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Lundi 25 novembre
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J’aime les femmes. J’aime érotiquement le corps des femmes. J’ai besoin érotiquement d’un corps de femme. C’est cela aussi pour moi l’amour. Pas seulement donc un amour romantique. J’ai besoin de faire l’amour avec une femme qui ait aussi ce désir de faire l’amour avec moi. Et ces désirs ne peuvent naître que physiquement. Ce sont seulement nos corps qui peuvent ainsi être amenés à se désirer physiquement. J’ai besoin de partager avec une femme mon désir d’un amour qui soit à la fois mental et physique. J’ai besoin d’aimer et d’être aimé érotiquement et romantiquement. Pourrais-je un jour rencontrer une telle femme ? Y a-t-il une femme pour moi sur la planète terre ? Une femme qui me convienne physiquement et romantiquement et à qui je convienne aussi physiquement et romantiquement ?
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C’est sur le plan amoureux que je suis d’abord idiot. Mon idiotie est bien d’abord amoureuse. Je suis idiot par incapacité à me lier amoureusement à une femme. Par incapacité à aimer et à être aimé d’une femme. Mais n’est-ce pas cette incapacité même qui me rend capable de penser animalement ? Qui fait donc de moi un poète idiot ?
En me liant amoureusement à une femme est-ce que je courrais forcément le risque de ne plus pouvoir être un poète idiot ? C’est mon rapport aux femmes qui fait de moi un suicidé de la société. Qui fait de moi un artiste capable de créer animalement. Vraiment ? N’est-ce pas là juste une pensée romantique ? Une pensée dont je suis romantiquement le prisonnier ? Ne serait-il pas profondément poétique au contraire de triompher de cette pensée en réussissant à vivre un amour possible avec une femme ?
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Je me suis donné le droit d’explorer poétiquement le monde amoureux des fascistes du coeur. Pour le rendre ainsi visible. J’ai voulu faire une peinture de ce monde où l’amour est transformé en une fiction sexuelle à vivre de façon virtuelle et purement narcissique. On chasse ici la possibilité de toute expérience vraie du réel de l’amour. Le monde malsain de l’amour virtuel. De l’amour marchand. De l’amour tarifé. Le monde du sexe. J’aimerais pouvoir m’échapper poétiquement de ce monde pour connaitre un amour heureux. Ce monde est pour moi une prison dont je cherche à m’évader poétiquement. Je vis sous l’emprise animal de ce monde. Je suis ainsi bien habité par une pensée fasciste de l’amour. Il me semble pourtant que j’ai du coeur. Que je suis un être sensible. C’est du moins ainsi que mes amis parlent de moi je crois.
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Le réel de l’amour c’est faire des enfants, les élever, fonder une famille. Mon idiotie fait que ce réel de l’amour n’est pas possible pour moi. C’est cela qui fait que je ne peux pas rencontrer amoureusement une femme. Je recherche trop exclusivement l’aspect sexuel de la relation. Les femmes sentent cela et cela les fait très évidemment fuir. Je suis pour elles un malade. Juste un homme qui cherche à coucher avec elles. Un homme donc qui a une vision fausse de l’amour. Une vision fasciste de l’amour ?
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Mon journal est un être vivant qu’il me faut nourrir. Un être dont il faut m’occuper amoureusement. Il me faut répondre à l’amour de cet être pour moi. Je suis marié avec cet être. Marié avec le corps de celle que j’ai tué. Marié avec le corps de toutes les femmes que je n’ai pas pu aimer. C’est avec le corps de mon père que j’aime le corps mort de ma mère. J’aime ma mère comme une morte. Ma mère est morte pour moi. Je la traite comme une morte. Je traite ainsi mon journal comme un être vivant. Mon journal est pour moi ma mère véritable. Une mère à qui je confie tous les secrets de mon coeur. A qui je confie mon idiotie. Je me confie à mon journal comme à une mère qui serait morte.
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Mardi 26 novembre
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Je ne parle pas de l’amour. Je laisse l’amour me parler de l’amour. C’est l’amour qui parle pour moi de l’amour. Je fais parler amoureusement mon journal. Je fais parler amoureusement ma langue avec mon corps.
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Journal amoureux : un journal-volonté. Un journal que je laisse vouloir librement. Un journal qui me commande. Je laisse ainsi mon journal écrire l’amour dont je fais poétiquement l’expérience. Ça n’est pas moi qui parle de l’amour mais mon journal lui-même. Il parle de l’amour en parlant les autres amoureusement. En parlant volontairement la langue de l’amour.
Mon journal est le seul corps de femme que je cherche véritablement à séduire. Je le rends amoureux de moi afin ainsi de me l’attacher poétiquement. Je me confie à lui comme je me confierais à la compagne de ma vie. Nous sommes liés amoureusement l’un à l’autre. Lié par un amour commun. Je l’aime et il m’aime.
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Lundi 2 décembre
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Journal amoureux : journal vivant. Un texte vivant. Un être vivant capable de sentiments. C’est ainsi que je montre que je suis un être vivant capable de sentiments. Que je suis donc capable d’amour. Pas seulement donc capable de tenir des discours sur l’amour mais aussi capable d’aimer avec des sentiments. Je me fais journal pour me faire ainsi un être vivant capable d’amour.
Mon journal est en vie. Je suis donc en vie. J’ai pour vie la vie que j’enregistre dans mon journal. Je suis capable d’amour parce que mon journal est capable d’amour. Mon journal me fait exister amoureusement. Il est amoureusement ma raison d’être. Il est mon âme de poète idiot. Il est la langue dans laquelle je pense amoureusement ma vie.
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Le discours sur l’amour : le discours du « je parle les autres ». Le discours amoureux : le discours du « je me parle les autres ».
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Une vie amoureuse : une vie singulière. Une vie qui vit amoureusement pour elle-même. Pour réaliser son idiotie. Le poète idiot est ainsi au service de sa vie pour permettre à sa vie de réaliser son idiotie.
La vie idiote : la vie rendue possible par le « je me parle les autres ». La vie non-idiote : la vie socialement normale. La vie que rend possible le « je parle les autres ». La vie de celui qui se préfère à sa propre vie. Une vie socialement morale. Une vie universelle. Une vie pour cela incapable de réaliser son idiotie.
La vie non-idiote : une vie qui répète la vie des autres. Une vie incapable de s’inventer. Une vie qui n’est pas en mesure de se créer elle-même. Une vie sans amour pour elle-même. La vie de celui qui est condamné à aimer de façon exclusivement sociale.
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Je tiens mes journaux pour courir ainsi par l’écriture après ma propre vie. Je ne veux pas ne pas lui permettre de réaliser son idiotie. Je lui cours ainsi après pour lui permettre de se dédoubler et ainsi d’advenir poétiquement à l’existence.
