Georg Groddeck intitulé Du ça qui se trouve dans l’ouvrage La maladie l’art et le symbole.
Lundi 4 février
J’ai fini aujourd’hui de lire l’article Du ça de Groddeck. J’ai ensuite lu un autre article de lui s’intitulant Le ça et la psychanalyse, précédé de quelques remarques sur l’organisation des Congrès. Puis j’ai repris ma lecture de son livre Au fond de l’homme, cela. Je suis allé jusqu’à la lettre 32. Je compte donc pouvoir finir demain la lecture de beau livre de psychanalyse.
Mardi 5 février
J’ai fini ce matin le livre Au fond de l’homme, cela de Georg Groddeck. J’ai commencé cet après-midi à lire le livre L’art et l’artiste d’Otto Rank. Lecture heureuse. Je me suis acheté ce livre ce matin chez Gibert. Je compte reprendre demain cette lecture.
Mercredi 6 février
Je suis passé hier soir à la librairie de Frédéric. J’ai acheté une édition du livre Walden ou la vie dans les bois de Henri David Thoreau avec une édition de Michel Onfray. Le livre m’a coûtait 8 euros.
Lundi 11 février
J’ai essayé de poursuivre vendredi ma lecture du livre L’art et l’artiste d’Otto Rank mais je me sentais si fatigué ce jour que j’ai préféré abandonner cette lecture pour aller faire une sieste chez moi avant ma soirée au Chateaubriand avec Laure et Claire.
J’ai fini aujourd’hui le chapitre IX du livre d’Otto Rank. Je passerai la prochaine fois directement au chapitre XI.
J’ai le sentiment de retrouver dans ce livre des choses que j’ai moi-même pensées plus ou moins consciemment. Ces phrases du livre d’Otto Rank que je note, je me les présente donc en quelques sortes comme mes propres pensées. Je me retrouve dans certaines pensées de ce livre et je note ces pensées pour ainsi dialoguer avec moi-même. Je note ces pensées comme je note les pensées de mon inconscient. Il se trouve que je ne suis plus actuellement de psychanalyse et que pour cette raison je fais moins travailler mon inconscient poétiquement. Ces lectures écrites auxquelles je me livre sont donc là à mon sens pour remplacer l’activité poétique de mon inconscient.
Vendredi 15 février
Je suis allé à la librairie de Frédéric après la bibliothèque lundi dernier. J’ai acheté deux livres : Les antinomies entre l’individu et la société de Georges Palante (8 euros, il s’agissait d’un livre que j’espérais trouver un jour depuis longtemps) et À soi-même de Odilon Redon (6 euros, il s’agit de son journal).
Je suis retourné hier soir à la librairie et j’ai de nouveau acheté deux livres : un livre avec des dialogues de Platon dont le dialogue Ion dont P. m’avait parlé (3 euros) et Anomalies et perversions sexuelles de Magnus Hirschfeld.
J’ai hâte de peser ces quatre livres !
Mardi 19 février
Je suis passé aujourd’hui après mon repas à la cantine à la librairie de Frédéric. J’ai posé une demie journée pour pouvoir travailler à la bibliothèque. Je n’ai pas acheté de livres.
Il est 15h05. Je vais maintenant pouvoir lire le livre Anomalies et perversions sexuelles de Magnus Hirschfeld !
Il est 17h35. J’ai pesé avec beaucoup d’intérêt le livre de Magnus Hirschfeld. J’ai choisi de lire certains chapitres plutôt que d’autres. J’ai lu avec intérêt les nombreux témoignages de gens atteints de perversions sexuelles qui sont relatés dans ce livre. On ne tourne pas ici autour du pot mais on traite cliniquement de la question sexuelle. Je me rends ainsi bien compte que beaucoup de gens ont à faire l’expérience d’une sexualité difficile à vivre. N. G. m’avait dit que c’est difficile pour tout le monde. Cette lecture m’apaise en me faisant voir que des gens ont eu à vivre des expériences de la jouissance bien plus problématiquement anormales que celles qui m’ont été données de vivre. Je me sens ainsi moins seul avec ma sorte d’orientation amoureuse anormale.
Vendredi 22 février
Je suis passé ce matin à la librairie de Frédéric. J’ai acheté un livre pour 5 euros : L’invisible de Clément Rosset. Frédéric m’a demandé si je voulais un sac. J’ai dit oui.
J’ai rapidement pesé ce matin dans un café le journal À soi-même d’Odilon Redon. J’ai ensuite lu l’introduction de Michel Onfray au livre Les antinomies entre l’individu et la société de Georges Palante.
J’ai pesé le livre L’invisible de Clément Rosset. J’ai le sentiment que ça ne vaut pas le coup pour moi de me donner le mal de lire jusqu’au bout ce livre. Un philosophe à l’esprit un peu trop journalistique.
J’ai commencé ensuite à parcourir l’ouvrage de Georges Palante Les antinomies entre l’individu et la société. Lecture heureuse. Je compte donc bien poursuivre la lecture de ce beau livre.
Lundi 25 février
J’ai repris vendredi soir la lecture du livre de Georges Palante dans la salle d’attente de ma dermatologue.
J’ai lu aujourd’hui avec beaucoup d’intérêt les chapitres L’antinomie dans l’activité volontaire et L’antinomie esthétique du livre de Palante même si j’ai été freiné dans ma lecture par les voix de Madame de la Critique de la Raison Pure.
Mardi 26 février
Je suis passé hier à la librairie de Frédéric. J’ai acheté pour six euros le livre Les châteaux de la subversion d’Annie Lebrun.
J’ai lu la première partie et le premier chapitre, L’interrogation du paysage, de la seconde partie du livre de Annie Le Brun. Annie Le Brun est dans le discours savant. Une écriture trop littéraire pour réellement retenir mon attention. Une écriture trop savante pour moi. Je n’arrive à saisir avec ma lecture qu’une ligne directrice. Celle du rêve (le roman noir, le surréalisme) contre le réel (l’art réaliste des artistes intellectuels). Ma lecture reste très vague. Je ne suis pas sûr de poursuivre la lecture de ce livre.
Mardi 5 mars
J’ai un peu lu à Rennes le lundi dans un café alors qu’il pleuvait dehors le livre Les matérialistes de l’antiquité de Paul Nizan.
J’ai diné lundi soir chez D. M.. Delphine ne savait pas que c’était mon anniversaire samedi dernier. Elle a tenu à m’offrir un cadeau. Elle m’a offert un livre qu’on lui avait offert alors qu’elle l’avait déjà : Jeu blanc de Richard Wagamese. Il semblerait qu’il ait eu le prix des libraires en 2019. C’est donc une amie de Delphine qui le lui a offert en lui disant que c’était un beau livre. J’ai dit à Delphine que je ne lisais pas ce genre de livre habituellement. Je ne lis en effet jamais de roman. Je lui ai dit que là j’allais essayer de le lire. Elle m’a dit que si je trouvais cela trop pénible je pouvais sans problème rompre cette décision.
Vendredi 8 mars
Je suis passé hier soir à la librairie de Frédéric. J’ai acheté pour 3 euros un livre avec des fragments du poète surréaliste belge Paul Nougé. Sophie R. est passée à la librairie alors que j’y étais. Elle m’a salué en disant « Emmanuel ». Elle est sortie presque aussitôt après pour boire un verre avec Frédéric. Ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vue.
Mardi 19 mars
Je suis revenu hier soir d’Italie. Mon séjour au Perré a été une réussite. J’avais amené avec moi des livres mais je n’en ai lu aucun. J’ai préféré prendre des photos et lire ainsi mon séjour au Perré. Je me rends compte que c’est le fait de vivre en ville qui fait que je me sens obligé de tenir un journal. Que je me sens obligé d’écrire alors que je suis un visuel. À la montagne je prends des photos. Dans la nature l’image redevient possible tandis qu’en ville les visuels sont muselés de telle façon qu’ils n’ont pas d’autres choix possibles que celui de l’écriture.
L. et C. m’ont offert pour mon anniversaire un livre avec des poèmes d’une quarantaine de poètes vivants. Un livre édité je crois dans le cadre du Printemps des poètes. Je connaissais quelques uns de ces poètes. Il y a trois de ces poètes qui sont dans le film de Xavier Gayan.
Suis-je un plasticien qui livre une guerre contre le monde de ceux qui écrivent ? Je suis un visuel et je m’en prends en tant que visuel aux auditifs ? Le monde des livres dévore le monde des visuels ? La poésie est-elle un genre d’écriture possible pour les visuels ?
Vendredi 22 mars
J’ai parlé hier avec ma collègue V. du fait que je préférais lire le livre de mon existence plutôt que de lire des livres. Je lui ai dit qu’en descendant dans l’arène de l’existence on se faisait une idée beaucoup plus juste du monde et des hommes qu’en se contentant d’une vision livresque de l’existence. Je lui ai parlé de Dostoïevski qui s’était forgé au bagne une vision véridique de l’homme. Pas une vision livresque mais une vision d’existence. Je lui ai aussi dit que la poésie n’était pas fête pour moi pour être lue mais qu’elle n’avait de sens véritable que pour celui qui la lisait. Un livre de poésie c’est ainsi à mon sens un livre à peser plutôt qu’un livre à lire. V. m’a montré un exemplaire du livre Les carnets du sous-sol de Dostoïevski. C’est moi qui lui avais conseillé de lire ce livre.
Là je vais allé à la librairie de Frédéric. Je veux aussi acheter un livre avec le récit Le festin de Babeth de Karen Blixen pour l’offrir à C.. C. m’a dit ne pas connaître ce texte.
Vendredi 29 mars
J'ai acheté vendredi dernier chez Gibert Le diner de Babeth de Karen Blixen pour l'offrir à C. et Extension du domaine de la lutte pour L..
J'ai acheté dernièrement à la librairie de Frédéric un livre sur Artaud : L'expérience intérieure d'Antonin Artaud de Daniel André-Carraz. J'ai un peu parcouru ce livre ces derniers jours. Cela m'a replongé dans mon mythe de poète maudit.
JS et Aude m'ont offert hier soir pour mon anniversaire le livre Se perdre de Annie Ernaux. Il s'agit d'un journal. Aude m'avait déjà parlé de cette auteur. D. M. aussi.
Mercredi 3 avril
J'ai repris lundi 1 avril la lecture du livre que JS et Aude m'ont offert pour mon anniversaire : Se perdre de Annie Ernaux.
Vendredi 5 avril
J'ai poursuivi aujourd'hui ma lecture du livre d'Annie Ernaux. Mon collègue P. m'a dit qu'il n'aimait pas cette auteur car « sa tête ne lui revenait pas ». « Elle n'est pas sexy. » Parce que aussi elle écrit sans style m'a-t-il dit. P. m'a dit aimer les écrivains fous. Les écrivains qui délirent en faisant délirer la langue. Aude m'a dit au contraire que Annie Ernaux était belle. JS et Aude m'ont confirmé qu'il s'agissait d'une écrivaine pour sociologue. Elle vient d'un milieu très modeste et décrit du coup avec une vérité critique le nouveau milieu social élévé qu'elle a intégré en réussissant socialement. Ils m'ont dit : « Une transfuge ». D. M. avait plusieurs livres de Annie Ernaux dans sa bibliothèque et elle est aussi sociologue. Je suis moi un transfuge négatif. Je décris de façon critique le milieu social modeste que j'ai intégré alors que je venais d'un milieu favorisé. Je suis en ce sens transfuge dans un sens inverse par rapport à Annie Ernaux.
Samedi 13 avril
Je suis passé à la librairie de Frédéric mardi dernier après avoir quitté la bibliothèque. Je n’ai pas acheté de livres.