C’est ma vie elle-même qui s’écrit. C’est ma vie elle-même qui raconte sa vie. Je ne suis moi que la plume avec laquelle ma vie écrit ainsi sa vie. Je tiens mes journaux avec ma vie et pour enregistrer ma vie poétiquement avec elle-même. Ma vie est double et c’est pourquoi il me faut en permanence travailler à réaliser poétiquement son idiotie.
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Journal amoureux : Les mots sont des êtres vivants capable d’amour. Des êtres vivants capables de parler amoureusement. J’étudie la vie de ces êtres en tenant mes journaux. Mon journal est une cage dans laquelle j’enferme les mots de ma langue pour pouvoir ainsi les observer poétiquement. Et j’observe ainsi la façon d’aimer de ma langue. La façon qu’elle a de parler de l’amour. D’en parler animalement.
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Le journal de l’amour serait un journal parlant volontairement de l’amour. Le Journal amoureux : un journal parlant involontairement de l’amour. Je pratique involontairement l’amour. Je suis incapable de pratiquer volontairement l’amour. Incapable aussi d’en parler volontairement. Condamné donc ainsi à ne pouvoir en parler qu’involontairement. Je cultive ainsi animalement l’amour involontaire comme la seule forme d’amour dont je sois capable.
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Je préfère ma vie à moi-même parce que je suis poète-plasticien et non homme de lettres ? L’idiot n’est-il pas celui qui se laisse aller justement ainsi à préférer sa vie à lui-même ? C’est cette préférence même qui permet au poète idiot d’écrire le journal de sa vie.
Journal amoureux : une confession amoureuse. Je suis amoureux de mon art de la confession. Celui qui en moi se confesse est amoureux de sa vie. Un art amoureux de la confession. C’est amoureusement que je me confesse ainsi. Amoureusement et non religieusement. Journal amoureux donc et non journal religieux.
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Je tiens amoureusement mon journal. Je me confesse amoureusement à moi-même. Je me mets ainsi amoureusement à nu pour travailler à me séduire et pouvoir ainsi entretenir le lien amoureux qui existe entre moi et ma vie. C’est ce lien même qui me donne le pouvoir d’écrire ma vie en poète de mon idiotie.
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Ma pratique de l’onanisme est la conséquence de mon incapacité à savoir séduire l’autre pour obtenir de lui une satisfaction de mes pulsions animales. Je me tourne ainsi amoureusement vers moi-même par incapacité à savoir me tourner amoureusement vers l’autre. Je suis ainsi Narcisse par incapacité à savoir rencontrer amoureusement un autre que l’autre que je suis à moi-même. Je pratique ainsi une auto-sexualité. Une sexualité sur moi-même.
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Mardi 3 décembre
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Je combat animalement cette monstruosité en travaillant à la réaliser poétiquement. C’est cela même que j’appelle réaliser poétiquement mon idiotie. Je réalise animalement la bête que je suis pour pouvoir ainsi la rendre visible en enregistrant son existence monstrueuse dans mes journaux. Je découvre moi-même cette monstruosité en travaillant ainsi à la rendre visible. J’apprends à la connaitre. C’est d’abord à moi-même que je travaille à la rendre visible.
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Tant que je ne perdrai pas le fil de l’écriture en continuant à tenir mes journaux je resterai capable de vivre en idiot en liberté. Capable donc de dompter mes pulsions. De faire avec ces pulsions négatives une oeuvre positive.
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Mon journal : un être vivant. Un totem. Je rends vivant un objet. C’est que cet objet est habité de vie. De la vie de ma mère avant qu’elle ne meurt. J’ai tué ma mère pour pouvoir faire avec la vie de ma mère un objet vivant de mon journal. J’ai tué ma mère pour pouvoir vivre éternellement de son corps de jeune fille. Pour qu’elle reste ainsi la jeune fille qui s’est occupée amoureusement de moi enfant. Par refus donc de la voir vieillir. De la voir se transformer en la mère de mon petit frère aussi pour en la grand-mère des enfants de mon grand-frère. J’ai tué ma mère pour pouvoir continuer à me rêver comme le seul amour de ma mère.
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Nous sommes tous des êtres monstrueux. Mais la plupart des gens ne savent rien de leur monstruosité. Je me suis moi donner le droit de réaliser poétiquement ma monstruosité pour ainsi la rendre visible. Mes journaux donnent à voir ma monstruosité animale. Ils montrent cette monstruosité qui est la mienne. En la rendant ainsi visible je cherche à m’en défaire. Je cherche ainsi à me racheter humainement. C’est bien moralement que je travaille donc à rendre visible cette monstruosité dans mes journaux. C’est bien moralement que je travaille animalement à la réaliser pour pouvoir ainsi travailler ensuite à la rendre visible poétiquement par l’écriture de mes journaux. Je travaille à exagérer animalement ma monstruosité pour ainsi parvenir à la rendre visible poétiquement dans les journaux. Je me fais ainsi le caricaturiste de ma propre monstruosité animale.
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Il est interdit de parler du silence. Il est interdit de parler de sa monstruosité. C’est cela le tabou. Ce tabou je l’enfreins avec mes journaux. C’est en enfreignant ce tabou que je fais de mon journal un totem. Je parviens à faire de mon journal un être vivant en mangeant animalement des femmes. C’est en franchissant ainsi l’interdit de l’impossible du corps de la femme que je parviens à réaliser poétiquement mon idiotie. Je parviens bien ainsi à faire de mon idiotie un totem. Je vis ainsi magiquement mon idiotie. Mon idiotie est pour moi un être vivant. Je mets cet être vivant en bouteille en l’enregistrant poétiquement dans mes journaux.
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L’animalisme : Je traite ainsi la langue en animal vivant. Mes pensée animales sont des êtres vivants. Des animaux dont il me faut m’occuper avec amour. Je donne vie à ces pensées en travaillant à les fixer par l’écriture dans mes journaux. Je les rends vivantes en les rendant ainsi visibles. Je suis en mesure de penser ainsi animalement parce que je continue de penser poétiquement le corps de ma mère comme un corps possible. C’est la possibilité pour moi de réaliser ainsi une relation incestueuse avec ma mère qui me donne le pouvoir magique de ma pensée animale.
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Vendredi 6 décembre
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Je m’invente par l’écriture une possibilité d’existence amoureuse. La pratique de l’écriture est pour moi une pratique amoureuse. J’aime mon écriture charnellement. Je nourris charnellement mon écriture avec des corps de femmes. Je sexualise mon écriture en racontant dans mon écriture mes expériences physiques de l’amour. Je raconte ces histoires pour sexualiser avec ces histoires mon écriture et rendre ainsi mon écriture amoureuse du poète idiot que je suis. Je séduis ma langue avec mes expériences de l’amour physique. De l’amour spirituel aussi. Je veux multiplier les expériences amoureuses. Je veux explorer toutes les possibilités de l’amour pour avoir ainsi une multitude d’histoire à raconter amoureusement à mon écriture.