Vendredi 19 avril
J’ai lu cet après-mdi l’article de Jean Brun sur Léon Chestov. David m’avait mis cet article de côté pour que je puisse le regarder. David m’a montré cet article car il se souvenait que je lui avais parlé avec intérêt de ma lecture de l’oeuvre de Léon Chestov. Ca m’a replongé dans une certaine lecture de l’histoire de la philosophie. Mais les voix de la khâgne ont rendu difficile pour moi cette lecture.
Lundi 29 avril
Je suis allé hier soir chez les Sa.. J’ai parlé à M. et A. de Jacques Rigaut et des poètes du Grand jeu. Ils m’ont dit tous les deux ne pas connaître ces auteurs. Ils m’ont parlé eux de deux auteurs : Castaneda qui a écrit un livre intitulé L’herbe du diable et la petite fumée et de Bernard Leclerc de la Herverie qui a écrit Les rêveurs d’oiseaux. Michel m’a dit avoir été l’ami de Bernard Leclerc de la Herverie. Il faudra que je regarde à quoi ressemblent ces livres. J’ai pesé rapidement des livres de Luc Lang que j’ai trouvé dans la bibliothèque chez les Sa.. Il s’agissait de romans. Pas des livres que j’aurais envie de lire assurément. M. est très ami avec Luc Lang.
Vendredi 31 mai
Je suis allé mercredi soir dernier à la librairie de Frédéric. Ça faisait une éternité que je n’y était pas retourné. Je me suis acheté trois livres : Le monde du sexe de Henry Miller (4 euros), un livre avec cent gravures d’époque pour illustrer deux livres de Sade (6 euros) et Le linguiste et l’inconscient de Michel Arrivé. Le livre avec les gravures est passionnant. Des images très inventives sur le plan pornographique. On voit le côté scientifique de la pornographie de Sade. Chaque image résume un passage de l’oeuvre de Sade. Je préfère lire ainsi ces images plutôt que de lire l’oeuvre de Sade que je trouve assez ennuyante. J’ai déjà lu un livre de Michel Arrivé sur Saussure. J’avais envoyé à Michel Arrivé un exemplaire de mon Traité d’idiotphysique et mon manuscrit Autour de la spécificité de l’idiotphysique. Il ne m’a jamais répondu. J’avais pourtant échanger avant avec lui quelques mails. J’espère trouvé dans ce texte des pistes pour relancer mes réflexions linguistiques. Je n’ai plus son livre sur Saussure.
J’ai commencé à lire ce matin le livre Le monde du sexe de Henri Miller que je me suis acheté jeudi soir dernier en attendant mon tour à la boutique SNCF de Saint Paul. J’ai attendu pendant quelque chose comme 1h15. Le temps donc de bien avancé dans ma lecture de ce livre. Ça m’a intéressé. Madame D. S. m’avait dit que ce que j’écrivais n’avait rien à voir avec les livres de Miller. Miller est en effet bien un homme de lettres et un homme qui a une intelligence des rapports humains qui lui permet de se lier amoureusement avec des femmes. Il s’est marié. Il a eu une vie de couple. Je suis moi bien incapable de tout cela. Ou capable de ne pas me laisser entrainer à le faire ? Parce que je suis un plasticien et non un homme de lettres ?
J’ai lu lundi avec intérêt un article de Crevel sur la psychanalyse que j’ai trouvé un peu au hasard en surfant sur internet. Dans ce texte Crevel dit que l’homme romantique qui se fait psychanalyser ressemble un peu au « Monsieur Jourdain » du livre de Molière Le bourgeois gentilhomme qui n’arrive plus à dire quoique ce soit aux dames après avoir été déniaisé en apprenant que depuis toujours il parlait en faisant de la prose. Il n’est du coup plus capable de parler amoureusement à une dame. Crevel dit que Freud est un alchimiste de l’amour. Qu’avec lui on apprend à voir que l’amour c’est le sexe. On ne voit plus alors l’amour romantique. L’amour courtois. Crevel ne fait pourtant pas pour autant dans cet article une critique de Freud. Il écrit au contraire que Freud nous aide à conquérir l’hygiène de vie qui nous convient la mieux. J’ai parlé à ma psychanalyste N. G. de ce texte. Elle m’a dit qu’elle en le connaissait pas. Qu’elle allait partir à sa recherche car ce texte suscitait sa curiosité.
Vendredi 14 juin
Je suis descendu aller mercredi dernier chez N. G. pour 17h30. Comme j’étais en avance je suis allé trainer dans une librairie que j’ai découverte sur mon chemin. Une librairie « boulinier » je crois. Le magasin d’une chaine. Ils vendaient pleins de livre à bas prix. J’ai vu le monsieur de la caisse acheter des livres pour quelques centimes. J’ai vu des gens venir lui vendre des livres. Ils venaient avec des cadis remplis de livres. Je suis allé ensuite à mon rendez-vous avec N. G.. Elle m’a reçu assez vite. Je lui ai parlé du livre La défaite de Pierre Minet et du livre d’Alain Borer sur le Rimbaud d’Abyssinie. J’ai acheté le livre d’Alain Borer mais je ne l’ai jamais lu. Je lui ai dit que j’avais réussi à ne pas devenir un gros bourgeois ventru parce que je m’étais refusé à me lier amoureusement à une femme pour me marier avec elle et fonder une famille. Après mon rendez-vous j’ai repris le RER B à Cité U et je suis descendu à Saint Michel pour aller chez Gibert m’acheter des petits carnets vierges. J’ai ensuite été à la librairie de Frédéric où j’ai acheté pour trois euros le livre Hippobosque au Bocage de Gaston Chaissac.
J’ai ce matin recommencé à lire avec curiosité le livre de Gaston Chaissac. Je me suis ensuite replonger dans la lecture du livre Le linguiste et l’inconscient de Michel Arrivé mais le livre de Michel Arrivé m’est tombé des mains. Impossible de me concentrer sur le texte. J’ai ensuite parcouru le livre Contre la nuit de Stéphane Bataillon. J’ai lu quelques moments de sensibilité dans ce texte qui ont fait écho dans mon intériorité. Mais j’ai lu ainsi ce texte parce que je connaissais l’auteur. Parce que Stéphane Bataillon s’était lui-même donné le mal de lire mon manuscrit L’impossible d’un corps de femme. Je ne me serais jamais donné la peine de peser ce livre sans cette relation personnelle que j’ai avec son auteur.
Je veux cette après-midi aller jouer au mangeur de femmes. Je préfère lire ainsi ma vie plutôt que de peiner laborieusement en m’essayant à lire des livres.
Vendredi 28 juin
Je suis passé ce midi à la librairie de Frédéric avant de retrouver David chez le Président. Je n’ai pas acheté de livres. Frédéric m’a dit aimablement « bonjour » quand je suis arrivé et « au revoir » quand je suis reparti.
Je suis allé voir dimanche dernier l’exposition à la BNF sur les manuscrits de l’extrême. Une exposition qui m’a beaucoup touché. J’ai découvert là-bas exposé un carnet de Pascal avec ses secrets d’économie. Une exposition qui permet de redonner sens à ce qu’est véritablement le livre d’un auteur. Mes manuscrits à moi seraient illisibles si je ne prenais pas le temps de les retranscrire sur mon ordinateur au fur et à mesure que je les écris. Je les rend ainsi lisibles. C’est ma façon à moi de les rendre visibles.
Lundi 8 juillet
Après la bibliothèque je suis allé aujourd’hui à la librairie de Frédéric. J’ai acheté pour dix euros les oeuvres complètes de Maurice Scève. Deux livres de poche. Le garçon de la librairie m’a dit que c’était la dernière édition des oeuvres complète de Maurice de Scève. Il n’y en a pas eu d’autres depuis. Ça n’a ensuite jamais été réédité. Je lui ai dit qu’en parcourant le livre il m’avait paru qu’il s’agissait d’une poésie métaphysique. Le garçon m’a répondu que pour lui il s’agissait plutôt d’une poésie psychologique. Je vais voir cela de plus prêt par moi-même.
Mardi 16 juillet
Je suis passé hier à la librairie de Frédéric après avoir quitté la bibliothèque. Je n’ai pas acheté de livres.
J’ai commencé hier à peser le livre Délie de Maurice Scève. Une poésie qui semble me parler. Pas trop littéraire et poussiéreux pour moi. Il me semble que je communique un peu avec ma vie en lisant cet auteur. J’ai donc été heureux de pouvoir le peser.
Mercredi 24 juillet
Je suis passé cet après-midi à la librairie de Frédéric. J’ai acheté un livre pour trois euros : Méthodes de Francis Ponge. J’ai vu au rayon philosophie le livre de Françoise Fonteneau L’éthique du silence.
J’ai pesé avec plaisir cet après-midi le livre de Peter Altenberg Télégrammes de l’âme. J’ai ensuite essayer de parcourir le livre de Francis Ponge que je venais de m’acheter mais les voix de Madame de la Critique de la Raison Pure m’en ont empêché.
Mardi 10 septembre
Je suis ensuite allé à la librairie de Frédéric hier midi. J’ai acheté trois livres pour dix euros : Le sacrement de l’amour d’Ivan Bounine (on m’avait offert recueil de nouvelles de cet auteur que j’ai aimé lire), Charles Baudelaire de Walter Benjamin et Le Parnasse des poètes satyriques. Il y a dans ce dernier ouvrage des poèmes de Théophile de Viau que j’ai eu envie de découvrir. J’ai lu ainsi avec bonheur quelques poèmes du parnasse des poètes satyriques. Je me sens moins seul poétiquement par la grâce de cette lecture. Voilà quelqu’un qui parlé avec sincérité de la chose amoureuse !
J’avais amené avec moi des livres au gite en Ardèche et au chalet à Névache. J’ai juste lu quelques pages des Fleurs du mal à Névache. Un été sans presque donc aucune lecture. J’ai juste lu aussi à Névache une petite nouvelle d’Edgar Poe que je connaissais. Maman l’avait en français et en anglais avec un disque audio en anglais. C’est l’histoire d’un prince qui s’enferme dans un château avec des gens pendant que la peste fait dehors des ravages. Il organise une grande fête. Un bal masqué. Le masque de la mort va s’inviter à cette fête et le prince et tous ses courtisans vont périr.
Là je suis en train de lire Hôtel du Brésil de Bergounioux. C’est son dernier livre je crois. Il est paru dans la collection Connaissance de l’inconscient. C’est D. qui vient de me prêter l’exemplaire de ce livre que S. lui a offert.
Il est 15h52. Je viens de finir l’ouvrage de Bergounioux. Sentiment qu’il tourne autour du silence. Qu’il s’interdit d’en parler directement. Qu’il traite donc les problèmes de façon métaphorique. Est-ce parce qu’il ne sait que discourir ? Parce qu’il s’interdit d’ouvrir la boite où se trouve enfermer son intimité ?
Lundi 16 septembre
J’ai lu aujourd’hui avec un peu de bonheur Les Amours jaunes de Tristan Corbière. Je me sens proche de sa sorte de laideur.
Je viens de lire des poèmes de La Doctrine de l’Amour puis des poèmes de Valentines. Lecture heureuse. Germain Nouveau est coupé en deux. Je me reconnais dans cette coupure de son esprit. Dieu et le désir. La religion et les femmes.
J’ai repris la lecture du texte de Casanova intitulé Voyages romanesques à travers la Suisse. J’avais déjà commencé à lire ce livre. J’ai fini le premier chapitre du livre : Année 1760 Ma mauvaise conduite à Stuttgart, Zurich. Passionnant !
Vendredi 20 septembre
J’ai poursuivi mercredi avec bonheur ma lecture du livre de Casanova. J’ai aussi peser à nouveau la poésie de Théophile de Viau.
Ce matin de nouveau un peu de poésie de Théophile de Viau et la poursuite heureuse du livre de Casanova.
Je suis passé après le déjeuner à la librairie de Frédéric. J’ai acheté pour 7 euros deux livres : Thérèse Philosophe et un livre de poche avec un choix de textes de Baudelaire intitulé Au-delà du romantisme.
J’ai commencé cet après-midi à peser les écrits sur l’art de Baudelaire puis j’ai lu la moitié de Thérèse Philosophe.
Je me sens heureux ce soir de toutes ces lectures. Il me semble que ça faisait longtemps qu’il ne m’avait pas été donné ainsi la possibilité de dévorer avec passion des livres. J’ai ainsi brisé ma solitude de poète idiot !
Lundi 23 septembre
J’ai poursuivi cet après-midi ma lecture de Thérèse Philosophe. J’ai fini le chapitre XII. Je reprendrai cette lecture vendredi prochain je pense.
Vendredi 27 septembre
J’ai fini ce matin ma lecture de Thérèse Philosophe.
Il y a une dans mon édition de Thérèse Philosophe une postface écrite par un monsieur qui s’appelle Roger Dugény. Ce monsieur écrit que cet écrit libertin peut se lire comme une critique du libertinage. Comme un texte qui dévoile l’esprit criminel des libertins du XVIIIe siècle. Je comprends cela fort bien à partir de mon propre travail d’écriture. Je suis un libertin qui cherche à se racheter en livrant au monde les secrets de son libertinage. En acceptant de mettre à nu mon corps criminel de libertin je cherche à combattre le libertinage. Je veux combattre mes passions négatives en les rendant visibles aux autres. Je m’en prends ainsi à mon propre esprit criminel. Je montre que je suis dans l’incapacité de résister à ces tristes passions. Que toute qui est en mon pouvoir c’est de mettre à nu ces passions pour participer ainsi à l’étude critique de ces tristes passions. Je me livre ainsi bien à la science et à la morale des ennemis du libertinage. Je rends possible une enquête sur le libertinage de note époque.
J’ai fini cet après-midi ma lecture du livre de Casanova.
Je me suis fait cette réflexion en lisant Casanova. Comment a-t-il pu ainsi se remémorer à la fin de sa vie toutes ces aventures avec autant de précision ? JS m’a dit que c’était là impossible. Que tout cela devait être grandement romancé. Moi je relate mes aventures au fur et à mesure que je les vis. C’est là la différence entre un journal et un livre de mémoire. J’écris ainsi pour oublier et pouvoir ainsi me lancer dans de nouvelles aventures. Casanova lui semblerait ne pas avoir eu cette possibilité d’oublier ainsi. De se décharger ainsi du poids de ses souvenirs. Mais je ne crois pas à l’idée qu’il ait été en mesure de raconter ainsi toute sa de libertin vie après l’avoir vécu. Il y a là à mon sens une impossibilité. Je suis là-dessus du même avis que JS.
Je suis allé ce midi à la librairie de Frédéric.
J’ai vu un livre avec les chansons de Serge Gainsbourg édité chez Plasma. Ce livre valait dix euros. Je ne l’ai pas acheté. J’ai été tenté de l’acheter mais ensuite je me suis dit qu’il s’agissait là d’une sorte de poésie qui ne me parlait pas du tout. Une poésie sans fautes d’orthographe. La poésie d’une langue parfaitement maitrisée. Qui joue avec cette maitrise. Je suis moi à l’opposé de cette sorte d’écriture. Là où Gainsbourg parodie la question de l’amour je suis moi sérieux : Je parle gravement la langue de l’amour. Je parle sérieusement la langue de l’amour. Et là où je moi je parodie ma sorte de libertinage Gainsbourg lui se montre sérieux. C’est très sérieusement qu’il défend une forme d’amour libertin. J’ai acheté aujourd’hui deux livres : Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos (4 euros) et Poètes maudits d’aujourd’hui de Pierre Seghers (5 euros).
J’ai lutté aujourd’hui contre Madame de la Critique de la Raison Pure en lisant Thérèse Philosophe et le livre de Casanova. Cette Madame qui m’habite a cherché à m’empêcher de lire ainsi ces livres.
Je pèserai lundi prochain les deux livres que je me suis achetés aujourd’hui à la librairie de Frédéric. Impossible de me concentrer maintenant. Je vais donc quitter à la bibliothèque pour aller jouer au mangeur de femmes.
Lundi 30 septembre
J’ai vu en passant tout à l’heure à la librairie qui fait le coin de la rue d’Ulm que La Fontaine avait écrit des contes libertins. J’ai failli acheter un livre avec ces contes. Je n’ai finalement acheter aucun livre.
Je vais maintenant peser le livre Poètes maudits d’aujourd’hui de Pierre Seghers.
Mardi 8 octobre
J’ai repris vendredi et hier la pesée du livre de Pierre Seghers.
J’ai acheté vendredi dernier je crois à la librairie de Frédéric le livre d’Aragon La Défense de l’infini suivi de Les Aventures de Jean-Foutre La Bite. Je vais maintenant pouvoir le peser. C’est Sophie R. qui m’avait parlé de ce livre.
J’ai lu avec bonheur Le Con d’Irène.
Vendredi 11 octobre
J’ai lu aujourd’hui des passages du texte Le peintre de la vie moderne de Baudelaire. Baudelaire se fait dans ce texte le critique de son ami aquarelliste Constantin Guys. Baudelaire appelle dans ce texte Constantin Guys « le peintre de la modernité ». J’ai été sensible au traitement que fait Baudelaire du concept de modernité artistique. J’ai lu avec intérêt ce qu’il écrit sur le dandy et sur les femmes dans ce texte.
Lundi 14 octobre
J’ai commencé aujourd’hui à repeser l’ouvrage Les libertins au XVIIe siècle. Un ouvrage avec des textes choisis et présentés par Antoine Adam que j’avais acheté il y a déjà un certain temps à la librairie de Frédéric.
Mercredi 16 octobre
Je suis passé ce midi à la librairie de Frédéric. J’ai acheté l’ouvrage Sade mon prochain de Klossowski. Je l’ai trouvé à dix euros dans l’édition originale. J’ai commencé à peser avec intérêt ce texte. Je me vis comme une sorte de Sade ce soir. Ce livre de Klossowski donne des clefs pour ouvrir l’ouvre de Sade. Cette lecture s’intègre parfaitement dans mon intérêt actuel pour le libertinage.
Lundi 21 octobre
Je suis allé vendredi à la librairie de Frédéric après la bibliothèque. J’ai acheté pour 5 euros un livre d’une poétesse russe que je connaissais. Des textes théoriques sur la création. Je n’ai pas pris avec moi ce texte aujourd’hui. J’ai vu en vitrine le livre Le sentiment tragique de la vie de Miguel de Unamuno. Il coûtait 12 euros. Je ne l’ai pas acheté. Je l’ai ensuite regretté de telle façon que le soir j’ai noté sur mon petit carnet vert le numéro de téléphone de la librairie de Frédéric pour l’appeler le lendemain en lui disant de me mettre de côté ce livre. J’ai fait cela samedi midi. J’ai eu Frédéric au bout du fil. Je suis allé récupérer le livre le samedi soir. Je lui avais donné mon nom. Il m’a dit qu’il ne connaissait pas mon nom mais qu’il avait reconnu ma voix au téléphone. Il a été très aimable avec moi. Il m’a plaisanté en me disant qu’il ne voulait pas savoir ce que je faisais des sacs qu’il me donnait à chaque fois que j’acheter des livres à sa librairie. J’ai commencé à parcourir le livre en attendant Frédéric et Ruth au RER B Luxembourg ensuite. Heureux d’avoir acheter ce livre. J’avais regardé la vieille l’article Wikipédia consacré à ce livre.
Mardi 22 octobre
J’ai commencé cet après-midi à peser avec bonheur le livre L’art à la lumière de la conscience de Marina Tsvetaeva. Je me suis acheter ce livre vendredi dernier à la librairie de Frédéric. Une poétesse qui pense théoriquement son rapport à la poésie. Le livre d’une poétesse sur la poésie.
Vendredi 25 octobre
J’ai fini aujourd’hui le livre de Marina Tsvetaeva. Un livre qui m’a bouleversé. Je me sens très proche de ce texte. J’ai ressenti en le lisant une proximité poétique très forte avec son auteur. Je vais essayer de peser d’autres livres d’elle pour voir si je serai amené à les lire authentiquement aussi. La traductrice du livre Véronique Lossky parle dans la postface de deux autres textes de cette auteur lié à celui-ci : Le poète et le temps et Le poète et la critique. Je vais essayer de me les procurer.
Lundi 28 octobre
Je suis passé à midi à la librairie de Frédéric. J’ai acheté pour trois euros le livre L’amour et l’occident de Denis de Rougemont. Je l’ai rapidement peser en fin d’après-midi.
Mardi 5 novembre
Je suis passé à la librairie de Frédéric après avoir vu mon médecin à Place des Fêtes. Je me dirigeais alors vers la rue Saint Jacques pour aller diner avec Jean chez le Président. Je n’ai pas acheté de livres.
J’ai travaillé lundi et mardi à la bibliothèque. Je n’ai pas lu de livre. Je n’ai fait que remettre à jour mon journal. J’avais pas mal de retard car vendredi était un jour férié et la bibliothèque était donc fermée ce jour. De plus j’avais pas mal de notes sur mes petits carnets à restituer. Deux petits carnets en entier !
Vendredi 8 novembre
J’ai lu aujourd’hui une partie du livre Sade et les félons de Michel Brix. J’ai ce livre chez moi depuis très longtemps. Je l’avais déjà lu en partie à plusieurs reprises.
J’ai aimé relire ce livre sur Sade et saisir ainsi pour la première fois en quoi Sade a dénoncer le libertinage. En quoi donc il n’est pas réellement lui-même un libertin mais qu’il est bien plutôt quelqu’un qui s’en prend aux félons. Et moi j’en viens ainsi à me rêver être aussi un homme s’en prenant ainsi aux félons et pour cela méritant d’être pardonné par tous ceux qui luttent contre le mal du libertinage.
Vendredi 15 novembre
Après la bibliothèque j’ai marché ce soir jusqu’à la librairie de Frédéric. Je suis resté assez longtemps dans la librairie. J’ai finalement acheté trois livres pour une somme totale de 15 euros. J’ai acheté un bel exemplaire du livre Les forces tumultueuses de Paul Verhaeren. Il m’a coûté 6 euros. J’ai acheté un petit livre avec le texte en anglais et en français du livre La ballade de la geôle de reading d’Oscar Wide précédé d’un texte intitulé L’artiste en prison de Albert Camus. Il m’a coûté 4 euros. Et le troisième livre : Trois chemins d’écolier de Ernst Jünger. Un texte qui fait une critique de l’école comme moyen d’apprendre à vivre. Il m’a coûté 5 euros. J’ai vu un livre de Pierre Louÿs qui m’a paru très négativement littéraire. S’inspirant de la littérature gréco-romaine. Un livre trop savant pour moi. J’ai vu aussi un livre de Charles-Albert Cingria. Un livre sur son voyage en Suisse. Je sais que Bergounioux m’a déjà parlé positivement de cet auteur. Je n’ai pas eu envie de le peser cependant. J’ai enfin vu un livre de philosophie bouddhiste. Un livre appétissant comme une pâtisserie peut l’être. En fait un livre intéressant à écrire mais pas à lire me suis-je dit. Après la librairie je suis allé m’acheter 4 petits carnets et un agenda chez Gibert Joseph. Je suis ensuite rentré chez moi.