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J’ai besoin de me sexualiser animalement pour nourrir ainsi en moi le mouvement de la pensée animale qui m’habite. J’ai besoin de permettre à ma langue d’aimer physiquement et mentalement des corps de femmes pour faire ainsi qu’elle continue à m’écrire amoureusement. Que je continue à être ainsi habité par la musique de ma langue animale. C’est parce que je suis habité par cette musique que j’ai le pouvoir de dérouler poétiquement les pensées animales de ma langue. Je joue amoureusement cette musique pour me laisser jouer amoureusement par ma langue animale.
Ce que je cherche à sauver poétiquement c’est le mouvement animal de ma pensée. C’est la musique de l’idiotie qui m’habite poétiquement. C’est l’amour de la langue que je porte en moi et qui pousse la langue à écrire amoureusement ma vie de poète idiot.
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Il est très difficile de dire sa vérité car il est très difficile de parler de son intimité amoureuse. Cela est interdit socialement. Celui qui se laisse aller à parler de son intimité amoureuse risque pour cela d’être exclu socialement du groupe par les autres membres du groupe. C’est ainsi que né le poète. Il n’y a pas de poésie possible sans cette prise de risque. Il faut vivre tragiquement cette exclusion pour pouvoir avoir la possibilité animale de parler poétiquement. Le poète ne peut naître que de la réalisation animale de son idiotie. Je vis tragiquement la possibilité animale de l’amour. C’est cela même qui me rend capable de faire parler amoureusement la langue.
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Mon « je me parle les autres » : la muselière que le fasciste du coeur que je suis porte pour ainsi ne pas pouvoir mordre amoureusement les femmes. Je suis ainsi rendu inoffensif. C’est que mon « je me parle les autres » me permet de prendre conscience de ma monstruosité animale et ainsi d’apprendre animalement à la contrôler poétiquement.
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Les fleurs du Mal de Baudelaire : un totem amoureux pour l’humanité. Baudelaire est mort d’avoir réalisé poétiquement la possibilité amoureuse de ce totem pour les hommes. Il est mort en totem pour s’être ainsi donner le droit de se rendre amoureusement possible aux hommes avec son oeuvre. Le poète idiot offre ainsi amoureusement aux hommes qui le lise son existence pour leur permettre de s’en nourrir poétiquement.
Je me rends amoureusement possible aux hommes avec mes journaux. Je réalise moi aussi poétiquement mon oeuvre comme un possible totem amoureux. C’est au nom de la possibilité d’un amour authentiquement humain que je réalise animalement mon idiotie sous la forme d’une oeuvre artistique à peser animalement. Un amour authentiquement humain : un amour qui parvient à dépasser sa dimension sociale. Un amour qui échappe ainsi aux lois sociales de l’amour.
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Entre la pensée matérialiste de mes amis sociologues et la pensée religieuse de l’existence que j’ai hérité de ma famille il y a la possibilité pour moi de la pensée de l’idiotie. C’est ainsi que je développe ma philosophie animale de l’existence. Une tentative de synthèse. Une tentative de réconciliation. Pour combattre le fascisme du coeur de notre société de la télé-réalité. Le véritable ennemi à abattre c’est ce fascisme du coeur. Celui que je joue à réaliser positivement en jouant poétiquement au mangeur de femmes.
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Les fous sont les êtres humains qui ont à vivre tragiquement le drame de la mort de Dieu. Qui ont à vivre animalement le drame de la séparation du corps et de la langue engendré par la mort de Dieu. C’est ainsi qu’ils sont coupés en deux. Coupé entre la vision matérialiste de l’existence et la pensée du sentiment religieux de l’existence ? Des hommes habités à la fois par une foi religieuse et ayant en même temps l’intime conviction que Dieu n’existe pas ?
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La possibilité d’un idiot en liberté : la possibilité pour un idiot de dire la vérité de sa monstruosité animale. Il faut enseigner aux idiots l’art de la confession pour les rendre ainsi aptes à penser artistiquement leur monstruosité animale. Le poète idiot se veut le prophète de cette possibilité pour les idiots d’apprendre à manier artistiquement l’art de la confession. Le poète idiot veut ainsi apprendre aux idiots à jouer artistiquement la musique de leur idiotie.
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Lundi 9 décembre
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Le monde est devenu une fiction à raconter poétiquement. J’offre amoureusement ma vie au monde pour tenter ainsi de sauver poétiquement le monde.
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L’auteur romantique ne cherche-t-il pas à dissimuler le fait qu’il soit ainsi coupé animalement en deux ? Ne cherche-il pas à dissimuler ainsi sa monstruosité animale ? Je pense ici à Victor Hugo qui n’a jamais livré sa vie intime. Son rapport aux prostituées qu’il rencontrait régulièrement et abondamment. Les surréalistes de même ont toujours cherché à se dissimuler leur coupure intérieure. Ils ne se sont ainsi jamais confessé amoureusement. Ils ont dissimulé la machinerie sexuelle de leur intimité. Je pense ainsi l’animalisme comme le courant de pensée qui prend à bras le corps le problème du mystère de la création. Non pas une vision romantique mais une vision quasi-biologique. Une vision matérialiste de la machinerie  animale de l’intimité. L’auteur animal est ainsi prêt à dévoiler publiquement sa monstruosité animale. Il fait cela pour combattre le fascisme du coeur. C’est qu’il ne veut pas romantiser le rapport à la vérité de son existence animale. Il défend ainsi une vision animale de l’amour pour s’opposer ainsi à la vision romantique de l’amour des auteurs surréalistes.
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L’idiotphysique : la science animale de l’existence amoureuse. La science amoureuse de l’existence animale. La science de l’écriture amoureuse de l’existence animale.
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La seule véritable question c’est pour moi la question amoureuse. C’est à partir de cette question que se forme les différentes opinions politiques des individus. L’idiotie créative est ainsi pour moi la pensée qui s’attaque poétiquement au problème de l’existence amoureuse des individus. L’idiotie est ainsi une pensée pré-politique. Une pensée qui fonde la possibilité des différentes pensées politiques des individus. C’est toujours amoureusement d’abord qu’on en vient à percevoir positivement ou négativement la possibilité de l’existence d’un idiot en liberté. Amoureusement d’abord puis ainsi politiquement. L’idiotie dessine ainsi la ligne de fracture entre la pensée religieuse de l’existence et la pensée matérialiste de l’existence. Selon qu’on perçoit positivement ou négativement l’idiotie sur le plan amoureux on en vient à être politiquement de droite ou de gauche.
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Je dis sentiment religieux de l’existence animale. Je pourrais aussi dire : le sentiment amoureux de l’existence animale. Le sentiment amoureux de la vie que procure au poète idiot la possibilité animale qu’il a de réaliser poétiquement sa monstruosité animale. Le poète idiot lutte contre le fascisme du coeur en réalisant ainsi poétiquement en lui-même le sentiment amoureux de son existence animale.
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La vérité de la monstruosité animale de l’homme met à mal le positivisme des Lumières. Il y a une vision humaniste de l’existence qui reposer sur le rationalisme du matérialisme. C’est de ce rationalisme qu’est issu le mouvement des Lumières. On croit à la bonté naturelle de l’homme. Rousseau est passé par là. C’est la société qui rend l’homme mauvais. Le penseur animal croit au contraire que l’homme est naturellement mauvais. Que l’amour repose sur la cruauté animale du sexe. L’amour n’est jamais que la réalisation de la monstruosité animale. Le penseur animale cherche ainsi  à montrer les limites de la vision matérialiste de l’homme issu du rationalisme des Lumières. Il fait sienne la vision de l’homme de Dostojevski.
Seul le sentiment amoureux de l’existence peut permettre à l’homme de réaliser positivement sa monstruosité animale dans l’amour. L’amour de l’idiotie créative nous enseigne la nécessité de penser aussi irrationnellement. De penser aussi religieusement l’existence humaine. De la penser ainsi amoureusement. Avec la force de son idiotie créative. Le poète idiot est celui qui réalise animalement cette force de l’idiotie créative pour permettre ainsi aux autres hommes de faire  à leur tour l’expérience de l’amour de l’idiotie créative et de triompher ainsi de leur monstruosité animale en leur faisant prendre conscience de la nécessité pour eux aussi de réaliser poétiquement le sentiment amoureux de l’existence.
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Mercredi 11 décembre
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Cette parole que je voudrais dire. Une parole amoureuse. La parole d’un amour possible avec une femme. La parole amoureuse d’une femme pour moi. Je travaille amoureusement à rendre impossible la réalisation d’une telle parole amoureuse pour moi par une femme autre que moi-même. Je veux être la seule femme à pouvoir me parler ainsi amoureusement. Je veux être le seul être à pouvoir dialoguer amoureusement avec moi-même.
Je veux passer à travers le grillage de ma parole. Je suis enfermé amoureusement en moi-même par ma parole. Par le discours que je tiens au nom de la parole qui m’habite. Je veux prononcer le mot salvateur pour ainsi sortir de cette prison de mots dans laquelle le discours que la société m’oblige à tenir me tient enfermé.
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Vendredi 20 décembre
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Otto Weininger et Carlo Michelstaedter s’en sont pris au discours rhétorique de la philosophie de leur époque. Ils ont cherché à sauver leur vérité de ce discours du « je parle les autres » qui les a condamné à mort. C’est qu’ils ne savaient que parler les autres en souffrant et cela même parce qu’ils n’arrivaient pas à ne pas cesser de se parler à eux-mêmes les autres. Ils ont ainsi été asphyxier par le discours des autres. Ils ont voulu témoigner de cette asphyxie en tentant de parler autrement. En tentant de ne pas parler de façon exclusivement rhétorique. Ils ont voulu ainsi sauver leur singularité. Sauver la vérité de leur existence. Ils ont ainsi cherché à ne plus tenir le discours du groupe. Un discours qui ne pouvait que les amener à se faire exclure du groupe et cela parce qu’ils étaient habités par la vérité du « je me parle les autres ». Parce qu’ils étaient des schizophrènes. Des êtres doubles. Des êtres pris en étau entre leur art du « je me parle les autres » et leur art du « je parle les autres ». Des êtres pris en étau entre la vérité de l’individu et la vérité du groupe. Des êtres à la fois persuadés et rhétoriques.
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Otto Weininger et Carlo Michelstaedter étaient des criminels de l’amour. Des êtres sexuellement déséquilibrés. Mais nous avons besoin de tels êtres pour penser les limites du discours rhétorique. Pour penser le danger du fascisme du coeur face auquel le discours rhétorique est impuissant Il faut des « je me parle les autres » positifs pour lutter contre les « je me parle les autres » négatifs. Il faut des idiots créatifs pour lutter contre le fascisme du coeur des Madames de la Critique de la Raison Pure. Le discours du « je parle les autres » est impuissant face au discours des Madames de la Critique de la Raison Pure car il ne sait pas penser ces discours comme des « je me parle les autres ». Il ne sait pas penser la singularité de ces discours par rapport au discours rhétorique. Il ne sait pas ainsi penser le fascisme du coeur de ces discours. Il ne sait pas ainsi penser le danger du fascisme du coeur. Seuls les poètes idiots sont en mesure de s’en prendre aux discours persuadés des Madames de la Critique de la Raison pure pour dénoncer ainsi le fascisme du coeur de ces discours. 
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Vendredi 27 décembre
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Je fais l’expérience de la modernité en faisant l’expérience de mon « je parle les autres » dans mon « je me parle les autres ». Ma philosophie animale est ainsi une philosophie de la modernité du « je parle les autres ».
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Francis Giauque est mort de n’avoir pas pu réaliser amoureusement sa révolte poétique. De n’avoir pas pu la dire sexuellement. L’écrire sexuellement. C’est parce que je me donne moi poétiquement le droit d’écrire sexuellement ma révolte que je parviens à perdurer. Que j’échappe ainsi à la possibilité pour moi de me suicider pour mettre fin à la tragédie amoureuse que j’ai été condamné à vivre poétiquement.
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Lundi 30 décembre
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J’aurais pu devenir un Lautréamont si je ne m’étais pas laissé aller à me faire psychanalyser. J’ai ainsi échappé au triste destin d’être un génie. D’être un suicidé de la société. J’ai préféré à cela redevenir le fils de mon père. Retrouver l’amour de ma famille. M’embourgeoiser. Renoncer ainsi à au mythe artistique de ma personnalité de poète. Je ne regretterais jamais d’avoir fait un tel choix. J’ai ainsi triomphé du romantisme. Je me suis ainsi fait bien au contraire je pense véritablement plus que poète parce que poète capable de penser son destin de poète. Poète capable de contrôler sa personnalité de poète. 
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Mardi 31 décembre
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Mon existence de poète idiot : la ligne qui sépare le monde de ma famille du monde de mes amis sociologues. Mon existence est ainsi une existence-frontière. Une existence qui coupe le monde en deux. Je rends le monde lumineux en le coupant ainsi en deux avec mon idiotie. Je fais ainsi apparaitre l’idiotie comme l’esprit qui gouverne le monde. Comme la seule possibilité d’unifier le monde poétiquement. La possibilité de l’art pour réconcilier la vie des autres avec notre propre vie. Pour réconcilier le singulier de mon père avec l’universel de mes amis sociologues. Pour ainsi dépasser poétiquement la fracture politique droite-gauche.  Pour retrouver ainsi le sens perdu du sentiment religieux de l’existence.