Mardi 19 novembre
J’ai pu reprendre hier un peu la lecture du livre Sade et les félons de Michel Brix. Une lecture heureuse pour moi.
J’ai lu aujourd’hui à la bibli le texte de Albert Camus L’artiste en prison qui introduit le texte La ballade de la geôle de Reading d’Oskar Wilde. Un texte qui m’a intéressé.
Je n’ai pas beaucoup lu lundi et mardi car j’ai passé beaucoup de temps à mettre mes journaux à jour. Le livre que j’ai lu c’est ainsi le livre dont je suis l’auteur : le livre de mon existence. Un livre que j’écris animalement. Avec ma vie. Le seul livre qui compte vraiment pour moi.
Je suis passé cette après-midi à la librairie de Frédéric après avoir quitté la bibliothèque. Je ne me suis pas acheté de livre. Je me suis en revanche acheté pour un euro deux cartes postales anciennes avec des représentations de tableaux de Toulouse-Lautrec. Je les ai achetées pour en envoyer une à Elena pour son anniversaire. Maman m’a dit que je ne pourrais pas envoyer la carte postale représentant deux femmes allongées. Deux prostituées peintes par Toulouse-Lautrec. J’ai donc envoyé celle avec l’image d’une scène de cirque peinte par l’artiste. C’est la première fois que j’achète ainsi une carte postale à la librairie de Frédéric.
Je tiens souvent ce Journal d’une bibliothèque dans une bibliothèque. A la bibliothèque de David. Aujourd’hui je mets à jour ce journal chez moi. En fait je parle essentiellement dans ce journal des livres que j’achète à la librairie de Frédéric. J’aurais presque pu l’appeler Journal d’une librairie. Mais il s’agit d’un journal qui relate bien plutôt mes lectures. D’un journal qui explore ma relation aux livres que j’achète.
Vendredi 22 novembre
J’ai parcouru ce matin le Que sais-je ? « histoire de l’onanisme ». J’ai ensuite essayé de reprendre la lecture du livre Sade mon prochain de Pierre Klossowski mais ce livre m’est aussitôt tombé des mains. J’ai ensuite tenté de peser le livre Le sentiment tragique de la vie de Miguel de Unamuno mais je n’ai pas réussi à capter poétiquement l’esprit du livre. Incapable d’une quelconque lecture aujourd'hui. J’ai réessayé en vain aussi cet après-midi de prendre la lecture du livre de Miguel de Unamuno.
J’ai donc décidé de quitter la bibliothèque pour aller jouer au mangeur de femmes.
Lundi 25 novembre
Je suis alors allé à la librairie de Frédéric ce midi. Je n’ai pas acheté de livres. J’ai vu entre autres : Contes cruels suivi de l’amour suprême de Villiers de l’Isle ; un ouvrage du comte de Gobineau ; un livre du sociologue de droite Mafiosoli sur l’amour, le titre du livre étant quelque chose comme « essai d’une sociologie du dionysiaque ». Il y a un certain temps je me serais laissé aller à acheter ces textes. Je les aurais alors vaguement pesés puis je les aurais mis dans ma bibliothèque me donnant ainsi à moi-même l’air d’un homme de lettres. Mais je sais bien aujourd’hui que je ne suis pas cet homme de lettres que j’ai longtemps joué à être. Je ne suis que le pauvre diariste de mon idiotie. Un poète idiot. Je ne veux plus tromper personne avec ma bibliothèque. Il me semble que j’ai bien ainsi trompé mes parents et diverses connaissances aussi en achetant tous ces libres. Je me suis ainsi donné les airs d’un intellectuel. Mais je ne suis qu’un peintre raté qui orthographie difficilement la langue qu’il emploie pour tenir le journal de ses ratages. Mon Journal de ma bibliothèque : le journal de tous les livres que je n’ai su que peser paresseusement ?
Vendredi 29 novembre
J’ai pesé rapidement ce matin le livre Les forces tumultueuses de Emile Verhaeren. Le livre m’est tombé des mains. Voici ce que j’ai noté dans mon Journal amoureux a propos de ce livre :
« Une poésie symboliste. Il écrit de façon métaphorique et savante. Il utilise des symboles pour parler du réel. Je lis moi ce livre en essayant d’abord de décoder le texte. J’essaye de comprendre le réel qui se cache derrière les symboles qu’il utilise mais très vite je lâche prise. Ça demande une trop gros effort de lecture. La mayonnaise ne prend pas. Je m’ennuie. Je me met alors à glisser avec indifférence sur le texte. Le texte n’est plus pour moi qu’un livre savant d’homme de lettres. Trop savant pour moi qui ne suit qu’un poète idiot. Un livre pour homme de lettres. Un livre pour des lecteurs capables d’orthographier correctement la langue française. On ne parle pas ouvertement ici du silence humain. On participe au silence du silence en travaillant à tourner autour du réel sans jamais oser véritablement le nommer directement. Une littérature pour hommes polis et bien élevés. Une langue poétique parfaitement orthographiée. Une langue qui tend à la perfection esthétique d’un beau idéal. Une beauté cultivée. Une peinture très propre. Parfaitement maitrisée. Pas de ratures. Pas de ratage. »
J’ai repris cette après-midi avec passion la lecture de Sade et les félons de Michel Brix. Une lecture lumineuse qui me comble poétiquement et que je compte donc bien poursuivre encore !
Vendredi 6 décembre
J’ai mis à jour lundi mon journal. J’ai repris mardi à la bibliothèque avec beaucoup d’intérêt ma lecture du livre Sade et les félons. J’ai passé aujourd’hui de nouveau toute ma journée à la bibliothèque à mettre à jour mon journal. J’ai beaucoup écrit ces derniers jours sur mes petits carnets. J’ai ainsi travaillé à restituer les notes de mes petits carnet aujourd’hui de 9h30 à 12h30 puis de 13h40 à 17h20. Là il est trop tard pour que je reprenne ma lecture du livre de Michel Brix.
Mercredi 11 décembre
J’ai repris aujourd’hui avec intérêt toujours ma lecture du livre de Michel Brix.
Je suis allé hier après avoir manifesté contre la réforme des retraites à la librairie de Frédéric. Je n’ai pas acheté de livres. Je suis ensuite allé à Gibert Joseph. Ils m’ont dit n’avoir pas le livre Le sentiment tragique de la vie de Unamuno. Ils n’avaient pas non plus le livre de Michel Brix sur l’amour libre et son livre sur Nerval. J’ai trouvé par hasard un livre intitulé L’art (d'être) idiot. En plein dans mon sujet. Je l’ai feuilleté et j’ai vite compris qu’il s’agissait d’un livre de lecteur sans aucun intérêt. L’auteur était professeur à la Sorbonne. Il parlait du travail de Arnaud Labelle-Rojoux comme du travail d’un artiste idiot. Je sais moi que cet Arnaud est un critique d’art très branché et qui n’a aucun rapport authentique à l’idiotie. Un livre dans la veine des livres de Jouannais. Un livre qui surfe sur un sujet tendance. Il était d’occasion à 10 euros. Je ne l’ai pas acheté. J’ai bien fait de ne pas l’acheter. Je me suis du coup dit que mes journaux avaient eux une vraie valeur pour l’idiotie. Que j’étais moi un auteur et non un lecteur comme ce professeur de la Sorbonne qui parlait de l’idiotie sans faire de fautes d’orthographe. J’ai vu une jolie jeune femme dans la librairie. Je l’ai un peu observé. Je suis allé dans la librairie Gibert Jeune. Là non plus il n’avait pas les livres que je cherchais. Je voudrais offrir Le sentiment tragique de la vie à Papa. Il ne l’avait pas non plus chez Vrin. Il n’avait pas non plus de livre de Palante chez Vrin et aux deux librairie Gibert Jeune et Gibert Joseph. Je suis passé ce matin à la librairie Vignes pour leur demander si ils avaient un exemplaire du livre Le sentiment tragique de la vie. La jeune femme qui travaille là depuis que Sophie est partie dans le Limousin m’a dit que non. Je me rends compte ici de la valeur de la bibliothèque que j’ai constitué en fréquentant poétiquement les librairies.
Vendredi 13 décembre
J’ai lu aujourd’hui la moitié du livre Le sentiment tragique de la vie de Miguel de Unamuno. J’ai trouvé dans ce livre des pensées qui m’ont interpellé. J’ai eu du mal à commencer ma lecture mais une fois un effort premier accompli la lecture de ce livre s’est révélée être pour moi une entreprise positive.
Lundi 16 décembre
J’ai repris aujourd’hui ma lecture du livre Le sentiment tragique de la vie de Miguel de Unamuno. Je viens de finir le chapitre De Dieu à Dieu. Il est 15h40. Je vais maintenant quitter la bibliothèque pour me rendre à mon rendez-vous chez N. G.. Il y a toujours une grève des transports en commun.
Mardi 17 décembre
N. G. m’a fait penser hier ma proximité avec le penseur hérétique qu’est Georges Bataille. Je suis du coup allé chercher hier dans ma bibliothèque quatre livres de Bataille que j’avais : L’érotisme, Histoire de l’oeil, Théorie de la religion et L’expérience intérieure. J’ai pris aujourd’hui avec moi ces quatre livres ainsi que deux livres de Carlo Michelstaedter : La persuasion et la rhétorique et Le dialogue de la santé et autres textes. J’ai sinon aussi dans mon sac : Sade et les félons de Michel Brix et Le sentiment tragique de la vie de Miguel de Unamuno ainsi que Une rencontre à Pékin de Jean François Billeter (c’est Aude qui m’a prêté ce livre en me conseillant de le lire) et L’amour et l’Occident de Denis de Rougemont. Je compte pouvoir peser tous ces livres ce qui me prendra un certain temps.
Je suis passé à midi à la librairie de Frédéric. Je n’ai acheté que L’ingénieux hidalgo don quichotte de la manche de Cervantes en deux livres de poche. Ca m’a coûté 4 euros. Je n’ai rien trouvé d’autre. Je suis ensuite passé à la librairie qui se trouve à l’angle de la rue d’Ulm. Je n’ai rien acheté là.
Michelstaedter m’a amené à penser mon « je me parle les autres » sous le signe d’une pensée qui pratique l’art de la persuasion et mon « je parle les autres » sous le signe d’une pensée qui pratique l’art de la rhétorique.
J’ai lu cet après-midi L’érotisme de Georges Bataille. Je viens de finir le chapitre La transgression de la première partie intitulé L’interdit et la transgression de ce livre. Une lecture qui m’interpèle. J’ai le sentiment de pouvoir lire ce livre avec mon expérience intérieure de l’érotisme. Je me sens ainsi moins seul. Je me découvre en Bataille un frère en amour. Bataille fréquentait les maisons closes. Bataille est un philosophe-artiste. Un homme de lettres habité par un sentiment amoureux de la vie. On sent une écriture par la vie. Il développe sa pensée de l’érotisme avec un vrai sens de la nécessité du sentiment amoureux de la vie. Il veut défendre ce sentiment contre ceux qui pratiquent un cartésianisme qui réduit la vie à n’être qu’une chose à observer rationnellement. Mais la vie est avant toute chose une chose à ressentir. Une chose à découvrir amoureusement. Il faut savoir ainsi aussi explorer la vie érotiquement. Il faut savoir ainsi penser la vie amoureusement aussi.
Vendredi 20 décembre
J’ai essayé cet après-midi de lire La persuasion et la rhétorique de Carlo Michelstaedter mais le livre m’est tombé des mains et j’ai eu une envie pressante de dormi. J’ai alors repris ma lecture du livre Sade et les félons de Michel Brix. J’ai lu ce livre en écoutant de la musique ce qui je crois m’a permis de lutter contre la fatigue. Un livre toujours aussi passionnant à lire. Il ne me reste plus que la conclusion !