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Lundi 6 janvier
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Ai-je à vivre le mythe de Jonas qui prie Dieu dans le ventre de la baleine pour demander à Dieu de ne pas l’abandonner ? Dieu me met à l’épreuve en me contrariant et moi je commets des pêchés d’impureté pour me plaindre d’être ainsi mis à l’épreuve par un Dieu auquel je ne veux pas croire. Le ventre de la baleine c’est pour moi le ventre de Madame de la Critique de la Raison Pure. Le ventre de sa langue. Je suis ainsi enfermé dans sa langue comme Jonas était enfermé dans le ventre de la baleine. Je prie l’Idiot pour être par lui sorti vivant du ventre de Madame de la Critique de la Raison Pure.
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J’ai une pratique contradictoire de l’amour. Je cultive un amour contradictoire. Je me contredis amoureusement en permanence. Contre cela je ne peux rien. C’est cela même qui me rend créatif. Si je mettais fin à cette pratique contradictoire de l’amour je mettrais ainsi fin à ma vie d’artiste. Cette vie amoureusement contradictoire que je mène artistiquement elle est mon oeuvre d’art véritable. J’enregistre ainsi cette oeuvre d’art qu’est ma vie en tenant mes journaux. Je fais de ma vie une oeuvre d’art grâce à ma pratique contradictoire de l’amour. Il ne m’est ainsi pas possible d’envisager de vivre en couple. Je perdrais le sens de la singularité de ma vie artistique si je me laissais ainsi aller à me lier amoureusement à une femme. Je dois rester amoureusement solitaire pour pouvoir ainsi continuer à cultiver l’amour de façon contradictoire.
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Mercredi 8 janvier
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La précision clinique de ma poésie.
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Tout philosophe-artiste est lui-même un cas limite et c’est pourquoi il pense l’existence en pensant la valeur des cas limites. C’est à partir du cas limite qu’il est pour lui-même qu’il pense les limites de son existence. Il pense ainsi les limites de son existence pour les dénoncer. C’est qu’il aspire à réaliser pleinement sa singularité en franchissant les limites physiques et mentales de son existence animale. Pour tenter ainsi de se faire homme véritablement. Pour tenter de rencontrer ainsi véritablement les autres hommes.
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Il faut penser les cas-limites pour être en mesure de penser pleinement la nature animale des limites de l’amour. Je trace de l’extérieur les limites de l’amour. Comme Wittgenstein à tracer les limites de la raison. C’est parce que je m’interdis d’aimer que je peux être ainsi en mesure de penser hérétiquement la nature animale de l’amour. Les limites de l’amour permettent de dessiner le visage de la nature animale de l’amour.
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Je veux explorer les frontières de l’amour pour explorer les frontières de la pensée. Je veux apprendre à connaître les cas-limites de l’amour pour apprendre à connaître les cas-limites de la pensée.
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Je veux repousser les limites de l’amour pour repousser ainsi amoureusement les limites de la pensée. C’est en aimant ce qu’il ne faut pas aimer que je parviens ainsi à repousser amoureusement les limites de la pensée.
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Lundi 20 janvier
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Ce journal, c’est mon corps. Ce journal amoureux c’est mon corps amoureux. J’écris ce journal pour travailler à faire renaitre en moi le sentiment de l’amour. Pour travailler à faire renaitre en moi le sens humain de l’amour. J’écris ce journal amoureux pour tenter ainsi de me réinventer un possible corps amoureux.
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Vendredi 24 janvier
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Est-ce que je pourrais sociologiquement dénoncer la violence que Madame de la Critique de la Raison Pure m’a fait subir ? Je pourrais parler de violence symbolique mais je ne pourrais pas analyser ainsi véritablement les mécanismes mentaux en jeu dans cette violence. La violence de rendue possible par l’emprise mentale d’être être sur un autre être. C’est là une limite de la sociologie. Il faut avoir recours à la psychanalyse pour être en mesure de critiquer  la nature de cette sorte de luttes des âmes entre elles. Pas lutte des classes mais luttes des âmes en effet. Une lutte animale. Une lutte sexuelle. Je pense ici au beau livre de Houellebecq Extension du domaine de la lutte. Lutte mentale entre les individus du groupe. Lutte entre la langue de l’individu et la langue du groupe. Fascisme du coeur. La sociologie me semble bien incapable de penser tout cela.
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Mercredi 5 février
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L’idiot c’est celui qui souffre d’être ainsi coupé en deux. Celui qui souffre d’être d’une part un être mental et de l’autre un être physique. Celui qui ainsi est incapable d’aimer à la fois mentalement et physiquement une femme. C’est qu’au fond il ne veut pas choisir un amour pour pouvoir continuer à hésiter entre ces deux sortes d’amour possible pour lui. Ne pas choisir une femme pour pouvoir continuer à choisir toutes les femmes.
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Je tourne autour de notions comme celles de la décision ou de la possibilité pour traiter ainsi physiquement ces notions. Je ne les traite pas mentalement mais physiquement. En en faisant l’expérience. En les vivant de l’intérieur. Je les traite ainsi avec ma vie. C’est pour cela que ma vie ne m’appartient pas. Que donc je ne peux pas choisir de me lier définitivement à une femme. Ma vie appartient toute entière à ma pratique de la pensée animale. Mes journaux : des sortes de rêveries métaphysiques. Je philosophe en vivant les notions que j’étudie. En faisant exister de façon animale ces notions.
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Mon intimité ne m’appartient pas. Elle appartient à ma pratique artistique. C’est pour cela que je ne peux pas choisir d’avoir une femme. Je ne peux que jouer à les aimer toutes pour ainsi pouvoir continuer à pratiquer poétiquement l’art en mangeur de femmes.
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C’est mon « je me parle les autres » qui fait de moi une oeuvre d’art à créer. C’est mon « je me parle les autres » qui me rend artiste. C’est ma capacité à penser poétiquement mon « je me parle les autres » qui me permet de cultiver artistiquement mon idiotie. Qui me permet de pratiquer une idiotie créative. Je suis juste capable de penser animalement. Je suis juste capable de cultiver poétiquement mon existence animal de créateur.
Qu’est-ce que l’idiotie créative ? C’est la capacité d’une oeuvre d’art a créer une autre oeuvre d’art. C’est la possibilité de la création de « idiot sur idiot ». La possibilité pour un idiot de penser poétiquement son idiotie. De se créer ainsi artistiquement comme une oeuvre d’art à rendre visible aux autres.
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Le fascisme du coeur est-il la maladie de l’amour qui ronge actuellement le romantisme ? N’est-ce pas la mort de Dieu qui a ainsi engendré cette maladie de l’amour ? L’idiotie créative n’est-elle pas la seule solution qui puisse permettre à l’artiste-philosophe que je suis de se soigner de sa maladie de l’amour et ainsi de soigner poétiquement le romantisme ? L’animalisme n’est-il pas ainsi ce qui doit succéder au surréalisme ? N’est-il pas appelé à devenir le courant du romantisme actuel ?
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La folie est un prisme de vérité. Une lentille animale qui permet au poète de rendre visible la modernité de son époque. Je déroule poétiquement ma folie animale et ainsi je déroule poétiquement le réel de notre époque. Je fais ainsi une peinture du monde moderne. Je peins en réalisant poétiquement ma folie une image du monde dans lequel je vis animalement. Ma folie de mangeur de femmes est la plume avec laquelle je dessine le monde. C’est en réalisant ainsi poétiquement ma folie que je pars animalement à la découverte du monde.
J’explore animalement la maladie du romantisme en déroulant poétiquement ma folie de mangeur de femmes. J’ai pour folie la maladie du romantisme. Il me suffit ainsi de dérouler poétiquement ma folie pour rendre visible la maladie du romantisme.
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Vendredi 7 février
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C’est avant toute chose amoureusement que je suis un désespéré. Je suis sexuellement désespéré parce que je suis sexuellement un mangeur de femmes. Mais un artiste ne doit-il pas nécessairement être ainsi un homme incapable d’aimer une femme pour fonder avec elle une famille et élever des enfants ? C’est bien amoureusement que je me sens incapable de cela. C’est là ma monstruosité animale de poète idiot.
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L’homme de la rhétorique lit sa langue avec son corps. L’homme de la persuasion qui lui succède lit son corps avec sa langue. Le philosophe-artiste c’est celui qui va et vient entre ces deux personnalité. Il est celui qui nait de la synthèse entre ces deux personnalités. Celui qui nait du mouvement entre ces deux personnalités. Il est l’homme de la rhétorique et de la persuasion. Madame de la Critique de la Raison Pure est celle qui cultive rhétoriquement la persuasion et persuasivement la rhétorique. Elle est ainsi une femme qui marche à l’envers et qui pour cela génère socialement de la violence sur les êtres qui l’entourent. Elle marche ainsi à l’envers pour se faire passer auprès des autres pour un être de séduction. Pour se faire passer auprès des autres pour un être qui pense parfaitement socialement. Pour un être qui pense à l’endroit. C’est qu’elle ne veut pas prendre le risque d’être exclu du groupe en étant stigmatisé par les êtres de séduction comme un être n’étant pas amoureusement intégré au groupe. Le poète idiot se remet lui à marcher à l’endroit après avoir marché à l’envers en rencontrant sa Madame de la Critique de la Raison Pure. C’est ainsi qu’il se met à cultiver rhétoriquement la rhétorique et persuasivement la persuasion. Il devient ainsi un être amoureux. Un être existant amoureusement. Un être habité pour cela par un sentiment religieux de l’existence. C’est ainsi qu’il parvient à n’être plus un être impur comme est impure sa Madame de la Critique de la Raison Pure. Il est animalement sauvé de son impureté par son sentiment religieux de l’existence.
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Le plaisir animal que l’artiste prend à créer : la seule justification véritable d’une oeuvre d’art. Il faut mesurer la validité d’une oeuvre au plaisir qu’un artiste a pris à l’engendrer. Pas d’art possible sans jouissance à créer possible. C’est toujours sexuellement qu’on est amené à engendrer une oeuvre d’art. Le créateur est nécessairement un être lubrique. On doit ainsi parler de la lubricité des artistes. Exister artistiquement c’est nécessairement exister de façon lubrique. En cultivant la jouissance de l’engendrement animal de l’oeuvre. De là la pratique addictive de l’onanisme à laquelle se livre le plus souvent les artistes ? Une pratique qui nous permet de rester animalement en relation avec le mystère de la jouissance créative ?
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Je veux peser les livres affectivement et non les lire rationnellement pour ainsi ne pas détruire la magie de l’idiotie qui m’habite. Je veux continuer à croire au miracle de la création. J’ai besoin pour cela il me semble de travailler à ne pas comprendre certaines choses. Il ne faut pas vouloir toucher physiquement le miracle de l’idiotie car alors on court le risque de le tuer. De n’être alors plus en mesure de croire. De n’être plus habité par la foi en l’idiotie qui nous rend créatif. Qui nous permet d’habiter poétiquement le monde en cultivant animalement le sentiment religieux de l’existence.
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Lundi 10 février
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Je ne dois pas choisir amoureusement une femme pour pouvoir continuer à écrire amoureusement mes journaux. En choisissant amoureusement toutes les femmes je deviens en effet capable d’écrire amoureusement mon idiotie et ainsi de la rendre créative.
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C’est amoureusement que l’idiot parvient à se transformer en poète idiot. C’est ainsi amoureusement que l’idiot parvient à rendre son idiotie créative. C’est la possibilité pour un être d’être en mesure de transformer à la fois socialement et animalement son être qui peut lui conférer la possibilité de se transformer amoureusement en son autre. Un être ne peut espérer pouvoir transformer amoureusement son être en lui-même qu’en étant capable de se transformer animalement et socialement en son autre.
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Le sentiment poétique de l’existence : On se sexualise animalement pour tenter de transformer ainsi son sentiment religieux de l’existence en un sentiment poétique de l’existence. C’est donc bien en travaillant ainsi à se sexualiser animalement qu’on peut espérer se faire poète idiot. On se fait ainsi poète idiot en se faisant poète de son existence animale.
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Vendredi 14 février
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Mes journaux : des livres-performances. Des performances à lire. Des livres à peser visuellement. Je m’expose animalement dans ces livres comme une oeuvre à peser visuellement. Comme un tableau à lire. Comme une existence animale à peser affectivement avec la langue de son corps.
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Je ne décris pas mon activité de mangeur de femmes dans mes journaux pour faire l’apologie d’une pratique libérale du sexe mais bien plutôt pour montrer comment cette pratique libérale du sexe génère le fascisme du coeur de notre société du plaisir animal. Je dessine de façon caricaturale le plaisir animal que le consommateur de notre société moderne prend à consommer animalement du plaisir pour dénoncer poétiquement son comportement. Pour montrer comment cela fait de lui nécessairement un fasciste du coeur. Et comment cela peut mener ensuite au fascisme politique du groupe. La culture animale du plaisir est dangereuse politiquement et le poète idiot est là pour rendre visible artistiquement ce danger politique que nous courront tous ensemble en prenant ainsi tous du plaisir à être des consommateurs animaux. Il nous faut retrouver poétiquement le sens amoureux de l’existence si nous voulons avoir une chance de ne pas nous perdre définitivement sur le plan politique.
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Mes journaux : une écriture du réel. Je tente de rendre compte poétiquement du réel avec cette écriture animale du réel. Le réel devient pour moi une fiction animale dont il me faut rendre compte poétiquement en tenant mes journaux. Je vis le réel comme une fiction à enregistrer par l’écriture. Je vis ainsi poétiquement le réel. Je le vis animalement pour pouvoir ainsi en rendre compte poétiquement. Le réel est pour moi une histoire à vivre animalement. Une histoire à raconter poétiquement. L’écriture animale du réel : l’écriture dans laquelle j’enregistre cette fiction animale qu’est pour moi mon existence.