La bibliothèque va fermer pendant les vacances. Elle rouvrira le lundi 6 janvier.
Vendredi 3 janvier 2020
Je suis allé lundi 23 décembre à Luxembourg pour acheter des cadeaux pour les parents. Je suis allé chez Gibert. J’ai acheté deux DVD pour Maman. Un Woody Allen du début des années 80 et un film des frères Cohen. J’ai aussi acheté un rouleau de papier cadeau. J’ai ensuite acheté un livre pour Papa dans un autre magasin Gibert : Le sang noir de Louis Guilloux. J’ai pas mal trainé dans la librairie avant de me décider à n’acheter que ce livre. J’avais chez moi d’autres livres que je comptais lui offrir. Je suis allé chez Vrin pour voir si ils avaient des livres de Georges Palante. Ils n’en avaient pas. Ils n’en avaient pas non plus chez Gibert. Pas non plus dans la librairie qui s’appelle je crois Le Tiers Mythe : la librairie où travaillait avant un libraire qui s’appelait Raphaël. Je suis allé jouer au mangeur de femmes ensuite.
Les deux autres livres que j’ai offert à Noël à Papa : un livre de Ernst Jünger et La vie dans les bois de Henri David Thoreau. Des livres que j’avais dans ma bibliothèque et que je n’ai jamais lus.
Je suis passé jeudi chez Gibert et là j’ai pu voir qu’il n’avait toujours pas de livres de Georges Palante. Je me suis alors souvenu que je voulais voir à qui ressemblait les livres de Pasolini. J’ai en vu plusieurs à différents endroit du magasin : Littérature italienne, Cinéma, livres de poche. Je me suis finalement décidé pour acheter le livre Ecrits corsaires de Pasolini. J’ai trouvé le livre au rayon Cinéma. Il m’a coûté 9 euros. La librairie de Frédéric était encore fermée.
Je suis allé aujourd’hui à la librairie de Frédéric. Je suis arrivé à 13h55 devant la librairie. Un mot disait qu’elle allait réouvrir à 14h. Il y avait toujours en vitrine le livre que j’avais repéré et qui m’avait interpellé à cause de son titre très parlant pour moi : Le Mot peint de Tom Wolfe. Un mot du libraire disait que ce livre était épuisé. C’est le garçon qui travaille à la librairie qui a ouvert. Il m’a montré le livre. Un livre sur l’art à 10 euros. J’ai regardé les autres livres. Il y avait un autre client qui semblait faire la course avec moi pour saisir un bon bouquin avant moi. J’ai finalement acheté deux livres : Le Mot peint de Tom Wolfe (10 euros) et L’esprit contre la raison et autres écrits surréalistes de René Crevel (6 euros). Le garçon m’a fait les deux livres à 15 euros.
J’ai ensuite marché jusqu’à l’embranchement entre la rue d’Ulm et la rue Claude Bernard. Là j’ai pris un bus qui est arrivé tout de suite pour aller à Place d’Italie. Il m’a déposé avenue des Gobelins. Le magasin Lundia se trouve sur cette avenue. C’est là que je veux m’acheter ma nouvelle bibliothèque pour agrandir celle que j’ai déjà et que j’avais déjà achetée chez Lundia. Je n’ai pas eu à attendre en entrant dans la magasin Lundia. C’est la dame qui m’avait vendu ma première bibliothèque qui était là. Elle m’a fait un plan de ma bibliothèque à partir des mesures. Il y a deux possibilités. La deuxième possibilité dépend de la place qu’il y a entre mon canapé lit et le mur. Il faut que je prenne cette mesure. Sinon je peux aussi envisager de déplacer de mur mon canapé-lit. Je prévois aussi un meuble dans le couloir. La dame m’a dit qu’ainsi je doublerais presque ma surface de bibliothèque. Elle va m’envoyer un devis par mail.
J’ai travaillé aujourd’hui à la bibliothèque qui se trouve au-dessus de la bibliothèque de David de 15h39 à 17h. La bibliothèque de David rouvrira lundi prochain. J’ai souhaité un joyeux « Bonne année ! » à un groupe de bibliothécaires en entrant dans cette bibliothèque et ces dames m’ont répondu aussi joyeusement. Je serais bien resté travaillé plus longtemps. Je me suis installé ensuite dans un café luxueux de la Place de la Sorbonne qui s’appelle L’Ecritoire. J’ai pris là une tisane à la verveine qui va me coûter 4 euros 70. Il est maintenant 19h21 et j’y suis toujours. Je vais maintenant quitter ce café pour aller manger chez Monsieur le président. J’ai fini de mettre à jour mes deux journaux en cours !
Dimanche 5 décembre
J’ai oublié de dire que j’ai écouté durant mon séjour chez les parents à Orsay toute une suite d’émissions radiophoniques de France Culture sur mon ordi. J’ai ainsi fait une overdose d’émissions radiophoniques. Sur Bataille, sur Sade, sur Verlaine, sur Tristan Tzara, sur René Crevel, sur Francis Giauque, sur Artaud. Et j’en oublie peut-être. J’ai aussi écouté deux portraits audio sur Nietzsche et Schopenhauer.
Lundi 6 décembre
J’ai dévoré aujourd’hui avec passion le livre Le Mot peint de Tom Wolfe. Je me sens renaître artiste en le lisant. Je me sens à nouveau pleinement peintre. Un peintre qui aurait fait de sa théorie de l’art son oeuvre d’art même. L’oeuvre à créer.
J’ai tenté avant de peser le livre L’esprit contre la raison et autres écrits surréalistes de René Crevel mais je ne suis absolument pas parvenu à tirer quelque chose de bon de ce livre. Peut-être est-ce parce qu’il s’agit d’un discours trop cultivé pour le sot que je suis. Il est vrai que je ne m’y retrouve pas. Plein de références cultivées que je suis incapable de saisir. Et pourtant il touche à des questions qui me paraissent essentielles. Je me sens proche de lui pour les thèmes qu’il aborde (le rationalisme, la psychanalyse, la religion) mais ses analyses me sont tout à fait incompréhensibles. Je me sens idiot en le lisant. Cette idiotie négative, c’est au final la seule chose que j’arrive à tirer de ses discours.
Tout cela ne me montre-t-il pas encore justement que je suis bien un peintre qui écrit et non un homme de lettres ?
Mercredi 8 janvier
Je suis passé hier soir après le boulot à la librairie de Frédéric. J’ai souhaité en entrant une bonne année à Frédéric. Frédéric m’a répondu aimablement. Je n’ai rien acheté. Je suis ensuite passé à Gibert et là j’ai acheté un livre neuf pour 22 euros 40 : Lire Jean Meslier, curé et athée révolutionnaire, introduction au mesliérisme et extraits de son oeuvre de Serge Deruette avec une préface de Roland Desné.
J’ai commencé aujourd’hui à peser ce livre de Serge Deruette. Jean Meslier : un prêtre qui entreprend en cachette de livrer sa vraie vision de l’homme. J’entreprends moi en cachette de livrer ma vraie vision de l’amour. On peut philosopher en cachette. Jean Meslier ne peut-il pas ainsi devenir pour un moi un exemple à suivre ?
David m’a fait très justement remarquer ce midi que je lisais tout par rapport à moi-même. « Pour me rassurer » m’a-t-il dit. Je m’entoure de frères. Je me donne ainsi le sentiment d’appartenir à une famille de penseurs. Je me donne ainsi un sentiment de succès. Je ne jouis d’aucune reconnaissance sociale pour mon travail d’écriture. Je m’invente ainsi ma propre reconnaissance sociale en fréquentant ainsi des livres. Je pèse ces livres pour pouvoir ensuite les intégrer ainsi à ma bibliothèque. Je me donne ainsi à moi-même le sentiment d’être un homme de lettres qui sera un jour appelé à connaître le succès. Un peintre qui sera reconnu littérairement comme un artiste ayant écrit des livres-peintures dignes d’être intégrés à la bibliothèque des auteurs historiquement reconnus dont je m’entoure.
Vendredi 10 janvier
J’ai tenté aujourd’hui de reprendre ma lecture du livre sur le curé Meslier de Serge Deruette mais le livre m’est tombé des mains.
Je suis parvenu à finir ma lecture du livre Sade et les félons de Michel Brix ainsi que celle du livre Le Mot peint de Tom Wolf. Cette dernière lecture m’a à nouveau donné le sentiment que j’étais avant toute chose un plasticien et donc absolument pas un homme de lettres capable de lire des livres savants.
Lundi 13 janvier
J’ai commencé à peser aujourd’hui le livre Ecrits corsaires de Pier Paolo Pasolini. J’ai commencé à lire ce qu’il écrit sur le coït. Il écrit que le coït est de nature politique. Que dans notre société de consommation on demande aux gens de pratiquer abondamment le coït. Que l’amour est ainsi rendu négatif. Il dit que notre société de consommation est l’expression d’une nouvelle forme de fascisme. J’ai commencé à lire cela très rapidement. Je compte reprendre demain plus sérieusement cette lecture.
Mardi 14 janvier
J’ai pesé aujourd’hui encore rapidement le livre Ecrits corsaires de Pasolini. Je sens bien que ce livre traite des problèmes essentiel. Il me faudra trouver les jours prochains le temps nécessaire pour le lire plus convenablement.
Lundi 20 janvier
J’ai travaillé vendredi à la bibliothèque à mettre à jour mes journaux. Je n’ai pas pu lire. Je suis passé le soir à la librairie de Frédéric. Je n’ai acheté qu’un livre 4 euros : Névrosés. Un livre d’une femme critique du début du XXème siècle. Je ne me souviens pas de son nom. Je n’ai pas pris aujourd’hui le livre avec moi. Il y a dans ce livre deux cas de névrosé qui sont abordés : Thomas de Quincey et Gérard de Nerval. Ce livre était en vitrine. Il y a sur la couverture un portrait de Gérard de Nerval.
J’ai acheté ce midi trois livres pour 11 euros à la librairie de Frédéric. La dame à l’accent étranger qui travaille là a demandé à Frédéric si on me les faisait à 10 euros et Frédéric a été d’accord pour cela. J’ai demandé un sac et alors Frédéric m’a plaisanté de nouveau sur les sacs que je demandais à chaque fois. Je lui ai dit que je les collectionnais. Frédéric a dit que je n’étais pas le seul de ces clients à collectionner ses sacs. Il a souri en disant cela comme si il s’agissait d’une polissonnerie. Je les ai salué et tous les deux m’ont dit « au revoir » de façon cordiale. Les trois livres que j’ai achetés sont : Poésie ouverte, poésie fermée de René Nelli ; Le marquis de Sade et la conquête de l’unique de Jean-Jacques Brochier ; et L’analyse finie et l’analyse infinie de Sigmund Freud. J’ai pu voir qu’il avait toujours le journal de Fred Deux et le texte de Madame de Staël avec une préface de Alain Tournier. J’avais repéré ces deux livres lorsque j’étais passé vendredi à la librairie. Je ne les ai pas acheté en me disant que je ne les pèserais pas avec bonheur. Il y avait aussi un livre de Restif de la Bretonne que j’ai remarqué aujourd’hui mais je me suis aussi dit que je ne le pèserais pas avec bonheur.