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La pratique de la masturbation est une pratique animale du corps qui nous permet d’entrer poétiquement en contact avec l’idiotie du réel. La masturbation est l’arme poétique qui permet au philosophe-artiste de couper en deux le réel animalement et ainsi d’être en mesure de rendre visible poétiquement le réel et son double.
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Lundi 17 février
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C’est parce que je suis un suicidé de la société que j’ai ainsi la possibilité de penser animalement le réel. Seul le suicidé de la société peut vivre animalement le réel comme une fiction à raconter poétiquement. Seul le suicidé de la société peut ainsi éclairer le réel avec la lumière de l’idiotie qui l’habite poétiquement.
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Je veux dire poétiquement toute la vérité animale de la question amoureuse que je cherche à habiter en allant au fond de cette question grâce à la pratique poétique de ma folie. C’est là que mon délire poétique de mangeur de femmes prend tout son sens. Je dois respecter poétiquement la loi de l’impossible d’un corps de femme en jouant au mangeur de femmes pour livrer la vérité animale de la question amoureuse qui mine mon être en faisant de moi socialement un idiot.
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Mardi 18 février
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Mon goût animal de la pureté poétique : le goût qui me porte à dire poétiquement toute la vérité de ma monstruosité animale. Dire toute la vérité de mon existence animale de poète idiot. C’est ainsi que je parviens à dire poétiquement l’idiotie du réel. C’est bien ce goût animal de la pureté poétique qui me rend capable de dire l’idiotie du réel. Il y a donc bien une nécessité animale à ce q’iil y ait des poètes suicidés de la société car ils sont les seuls à pouvoir rendre ainsi visible poétiquement la monstruosité animale de leur existence. C’est parce qu’ils aspirent à être pur poétiquement qu’ils travaillent ainsi à dire toute la vérité de la monstruosité animale qu’ils portent en eux. Dire la monstruosité animale de mon existence de poète idiot pour rendre ainsi créative mon idiotie. Pour pouvoir rendre ainsi visible l’idiotie du réel.
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Je me parle les autres pour ainsi purifier animalement ma pensée. Pour laver ma parole de toutes ses impuretés. C’est bien ainsi par goût de la pureté poétique que je travaille à penser animalement. Je parviens à penser animalement parce que je souffre poétiquement d’être un être impur animalement. D’être amoureusement impur. Je travaille ainsi à me parler les autres pour me racheter amoureusement. Pour me laver amoureusement de l’impureté animale de ma pensée de mangeur de femmes. Pour me laver  de ma monstruosité de penseur animal.
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Ma monstruosité animale c’est de penser avec ma parole et de parler avec ma pensée. Je travaille à me parler les autres pour tenter ainsi amoureusement de retrouver le sens d’une pensée humaine. Le sens d’une possible pensée poétique de cette monstruosité animale.
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Mardi 25 février
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Mes journaux : les carnets d’Humilis de Germain Nouveau. La vie du poète après le poète. L’idiotie après le poète idiot. Le visage vraie de son existence poétique. Le livre sur Germain Nouveau que je suis en train de lire prend le parti de la religion sur celui du corps de la femme. Le parti de l’effort de la foi sur celui de la jouissance de la vie. Le parti de La doctrine de l’amour contre le parti des Valentine. Il n’en reste pas moins que je lis ce livre avec intérêt.
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Je m’invente avec l’écriture de mes journaux une forme amoureuse. Mon écriture de diariste : une orientation amoureuse. Je jouis pour écrire. J’écris pour jouir. J’enfante des oeuvres qui sont pour moi des sortes d’enfants en pratiquant l’écriture comme une idiotie créative. Je donne naissance à mes pensées animales comme d’autres peuvent donner animalement naissance à des êtres vivants. J’enfante amoureusement mon écriture. Je l’enfante biologiquement en couchant avec moi-même. De façon incestueuse donc. Manger animalement des femmes ça n’est en effet rien d’autre pour moi que de faire l’expérience de mon corps comme d’un impossible corps de femme à réaliser poétiquement. Ma langue est ce corps de femme dont je joue poétiquement l’impossibilité pour moi.
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Mercredi 4 mars
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Je me parle les autres en permanence. Il y a des moments où je me parle les autres victorieusement et alors je me sens heureux. Comme ivre de moi-même. Je me rends ivre en les faisant parler positivement de moi. Je leur fait réciter la légende de mes victoires de poète idiot. Dans ce cas là je ne me sens absolument pas contrarié par mon « je me parle les autres ». Bien au contraire je me dis que je suis me parlant ainsi les autres l’homme le plus heureux du monde. Il y a d’autres moment en revanche où je parle des autres de façon défaitiste et alors je me sens malheureux. Je ne vis plus alors cet état de je parle les autres comme un état d’ivresse heureuse mais bien au contraire comme une sorte de gueule de bois. Je fais alors raconter aux autres la légende de mes défaites de poète idiot. Mes humiliations. Ils se mettent alors tous à raconter la victoire de Madame de la Critique de la Raison Pure sur moi. Ils disent ainsi négativement ma condamnation à l’idiotie. Je l’ai fait alors parlé négativement de mon existence animale. Je trouve dans ce cas mon « je me parle les autres » épuisant. Il me pompe de telle façon qu’une envie de hurler m’arrache des mots dits à haute voix. Je me sens alors comme asphyxié par mon « je me parle les autres ». Ma mélancolie est ainsi une succession d’états négatifs et positifs de mon « je me parle les autres ». J’ai bien une personnalité cyclique. Je passe de l’euphorie de mon « je me parle les autres » à l’humeur noir de celui qui n’en peut plus d’avoir ainsi en permanence à se parler les autres négativement.
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On ne peut pas condamner socialement les crimes de l’amour. On ne peut pas condamner socialement madame C. pour m’avoir rendu fou en m’accusant d’avoir triché sur JS. On ne peur dénoncer ces crimes que de façon poétique. Je m’en suis pris poétiquement à madame C. en faisant d’elle Madame de la Critique de la Raison Pure. C’est pour cela qu’il faut des poètes. Pour dénoncer les crimes de l’amour. Pour dénoncer la violence des Madames et des Messieurs de la Critique de la Raison Pure. Une violence autorisée socialement. Une violence animale nécessaire au fonctionnement social du groupe. Une violence qui n’existe pas pour les sociologues. Une violence imaginaire pour les sociologues. La violence nécessaire du groupe à l’égard de l’individu qui se refuse au groupe. Qui refuse de se socialiser. Pour ne pas perdre animalement le sens de sa singularité. Pour ne pas devenir quelqu’un parmi tous les hommes. Pour pouvoir ainsi rester différent des autres. Singulier. C’est amoureusement que les Madames et les Messieurs de la Critique de la Raison Pure combattent l’individu qui entend ainsi rester un être singulier.