Les parents sont passés hier midi chez moi. Maman et papa sont d‘accord pour m’acheter une deuxième bibliothèque. On a pris des mesures. On a écrit un mail à la dame de Lundia pour lui demander un nouveau devis. Papa m’a parlé hier mdii des livres que je lui avais offert à Noël. Il m’a dit avoir presque fini Le sang noir de Guilloux. Il m’a dit avoir trouvé ce texte très dur et pour cela avoir failli l’abandonner. Je lui ai parlé de Georges Palante en lui expliquant qu’il avait été le professeur de Louis Guilloux et que c’est lui qui avait inspiré à Louis Guilloux le personnage de Cripture qui est le personnage central du livre Le sang noir. Papa m’a expliqué que Cripture c’était pour Critique de la Raison Pure. Je n’ai pas moi lu le livre Le sang noir. Il m’a parlé du livre Les îles de Jean Grenier. Il m’a dit que c’est la lecture de ce livre qui avait conduit Albert Camus a se lancer dans une carrière d’écrivain. Louis Guilloux et Jean Grenier se sont connus. Papa m’a dit avoir aussi lu La vie dans les bois de Henri David Thoreau que je lui avais offert pour Noël. Il m’a dit avoir trouvé un peu difficile à lire les considérations morales très présentes dans le texte. Je n’ai pas lu ce livre non plus. On a mangé du fromage et des fruits. J’avais ouvert une bouteille de Baron Lestac. Papa et maman n’en ont presque pas bu. J’ai montré au parents des livres de ma bibliothèque. Papa a feuilleté un de mes livres sur la vie de Rimbaud en Afrique et maman a feuilleté le livre de Savagnien de Bergerac Les écrits de la Lune. Papa s’est après le repas assez vite assoupi sur mon canapé.
Je veux m’acheter le livre que Agathe a co-écrit sur l’histoire de la Comédie Française. Je lui demanderai de me dédicacer son livre et je l’intégrerais à ma bibliothèque après l’avoir pesé.
Vendredi 24 janvier
J’ai commencé à lire le livre Névrosés de Arvède Barine. La partie du livre de Arvède Barine consacrée à Gérard de Nerval me parait moins intéressante que celle consacrée Thomas de Quincey. Un livre moins s’intéressant que prévu mais qui m’apporte quand même des informations biographiques sur ces deux auteurs.
Lundi 27 janvier
Je suis passé ce midi à la librairie de Frédéric. Là j’ai acheté deux livres pour 7 euros : Le volume épistolaire de Carlo Michelstaedter aux éditions de l’Eclat (4 euros) et en livre de poche à 3 euros Historiettes, contes et fabliaux de Sade.
J’ai commencé à peser cet après-midi le livre Le marquis de Sade et la conquête de l’unique de Jean-Jacques Brochier. J’avais montré ce livre à N. G. la semaine dernière et elle m’avait dit connaitre cet auteur. Elle m’a dit : « Un universitaire qui a un certain palmarès » ou quelque chose comme ça. Je l’ai pesé avec difficulté à cause des voix de Madame de la Critique de la Raison Pure. Je n’ai lu qu’une vingtaine de pages du chapitre 2 intitulé Le marquis de Sade et Dieu. Ce chapitre commence par la phrase suivante : « Ainsi Sade se retrouve-t-il exclu de l’Universalité sociale pour avoir voulu assumer la particularité de son individu. » Voilà bien une idée qui me parle !
Mardi 28 janvier
Je suis allé ce matin au magasin Lundia de Place d’Italie avec Maman. On a signé le bon de commande pour ma deuxième bibliothèque. Une bibliothèque de 2m05 de long et de 2m60 de haut. Elle va coûter 2000 euros. Je la recevrai mi-mars. Heureuse perspective ! Je vais ainsi pouvoir remettre de l’ordre dans mes livres.
Je viens de lire quelques histoires du livre Historiettes, contes et fabliaux de Sade que j’ai acheté hier chez Frédéric. Lecture heureuse qui me rappelle ma lecture du livre Les crimes de l’amour de Sade.
J’ai dit hier à N. G. que je préférais peser seulement certains livres plutôt que de les lire en entier pour ainsi me préserver contre la langue des auteurs de ces livres. Lire c’est pour moi faire mienne la langue de l’auteur qui a écrit le livre. C’est ainsi me mettre à penser dans sa langue. Me mettre à penser dans une autre langue que la mienne. C’est ainsi que cela fait surgir en moi la figure épouvantable de Madame de la Critique de la Raison Pure. En fournissant cet effort je fais renaitre en moi le feu épouvantable des voix de cette Madame tandis que lorsque je travaille à ne lire que mon existence alors je parviens à atténuer le feu de ces voix. C’est que je vais alors dans le sens de ma langue. Dans le sens de ma singularité. Je me soigne ainsi de ces voix en tenant mes journaux. En enregistrant ma vie par l’écriture de mes journaux. C’est pour me libérer de l’ensorcellement de ces voix. C’est pour n’avoir plus à vivre sous l’emprise de Madame de la Critique de la Raison Pure. C’est pour pouvoir me retrouver animalement.
Je viens de peser rapidement le volume épistolaire de Carlo Michelstaeter aux éditions de l’Eclat que je me suis acheté hier à la librairie de Frédéric. Je vais maintenant quitter la bibliothèque pour aller jouer au mangeur de femmes.
Vendredi 31 janvier
Je suis ensuite allé à la librairie de Frédéric ce midi. J’ai acheté pour 4 euros une jolie édition du livre de poésie Pierres de Victor Hugo. Je me suis dit que mon texte Madame de la Critique de la Raison Pure était une sorte de Napoléon le Petit. Moi aussi je suis en exil à cause d’un empereur. Madame C. est bien pour moi une sorte d’impératrice qui m’a obligé à m’exiler dans ma folie. J’ai payé à Frédéric le livre. Il était en train de jouer aux échecs. Il m’a fait un peu attendre pour jouer son coup. Je lui ai dit qu’il m’avait obligé à acquérir une nouvelle bibliothèque. Je lui ai dit qu’en effet je n’avais plus de place pour mes livres. Il ne m’a pas répondu. Je lui ai dit que c’était une bibliothèque Lundia. Je lui ai dit que les bibliothèque Lunida était très bien. Il m’a à peine répondu. Je lui ai dit quelque chose comme : « Je ne vais pas vous déranger. Là vous êtes en train de jouer aux échecs. » Il a répondu : « Oui, c’est important. » Il a alors échangé quelques mots avec son employée. Je lui ai dit au revoir. Il n’a pas répondu. Il doit me voir comme quelqu’un qui achète des livres qu’il n’est pas capable de lire ou quelque chose comme ça. Ma force de réponse à moi elle est dans ma capacité à enregistrer tout cela dans mes journaux.
Je pense au livre Saint Idiot dans lequel on parle des fous de Dieu dans la religion orthodoxe. Je ne me souviens plus du nom de l’auteur de ce livre. Il y a dans ce livre une très belle lettre de Dotoïevski dans lequel ce dernier dit que ça ne sert à rien de faire une étude scientifique sur ces fous de Dieu de la religion orthodoxe. Le personnage de L’Idiot est ainsi un fou de Dieu. Le prince Myschkine. Dostoievski écrit que le mystère de l’idiotie ne réside pas dans l’idiot mais dans la façon dont les gens réagissent face à l’idiot. C’est dans ces réactions que réside le miracle religieux de l’idiotie. Les fous de Dieu sont en eux-mêmes des personnages sans intérêt et ne méritant pas d’être étudiés. Il y a là je crois une idée très forte. Moi je suis bien une sorte de fou de Dieu et je témoigne scientifiquement de ma folie. Je veux ainsi rendre visible le mystère de l’idiotie à ma façon à moi. C’est pour cela que mes journaux peuvent avoir un intérêt à être lu. Je pense au beau texte Les carnets du sous-sol de Dostoeivski. Mes journaux ne sont-ils pas ainsi des sortes de carnet du sous-sols ?
Je me dis de la même façon que l’intérêt des poètes n’est pas dans l’oeuvre qu’ils écrivent mais dans leur existence même. C’est leur façon de vivre qui est véritablement mystérieuse. C’est là qu’est le mystère de la poésie. Le mystère de l’art. Je veux moi rendre visible ce mystère en tenant mes journaux. En témoignant de mon existence. Et je m’appuie pour se faire sur l’existence des autres poètes suicidés de la société. Je lis ainsi leurs existences pour lire mon existence avec leurs existences. C’est leur vie qui m’intéresse et non les oeuvres qu’ils ont créent avec leur façon de vivre. L’oeuvre est secondaire. La vie est première. Le récit de l’existence d’un suicidé de la société : voilà l’oeuvre d’art que je veux créer poétiquement en tentant mes journaux animalement. Je veux ainsi rendre public le mystère de la création. Le rendre visible matériellement. Le rendre visible scientifiquement. Animalement.
De là la spécificité de mon rapport aux livres. Je pèse les livres pour peser ainsi l’âme des auteurs de ces livres. Je veux peser poétiquement l’existence de ces auteurs en pesant ainsi leurs oeuvres. Je lis ainsi avidement le récit de la vie de ces auteurs. Je suis ainsi avide en détails sur la biographie de ces auteurs. Pour moi parler de l’oeuvre de Ladislav Klima, de Germain Nouveau, de Ozamu Dazai et de tous les autres auteurs dont je collectionne les livres c’est parler de leurs vies. De la façon dont ils ont vécus. C’est ainsi que je collectionne les anecdotes biographiques de la vie de ces auteurs. Je pèse ainsi poétiquement leur existence. C’est que je veux saisir ainsi le mystère de la création qui les a habités et pour ainsi peser en retour poétiquement ma propre existence. C’est bien ainsi plus leurs vies que leurs oeuvres que je collectionne. Ma bibliothèque est ainsi une bibliothèque d’existences. Une collection de vie.
Lundi 3 février
J’ai lu hier soir un peu chez Monsieur le Président en attendant Antonin le texte Pierres de Victor Hugo et ce texte m’a parlé. Il y a de nombreux journaux dans ce livre. Un livre qui m’intéresse parce que Victor Hugo y parle poétiquement sans passer par une fiction.
Je suis allé ce midi à la librairie de Frédéric. J’y suis resté assez longtemps mais je n’ai acheté aucun livre.
J’ai lu un peu cet après-midi le livre Poésie ouverte poésie fermée de René Nelli. Je ne retiens de cette lecture que la distinction globale que l’auteur fait entre poésie ouverte et poésie fermée. Le reste du livre ne me semble pas bon pour moi à être pesé poétiquement. J’ai été accompagné durant ma lecture par les voix et les sourires de Madame de la Critique de la Raison Pure et de ses sbires.
Mercredi 5 février
J’ai pesé rapidement aujourd’hui le livre Pierres de Victor Hugo. J’ai appris en lisant l’introduction que ce texte avait été constitué en rassemblant des écrits jamais publiés jusqu’ici de Victor Hugo. Des écrits qui n’avaient pas été intégrés à ses oeuvres complètes. La corbeille de Victor Hugo. Je pense moi ici à la parente de ce texte avec mon tapuscrit Les ruines de l’idiotie. La différence c’est que c’est moi qui est de mon vivant fouillé dans mes poubelles pour constituer mes ruines. Et aussi bien sur que je suis le seul à pouvoir saisir ce que peuvent signifier mes oeuvres complètes. Personne encore n’a lu mon oeuvre dans son intégralité. Juste un texte de publié.
J’ai lu dans le chapitre Amour du recueil de textes intitulé Idées ça et là la phrase suivante : « On ne cause bien avec une femme qu’après. »
Vendredi 7 février
Voici ce que j’ai écrit aujourd’hui dans mon Journal amoureux à propos de mon rapport aux livres :
Je tourne autour des livres comme je tourne autour des femmes. Je veux toucher l’existence animale des livres tout comme je veux toucher l’existence animale des femmes. Toucher les livres comme j’aspire à toucher les corps des femmes. C’est là pour moi une religion physique du toucher. Je touche ainsi pour cesser de croire. Je touche ainsi pour comprendre animalement le livre. Pour comprendre animalement le corps de la femme. Pour manger ainsi son âme.
Toucher un livre comme la relique d’un Saint. Toucher Dieu. En fait si je touchais Dieu je cesserais de croire en Dieu. C’est qu’alors je saurais Dieu. Je ne veux pas cela. Je veux continuer à croire. C’est pour cela que je touche seulement avec mes yeux. C’est pour cela que je ne fais que tourner autour de ce que j’aspire à croire. En faisant bien attention toujours à ne pas me saisir physiquement de l’objet autour duquel je tourne ainsi amoureusement. Toucher physiquement une femme c’est à coup sûr être amené à ne plus pouvoir l’aimer. A ne plus avoir le désir de la toucher. Il faut s’empêcher de la toucher physiquement pour ainsi continuer à être habité du désir de la toucher. Pouvoir ainsi continuer à être habité du désir de tourner amoureusement autour de son corps. C’est là toute la différence entre l’érotisme et la pornographie. La différence entre un massage érotique et une passe avec une prostituée. En pénétrant le vagin de la prostituée avec notre sexe nous faisons disparaitre en nous le désir de la posséder amoureusement. Bien au contraire un massage érotique peut nous faire jouer de façon amoureuse avec notre désir de telle façon que nous puissions jouir de façon créative du corps de la femme. Nous parvenons ainsi à ne pas tuer amoureusement notre désir pour elle. En nous empêchant de la consommer sexuellement nous parvenons à sauver notre croyance en la beauté possible de son corps. Nous parvenons du même coup à la rencontrer érotiquement.
L’art du toucher : l’art du peintre, l’art du sculpteur. Le toucher est une pratique visuelle. On touche avec ses yeux. C’est avec mon regard que je tourne autour du corps des femmes. C’est avec mon regard que je comprends ces corps de femmes. C’est avec mon regard que j’enfante mon existence animale de poète idiot. Je sors de moi-même par mes yeux comme l’enfant sort du ventre de sa mère. Je pense ici aux textes de Jean-Luc Parant sur les yeux. Je touche les livres avec mes yeux. Je pèse les livres visuellement. Je ne les lis pas pour pouvoir continuer à croire poétiquement en eux. Pour ne pas tuer ma croyance en apprenant à les savoir rationnellement. C’est que je ne veux pas tuer le mystère de la création qu’ils portent en eux de façon animale. Les livres sont pour moi des sortes d’animaux vivants qu’il me faut nourrir animalement et ne surtout pas mettre à mort rationnellement. Je les pèse donc en auteur pour ne pas les rationaliser comme le feraient des lecteurs. Je veux ainsi respecter leur intimité comme un saint Tomas qui refuserait de toucher visuellement les plaies de son Christ pour pouvoir ainsi continuer à l’aimer poétiquement.
Lundi 10 février
Voici ce que j’ai noté aujourd’hui dans mon Journal amoureux en restituant les notes que j’avais prises sur mon petit carnet vert :
Je collectionne les livres comme on collectionne des tableaux. C’est visuellement que je collectionne les livres. C’est visuellement que je les pèse pour les intégrer à ma bibliothèque. Ils sont ainsi des objets à regarder. Seulement éventuellement à lire aussi. C’est que ces livres sont pour moi avant toute chose les reliques animales de ceux qui les ont écrit. Ce qui m’intéresse en vérité, c’est l’existence de ceux qui les ont écrit. Bien plus que ce qu’on peu lire d’eux. Je collectionne ainsi des existences d’auteurs et de lecteurs et je constitue avec toutes ces existences une carte animale du sentiment poétique de l’existence. Une carte mentale qui me sert à m’orienter animalement dans mon existence visuelle de poète idiot. Je cartographie à l’aide de cette carte ma propre existence animale en tenant mes journaux. Je suis bien ainsi le cartographe-diariste de mon existence animale.
Vendredi 14 février
Je suis passé ce midi à la librairie de Frédéric mais je n’ai rien acheté. Je n’ai eu le temps aujourd’hui que de mettre à jour mon Journal amoureux. Pas de temps donc pour lire un autre livre que mon existence. Je suis pourtant arrivé ce matin à 10h à la bibliothèque. J’ai noté aujourd’hui que je dérive poétiquement dans le monde des livres comme dans une ville. Je pense ici à la psychogéographie d’Ivan Chtcheglov. Je pense l’idiotphyique comme une science de cette dérive amoureuse à travers le monde des livres. Je rencontre les livres au hasard de mes rencontres lorsque je vais à la librairie de Frédéric et ensuite je les explore animalement comme des corps de femmes en pesant amoureusement l’existence de ceux qui les ont écrit. En pesant affectivement parfois aussi leur propre existence animale d’objet-livre. Je suis bien ainsi un auteur qui cultive l’art de la lecture comme un art de la dérive.
Mardi 18 février
Je n’ai fait que mettre à jour mes journaux hier à la bibliothèque. Le soir je suis allé à une soirée lecture de poésie dans une cave à vin vers République. Les poètes qui faisaient les lecture avaient presque tous été édités par Yann que j’ai rencontré au MAM. Une soirée organisée par lui pour faire connaitre ces auteurs de se maison d’édition. J’ai écouté avec curiosité les poètes lire leurs textes. J’ai acheté un livre après la fin des lectures. Ne pas se re_saisir de Loïc Connanski. Yann m’a offert un autre livre. Je lui avais dit que j’hésitais entre les deux. Je ne partirai plus en colonie de vacances de Tom de Pékin. J’ai lu aujourd’hui le livre de Loïc Connanski. Un journal avec des poèmes. Pas un texte brut sur le corps mais beaucoup de pensées. Yann me passera le livre d’un des poètes qui a lu hier soir et qu’il va bientôt édité. C’est moi qui lui ai demandé un livre de ce poète dont je n’ai pas retenu le nom. J’ai prêté à Yann le DVD du documentaire de Xavier Gayan sur la poésie. Loïc Connanski m’a dit connaître personnellement Pennequin. Il a fait des films sur lui. Il va peut-être me les envoyer par mail. Je lui ai laissé ma carte Talmart avec l’adresse de mon site internet.
Je suis allé ce midi à la librairie de Frédéric. Il y avait plein de nouveaux livres. J’en ai acheté quatre pour 23 euros. C’est un jeune qui était là. Il m’a fait deux euros de réduction. J’aurais du normalement en avoir pour 25 euros. J’ai acheté : Moi, éternel enfant, un choix de poèmes d’Egon Schiele ; Anthologie du journal intime avec une introduction et des notices par Maurice Chapelan ; De Cézanne au suprématie de Malévitch ; La vie étrange d’Humilis (Germain Nouveau) de Albert Lopez.
J’ai pesé rapidement de nouveau le livre Le marquis de Sade et la conquête de l’unique de Jean-Jacques Brochier ainsi que le livre de poésie de Egon Schiele et l’anthologie du journal intime de Maurice Chapelin. Les pages de ce dernier ouvrage n’ont pas encore été découpées. Il faudra que je le fasse pour pouvoir réellement le peser. Un livre qui je crois pourra m’intéressé. C’est avec beaucoup de sympathie aussi que j’ai pesé quelques poèmes de Egon Schiele et que j’ai lu la postface de Maurice Chapelan à ce livre. Je dois maintenant rentrer chez moi car Maman vient diner chez moi ce soir.
Vendredi 21 février
J’ai découpé les pages de trois parties du livre Anthologie du journal intime de Maurice Chapelan pour pouvoir les peser : l’introduction et les parties consacrées à Benjamin Constant et à Alfred de Vigny. Je me trouve ici une nouvelle famille : la famille des auteurs de journaux intimes. J’ai noté cette phrase dans l’introduction : « Je sais bien que Jacques Rigaut s’est tué. Mais la partie de ses Papiers posthumes intitulée « journal » ne compte que quelques pages, dans lesquelles d’ailleurs, il relate comment il se manqua une première fois, son révolver s’étant enrayé. Ce n’est pas une lapalissade de dire que, s’il avait continué son journal, il n’eût vraisemblablement pas renouvelé sa tentative. »
Il me semble que moi je pousse la plaisanterie de l’intimité bien plus loin que tous ces auteurs. Quelqu’un est-il déjà allé aussi loin que moi dans la mise à nu animale de son corps ? Cela est-il possible seulement parce que je suis un débauché ? Est-ce que je travaille poétiquement à être un débauché pour pouvoir ainsi livrer la vérité animale de l’homme ?
Lundi 24 février
J’ai commencé à lire cet après-midi le livre sur Germain Nouveau, La Vie Etrange d’Humilis de Albert Lopez, que je me suis acheté dernièrement à la librairie de Frédéric. J’ai lu avec beaucoup d’intérêt ce récit de la vie de Germain Nouveau. C’est ma propre existence de poète idiot que je pèse en pesant ce lire. J’ai lu les trois premiers chapitres et là je viens de commencer le quatrième. Un poète écartelé entre sa foi en Dieu et son goût des femmes. Un croyant et un être passionné. Je lis ainsi ma propre déchirure. Germain Nouveau incarne bien pour moi le personnage du poète idiot. Il est un christ de l’idiotie comme je pense moi avoir souffrir d’en être aussi un.
Mardi 25 février
J’ai repris cet après-midi la lecture du livre La Vie Etrange d’Humilis de Albert Lopez, J’ai fini le chapitre VII. Il me reste encore trois chapitres à lire. Cette lecture m’interroge. Je pense au jugement de Bergounioux à propos de Germain Nouveau : « C’est un pitre. » Je pense au rêve que j’ai fait dernièrement et que j’ai noté dans ce journal. Un rêve dans lequel il me fallait découvrir le nom de Germain Nouveau dans des lettres mélangées.
Je ne crois pas avoir trahi mon destin de poète. Germain Nouveau a préféré vivre plutôt que de travailler comme moi à écrire sa vie. Ma religion à moi elle est bien dans cette écriture de ma vie. C’est religieusement que je tiens mes journaux. Il s’agit là d’une activité aussi subversive à mon sens que celle d’un poète mystique errant. Mon errance à moi est dans mon écriture. Elle est dans le feu des pensées animales qui m’habitent. Je crois à l’humilité de mon écriture. Je pratique l’art de l’écriture du journal comme un art de la sainteté. Je suis religieusement diariste. Je m’en prends ainsi moi aussi religieusement au monde dans lequel je vis. Je suis donc bien à ma façon, comme Germain Nouveau, un poète idiot. Je suis donc bien moi aussi un pitre.
Vendredi 28 février
J’ai fini cet après-midi le ivre d’Albert Lopez sur la vie de Germain Nouveau.
Je veux retenir entre autre ceci de ma lecture de ce livre. Germain Nouveau se réfère beaucoup à l’exemple de Saint Benoît Labre. On le surnommé à la fin de sa vie « La Guerrière ». Il voulait imiter l’exemple de la vie des ermites du désert. Il s’enfermait chez lui pendant tout le « carême afin de mieux jeûner » ». Il vit en « mendiant-poète ». Il quitte à la fin de sa vie la cathédrale d’Aix pour vivre en ascète à Pourrières. Il s’achète là une maison. Il meurt à Pourrière, la ville même où il est né. Il a bien connu Ernest Delahaye.