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Vendredi 6 mars
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J’ai ouvert la boite de Pandore et c’est pourquoi j’ai été conduit à l’idiotie. J’ai été ainsi condamné à me parler indéfiniment les autres. Condamné ainsi à ne pas pouvoir refermer cette boite. Il ne me restait plus que le mystère de ce « je me parle les autres ». Le secret de mon idiotie est ainsi resté enfermé dans cette boite de Pandore. Tout le reste s’est échappé. Toutes les paroles qui me permettaient d’être un homme intégré socialement au groupe se sont échappées de cette boite et on fait ainsi que j’ai été reconnu socialement par les autres comme un idiot. Et c’est ainsi que je n’ai plus su que travailler ainsi à devenir un idiot. En me parlant les autres. Mais j’ai eu ainsi la possibilité aussi de saisir la vérité de mon « je me parle les autres » et d’avoir ainsi accès au mystère de mon idiotie. Cette connaissance de mon « je me parle les autres » : la possibilité pour moi de l’espoir d’être reconnu un jour comme un artiste véritable.

Ce qui s’est échappé de la boite de Pandore c’est la parole des autres. Ce qui est resté au fond de la boite c’est mon silence animal. C’est le secret de mon idiotie. C’est la parole possible de ma singularité. La seule parole que je suis encore capable de parler. C’est Madame de la Critique de la Raison Pure qui m’a poussé en névrosé à ouvrir ainsi cette boite. La boite de ma névrose. Elle m’a poussé avec sa névrose à ouvrir ma propre névrose. Pour mon plus grand malheur mais aussi pour mon plus grand bonheur. Elle a ainsi été pour moi une femme-serpent. Celle qui m’a fait succomber poétiquement à la tentation d’ouvrir la boite de Pandore. A la tentation de me libérer ainsi de la parole des autres.
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Lundi 9 mars
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Lorsque j’avais fait mon exposition personnelle Un idiot en liberté à la galerie Weiller une dame présente là le jour du vernissage m’avait demandé : « Mais pourquoi dites-vous que vous êtes idiot ? » J’aurais du lui répondre : « Oui ! Pourquoi dit-on d’un idiot qu’il est idiot ? Je suis là tout à fait d’accord avec vous madame ! »

Nous vivons dans une société animalement verglacée. Tous nous courrons le risque de glisser animalement sur le sol verglacé de l’espace social au sein duquel nous évoluons. Le sol de notre société de la télé-réalité est en effet extrêmement glissant pour ceux qui se risquent à y évoluer animalement. Je veux parler ici de ceux qui se risquent à contrarier animalement les lois sociales qui régissent notre monde de la télé-réalité. La plupart des êtres humains sont condamnés à évoluer de façon exclusivement sociale dans ce monde de la télé-réalité car ils ne sont pas en mesure de prendre animalement le risque de ne pas respecter les lois sociales qui régissent ce monde. Il nous faut des artistes pour enfreindre ces lois sociales. Les artistes sont les seuls à pouvoir critiquer animalement la valeur de ces lois sociales. A pouvoir ainsi rendre visible le sol glissant du monde actuel dans lequel nous sommes condamnés à évoluer de façon presque exclusivement sociale. Le sol est animalement glissant pour ceux qui se risquent à ne pas y évoluer de façon exclusivement sociale. Un artiste c’est justement cela : un être humain qui se risque à évoluer animalement au sein de l’espace social. Qui prend ainsi le risque de glisser animalement sur le sol de cet espace. Sans cette prise de risque pas de création animale possible. C’est pour cela que je joue au mangeur de femmes. Pour prendre le risque animale d’une création authentique.
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Je cherche à passer les frontières de mon existence animale pour passer ainsi les frontières intérieures de mon extériorité. La forme intérieure de ma monstruosité animale : la forme extérieure de mon idiotie créative.
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Mardi 10 mars
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« Je me parle les autres » : Je me masturbe. Je me pratique ainsi sexuellement moi-même. Je me pratique ainsi amoureusement moi-même. « Je parle les autres » : Je fais l’amour avec une femme. Je pratique sexuellement l’amour avec un corps de femme autre que le mien. Je pratique l’amour en me liant amoureusement à une autre femme que moi-même.
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Vendredi 13 mars
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Le criminel de l’amour c’est celui qui se donne amoureusement le droit de tenter de parler la vérité de son existence animale en cessant de parler la langue du groupe. C’est toujours amoureusement qu’on se donne le droit de se faire ainsi poète idiot.
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Je veux rendre publique mon existence animale de poète idiot pour n’avoir plus ainsi à vivre socialement cette existence animale comme une existence mensongère. Comme une existence qui fait de moi un pharisien. Un bourgeois hypocrite. Je veux ainsi travailler à ne plus mentir aux autres sur la vérité pour moi de mon existence animale. Je veux ainsi me donner la possibilité de rencontrer amoureusement les autres. Une vie animale mensongère rend l’amour impossible. Seule la vérité d’une existence animale réalisée poétiquement peut nous rendre capable d’amour. Seule la vérité peut nous permettre de réaliser amoureusement notre idiotie. Ça n’est qu’en confessant ainsi aux autres la vérité de notre monstruosité animale qu’on peut se donner une chance de réaliser amoureusement notre idiotie.
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Je suis un plasticien qui pratique l’art de l’écriture comme un art de la confession artistique. J’écris avec mon existence animale de poète idiot. Je laisse cette existence dérouler animalement ma langue de poète. Je me laisse écrire par mon existence animale. Je laisse mon existence accomplir poétiquement sa monstruosité animale pour pouvoir ainsi rendre visible par l’écriture cette monstruosité animale qui fait de moi un poète idiot. Je sculpte la langue avec ma monstruosité animale de poète idiot. Je dessine avec cette monstruosité animale mon visage de poète idiot. Le visage de mon idiotie créatrice.
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Un bras de fer poétique entre ma langue de poète et la langue de Madame de la Critique de la Raison Pure. Un bras de fer poétique entre la langue de l’individu et la langue du groupe. Un bras de fer entre le « je me parle les autres » du poète idiot et le « je parle les autres » des fascistes du coeur de notre société de la télé-réalité.
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Dimanche 22 mars
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J’ai choisi de plonger dans le noir de mon âme. Dans mon obscurité intérieure. Dans mon idiotie pathologique. C’est que je veux ainsi explorer la lumière de cette obscurité. La lumière qui émane des bas-fonds de mon intériorité. Je ne veux pas parler romantiquement de cette lumière mais bien m’efforcer au contraire de la penser rationnellement. Je m’appuie pour cela sur ma pratique de l’analyse. Il y a un sujet de l’inconscient. Je crois moi qu’il y a l’autre de l’autre et que c’est cela même qui me permet de me sauver moi-même de ma folie. C’est en travaillant à devenir fou que je travaille à m’inventer une nouvelle raison. La raison de mon idiotie. Une raison poétique. Une raison créatrice.


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