Heureux d’avoir lu ce livre. Je comprends poétiquement la vie christique de Germain Nouveau. Je veux vivre moi aussi l’amour comme un chemin de croix poétique. Je repense ici à Calaferte. C’est sexuellement que je veux pouvoir apprendre à connaitre l’amour de Dieu. Je veux explorer poétiquement le corps de la femme comme le Livre dont la lecture doit m’apprendre la Vie. C’est sexuellement que je veux découvrir le sens de ma vie. Le sens de l’amour de la Vie qui m’habite.
J’ai ensuite recommencé à peser avec intérêt le livre Le marquis de Sade et la conquête de l’unique de Jean-Jacques Brochier.
Lundi 2 mars
J’ai acheté vendredi dernier à la librairie de Frédéric Poèmes d’aujourd’hui de Yvon Belaval. Pour 5 euros. Il s’agit d’une suite d’essais critiques sur la poésie. J’ai lu vendredi matin l’article intitulé Poésie et psychanalyse. J’ai lu aujourd’hui l’article intitulé Poésie et connaissance.
N. et David m’ont appris que Yvon Belaval était un historien de la philosophie spécialiste de Leibniz. J’ai lu ces deux articles avec intérêt.
Mercredi 4 mars
J’ai quitté David après avoir mangé ce midi avec lui chez le Président pour aller à la librairie de Frédéric. J’y suis resté assez longtemps. J’ai acheté pour 15 euros un beau livre de Georges Perros sur la peinture avec des dessins de lui : Les Yeux de la Tête aux éditions Le nouveau commerce. J’ai aussi acheté pour 2 euros Le La Fontaine par lui-même dans la collection « Ecrivains de toujours ». C’est l’employée de Frédéric qui a encaissé mes achats. Elle m’a demandé si je voulais un sac. Frédéric a alors dit quelque chose comme : « Oui obligé ». Je me suis alors retourné vers lui et je l’ai vu sourire d’un air un peu espiègle. Il m’avait avant montré deux livre de Tsavtaïeva dans une édition artistique. Les livres étaient chacun à 15 euros et je n’ai pas été attiré par cette édition un peu artistique des livres.
Je veux peser les livres comme je pèse les femmes. J’aime découvrir des femmes nouvelles. J’aime faire rentrer dans ma collection de femmes de nouveaux corps de femmes. Mon corps est ainsi pour tous ces corps de femmes une sorte de bibliothèque. J’écris ces journaux pour donner un sens poétique à ce corps-bibliothèque. Il n’y a pas beaucoup de corps de femmes que j’ai le désir de lire du début à la fin. Souvent un seul regard me suffit. Un seul regard me comble. Il me semble que je possède tout entier ce corps de femme par ce seul regard. Que donc je n’ai absolument pas le besoin d’aller plus loin dans mon exploration de ce corps. Il y a bien cependant des femmes que je cherche à lire et à relire. Que je cherche à ne pas seulement peser mais aussi à savoir. C’est bien la question du savoir qui surgit ici. Je veux savoir parce que je ne peux pas me satisfaire ici de la simple pesée par le regard. C’est alors que je me mets à peser amoureusement ces femmes là où jusqu’ici je n’avais fait que travailler à les peser affectivement. L’image ne me suffit plus. Je veux savoir l’être de l’image. Je veux connaitre la vie de celle qui a créée pour moi l’image de son corps. Apprendre à connaitre celle qui a dessiné ainsi à moi l’image de sa présence physique, l’image de sa voix. Je veux alors pousser plus loin mon exploration. Et ce qui se passe alors c’est que le corps se met alors ainsi à disparaitre pour moi et que c’est l’âme de la personne qui prend sa place. J’apprivoise son être et tragiquement alors je fais disparaitre pour moi la magie de son image. Peut-être est-ce la même chose pour les livres. Les livres que je lis entièrement : je me saisi alors de l’âme de ceux qui en sont les auteurs mais du même coup je tue un certain mystère de ces livres. Une certaine magie. Je vivais jusqu’ici musicalement ces livres mais en apprenant à les savoir je fais que le mystère de cette musique cesse pour moi. Ils ne sont plus alors aussi désirable qu’avant. C’est que j’apprends à ne plus les désirer en apprenant à ne plus les aimer.
J’ai fini aujourd’hui le livre de Georges Perros. J’ai ensuite repris avec beaucoup d’intérêt la lecture du livre Le marquis de Sade et la conquête de l’unique de Jean-Jacques Brochier sur Sade. Jean-Jacques Brochier fait référence à plusieurs endroit dans son livre aux oeuvres de Stirner et de Nietzsche. Il y a là une famille philosophique à laquelle il me semble que j’appartiens. Cette lecture me rend heureux. Je me sens en lisant ce livre sur Sade moins seul. Je me sens positivement mangeur de femmes. Positivement philosophe animale et artiste idiot. Je lis ainsi mon idiotie comme une forme de libertinage philosophique. Comme une volonté animale de création.
Vendredi 6 mars
J’ai achevé aujourd’hui la lecture du chapitre IV du livre Le marquis de Sade et la conquête de l’unique de Jean-Jacques Brochier intitulé Le libertin et la conquête de l’unique. L’auteur commence ce chapitre en citant cette phrase de Rousseau : « L’homme sensuel est l’homme de la nature. L’homme réfléchi est celui de l’opinion. C’est lui qui est dangereux. »
Je lis ce livre avec beaucoup d’intérêt. Je compte reprendre lundi prochain cette lecture animalement fructueuse. L’auteur Jean-Jacques Brochier est un lecteur doué. Jamais je n’arriverais à lire Sade comme il y parvient et c’est pourquoi je veux poursuivre la lecture de ce livre. Une oeuvre de lecteur véritable. Une oeuvre de lecteur qui rend possible pour moi la lecture de l’oeuvre d’un auteur.
Lundi 9 mars
J’ai acheté aujourd’hui à la librairie de Frédéric un livre de Léon Tolstoi intitulé Sur la question sexuelle. Il s’agit de pensée de Léon Tolstoi sur la chose sexuelle qui ont été ici rassemblées.
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt ces pensées de Léon Tolstoi. Je les ai lues avec le sentiment de lire ainsi la pensée amoureuse de mon père. La façon dont mon père conçoit le problème de la sexualité. La moralité chrétienne développée dans ce texte me semble bien être celle de mon père. Je retrouve ici le sens d’une certaine chasteté que j’ai voulu faire mienne adolescent. Je retrouve ainsi dans ce livre les racines amoureuses à partir desquelles s’est développé mon rapport aux femmes. Tout cela est encore un peu touffu. Je compte poursuivre la lecture de ce livre.
Mardi 10 mars
J’ai lu aujourd’hui avec passion le dernier chapitre du livre Le marquis de Sade et la conquête de l’unique : ce chapitre V s’intitule Le signe de la contradiction. Je suis ensuite revenu en arrière pour lire le chapitre III intitulé La dialectique de la nature. Je l’ai un peu avancé. Là je commence à saturer. Je dois de nouveau affronter les voix de Madame de la Critique de la Raison Pure.
Je me sens très proche de la pensée de Sade telle qu’elle est présentée par Jean-Jacques Brochier. Je crois bien être une sorte de libertin. JS m’a dit qu’il ne croyait pas cela. Il est vrai que je suis bien incapable de faire preuve de violence physique ou mentale à l’égard des autres. Je ne me crois en fait que capable de violences symboliques à l’égard de la société dans laquelle je vis. C’est symboliquement que je m’en prends à l’humanité en développant poétiquement ma monstruosité animale de poète idiot.
J’ai pu voir ce soir chez moi sur la page Wikipédia de Jean-Jacques Brochier que celui-ci avait été journaliste. Qu’il s’était engagé pour le FLN et qu’il avait été pour cela condamné à faire de la prison. Il a été au bout de trois ans je crois gracié. Il a été le directeur du Magasine Littéraire et il a fait parti d’un jury décernant un prix pour les écrits intimes. Il n’était donc pas un universitaire comme je l’ai cru d’abord. J’ai pu voir qu’il avait écrit aussi sur Camus en particulier. Il a été l’ami de Gilles Deleuze. Un journaliste engagé politiquement et inspiré littérairement.
Dimanche 15 mars
Je suis passé samedi après-mdid devant la librairie Tchann. Je me baladais alors après avoir laissé chez JS et Aude mes affaires pour passer chez eux la soirée et la nuit. Il y avait une époque où j’allais souvent dans cette librairie. Ils vendaient des exemplaires de mon Traité d’idiotphysique. J’ai reconnu le monsieur barbu qui est vendeur dans cette librairie. J’ai un peu regardé quelques livres au rayon poésie puis je suis sorti. Je suis alors allé prendre un Perrier dans une brasserie. Je l’ai pris un comptoir. Il m’a coûté 3 euros 90. Je suis ensuite revenu à la librairie et j’ai regardé les livres de la poétesse russe Marina Tsvetaeva qu’ils avait au rayon poésie. J’en ai vu deux je crois. Je cherchais moi ses écrits théoriques sur la poésie. Je suis allé voir le vendeur barbu et il m’a montré dans le rayon Littérature deux tomes des oeuvres complètes de Marina Tsvetaeva. Il y avait dans le deuxième tome ses essais. Je l’ai pris. Il était un peu taché. Je l’ai fait remarqué au vendeur barbu. Il m’a l’a alors très bien nettoyé. J’ai dit que j’allais le prendre. Il coûtait 38 euros 50. J’ai demandé au vendeur barbu si il pouvait me faire découvrir un livre d’un poète dans le genre de Francis Giauque. Il m’a d’abord parlé de Jean-Pierre Dupray. Je lui ai dit que je connaissais cet auteur. Il m’a ensuite montré les livres d’un auteur que je ne connaissais pas et qui avait été édité dans la collection L’imaginaire de Gallimard. Il m’a montré un livre de cet auteur qui était une sorte de journal. Je n’ai pas trouvé son écriture assez intime. J’ai dit cela au vendeur barbu. Je lui ai dit que je cherchais un livre dans le genre des cahiers de Nijinsky. Il m’a alors dit quelque chose comme : « Je vois. Vous cherchais un journal intime qu’on aurait volé à son auteur … » J’ai acheté le livre de Marina Tsvetaeva. Il m’a parlé alors du livre d’un poète espagnol ami de Pessoa qui s’est suicidé à quelque chose comme 26 ans dans un lit avec une prostituée. Il a demandé à sa collègue de me trouver ce livre. J’ai reconnu sa collègue. Une dame que j’avais déjà vu travailler là. Elle m’a donné le livre. Les oeuvres complète de ce poète. Il s’appelle Mario de Sa-Carneiro. Je l’ai pesé en m’asseyant par terre. Des choses m’ont plu mais comme c’était de la poésie en vers je me suis dit que je ne voulais pas acheter ce livre. Je l’ai rendu à la dame en m’excusant presque de ne pas l’avoir acheté. Je suis sorti avec le livre de Marina Tsvetaeva et je me suis dit qu’il fallait que je me trouve un café pour le peser au calme. J’ai alors décidé d’aller dans la café de la rue Daguerre qui se trouve près du dentiste où je vais. Il pleuvait un peu dehors. J’ai protégé le livre sous mon manteau. Je suis donc allé dans ce café où il y a au mur des reproductions de peintures érotiques. Je trouve que ce café à du charme. Je me suis assis au fond du café. J’ai commandé une tisane. Une verveine. Ça m’a coûtait 3 euros 50 environ. J’ai pesé le livre. J’ai eu du mal à fixer mon attention. Il y avait des enfants qui jouaient dans le café. J’ai juste pu voir que j’avais bien fait d’acheter ce livre. J’ai appris des choses sur sa vie. Ses essais sont passionnants. J’en avais lu un après avoir trouvé le livre chez Frédéric. J’ai fini par quitter le café. Il devait être quelque chose comme 19h.